Les terres fantômes, tome 3 : Malice et déjeuner

Elle avait l'impression de fuir quelque chose et se dit que ce n'était pas trop loin de la vérité. Elle ne fuyait pas uniquement les questions innocentes bien qu'indiscrètes de Shirley DeVoss ; elle prenait ses distances par rapport aux réflexions sur sa vie secrète, par rapport à ses sentiments naissants (et souvent déroutants) pour Brendan, par rapport aux souvenirs et aux questions concernant sa mère, par rapport aux pièces cachées, par rapport aux chiens dotés de talents bizarres - la liste était longue.

Elle semblait incroyablement intelligente, et pourtant très modeste. Le genre de personne qui se tenait en retrait à moins qu'on ne lui parle et qui se montrait toujours timide si elle avait une question à poser ou une suggestion à faire. En observant Rebeka qui examinait le portable de Posey, Marie remarqua que la jeune fille avait un élastique à cheveux rose autour du poignet. Ça lui sembla étrange, car elle n'avait jamais vu sa longue chevelure blonde attachée auparavant.

D'après la formule la troisième fois c'est la bonne, elle aurait déjà dû aboutir à un résultat. Jusqu'à présent, elle avait fait appel à trois médiums, et ils s'étaient tous révélés être des charlatans.
La quête se terminait là, estima-t-elle.
Et puis, elle ne manquait pas de trucs bizarres dans la vie. Elle s'y était habituée à cette vie, une vie qu'elle avait hâte de reprendre alors qu'elle roulait à travers la nuit vers Port Bliss.

Madame Agnes avait l'air d'une femme d'un certain âge, approchant sans doute les soixante-cinq ans, et elle dégageait une telle chaleur et un tel charme que Marie en conclut que Madame Agnes devait déjà être grand-mère. Elle n'avait pas beaucoup de rides, mais certaines d'entre elles semblaient profondes, et disparaissaient quelque peu lorsqu'elle souriait.

Elle manquait clairement de confiance en soi et d'énergie. Son apparence était plutôt banale, elle avait un visage marquant sous une certaine lumière, mais pâle et insipide sous une autre. Dans un premier temps, Marie l'avait engagée quinze heures par semaine, histoire de voir comment ça allait se passer.