Danube

J'avais lu un recueil de nouvelles de Claudio Magris qui m'avait beaucoup plu, surtout son style et j'ai eu envie de me plonger dans son chef d'oeuvre, « Danube ». J'ai retrouvé la pureté de son style, magnifique. J'ai découvert une immense érudition.
Claudio Magris part en Allemagne aux sources du Danube, qu'il essaie de repérer, dans l'histoire. C'est très pointu mais c'est aussi ennuyeux pour qui n'a pas les références nécessaires et qui n'est pas un amateur de non-fiction, ce qui est mon cas.
Il faut lire cet ouvrage en discontinu, en se référant à l'index et en allant puiser selon un intérêt particulier, comme dans un abécédaire.
J'ai arrêté la lecture p 234/557 mais je comprends que, pour certains, ce livre puisse être « culte ».

Paru en 1986 chez l'éditeur italien Garzanti, Danube est une très belle et longue méditation, au fil du magnifique fleuve chargé d'histoire, évoquant, tout autant que plusieurs époques, une multitude de personnages célèbres ou inconnus, mais aussi l'histoire pour le moins tumultueuse des pays que traverse le Danube, l'éternel changement apporté par «les effectifs des nationalités et des religions; leur creuset ne cesse de faire bouillir, d'amalgamer, de fondre, de brûler, de consumer»...
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Une promenade au fil du Danube, en compagnie de Claudio Magris, écrivain et professeur spécialisé dans la période des Habsbourg.
Cette promenade s'acompagne d'explications sur l'histoire et la culture des pays traversés.
Une plongée dans la vieille Europe.
Passionnat et enrichissant.

Il est parfait pour deux raisons: dans la lignée de Robert Musil par exemple, il n'est pas qu'un Roman, il est également un voyage à travers la connaissance. A la fin de ce livre, le lecteur aura appris des tonnes de choses, sur le Danube, sur Vienne, sur Céline, sur les pays traversés, etc.

La deuxième raison est que l'écriture est magnifique. Il vient de Trieste, logique vous allez me dire.

Bref, un chef d'oeuvre, et je pèse mes mots!

C'est la descente d'un fleuve immense qui donne à Magris l'occasion de croiser histoire, littérature, géographie, philosophie. La première moitié du livre, où l'auteur est dans son jardin est sans doute meilleure que celle où il aborde l'Europe de l'Est. On sent une admiration pour le communisme, et je n'ai perçu aucune intuition relative au séisme qui a touché le bloc de l'Est 3 ans après l'écriture du livre. Ce livre nous ramène cependant au meilleur de nous même.

Sous la plume d'un grand écrivain , le voyage au gré du fleuve devient aussi une grande fresque des siècles passés . ( Quatrième de couverture )
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Suivre un fleuve de sa source à son embouchure (ou l'inverse) est une belle aventure : voyez le voyage de Richard Burton à la découverte des sources du Nil.
Lorsque le fleuve en question est le Danube, on ne peut que partir de découvertes en découvertes.

Aucun fleuve d'Europe n'arrose autant de pays (neuf pays traversés ou dont le Danube constitue la frontière), autant de capitales (quatre - même le Rhin n'en traverse aucune depuis que l'Allemagne a transféré la sienne à Berlin).

On comprendra donc que ce parcours de près de trois mille kilomètres de la Forêt Noire à la Mer Noire (paradoxal, cette double référence au noir pour un fleuve qu'une célèbre valse nous a habitués à associer plutôt au bleu) réservera bien des surprises.

Dans cette ballade littéraire, on peut être déconcerté par le nombre de noms évoqués au gré des étapes de ce long voyage danubien et des chapitres du livre.

Toutefois, si Claudio Magris consacre de nombreuses pages aux grands écrivains, d'Elias Canetti à Peter Altenberg ou à Jean Paul, il ne néglige pas pour autant d'obscurs et savoureux inconnus, tels que cet ingénieur ayant consacré toute sa vie à la rédaction de cinq volumes totalisant presque autant de pages que le Danube compte de kilomètres; intitulés La Navigation et le Flottage sur le Danube Supérieur.

Le portrait le plus touchant est, à mon sens, celui de cette grand'mère serbe rencontrée en chemin et appelée mémé Anka, évoquant sa ville natale de Bela Crkva, sorte de Babel où autrefois Hongrois, Serbes et Allemands vivaient paisiblement côte à côte.

C'est à des moments comme celà, que cette Europe, lieu de brassage de tant de peuples prend vie sous la plume de Claudio Magris.

Lorsque Claudio Magris entame ce voyage en 1983, le continent est encore divisé en deux blocs et le Danube traverse le rideau de fer. le monde a changé depuis et le drapeau européen flotte sur tous les pays traversés par le Danube, ou presque.
Il est vrai que les longues analyses que Claudio Magris consacre à la vie culturelle dans les pays de l'Est ne reflètent plus l'actualité de cette partie de l'Europe.

C'est dans ces parties que Danube a le moins bien vieilli.

Malgré celà, Danube reste à mon sens un ouvrage incontournable pour quiconque souhaite saisir l'esprit de la Mitteleuropa.

Un voyage poétique, historique et philosophique le long du Danube pour goûter un peu de l'âme de la civilisation de Mittle Europa, de ses merveilles à ses tourments