Nous sommes à l'heure des lumières,
Jean-Jacques Rousseau est admiré de l'Europe entière, il fascine, il subjugue, mais ses écrits et ses idées ne tombent pas toujours en terre fertile, tenez prenez les frères Chapelet, Jean et Jacques , ces deux là sont sous le coup d'une admiration sans borne, ils vivent, respirent, imitent leur idole.
Ils connaissent par coeur les aventures de Julie et Emile, bref de purs fanatiques. Aussi quand ils décident d'inviter le grand homme chez eux c'est pour :
« lui faire goûter à travers quelques promenades et discussions que la littérature, quand elle est bien faite, peut littéralement changer les hommes et le monde ».
Pour plaire au maître, Jean et Jacques décident de consacrer leur jardin à l'oeuvre du philosophe, ils engagent moults jardiniers, plantent, creusent, piochent et comme ils veulent s'assurer d'être bien compris ils truffent les allées et plates-bandes de petits écriteaux portant des citations choisies avec amour. Bien entendu « pour être tout à fait honnête, les frères faisaient partie de ces gens qui espèrent, en se frottant aux grands hommes, sinon devenir aussi grand qu'eux, du moins grapiller quelques marches sur l'échelle de la gloire ».
Le succès de l'entreprise se fait attendre et de plus il semble que la lecture qu'ils font du philosophe n'est peut-être pas exempte de risques car un jour voulant appliquer à la lettre une idée du maître, leur interprétation semble un peu erronée et ils rentrent tête basse « l'oeil poché et la chemise déchirée ».
Auprès des femmes non plus ils ne connaissent pas le succès escompté.
La nouvelle de l'installation de l'illustre philosophe à Ermenonville chez le Marquis de Guichardin est un coup dur « Longtemps ils se demandèrent comment un homme seul avait réussi là où deux avaient échoué »
Les frères Chapelet arpentent les allées du merveilleux parc
« Sur plusieurs milles à la ronde, s'organisant autour d'un grand lac, ce n'étaient que rivières, petits ponts de bois, treilles odorantes, charmilles et arbres majestueux »
Et finissent par apercevoir le philosophe herborisant........mais quelques heures plus tard « Rousseau succombait à une attaque d'apoplexie »
Les frères pourtant n'ont pas dit leur dernier mot et je vous laisse découvrir la fin de leurs aventures.
Un conte drolatique, cocasse, enlevé, et bourré de références à l'oeuvre de Rousseau.
Frédéric Richaud se moque gentiment des tendances à l'admiration béate, pointe du doigt le fanatisme philosophique.
C'est malicieusement intelligent et c'est l'occasion pour le lecteur de revisiter un peu La Nouvelle Héloïse ou l'Emile tout en profitant des bienfaits de la nature.
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