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EAN : 9782352842385
196 pages
Editions du Jasmin (01/09/2021)
4.21/5   7 notes
Résumé :
Un village de Calabre au début des années soixante.
À l’heure où la jeunesse des grandes villes revendique son indépendance, celle des campagnes doit choisir entre l’exil et la misère, entre l’espoir entre l’espoir d’une vie plus libre et la soumission aux coutumes ancestrales.
Pour avoir répondu au sourire d’un jeune homme à la mauvaise réputation, Luisa est condamnée par la rumeur publique et s’enfuit. Elle se découvrira plus forte et déterminée qu’e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
L'histoire est calabraise mais pourrait tout aussi bien s'écrire dans n'importe quel coin reculé de France ou d'ailleurs.
Un sourire échangé avec un garçon, les commères alentour, le poids de la tradition, et voilà une jeune fille déshonorée sur un simple soupçon. Présomption d'innocence, connais pas.

Il faut dire que le garçon c'est le fils du Baron, un petit nobliau local aux grandes démangeaisons dues à la testostérone. Sens du devoir, de la retenue, du respect des femmes, connaît pas. Son fils n'est pas forcément comme lui mais selon le vieil adage les chiens ne font pas des chats.
Il faut dire qu'ici, en Calabre, le poids de la tradition est bien lourd. Femme, au foyer, obéis d'abord à ton père, puis à ton mari et tais-toi. Tu mangeras debout derrière lui, prête à le servir au moindre désir.

C'est du moins ainsi que vivent les parents de Luisa, la fautive au sourire, comme tous les paysans de cette région désolée du sud de l'Italie. Alors, plutôt que de soutenir leur fille, ils la jugent, la désavouent et elle n'a d'autre choix que de s'enfuir, quitter ce village et monter dans l'alpe, vers le cabanon du vieil oncle et espérer y passer l'année, entre neiges et isolement, dureté des travaux du champ pour survivre. Elle qui a tout donné à ses parents, sa jeunesse, la force de ses bras quand le frère aîné, Enzo a quitté la région pour tenter sa chance au Canada, la voilà condamnée, déshonorée, rejetée.

L'histoire est finalement celle de tous ces Italiens et migrants de partout où la vie est trop dure. Quitter la misère, tenter de construire une vie plus facile ailleurs, laisser derrière soi vieilles traditions et obscurantisme.

Le récit est bien mené, avec des personnages attachants - dont ce Sylvio, accompagné de son loup Libero et cette femme qui a fui aussi le village, engrossée par le dit Baron, pour vivre loin des hommes.

Ce livre, c'est la restitution d'un monde qu'on croit appartenir au passé mais dont, à y bien réfléchir, on trouve encore des réminiscences dans le présent, rural ou non.
Le chemin est loin d'être parcouru pour que les femmes aient droit à la parole, à la liberté de leurs choix, à la responsabilité totale de leurs actes.

Merci à Babelio et aux Éditions du Jasmin pour ce livre intéressant et d'une jolie présentation qui offre par ailleurs de jolies évocations de la montagne.
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Juin 1963.
Toute la via Dante s'agite sous les cris de Cosentino. On parle fusils et malédictions. « Le diable a pris la petite Luisa » sous les traits du baron. La jeune fille lui a souri. Elle a déshonoré sa famille. Et toute la rue prend plaisir à s'en mêler.
Depuis trois ans maintenant, Luisa Cosentino remplace son frère Enzo qui a quitté la maison pour l'Amérique. Elle travaille aux champs avec son père, durement. Jamais elle n'imaginait qu'un simple sourire le mettrait dans une telle rage. Elle n'a pu le contenir, et puis, était-il un tel crime ?
En croisant le jeune baron, elle s'est souvenue qu'elle l'avait aidé quand il était en mauvaise posture, coincé sous sa Vespa. Et le fameux sourire s'est dessiné sur ses lèvres innocentes. Elle n'a pas cherché à donner d'explications, pas plus qu'on ne lui en a demandé. Alors elle est partie. Luisa, l'opprobre des paysans, n'en peut plus de sacrifier sa jeunesse et de ravaler ses espoirs. Un petit baluchon garni de quelques provisions sur le dos, elle a pris la clé du vieux cabanon de feu son oncle. Elle a bravé la nature, l'accès n'était pas facile, mais elle a choisi l'isolement avant qu'on ne le lui impose. Elle a épousseté les meubles, et loin de tous, elle s'est installée au chaud. Mais qu'attend-elle au juste ?


Le récit prend parfois des allures de conte, notamment à travers Silvio, jeune rebelle escorté par un loup qui court la forêt, animé de colère et de liberté. Chaque rencontre entre les deux jeunes gens est un délice de délicatesse. Les phrases sont courtes, les descriptions brutes, à l'image de la mentalité des personnages. le paysage occupe une place de choix dans cette tragédie qui ressemble bien trop à la réalité. La Calabre, le sud de la Botte qui relègue les femmes derrière les fourneaux et ne leur donne jamais la parole. La tyrannie des villages où tout s'interprète, se déforme, se dénonce. J'ai souffert pour Luisa, pour Nina (que je vous laisse découvrir), souffert pour toutes ces jeunes Italiennes qui rapetassent leurs rêves au fond des poches de leur tablier. Souffert d'incompréhension face au silence des mères qui baissent les yeux devant leurs filles qui se taisent avant même qu'on leur en intime l'ordre, souffert de ce schéma qui se répète, détruit, mais perdure.

Ce roman est comme imprégné d'un sentiment d'urgence. Malgré les descriptions prégnantes, le temps ne semble jamais se suspendre. Il y aura des lendemains vers lesquels on avance inexorablement. On ignore de quoi ils seront faits. Par qui ils seront faits.
Poétique et cruelle, cette Histoire calabraise est écrite avec une finesse remarquable, une déférence qui tient quelquefois à distance et force la remise en question. Un voyage dans le temps, les montagnes et les consciences, dont on se souviendra.


Un grand merci à Babelio et aux Éditions du Jasmin.
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Une histoire calabraise, une histoire de femmes... et d'hommes aussi. Une histoire qui nous entraîne dans la Calabre des années soixante encore très fermée au progrès.
Luisa aurait pu y grandir sereine...
Elle y grandira plus vite que prévu, puisqu'elle devra fuir, se retrouver face à ses peurs et trouver en elle la force d'avancer un jour après l'autre sur le chemin de sa vie de femme.
Dans ce texte, comme dans les précédents textes de Jackie Macri, la nature est très présente, tour à tour apaisante et violente... Une nature avec laquelle l'homme doit composer, mais qu'il ne peut jamais maîtriser.
Les personnages sont bien campés et évoluent sous une plume fine.
Jackie Macri nous fait aimer cette Calabre ou rien n'est tout blanc ou tout noir !
Un livre très réussi que j'ai lu avec un grand plaisir. Un livre à découvrir par les jeunes (lycéens et lycéennes) comme par les moins jeunes !

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Luisa, jeune adolescente calabraise commet une erreur. Alors qu'elle se promène dans les rues de son village, elle sourit timidement au fils d'un notable local à la réputation sulfureuse, le Baron. Son père entre dans une colère noire et pour éviter la vindicte populaire et revivre ce que des années auparavant une autre jeune fille du village a vécu, Luisa décide de s'enfuir. Elle compte rejoindre la cabane ou vivait des années plus tôt son oncle, sur les hauteurs calabraises. En chemin elle croise un drôle de garçon accompagné d'un loup apprivoisé. de cette rencontre naîtra une amitié et avec elle ressurgira un passé que toute une vallée avait essayé d'oublier.

Très belle surprise que ce roman de Jackie Macri qui d'une plume simple et délicate évoque les histoires que l'on tait dans une Italie des années 50 et 60 encore fragilisées par 20 ans de fascisme. La Calabre est une région aride et pauvre dans laquelle le salut passe souvent par l'exil. C'est un roman sur le secret, les compromissions et l'amour.
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Une histoire calabraise est l'histoire de Luiza, jeune fille qui vit dans la campagne italienne reculée des années 1960 : ici, le progrès n'est pas encore parvenu et les moeurs sont toujours soumises aux carcans ancestraux.
C'est ainsi que l'opprobre est jetée sur Luiza, parce que, naïvement, elle a souri au fils du Baron.
Mais plutôt que de subir la mise au ban de son village, Luiza décide de prendre en main son destin : elle s'exile et commence ainsi pour elle un parcours initiatique.
Je remercie Babelio et les éditions du Jasmin de m'avoir permis de découvrir "Une histoire calabraise" : j'ai aimé la simplicité de l'écriture et le déroulement de l'histoire, la façon dont Luiza s'émancipe au gré de ses rencontres.
J'aurais juste aimé une fin un peu plus développée car je m'étais vraiment attachée aux personnages.
Une lecture vraiment agréable, je recommande!
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
... quand on n'a pas le droit à la parole, comment se justifier et dénoncer une injustice ?
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Video de Jackie Macri (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jackie Macri
" J'y croix pas", comédie de Noël Piercy mise en scène de Jackie Macri par la compagnie des Soi-disant.
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