Jeunes et vivants

Cet homme est seul dans la nuit c’est la fuite en hiver
Quel malheur a-t-il pu le frapper pour qu’il soit obligé
D’en passer par là c’est en cas de malheur qu’il part
Coucher dans les granges plusieurs nuits d’affilée la
Lumière est un luxe oublié ou plutôt un signal pour
Que s’expriment les fusils en sa direction ce n’est pas
Une vie mais la mort à brève échéance si la malchance
Ne tourne pas d’ailleurs même les loups l’ont poursuivi
Voici un signe de temps mauvais être la cible des loups
Et être forcé de se réfugier près des pales du moulin
Qui ne tourne pas encore qu’a-t-il pu commettre pour
Être contraint de fuir en ces contrés inhospitalières

Si la mer doit nous envahir un jour elle peine à venir
Nous l’attendons comme une déchirure bleue à travers
Le carcan du sable et de la répétition d’horizons et des
Expressions de visages gestes enfouis dans les poches
Pour ne laisser aucune parcelle de peau nue au soleil
Mais celui-ci nous dévore de plus en plus il entre par
Le cerveau traverse notre âme comme un pavillon à
Tous vents c’est terrible de continuer à tracer avec
Un soleil dans la tête il ressemble à un savon compact
Qui prend la place des gestes finit par ne pas assurer
Leur transmission c’est l’annonce faite du désert qui
Va nous rendre fous tandis que nos pas ralentissent

Durant trois secondes il n'est de nuit que le jour les choses
Les plus apparentes sont plus touffues que les buissons
Accueillant de jolis diables un de ces jours-là nous serons
Arrêtés nous comprendrons alors que le hasard n'existait
Plus qu'il y avait des signes assumés aux quatre coins de
Cette route pour nous prévenir d'une mort concentrique
Souvenez-vous des fleurs déposées pour toute sépulture
On croyait découvrir derrière les visages des jeunes gens
Tout roses quand il s'agissait plutôt de vieillards moroses
Ne croyez pas que vous êtes différents car la lune veille

Voix du coeur qui seule au coeur arrive
A l'étincelle la créant ils se souviennent
De ce portrait dont le rouge débordait
Du rouge à lèvres une blessure béante
A cause d'une rose de paradis ils restent
Fixés sur ce visage d'un blanc de mort

Ce pavillon c'était une étamine noire
Semée d'étoiles avec un soleil d'or à
Son centre pour le saisir être emporté
Par ses yeux cette chose aussi fragile
Qu'un lambeau de tissu est un appel
A devenir des hommes plus puissants