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3,59

sur 186 notes
Vite lu, ce Polar m'a été offert par un ami.
Je ne connaissais pas Manchette.
Je dirais que c'est efficace comme écriture, ça ne tourne pas autour du pot, les portraits sont un peu caricaturaux mais on se prête facilement à ce petit jeu de massacre.
L'ange exterminateur de l'histoire s'appelle Aimée ce qui peut paraître assez ironique vu que la jeune femme dézingue des"gros con" depuis qu'elle s'est débarrassé de son mari au moyen d'un couteau de cuisine. (Je ne vous dirai pas pourquoi)
On suit le parcours de cette tueuse devenue professionnelle et animée par une sorte d'esprit de vengeance, qui se plaît à chasser dans la haute société, où prolifère son gibier de prédilection.
Le scénario ne casse pas des briques mais l'humour noir relève suffisamment la sauce pour qu'on ne lâche pas ce petit roman aux vertus cathartiques quand on veut voir gicler un peu d'hémoglobine.
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Un polar de série B (ou Z, je sais jamais), bref une lecture oubliable mais pas désagréable, un petit shot de polar qui se lit cul sec. Une tueuse, des bourgeois corrompus et avides, un baron fou et une petite ville endormie, voici les ingrédients de ce roman. Pas sûre que cela me donne envie de remettre le couvert avec Manchette.
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De quoi s'agit-il au juste ? d'un conte horrifique, d'un règlement de comptes à caractère social ou de la chronique cynique et particulièrement noire de Bléville, cette ville portuaire florissante, fière de son glorieux passé historique, où règne une bourgeoisie éclatant de satisfaction, mais une ville gangrenée par "corruption, trafic d'influence, arnaques en tout genre et histoires de fesses, comme partout ".

Et que vient donc faire céans Aimée, la fatale Aimée, celle qui va déclencher la zizanie dans l'univers feutré de cette triomphante élite ?
Est-elle là pour le fric, pour supprimer des gros cons, parce qu'elle se sent une âme de justicière, ou pour tout cela à la fois ?

Il ne faut guère plus de quelques mots à Manchette pour caractériser les lugubres personnages qui émaillent son récit. Ainsi l'un a "des yeux bleu clair dans une longue tête dégarnie couleur de rosbif saignant", l'autre n'est qu' "une maigre blonde aux yeux pâles et aux longs cheveux pâles, avec des salières aux clavicules, dans une robe vert pistache informe" et le tout à l'avenant, avec une remarquable concision.

Manchette s'en donne à coeur joie dans le dégommage systématique d'une société corrompue d'où émerge la figure réjouissante du baron Jules, le seul personnage haut en couleurs et bigrement sympathique de cette sinistre foire dérisoire où les têtes vont tomber, telles des quilles dans un jeu de massacre !
Oui, elle est fatale Aimée.
Et Manchette est grandiose !
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Je ne connaissais pas Jean-Patrick Manchette et Fatale est le premier roman que je lis de lui. Policier qui appartient au genre du roman noir en offrant une vision réaliste des conditions sociales de la petite ville de Bléville. Aimée, jeune femme plus qu'énigmatique, applique à la lettre ce qu'elle lit à beaucoup d'endroits de la ville : Gardez votre ville propre . Les notables qu'elle y rencontre sont propres sur eux mais il y a beaucoup de secrets inavoués. On ne comprend pas bien ce qui pousse Aimée aux différents meurtres perpétrés dans un temps qui paraît court, l'auteur ne nous donne aucune piste psychologique pouvant expliquer ces actes. Dommage car j'attends d'un roman policier qu'il offre des indices pour comprendre ce qui pousse le coupable à agir de la sorte. Or, ici il n'y a qu'une succession d'évènements inexplicables. D'autre part, le style est très mauvais. Beaucoup de « on », une utilisation excessive de l'imparfait en début de roman, des successions de phrases indépendantes qui poussent à se demander si l'auteur sait faire une subordonnée… le début du livre donne l'impression d'une rédaction d'élève de collège ! Ce livre m'a déçue à tous les points de vue !
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Difficile de se faire un avis sur ce livre que je n'ai ni aimé, ni apprécié. C'est un roman, en tout cas, que j'oublierai facilement.
Aucun attachement aux personnages, on peut donc dire que c'est efficace.
Histoire un peu bizarre et bancale à mon goût, pourquoi le personnage principal se retrouve là ?
L'avantage, c'est que le livre est court et se lit très vite, donc tant mieux.
Bref, ni extraordinaire, ni mauvais mais réellement sans plus.
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Étrangement j'ai a la fois beaucoup aimé ce livre mais certaines chose m'ont gênée et m'empêchent de lui mettre 5 étoiles. Très court roman incisif, j'ai bien aimé le rythme sec de l'écriture, comme celui de l'histoire et du personnage d'Aimee, intriguante et froide. C'est un vrai roman noir, très photogénique, très visuel, ou tous les personnages sont travaillés, y compris les 2e ou 3e rôles. Tout se tient, tout s'emboite parfaitement, la lecture est agréable sauf que... certaines tournures me gênent, je butte sur des mots, mais c'est vraiment une sensation personelle,
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Je sors de la gare de Bléville, une odeur de mazout, de port et de morue pas fraîche m'étreint la gorge. A une ère où il n'était pas encore question de tri sélectif, des panneaux d'avertissement affichent ouvertement : « Gardez votre ville propre » ? Je déambule dans les embruns, des ruelles étroites zigzaguent sur mon plan de la ville. J'hume, j'inspecte, je renifle, des odeurs de pisse, des odeurs de clopes. Un bistrot ouvert dès 5 h pour accueillir les premiers dockers et leurs premiers blancs secs. Je m'engouffre dedans comme le vent sous la jupe des vieilles rombières.

Je me colle au comptoir, encore plus collant de la veille et de la décennie passée. de quoi rester scotcher pendant des heures. Un vieux juke-box au fond de la salle, sous un amas de poussière, comme des bijoux de famille qu'on ressort une fois l'an.

J'y vais de ma pièce de 1 franc, appuie sur la touche F puis 3. Cela commence par un solo de batterie, un air de jazz du temps, au vent marin, à l'étrangeté iodée. Je me recolle sur mon tabouret, skaï rouge craquelé. Un verre de bière devant moi, la mousse brute et lourde. Une nana est à l'autre bout, une jolie brune devant son Picon-bière. Genre Fatale, genre brune inoubliable, il y a des sourires qui ne s'oublie pas, celui d'une nana devant un verre de bière en fait partie.

Elle découpe des articles dans La Dépêche du coin. Des morts suspectes, des gens de la haute société, suspects eux aussi. de la pourriture provinciale en train de fermenter dans son jus. Ça chlingue à tout vent, la corruption et le pognon. Ça pue les rancoeurs et le cigare froid. En plus y'a ce parfum de Viandox qui te rompt les boyaux. Moi, je mettrais bien trois balles dans le buffet au connard qui a commandé un Viandox et qui embaume la salle. Je préfère encore l'odeur du souffre et de la sueur post-coït animal. du sang gicle dans ma tête, sur sa chemise, coule le long de ses aisselles masquant ses effluves de bourgeois affamé devant le gloussement d'une blonde au décolleté souriant. Trois détonations brutes, pas de silencieux, on n'est pas des tontons flingueurs.

Elle est belle, Aimée, elle est brune ou blonde, comme une bière, aussi dorée qu'un whisky même. D'ailleurs, j'aime les brunes qui boivent une blonde. D'ailleurs, ça fait des années que j'ai pas bu de Viandox… A l'époque cela devait être dans les années 70… Et en plus, Aimée boit du cognac, du Hennessy, made in Charentes. Quand tout à coup, la musique s'arrête, un hurlement dans la salle, le bruit d'un grizzly en rut ou d'un bison ensommeillé. Un cri dans la nuit : TOURNEE GENERALE DE VIANDOX !
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Assez curieusement, ayant terminé il y a peu la lecture (enthousiaste) de « Mortelle randonnée » de Marc Behm, je suis tombé en compagnie de « Fatale » de Jean-Patrick Manchette sur une thématique vraiment très voisine, celle des tueuses en série. L'intention cachée révélatrice des choix de mise en PAL du lecteur n'est pour rien dans l'affaire, je ne savais rien de « Fatale » (même si le titre aurait du me mettre la puce à l'oreille), si ce n'est la présence de ce dernier dans la bibliographie de l'auteur ; je n'ai pas pris connaissance de la 4 de couv (et pour cause : la réédition lue en Omnibus Quarto de chez Gallimard sous le titre générique de « Romans Noirs » n'en présentant pas). le phénomène se trouble encore du fait de l'achat récent (hier) de «Les Seins de glace » de Richard Matheson dont le dos ne fait pas mystère d'une dynamique, là encore, semblable à celles des deux titres déjà cités. Par contre, ici, je n'ignorais rien du sujet, via le long-métrage de G.Lautner en 1974 avec Delon et Darc. Curieuse propension ponctuelle qui tend en rafale courte un lecteur vers certains sujets, ici le thème de la tueuse en série. Ce triptyque recense des titres qui ne sont pas récents (les 50's pour Matheson, 70's pour le présent roman, 80's pour Behm) et ignore les parutions récentes (le sujet est commercialement porteur) qui doivent abonder. Mais, par-dessus tout, il y a cette passion pour Manchette qui m'a poussé, n'en ayant pas lu depuis quelques temps, vers ce « Fatale » au titre prometteur.

Nous avons ici affaire à Aimée XXXX (peu importe le patronyme, elle en a tant d'autres sous la main, tous plus faux les uns que les autres), belle et attirante jeune femme (comme il se doit), qui a fait et va faire plein de misères à plein de gens pour plein de raisons. Reste à savoir pourquoi ? Si je vous convaincs de lire le roman il vous faudra en attendre l'épilogue, bien que certains pressentiments présagent très tôt de la solution.

Aimée emménage dans une importante bourgade de la côte Normandie (où personne ne la connait), une zone portuaire et industrielle qui agglutinent population bourgeoise et prolétaire un statu quo fragile. Elle est à pied d'oeuvre ; avant c'était ailleurs, dans d'autres cités semblables … mais toujours pour les mêmes raisons.

Un thème classique du roman policier est ici à l'oeuvre. Celui de l'inconnu, sorti de nulle part, que personne ne connait, qui débarque en ville sans motivation apparente et qui, peu à peu, embarrasse puis inquiète par les questions sans réponses qui jalonnent son sillage, par les actions troubles qu'il mène, qui crée l'inquiétude, la suspicion et bientôt le drame dans une bourgeoisie bien installée qui a bien des choses à se reprocher. Mais Aimée, dans le rôle de catalyseur, si elle ne dit rien de ses intentions comme le modèle l'impose, est bien différente : elle s'insinue en douceur, diplomatie et sensualité dans les beaux quartiers, sans vagues, pratique le bridge en bonne compagnie et l'équitation dans le club le plus huppé; s'insère dans les habitudes, les us de façade et celles souterraines de la politique, de l'argent et du pouvoir ; se fait adopter par sa gentillesse et sa bienveillance, par les potentialités d'entre-aide que l'on devine en elle. Elle observe, patiemment et prudemment, en coin de bois dans un rondin qui peu à peu se fendille et bientôt éclate, une classe sociale recroquevillée sur soi par des accords de circonstances et rongée par de vives mésententes larvées qui n'attendent que l'étincelle.

Aimée frappe … et simplifie le paysage social (Manchette donnera à un final d'apocalypse toute la puissance cinématographique de son style d'écriture sobre, rapide et plein de punch).

Le récit est très typé années 70's dans les intentions politiques (connues) de Manchette qui ne s'embarrasse pas de détails pour critiquer ce qu'il déteste, on le sent, viscéralement. On y retrouve (mais sans humour) l'atmosphère feutrée, délicieusement trouble et délétère de « Poulet au vinaigre » (1985) et « L'inspecteur Lavardin » (1986) de Claude Chabrol avec Jean Poiret. A l'égal du réalisateur, le dégout d'une certaine classe n'est pas loin, provinciale et feutrée. Manchette sait très bien nous y conduire. Il ne s'embarrasse que de peu de mots, juste des actes à peser.

Le roman est très court, brièveté délibérée, telle que décidée par l'auteur dans l'avant-propos de l'édition Quarto. Manchette s'oblige à l'action vive et rapide pour un effet choc, à des phrases coeur de cible percutantes. Comme d'habitude il ne dissèque rien des portraits d'hommes et de femmes qu'il met au premier plan ou dans l'ombre des seconds rôles. Au lecteur de juger.

En 2014, Cabanes proposera du titre une adaptation BD

Lien : https://laconvergenceparalle..
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Aimée aime tuer des gros cons pour du fric. Et du pognon, il y en a un max à se faire à Bléville, un patelin de province aux mains d'une belle bande de pourris. le hic, c'est qu'une fois là-bas, rien ne va se passer comme prévu...

Un roman noir culte, un pur exercice de style, dans lequel rien ne manque : de la violence hyper-réaliste et de l'humour noir, de la satire sociale et des archétypes assumés (héroïne dangereuse et vénale, notables pleutres et véreux, bleds paumés, bars miteux). A ce titre, l'affrontement final est un morceau de bravoure, qui à lui seul vaut le détour.
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C'est l'histoire d'une tueuse, Aimée, mais aussi d'une rencontre.

Une meurtrière complètement larguée que rien ne saurait émouvoir, n'était justement cette fameuse rencontre évoquée pas plus loin que deux lignes plus haut.

La fille possède de la ressource mais surtout beaucoup de vice.
Et pour percer dans ce métier, ça peut toujours aider.

Ambiance petite bourgade totalement corrompue par ses élites, comme il en existe beaucoup.
S'il est plutôt aisé de s'y faire un nom, il devient plus délicat de vouloir s'en extraire.

Court, pêchu, totalement transgressif, ce Fatale, version lutte des classes, nous prouve que les anges, même noirs et exterminateurs, possèdent et un sexe et une conscience.

En très peu de pages, Manchette aura su brosser le portrait d'une société gangrenée par l'argent et l'entre-soi.
Un microsystème pourri jusqu'à l'os appelé à disparaître par où il a pêché.

L'orgueil empoisonne les âmes dit-on, il attise également les rancoeurs.
Fatale en est la parfaite illustration.
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