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C'est un livre mythique pour tous les amoureux de l'Europe centrale et orientale. Claudio MAGRIS, écrivain italien natif de Trieste nous invite à un voyage des sources (controversées) du Danube dans le massif de la Forêt noire en Allemagne jusqu'à son delta aux confins de la Roumanie et de l'Ukraine. Ce livre est d'une érudition impressionnante. de Linz à Vienne puis de Bratislava à Budapest pour ensuite nous rendre à Belgrade puis en Bulgarie(où l'auteur prend un malin plaisir à battre en brèche les lieux commun sur ce pays) pour finir par le Bucarest défiguré de Ceausescu (le livre à été écrit en 1988), le lecteur va à la rencontre de poètes, d'écrivains et de personnages historiques plus ou moins passés à la postérité. On voyage avec Hölderlin, Goethe, Elias Canetti et beaucoup d'autres grands écrivains. C'est aussi une méditation sur cette région si particulière ou se sont rencontrées les cultures germaniques, slaves, hongroises, ruthène et évidemment turcs (dont il souligne l'importance dans cette région). La Mitteleuropa nous enseigne que la quête des origines est vaine lorsqu'il s'agit de cultures et d'identités. Les influences réciproques sont si nombreuses qu'on ne peut en démêler les fils. L'allemand comme langue de culture est aussi mis en valeur par l'auteur dans l'histoire de la Mitteleuropa. Non pas que les autres langues lui paraissent inférieures mais plutôt parce qu'il voit dans l'influence de cette langue la marque de l'universalité (a rebours donc du Nazisme) et d'une ouverture aux identités multiples pour former une culture originale. Les pages sur l'éclatement de l'Empire des Habsbourg sont aussi éclairantes car Magris considère ce fait comme une catastrophe majeure dans l'histoire européenne. Quand il s'interroge sur les conséquences que pourrait avoir pour l'Europe un éclatement de la Yougoslavie et de la poussée des nationalismes, on ne peut que se dire que ses propos étaient prophétiques.
Un magnifique livre de voyage, d'amour de la poésie et de la littérature mais aussi une réflexion philosophique dont le Danube est la parabole.
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J'avais lu un recueil de nouvelles de Claudio Magris qui m'avait beaucoup plu, surtout son style et j'ai eu envie de me plonger dans son chef d'oeuvre, « Danube ». J'ai retrouvé la pureté de son style, magnifique. J'ai découvert une immense érudition.
Claudio Magris part en Allemagne aux sources du Danube, qu'il essaie de repérer, dans l'histoire. C'est très pointu mais c'est aussi ennuyeux pour qui n'a pas les références nécessaires et qui n'est pas un amateur de non-fiction, ce qui est mon cas.
Il faut lire cet ouvrage en discontinu, en se référant à l'index et en allant puiser selon un intérêt particulier, comme dans un abécédaire.
J'ai arrêté la lecture p 234/557 mais je comprends que, pour certains, ce livre puisse être « culte ».
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Le Danube, fleuve-dieu (Istros pour les Grecs, Danubius pour les Latins). Ses 2.888 km (ou 2848 km, selon qu'on considère que ses sources sont localisées dans la commune de Donaueschingen ou dans celle de Furtwangen, ces dernières se disputant toujours farouchement cette prérogative). Près de trois mille ans d'histoire attestée (les Grecs le remontaient déjà au VIIe siècle av. J.-C., depuis la mer Noire). Mémoire vivante de la mosaïque inextricable des peuples de l'Europe centrale et des Balkans, cours d'eau emblématique du mythe d'une harmonie possible entre les dix pays qu'il traverse - huit à l'époque de la rédaction du livre, achevé en 1986, avant la chute du Mur et l'implosion de l'ex-Yougoslavie. Un bassin colossal (817.000 km²), deux cents milliards de mètres cubes d'eau déversés chaque année dans la mer Noire…
L'entreprise littéraire titanesque que Claudio Magris, essayiste et romancier, germaniste reconnu très attaché à l'apport légué par la Mitteleuropa, consacre au "fleuve des superlatifs", relève elle-aussi du prodige. Inclassable et irréductible comme son modèle grandeur nature, DANUBE, à la fois récit de voyage et de rencontres, exercice d'autofiction et recueil de méditations personnelles, vogue libre dans l'espace littéraire, générant en permanence divagations savoureuses et digressions savantes entre histoire et géographie, hydrologie et cabotage, civilisations et géopolitique, histoire des idées, art et architecture, littérature et mouvements culturels d'Europe centrale.
Parmi l'ensemble des sujets abordés d'une plume où l'érudition et l'excellence sont omniprésentes, j'aurai été en tant que lecteur particulièrement impressionné par l'acuité, la sensibilité, la poésie et la beauté des très nombreux passages que l'auteur consacre à la littérature et à la critique littéraire. En connaisseur averti de la littérature de chacun des pays traversés, chaque étape du périple sera en outre l'occasion d'évoquer, directement ou via différentes associations symboliques avec les lieux visités, un nombre important d'autres écrivains européens. Ainsi, par exemple, lorsque Magris visite le château de Sigmarigen où Céline avait suivi le gouvernement de Vichy dans sa débâcle, on peut lire: «Céline s'est laissé aveugler par la révélation du mal. Il a écouté la voix de l'abjection, disait Bernanos, comme un confesseur dans un quartier misérable; toutefois il n'a pas été capable, comme le sont parfois les vieux confesseurs, de s'assoupir entre un pénitent et un autre, lassé par la répétition de péchés prévisibles, il n'a pas vu la banalité stéréotypée du mal. Comme d'autres écrivains français de sa génération, qui croyaient pouvoir dire avec Gide «J'ai vécu», lui aussi cherchait à «vivre», sans soupçonner la mégalomanie d'une telle prétention». Puis, évoquant, par contraste, et associant de près le lisboète Pessoa et Kafka : «Kafka et Pessoa font un voyage au bout, non pas d'une nuit ténébreuse, mais d'une médiocrité incolore encore plus inquiétante, dans laquelle on s'aperçoit qu'on n'est qu'un portemanteau de la vie, et au fond de laquelle il peut y avoir, grâce à cette conscience, une ultime résistance de la vérité».
Imperturbable face à la raison pure confinant l'entendement en compartiments étanches, la barque de Magris navigue indifférente aux limites imposées aux catégories de l'esprit et aux genres. Tel le fleuve impassible devant l'hybris de ses peuples riverains qui depuis la nuit des temps essaient d'instaurer sur ses marges des frontières, y établir des territoires dont ils réclament la souveraineté avant d'en être tôt ou tard déchus, à chaque fois que la tentation se présente à lui, l'écrivain veille à abandonner toute ambition totalisante, faustienne, préférant prendre alors le parti de «s'identifier à cet écoulement, au présent infini du verbe, qui est mouvement et permanence, temps et éternité", s'astreignant à «descendre la pente vers la mer Noire, accepter le courant, jouer avec ses remous et ses vagues, avec les rides qu'il dessine sur l'eau et sur le visage».
La pensée de Magris semble ainsi aspirer à fusionner avec son objet d'observation, à acquérir les propriétés qui lui seraient intrinsèques : écoulement continu, fluidité, horizontalité, liberté totale de forme sur les surfaces qu'elle parcourt. Quoique possédant son volume propre, à l'image de l'élément aquatique qui l'inspire, elle s'autorise souvent à prendre provisoirement la forme des différents récipients qui l'accueillent. Qu'elle aborde les horreurs de la guerre et la banalité du mal lors de la visite de l'auteur au camp de Mauthausen ou, évoquant les fissures de plus en plus flagrantes constatées dans l'équilibre précaire entre les revendications nationalistes en Europe centrale, qu'elle exhale alors le parfum nostalgique du mythe habsbourgeois d'un Danube «bleu» supranationale, elle excellera dans l'art de la fugue, refusant tout jugement hâtif, toute verticalité idéologique, toute hiérarchie dans ses raisonnements, jamais abrupte ou péremptoire. Dans ce sens, Danube constitue pour le lecteur un véritable havre de lecture où il pourra abreuver sa soif d'humanisme et trouver un refuge contre les idées qui «célèbrent la ligne de feu comme heure de vérité» dont, hélas, notre humanité ne semble toujours pas prête à se départir…
En ouvrant cet essai-fleuve dont l'érudition abondante pourrait par moment lui faire frôler la noyade (pas la moindre note de bas de page pour nous servir de bouée de sauvetage!), il serait à mon avis vivement recommandé de s'inspirer et se laisser pénétrer par la temporalité et l'état d'esprit avec lesquels Magris souhaite lui-même parcourir le Danube. le lecteur sera ainsi amené, comme l'auteur, à s'exercer à cet art délicat de la «persuasion», («harmonieuse et indissoluble union avec l'écoulement du fleuve»), à s'abandonner aux déambulations de l'esprit (sans recourir excessivement à l'aide d'un tiers-savant - merci tout de même à Wikipédia.. !), l'entendement devant savoir aussi naviguer à vue et céder parfois les commandes à l'intuition, à l'imagination ou tout simplement à la beauté enivrante du texte. Qu'il sera plaisant alors de partager avec l'auteur «un voyage qui sillonne et retrouve sans cesse, tout au long de son cours, les lieux et les moments de notre propre odyssée».
Mais enfin, diriez-vous , se persuader de quoi au juste ? Rassurez-vous, en tout cas, cette adhésion à la persuasion à laquelle nous invite l'auteur, n'a strictement rien à voir avec la vieille méthode Coué ou avec ces recettes développement personnel dont, par un phénomène insidieux d'hybridation, la littérature contemporaine nous inonde et nous gave. Il s'agirait, au contraire, de pouvoir «faire l'école buissonnière» face au réel, face à un savoir organisé par une «rhétorique» qui la plupart du temps nous berce d'illusions, face à une temporalité linéaire qui «consume l'être dans l'attente d'un résultat qui doit toujours venir, et qui ne vient jamais» ; il s'agit en l'occurrence d'envisager la réalité plutôt comme «un jeu d'emboîtements» par-delà «l'engrenage temporel» et l'énorme «engrenage culturel» qui nous fixent lourdement à terre.
Il y a tant de voyages potentiellement divers dans Danube qu'il me paraît en fin de compte quasiment impossible d'isoler un lit principal de lecture. Impossible de résumer cette épopée aux trajectoires multiples, «germano-magyaro-slavo-judéo-romanes» tissées autour du fleuve-dieu. Impossible de recenser tous ces lieux, atmosphères et personnages représentatifs de l'immense héritage culturel laissé par la Mitteleuropa. En paraphrasant Virgile, l'on peut dire que de ses sources en Forêt Noire, jusqu'à son delta en Mer Noire, le Danube entier «sort par la bouche de Claudio Magris»!
La pensée allemande n'est jamais aussi séduisante que lorsqu'elle se laisse guider par le désir d'exactitude, la pensée française par celui de la nuance, la pensée italienne, me fait songer Magris, par la volupté dont elle s'empare quelquefois… Danube est un torrent aux méandres innombrables, aux ramifications élégantes, à l'érudition pulpeuse, au verbe coloré, voluptueux, comme seuls les grands essayistes italiens en ont le secret (tels Eco, ou encore Ciotati par exemple, pour ne citer que deux des plus grands compatriotes contemporains de Magris). Ivresse à raisonner tels les grands maîtres maniéristes italiens figurant la carnation du divin, recherchant cet accord parfait entre fond et forme, entre vérité et beauté. Fougue à percer une brèche sensuelle dans le mur infranchissable séparant l'impermanent et l'immuable.
Sous la plume de Magris, le fleuve se pare très souvent de teintes susceptibles d'apparier le transcendant et l'immanent, le Danube historique et l'Istre original, fils d'Océan et Thétis, rivière-idéale aux tourbillons insondables dans laquelle Héraclite et Parménide, apaisés, auraient pu enfin se baigner ensemble et, par la même occasion, nous soustraire momentanément à l'imperfection de l'existence humaine, à ce goutte à goutte temporel qui nous assoiffe d'absolu.
«Le simple plaisir réclame du tangible, du fini, il n'aime pas l'ailleurs. Mais si dans ce plaisir vient aussi se glisser le plus fugitif prélude, le moindre éclair de «perditio», alors il ne se tourne plus que vers ce besoin d'ailleurs, il aime le mystère de ce qui est encore en devenir, cette incomplétude rétive à nos côtés, l'élan impétueux et la ligne droite.»
Tout simplement magistral.
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Danube (1986) a reçu le prix Bagutta et le prix du Meilleur Livre Étranger (essai) en 1990 en France. le livre fut publié l'année où Gorbatchev a introduit en URSS deux notions : le glasnost et la perestroika, à une période où les pays de l'Est étaient terra incognita à l'ouest.

C'est un livre qui ne se base pas en idéologies, mais en habitants et en art, comme une élégie avec une vision humaniste commune de la Mitteleuropa. Ou, comme disait l'écrivain- journaliste australien Richard Flanagan en 2016, this book is a timely elegy for lost Europa.

J'ai acheté ce livre ayant la conviction et le désir d'améliorer mes connaissances sur l'Europe occidentale; cela faisait des années que le livre attendait une lecture…m'ayant enfin décidé, je me dois de dire que cette lecture a duré des mois.

L'espoir pédagogique sur le livre a sinué comme les méandres de ce fleuve immense et il m'est apparu rapidement que j'allais retenir peu de choses, trop peu de choses face à l'avalanche d'informations.

Car Monsieur Magris est un véritable érudit et son discours, ce sont pour moi des digressions sans fin sur des peuplades inconnues, de lieux inconnus, de faits culturels encore inconnus, etc. de temps en temps, des lueurs d'entendement surgissaient comme des flammèches folles et je m'empressais de les marquer avec des petits signets pour les utiliser plus tard lors de la rédaction de ce billet.

Pour commencer, il faut lire plus de 100 pages sur l'origine du fleuve. Car ce n'est pas si clair que le béotien voudrait le définir, ah que nenni. Monsieur Magris avait décidé de cette navigation, 23 ans auparavant, alors qu'il se reposait sur un banc en Forêt Noire : un voyage pour connaître sa géographie car à quelques mètres de ce banc se trouvait une plaque qui indiquait la -ou une?-source du Danube, au moins la principale de ce fleuve de la mélodie (selon Hölderlin), langage profond et secret des dieux, route qui unissait l'Europe et l'Asie, l'Allemagne à la Grèce et le long de laquelle la poésie et le verbe, dans les temps légendaires, étaient remontés pour apporter le sens de l'être à l'Occident germanique.

Vous pouvez le constater, la prose peut se révéler très lyrique, romantique même.

Le Danube, le fleuve des superlatifs comme on l'a surnommé, avec son bassin de 817 000 Km carrés et les deux cents milliards de mètres cubes d'eau qu'il déverse chaque année dans la Mer Noire.

J'ai croisé le nom de Céline, page 59, ce qui m'a permis d'atterrir un peu. Voici ce qu'en dit Magris: entre les murs du château de Sigmaringen situé sur les rives du Danube un autre acteur de premier plan du sanglant théâtre de notre siècle, Céline, a vécu, souffert et raconté le déracinement et le cauchemar de la guerre totale. Il voyait le fleuve se briser avec furie contre les arches et il l'imaginait, féroce et destructeur, renversant les tours, les salons et leurs porcelaines pour les emporter dans ses flots jusqu'à son delta, effritant et ensevelissant l'Histoire parmi les détritus boueux des millénaires.

Nouvel atterrissage à Ratisbonne, ville médiévale que je connais, belle évocation…le Danube, qui sous le Pont de Pierre s'écoule, grand et sombre dans le soir, et strié par les crêtes de ses flots, semble évoquer l'expérience de tout ce qui manque, écoulement d'une eau qui s'en est allée ou va s'en aller mais qui n'est jamais là. L'air et les eaux noires sont riches de vent, de reflets et de couleurs, de bruits, d'ailes d'oiseaux, d'herbe qui ploie légèrement et se couche dans l'ombre, mais en pénétrant dans la ville bardée de tours j'ai l'impression de me glisser entre deux pages d'un livre.

Intérêt bien éveillé lorsque l'on évoque cette romantique image de Sissi qui m'avait tellement subjugué lors de ma jeunesse…la Hermesvilla, dans son parc peuplé de daims et de sangliers à la périphérie de Vienne, était, avec ses ambigüités liberty, le lieu de prédilection de l'impératrice Elisabeth, la malheureuse, légendaire-et difficilement supportable- épouse de François-Joseph, cette Sissi farouche et fugitive si chère à l'imagination populaire. Hans Makart, décorateur et dessinateur officiel de Vienne à l'époque, avait été chargé de peindre, dans sa chambre à coucher, des scènes inspirées du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare. Les couleurs sont sombres, morbides, le lit de l'impératrice est une véritable couche funèbre, veillé par une allégorie de la mélancolie, les scènes shakespeariennes sont d'une glaciale et insidieuse lascivité que l'on retrouve dans les personnages mythologiques placés dans la salle de gymnastique, où Elisabeth soumettait son corps androgyne à des exercices pratiqués comme un véritable culte.

A Bratislava (que nous appelions Gratislava avec des amis, tellement l'on pouvait faire des achats intéressants), ville autrefois célèbre pour ses habiles artisans et ses collectionneurs d'objets d'horlogerie, on ressent l'impérieuse présence d'époques riches en conflits. Cette capitale d'un des plus anciens peuples slaves a été, pendant deux siècles, celle du royaume de Hongrie, lorsque ce pays a été occupé presque entièrement par les Turcs; c'est à Bratislava que les Habsbourg venaient ceindre la couronne De Saint- Étienne, et que la jeune Marie Thérèse vint, après la mort de son père, demander l'aide de la vieille noblesse hongroise, avec son fils Joseph nouveau-né dans les bras.

Livre fleuve, lyrique par moments, d'une richesse inouïe, livre accessible et métabolisable pour peu de gens, lecture fatigante par moments, difficilement enrichissante du fait de la surabondance d'informations. C'est une longue digression de Monsieur Magris qui a accompli ici un rêve fou et abouti.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Un grand livre érudit et un bon compagnon de voyage
Plutôt que de prendre un de ces guides de voyages avec une mappemonde en couverture ou un vert moche sur celle-ci, pourquoi ne pas prendre meilleur guide de voyage possible à la découverte par exemple de Vienne ou Budapest ? Claudio Magris, italien tourné vers l'histoire et la culture d'Europe centrale dresse le meilleur portrait qu'il soit possible de lire de ces villes et de leur personnalité. C'est érudit, très bien écrit. On déambule avec lui le long du Rhin et on apprend beaucoup. On n'est pas obligé de lire tout cela dans l'ordre, cela a beaucoup de charme aussi dans le désordre.
Claudio Magris fait partie de ceux qui donne envie de voyager (y compris par chez lui, à Trieste, une belle ville méconnue).
Pour les autres guides je plaisantais, car avec Magris ce sera tout de même difficile de trouver un hôtel sympa est un bon restaurant.
Suggestion : un livre à lire pendant des heures, au chaud dans un des célèbres cafés viennois. le café Central fera très bien l'affaire !
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C'est la descente d'un fleuve immense qui donne à Magris l'occasion de croiser histoire, littérature, géographie, philosophie. La première moitié du livre, où l'auteur est dans son jardin est sans doute meilleure que celle où il aborde l'Europe de l'Est. On sent une admiration pour le communisme, et je n'ai perçu aucune intuition relative au séisme qui a touché le bloc de l'Est 3 ans après l'écriture du livre. Ce livre nous ramène cependant au meilleur de nous même.
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On a coutume de dire en Afrique, lorsqu'un vieil érudit meurt, que c'est une bibliothèque qui part en fumée. Magris est une immense bibliothèque de la Mitteleuropa à lui tout seul et il nous a légué de son vivant - et on lui souhaite encore longue vie - un magnifique livre sur l'histoire politique, sociale et surtout littéraire des pays riverains du Danube, lequel fleuve n'est pas vraiment le sujet du livre.
Quelle érudition ! Quelle culture, c'est impressionnant ! Quel pouvoir d'analyse aussi et quel sens de l'histoire, car Magris a une vision très juste de l'avenir de ces nations regroupées à l'époque dans des états communistes (Yougoslavie, Tschécoslovaquie). Son voyage le long du Danube a eu lieu avant la chute du mur, la première édition datant de 1986, mais il a une compréhension très acérée de ce qui arriverait si le mur tombait. Et le mur tomba.
Pour être un très grand Européen, pour écrire un très grand livre sur l'Europe, il n'est sûrement pas anecdotique que Magris soit né à Trieste, la ville aux trois cultures, la ville de Zeno, la ville où Joyce écrivit, mais aussi la plus allemande des villes méditeranéennes.
Les références littéraires étant très nombreuses dans ce livre, il est impossible de lire toute la bibliographie sur laquelle il s'est appuyé, mais Magris m'a vraiment donné envie de lire Elias Canetti. Ce sera une suite à ce fabuleux voyage.

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Le Danube, de la forêt noire à la mer Noire, fleuve des superlatifs :
Bassin de 817 000 kms carrés
200 milliards de mètres cubes d'eau
Longueur 2 850 kms
Le pont de l'amitié situé à la frontière bulgare-roumaine mesure 2 224 mètres, le second pont d'Europe.
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Traduit de l'italien par jean et Marie -Noelle Pastureau. Ils chevauchent jusqu'au Danube. L'architecture du voyage Venise. Tentations de l'ailleurs ( Benn)l'Odyssee . Accepter un conseil ne prenez aucun engagement pour le we prochain. Faites des provisions. Ne répondez plus au telephone. Toute expérience est le fruit d' une méthode tenace comme le tractatus de Wittgenstein. Voyage pour connaître ma geographie. Aux portes de fer, ce fleuve bisnominis Ovide Holderlin. le fleuve est un vieux maître taoïste . le voyage danubial,la peur invente des noms pour se distraire. le Journal d'un voyage sentimental. La mitteleuropa est belle. Vaincre n'est rien, le tout est de survivre ( Rilke). L'homme est vicitude.( Herodote ). Dans la bille de Passau, régnait un évêque . le monotone battement qui rythme le temps. Il a aimé, il a vu. Est-ce que j'ai eu mon jour ? Tout véritable viennois vient de Bohème. Éternellement sauf du laisser vivre du moi je sais qui je suis. Rejette loin de toi cette soif de livres, si tu ne veux pas arriver à la mort en murmurant. Ce que fait le fleuve personne ne le sait. Je sais et je crois. Tête courbée, ne peut être coupée. de qu'épela signe es tu ?
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Le voyageur peut emporter ce livre dans ses bagages durant plusieurs voyages en Europe Centrale. le Danube est un géant de trois mille kilomètres. Depuis sa source dans la Forêt Noire, jusqu'à la Mer Noire, il traverse une dizaine de pays. Claudio Magris, dans un essai plein d'érudition, nous invite à mieux connaitre les écrivains qui l'ont admiré au fil des siècles.
J'ai abordé ce livre par segments, lus et relus, abandonnés puis redécouverts, car il faut avouer que le texte apparait difficile pour celui qui n'est pas dans le contexte. le meilleur endroit pour l'apprécier : posé sur les rives du fleuve, ou emporté par un bateau navigant sur le beau Danube.
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