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sur 288 notes
Plus qu'un roman de science-fiction, Days est une caricature des grands centres commerciaux, et à ce titre relève plus d'un fantastique dystopique. C'est un conte satirique, cruel et cynique sur la société de consommation. Si cette histoire est plutôt terrifiante, c'est parce qu'elle est assez réaliste et pas très éloignée de notre vécu. Heureusement il y a aussi quelques petites lueurs de poésie et d'espoir (la rencontre de la tigresse blanche de la ménagerie, le rendez-vous au café). Days, le gigastore, est une affaire familiale dirigée par les sept fils de Septimus Days, son fondateur mégalo, coupés du monde et du réel. Rien de ce qui se passe dans les murs de Days n'est extrêmement différent de notre univers, juste poussé à l'extrême, jusqu'aux discrets agents de sécurité qui deviennent des fantômes. Et jusqu'aux ventes flash,qui, si elles paraissent caricaturales, n'en sont pas moins assez proche de certaines scènes de soldes, d'émeutes autour d'une certaine pâte de noisette lors d'une promotion (en 2018 en France !), ou de bagarres pour du papier hygiénique (en France mais aussi dans d'autres pays en 2020). La caricature du conflit entre le rayon librairie et le rayon informatique, pour les besoins de l'intrigue, est juste un peu trop caricaturale, quasi burlesque. J'aurais apprécié un peu plus de légèreté. Dans ce roman deux leitmotivs dominent, omniprésents : le chiffre 7, comme les 7 fils du fondateur, auquel il est fait référence de façon anecdotique en tête de chaque chapitre, et puis le regard (qui a beaucoup d'importance pour plusieurs personnages). Ce roman m'a fait irrésistiblement penser à l'apparition des premiers hypermarchés et centres commerciaux en Russie (vers l'an 2000, le premier supermarché à l'occidentale étant apparu en 1995) : impossible de payer en liquide ou par chèque (inexistant), les seuls moyens de paiement possibles étant les cartes de crédit (très rares alors) ou des cartes de paiement du magasin préalablement chargées par le client (c'est à dire que le client place beaucoup d'argent pour charger une carte qui ne permet d'utiliser cet argent que dans un seul et unique magasin!) Je me rappelle aussi avoir lu vers la même époque en cherchant s'il y avait un courant altermondialiste en Russie que le summum de la rébellion consumériste était de rentrer dans un hypermarché, de le parcourir et de ressortir sans achat ! Apparemment c'était tellement saugrenu qu'au minimum c'était deux heures à passer avec des vigiles qui ne comprenaient pas pourquoi un client se comportait d'une façon si aberrante! Bref, on n'était alors pas loin de Days. A lire avant d'aller faire les soldes !
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Tout peut être mis en rayon et tout ce qui est mis en rayon peut être vendu ! C'est en se basant sur cette maxime que le magasin Days, le plus grand et le plus beau gigastore d'Europe, a été construit. Fort de ses 666 rayons, le magasin reçoit chaque jour des milliers de visiteurs détenteurs de cartes Gold, Silver ou Aluminium, tous conscients de leur position d'heureux privilégiés. Car dans un monde où la pauvreté est partout, où tout va à vaut-de-l'eau en politique comme en économie, être client chez Days n'est pas seulement une commodité, c'est un rêve, le fantasme de millions de petits travailleurs désireux de s'élever au-dessus de leur caste sociale. Et ce rêve, Laura et Gordon Trivett viennent enfin de le réaliser ! Ce jeudi, ils vont mettre pour la première fois les pieds dans l'enceinte sacrée du magasin, participer aux émoustillantes ventes flash et accéder à ce statut envié de tous, celui de consommateur.

Mais si certaines personnes brûlent d'entrer dans le magasin, d'autres n'ont qu'une envie, le quitter. C'est le cas de Franck, membre du service de sécurité de Days et si habitué à fondre sa personnalité dans celle du gigastore qu'il ne distingue même plus son reflet dans les miroirs. Avant de se perdre totalement, Franck décide de prendre la fuite : ce jeudi sera son dernier jour dans le magasin. Mais tout ne se passe pas comme prévu, pour les uns comme pour les autres. Car des rumeurs d'insurrection grondent dans les entrailles de Days... le rayon des livres a déclaré la guerre à celui de l'informatique qui ne cesse de lui voler des clients et de l'espace de vente, un conflit que les sept directeurs de Days – les sept fils de Septimus Days, fondateur du magasin – ont trop longtemps ignoré, absorbés qu'ils étaient par leurs rivalités fraternelles. Pour défendre la cause de la Littérature et se venger du gigastore qui récompense si mal ses années de loyaux services, la directrice du rayon des livres est prête à toutes les extrémités, même les pires…

Si ce livre me fait penser à un film, c'est bien à « Brazil » de Terry Gilliam, mais là où le réalisateur américain s'attaquait avec un humour noir ravageur aux dérives de la bureaucratie, Lovegrove, lui, prend pour cible le consumérisme à outrance. Les deux oeuvres ont en commun le même humour grinçant, la même foudre satirique, le même goût pour l'absurde et la même cruauté acide. Véritable temple dédié au dieu Argent, le gigastore Days est une jungle, un monde impitoyable où les plus forts dévorent sans trêve ni complexe les plus faibles, où des jeunes fils de riches balafrent le visage de pauvres bourgeois du bord aiguisé de leurs cartes Gold pour le simple plaisir de prouver leur prééminence sociale. Roman à la fois inquiétant et jubilatoire, « Days » s'avère un digne héritier de « Fahrenheit 451 » de Bradbury et de « 1984 » d'Orwell.
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J'ai passé un très bon moment au cours de cette journée qui se déroule chez Days. On lit avec aisance cette description de réalité alternative. On se balade dans les rayons, trouvant tout cela dingue !
Sur une journée, on suit trois destins, trois points de vue différents sur le gigastore :
- Frank : employé depuis 30 ans
- Linda et Gordon : clients pour la première fois
- les sept frères Day : propriétaires et décisionnaires de Days
C'est la journée et les détails concernant ces derniers qui m'a le plus enthousiasmé.

Les épisodes des ventes flash, où les gens deviennent dingues pour avoir 15% de réduction sur des produits dont ils ignoraient l'existence et donc dont ils n'avaient pas besoin d'acheter, sont criants de vérité, tragiquement...

Sympa le clin d'oeil pour le nom donnée à la responsable livres : Rebecca Dalloway :,-)
Bon, à ce propos, je suis un peu perturbée par la fin ; il fallait bien trouver comment terminer le livre mais je n'ai que peu adhéré au pétage de plomb de cette dernière.
De manière générale, la fin est glauque et cruelle (cf : Sonny, petit dernier des frères Day)... mais finalement n'est-ce pas tout ce mode de consommation qui est le plus affreux et cruel ?

Dernier détail : j'ai aimé les citations/apartés en début de chapitre.

Pour conclure, moi qui cherchais à entrer dans la SF, entrée appréciée et réussie !

PS : Heureusement, d'après de récentes études, il semble que l'on s'oriente vers une décroissance consumériste et moins d'achat en très grandes surfaces. Ouf !

~ Challenge 50 objets-2 : escalator
~ Challenge multidéfis 20 : titre avec mot non francophone
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Days… 7 jours, 7 frères, 7 étages… Un seul bouquin qui nous emmène au coeur d'un centre commercial dystopique, dans un futur proche où l'achat et l'obtention d'une carte de crédit est devenu le but de l'humanité. Ça fait rêver hein ? James Lovegrove l'a fait ! Réussi ou pas ?

On suit dans ce livre différents personnages durant toute une journée. Ces personnages ont un point commun : certains travaillent au megastore « Days », d'autres y font leurs achats pour la première fois, d'autes enfin le dirige. Destins croisés menant au dénouement tant attendu. Les personnages sont très intéressants et à forte personnalité : sur ce point, c'est réussi !

Avec ce sujet, il y a de quoi faire, voire trop à faire. Ici, l'auteur nous décrit parfaitement son mégastore. En quelques pages seulement, on se retrouve avec le vertige des grandeurs. Quelques épisodes sont marquant : la ménagerie et les vitrines notamment, véritable pièce de théâtre commerciale.

La psychologie des personnages et de l'histoire est également bien utilisée. L'auteur montre l'esprit faible humain qui achètera plus lors des « ventes flashs » voire son individualisme dans certaines situations absurdes. Les frères, qui se voient au commande d'un megastore qui les dépassent, ne pense qu'au profits pour oublier leur sombre histoire familiale. le megastore et son étique on ne peut plus reprochable. L'importance pour l'Homme de son image au sein de sa sphère de connaissance, même si cela doit passer par la couleur de sa carte de crédit… Et j'en passe !

L'auteur s'est surement follement amusé en écrivant cette histoire, et je me suis follement amusé en la lisant. Alors certes, il y a toujours cette frustration de ne pas en savoir plus sur le point de vue de la ville même si la fin nous ouvre des possibilités. Vraiment un bon bouquin !
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Satire cinglante de la société de consommation, Days est l'une des plus récentes résurgences de la SF sociale et revendicatrice des années 70... Dans la veine de Brunner, Spinrad ou Ballard, Lovegrove réussit à réveiller cette petite voix révoltée qui sommeille en nous, et fouette notre soif de revanche face au formatage insidieux mais irrémédiable de la société d'aujourd'hui (et hier, et demain).
Un bouquin qui imagine la vie d'un gigantesque magasin (la taille d'une cité), devenu le point central de la vie de bon nombre de personnes, objet de fascination, mais aussi obsession névrotique pour beaucoup.
Et dans tout ça, l'individu. Un individu lambda, agent de sécurité, qui sent sa personnalité s'effacer face à son propre reflet, et décide un jour, sous diverses impulsions, de tout envoyer bouler.
Cet individu, c'est vous.
Cassez tout !!
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UNE JOURNÉE EN ENFER...

Un gigastore ("sans doute le plus beau du monde"... A moins que ce ne fut le pire ?), énorme bloc dominant la ville avec ses deux kilomètres et quelque de côtés, partageant un peu de son intimité de vitrines à des spectateurs pauvres mais fascinés, ses 7 étages, ses 777 rayons, ses 7 frères, fils monstrueux et misanthropes de feu Septimus Days, le cadet des 7 étant d'ailleurs le septième fils d'un septième fils. Et les références à cette numérologie hautement symbolique (tout particulièrement dans la bible) fait florès tout au long du roman.
Un "fantôme", Franck Hubble (une référence au célèbre télescope spatial, qui voit tant -tout- sans que personne ne le voit lui-même ?), salarié du gigastore, dont le rôle, au sein de la "sécurité tactique" est d'être à ce point invisible au monde qui l'entoure que personne ne le voit jamais réellement, pas même lui et son reflet dans le miroir de sa salle de bain, et bientôt arrivé au bout du bout après trente années de "bons et loyaux services" comme le veut l'expression consacrée.
Un couple parfaitement déséquilibré, Linda et Gordon Trivett. Elle, impitoyable et décidée, est le centre et l'âme du couple. Lui, comptable de banque mou, triste et sans rêve se contente le plus souvent d'acquiescer et de suivre. Devenant enfin, au bout de cinq années de privations, détenteurs de la fameuse carte Days. Seulement de type "silver", mais leur précieux malgré tout.
Les sept fils de Septimus Day Mungo, Chas, Wensley, Thurston, Frederick, Sato et Sonny, (sic !), sept hommes d'affaires hiératiques et intraitables, confortablement installés dans leurs appartements du septième étage du gigastore ("probablement le plus incroyable au monde"... A moins que ce ne fut le plus abject ?) et qui dirigent l'ensemble, vérifient et jouissent des rapports de ventes quotidien du lointain de leur bureau, autour d'une table ronde en purs chevaliers d'industrie sans âme et sans pitié -et possiblement tarés. A l'exception d'un seul, peut-être...
Une cheffe de rayon prête à tout (à vraiment tout) pour que son petit empire survive et triplement survivante : au décès du fondateur, dont elle ne cesse de se souvenir non sans quelque regret ; à la restructuration (à perte) de son rayon, suite à l'installation des frères Day à l'étage supérieur ; à la perte de vitesse de terrible de périmètre de vente, la librairie, au détriment de l'emplacement du rayon informatique, toujours plus profitable. Jusqu'à provoquer une véritable guerre de tranchée entre ses "Rats de bibliothèque" et les "Technoïdes" du département honni.
Une cliente russe, Mme Shukov, ayant perdu sa carte "Platinum" lors d'achats quelques jours auparavant et, dans un jeu de balance improbable, retrouvant une grande part de sa lucidité d'individu pensant.
Un chef de service, M. Bloom, entré à la sécurité quelques brèves années avant son meilleur fantôme, le sus-nommé Franck, mais qui envie ce dernier en secret ayant dû raccrocher après un drame professionnel dont il ne s'est jamais départi. Son rôle, bien que plus passif qu'acteur n'est pas à négliger dans cette monstrueuse machinerie consumériste.

James Lovegrove va, structurellement, de manière assez grossière mais très efficace, vive et riche de détails, développer ces quelques lignes narratives principales et secondaires, un peu à la manière de Quentin Tarantino dans son film Pulp-Fiction, et maintenir son lecteur dans un rythme haletant tout au long de son roman. Il va aussi très amplement développer la thématique ésotérique du nombre SEPT (et sa déclinaison maudite, moins visible mais pourtant présente, du nombre SIX), les "Dieux" - leurs employés leur attribuent le qualificatif de "maîtres", ce qui situent la place qu'ils se sont attribué, non seulement au sein de l'édifice, mais dans leur rôle de purs Seigneurs, aussi bien au sens symbolique qu'au sens médiéval - vivants donc, presque parfaitement reclus, sur le toit de leur monde (une sorte de Jérusalem Céleste ?). Sauf qu'en préférant vivre leur rêve de stricte autarcie, plutôt que dans la ville maudite auprès des gueux et bien que protégés d'eux par la propriété paternelle, ils ont diminué le nombre total de rayonnages, drastiquement et toujours aussi symboliquement du point de vue de la numérologie biblique, ceux-ci passant de la triple Divinité Bienfaitrice du 777 à celui de l'empire du Démon, le 666 ! Lovegrove, qui place ainsi cette folie consumériste de notre temps - on assiste ainsi à des scènes d'une violence inouïe à l'occasion de "ventes flash" d'un intérêt pourtant bien médiocre, et qui ne sont pas sans rappeler les démonstrations de folie pure de clients attendant des heures devant leur magasin préféré puis se comportant comme des fauves lâchés fonçant sur leur proie dès l'ouverture des rideaux de fer -, de la communication commerçante et du merchandising omniprésent dans l'univers diabolique (le vert dollar est aussi omniprésent et les références à Mammon courent tout au long de l'oeuvre).

Roman à charge, donc, contre cette société du tout, tout de suite, mais pas pour tout le monde (le magasin décompose stratégiquement, en sept types bien sur, et de manière infamante pour les plus bas niveaux, à plus forte raison les exclus du système, le niveau de vie des possesseurs de carte en vertu de leur apparence métallique : Iridium, Platinum, Gold, Silver, etc). Roman violent aussi, puisque des gens meurent d'avoir voulu consommer frénétiquement, ou d'avoir osé un vol à la tire, malgré l'hyper-flicage du magasin, et la peine quasi insurmontable de se faire retirer, définitivement, sans sommation ni possibilité de rachat, sa carte d'accès après avoir été attrapé. Roman réinterprétant un certain classicisme formaliste, enfin, puisque l'ensemble s'y déroule sur une seule journée, en un seul lieu et tend à une parfaite unité d'action, malgré les circonvolutions : rendre encore et toujours possible l'acte de consommer, consommer et encore consommer, quoi qu'il advienne. Roman se construisant autour de la numérologie, enfin, puisque celle-ci est ubique de bout en bout du texte. Jugez-en un peu : 7 frères Day portant chacun un prénom identifiable à un jour de la semaine, d''un père lui-même septième enfant et qui se prénommait septimus et qui dirigent sous forme d'Heptarchie (imparfaite, mais je vous le laisse découvrir) un gigastore de 7 étages et anciennement 777 rayons au total où un agent de sécurité vit ses 7 dernières heures avant de vouloir démissionner. 8 niveaux de cartes Days, mais 7 originalement crées par le fondateur. Pour couronner l'ensemble, et être certain que le lecteur en aura saisi l'importance, chaque chapitre connait une exergue comportant une référence précise et expliquée au nombre 7, en ésotérisme, en géographie, en histoire, en religieux (surtout). Et de l'implication dramatique de toutes les brisures, de tous bouleversements orchestrés par les héritiers dans cette belle horlogerie souhaitée, voulue par Septimus Day.

Une fois dépassé ses aspects un peu fabriqué, parfois alourdis par un excès de zèle descriptif de l'auteur, principalement dans les quatre-vingt premières pages, cette fable contemporaine, et sensiblement dystopique se lit très rapidement et fort agréablement. On en retient très vite l'aspect violemment polémique, pamphlétaire, même. Mais si la critique porte, le lecteur curieux et attentif ne manquera pas de songer que cet sorte de "Au bonheur des dames" britannique et contemporain semble, pour partie, un peu dépassé à l'heure de la multiplication algorithmique et exponentielle des sites et des actes d'achat "en ligne" et de la raréfaction plus ou moins programmée des magasins "en dur", du moins, dans certains domaines de la vente, ainsi que l'arrêt progressif de la surenchère en matière de gigantisme des surfaces de vente, pour des raisons de coûts, d'urbanisme et de rendements. Non qu'il faille croire à la disparition des grandes surfaces marchandes mais ce commerce-là se fait tant tailler de croupières, ces quelques dernières années, qu'on a désormais de la peine à croire à l'existence future de ce type de "giga-magasin". le texte de James Lovegrove est de 1997 (2005 pour la traduction française), mais il a, de ce point de vue, un siècle de retard ! Certaines évolutions trop rapides, inattendues, sont terribles en terme de prospective, nous en avons-là un exemple flagrant. En revanche, la diatribe virulente à l'égard de notre société de consommation - et jusque dans ses fondements et aspects les plus divers -, bien que pas absolument originale, n'en demeure pas moins extrêmement pertinente, intelligente et enrichissante du point de vue de ce domaine de réflexion sociale et humaine. Un livre plus qu'agréable, donc, malgré ses petits défauts épars, et qui trouve parfaitement sa place dans la très bonne liste de romans d'anticipation proposée par GabySensei, grâce à qui j'ai découvert ce bouquin et que je remercie pour l'occasion !
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Bienvenue dans le premier et le plus beau gigastore du monde : Days.
James Lovegrove nous ouvre ici la porte d'un univers qui n'est pas sans rappeler notre monde. Days est avant tout un roman d'anticipation, mais sa ressemblance avec notre société où tout s'achète et tout se vend est troublante.
Sous une plume satirique, Lovegrove dépeint les travers et les excès d'une société de consommation. Septimus Days est le "père" d'un renouveau de la grande distribution. Il voit en grand, en très grand. Il crée un univers de la surconsommation : un magasin où l'on trouve tout, et même les produits et services les plus extravagants.
Mais la sélection des clients est draconiennes. Tous ne peuvent prétendre à l'adhésion ! Une hiérarchie s'établit dans la clientèle. Un code de cartes de crédit est établi. Chez Days c'est le système des castes sociales qui prévaut. Plus on est un client fortuné et plus important on est. C'est comme ça dans le monde de Days.
Aujourd'hui Septimus est mort, mais ses sept fils gèrent l'empire. Elevés au rang de Demi-Dieu, ils supervisent et règnent sur ce territoire clos.
Nous suivons donc une journée type chez Days. Et nous pouvons suivre le point de vue des trois principaux statuts de ce microcosme : le client, l'employé et le patron.
Franck est ce qu'on appelle un fantôme, il assure la sécurité, et traque les voleurs. Il est employé dans ce gigastore depuis des années. Cette journée est pourtant un peu différente pour lui car ce doit être la dernière. Il souhaite donner sa démission. Mais contre toute attente, aujourd'hui va prendre une tournure de D-day. Rien ne va se passer normalement.
Gordon et Linda Trivett sont les heureux détenteurs d'une carte Silver ( une des moins fastueuses cartes de crédit délivrées par le magasin ). Ils entrent pour la première fois sur "Leur terre promise". Cela fait cinq ans qu'ils se privent pour avoir le privilège de faire parti des clients. Après l'euphorie de la nouveauté, ils vont vite découvrir un monde cruel, violent et complétement décadent.
Et Les sept frères Days ,qui dans leurs appartements situés au sommet du gigantesque batiment, règnent en toute quiétude. Ils sont le cerveau de ce brillant empire et ils sont indestructibles. du moins le pensent-ils ? Car un grain de sable dans les rouages va déclencher l'apocalypse.
Ce roman est effrayant de part sa similitude avec notre société. Les comportements brutaux et excessifs des clients sont le reflet de situations que nous avons vécu déjà une fois, voir plus. Les techniques de ventes et de merchandising sont très approchantes de la réalité. Avez-vous déjà assisté à l'ouverture d'un grand magasin pour le tout premier jours des soldes. Moi oui, et c'est à vous glacer les sangs !
On est donc entrainé dans le flot titanesque de consommateurs avides de bonnes affaires. Et on suit, mi amusé mi effrayé, les débordements burlesques et/ou dévastateurs de ce monstre qu'est Days.
Je vous l'accorde, l'histoire n'est pas très active ( moins de scènes d'actions que le décor le permet ), mais l'écriture intelligente et la justesse des situations en font un excellent roman d'anticipation.
On referme ce livre en se remémorant inévitablement sa dernière sortie "shopping". Et l'on se surprend à dire "Mon Dieu, on est vraiment pas loin de cette fiction !"

Petit plus, j'ai bien aimé les avant-propos à chaque chapitre, faisant référence à la symbolique du chiffre 7.
A lire donc et à méditer...
Lien : http://lacaveauxlivres.blogs..
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Écrit en 1997, mais publié seulement en 2005 en France, le thème de ce roman est toujours brulant d'actualité et sa relative ancienneté ne doit surtout pas freiner le lecteur potentiel.
Sorte de "1984" version consumériste, une critique de la société de consommation à outrance poussée jusqu'à l'absurde. Une version effrayante, tout en restant accessible, de ce que pourrait devenir très vite l'être humain ; humain incapable de se défaire de ses pulsions de consommation et devenu totalement prisonnier.
Le propos est fort, l'histoire lente mais ludique, l'univers crédible et intemporel, le style à la fois moderne et délicieusement suranné.
Une expérience différente de lecture, qui n'en met pas plein la vue et qui fait réfléchir.
Lovegrove est un réel conteur des temps modernes.
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C'est l'histoire d'un centre commercial où l'on peut se servir dans absolument dans tout ce qu'on veut. On y trouve toutes sortes de merveilles et des tas de personnages étonnants dans un endroit totalement mirobolant où il n'y a qu'un seul problème.
C'est qu'on est dans un livre pour adultes. Donc ça implique que ce n'est pas Willy Wonka qui est aux commandes, mais une bande de jeunes gosses de riches, et donc qui se cachent des non-dits et des envies de fortune de plus en plus grandes. Et aussi que c'est une satire du capitalisme. Et puis, s'il y a tout ce qui peut être commercialisé, ça veut dire qu'il y a aussi... Hum...
De toute façon, ce n'est pas le premier abruti venu qui y rentre, à Days. Non, il faut que l'élite passe la première. On te distribue une carte pour que tu paies avec, pour que tu veuilles en avoir une qui te permette d'acheter davantage, et surtout pour que tu sois fier D'APPARTENIR à ce bon sang de magasin.
Oui. À Days, les clients sont bien plus que de simples clients. Ils sont des rois. Ou des esclaves, on ne sait pas vraiment. Les foules hystériques se ruent vers les promos, perdant leur humanité les cinq minutes que dure l'incroyable réduction au rayon Chaussettes. Il faut que le public soit aveuglé par des flashes. Il faut les posséder complètement, que les moutons hypnotisés crachent jusqu'à leur dernier rond. Days, c'est une spirale vicieuse, c'est une saloperie immonde qui vous suce votre libre-arbitre, mais pour les consommateurs, c'est avant tout le plus grand, le plus beau, le plus incroyable de tous les mégastores. Parce que oui, il y en a d'autres.

Oui mais agencé comme ça, c'est trop facile. Un enfant de cinq ans peut vous le dire que c'est mal, d'être un méchant bourgeois. Seulement, regardez l'hystérie collective lors des grands évènements, les bagarres qu'il a eu pour des pots de Nutella à -70%. L'obsession du pouvoir d'achat qui viennent faire venir et acheter les consommateurs obnubilés par leur portefeuille. Vous seriez dans cette dystopie, vous vous y seriez mis vous aussi. Et un jour sans doute, l'Oeil vous aurait arrêté pour avoir tenté de voler à l'étalage ou pour avoir tabassé gravement quelqu'un d'autre.
D'ailleurs, aucun personnage n'a le monopole de la noirceur. Septimus Days, le premier PDG de Days et le responsable de tout ce bordel ressemble étonnamment à Steve Jobs ou à Mark Zuckerberg : visionnaire, passionnant, obsédé par l'idée que l'humanité puisse atteindre un degré supérieur de puissance et surtout par le nombre 7. Ses six premiers fils ne savent pas comment respecter ses volontés tout en voulant amasser quand même et son septième n'a qu'une envie, c'est de leur prouver qu'il vaut quelque chose. Donald Bloom, agent à l'Oeil, essaye d'être quelqu'un de bien, lui aussi, mais il ne parvient même plus à se reconnaître dans un miroir, ce qui est magnifiquement rendu par une plume experte. Les geeks ne cherchent qu'à avoir la part de rayon qui leur revient, les lettrés doivent tenter d'organiser un attentat dans le magasin pour faire entendre leur voix.
Et puis l'histoire commence.
Endroit : unité de lieu. Un Londres ruiné par ce centre commercial qui fait plus de dix kilomètres. Qui se remet tout juste d'une crise économique monstrueuse mais qui ne fera jamais le poids devant l'hyperlibéralisme.
Durée : unité de temps. Une seule journée où tout est possible.
Intrigues : à foison.
C'est tout ça, "Days". Un suspense fabuleux, des situations hautes en couleur décrites avec ironie, des personnages mauvais qui vont perdre pour certains leurs ambitions, pour d'autres leur vie, pour certains enfin leur âme. Ce qui gâche le livre au final est peut-être le fait d'avoir quelques rebondissements trop rocambolesques dans un livre pourtant crédible. Et la fin, très trash et très noire, qui n'est pas évidente à comprendre du premier coup.
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Days nous montre ce que pourrait devenir la grande distribution Dan un futur plus ou moins proche.

Il est vrai que c'est un peu lent mais en même temps c'est un huit clos, et malgré la lenteur des deux premiers tiers on ne s'ennuie pas, les personnages sont plein de caractère, Lovegrove reussi à nous emporté dans sa vision politiquement incorrecte d'une société de consommation ou tout peut arriver et nous amène à voir le matérialisme d'une manière effrayante.
Un livre qui fait réfléchir !
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