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Lorsque j'ai acheté « Mortelle randonnée » (1) de Marc Behm, je m'imaginais déjà : - suivre une aventure de plusieurs alpinistes en montagne à la recherche de survivants d'un crash d'avion avec des gangsters à leur trousse pour récupérer un trésor dans l'avion, - ou alors plus classiquement rejoindre un groupe de randonneurs dans un magnifique paysage tout à coup confronté à un sérial killer qui les tue un par un jusqu'au dernier, - Ou enfin l'ascension d'un sommet dans l'Himalaya qui perdrait des unités à cause du froid et des tensions rencontrées dans le groupe. Résultat des courses, je m'étais mis le doigt dans l'oeil. Contrairement aux évidences, les randonnées sont plutôt synonymes pour Marc Behm de voyages incessants en avion ou en voiture. Et durant ces escales de quelques jours à quelques mois, la mort frappe des victimes, le plus souvent riches et masculines. Etrange, non ? Il faut dire que les personnages de ce roman sont également très étranges, à commencer par notre couple qui a bon pied, bon oeil dont le train de vie coute les deux yeux de la tête. Honneur aux dames, je commence par Lucy. Euh non, Erica belle femme couleur platine. Non plus, vous vous trompé, c'est Martha la rousse. Où ai-je la tête, elle s'appelle Daphné et est blonde. Monsieur, vous perdez la boule, son prénom est Debra, une beauté parfaite au naturel et sans perruque. Et vous avez de la chance, j'ai fait l'impasse sur Dorothéa, Joséphine ou encore Annie ! Bref, n'en jetez plus, la coupe est pleine ! Et pardessus le marché, Je ne vous donnerai même pas sa véritable identité. Mais un conseil, méfiez-vous d'elle si vous êtes beau gosse, riche et accro aux femmes fatales. Évitez-la comme la peste ! Mais j'allais oublier son ange gardien, l'Oeil. Oui, Monsieur est détective pour la société « Surveillance » et un véritable addict des mots croisés (je ne vous fais pas un dessin pour expliquer pourquoi on le surnomme l'oeil dans une société de détectives privés). Le directeur Baker lui confie la lourde tâche de retrouver le fils Hugo, de la célèbre société de bottiers, maison fondée en 1867. Si vous lisez ce roman, vous vous souviendrez pour un bon moment de cette marque de chaussures fondée en 1867. Faites-moi confiance… Et durant son enquête, l'oeil retrouve la trace de Paul Hugo, fils de la maison fondée en 1867, avec dix-mille dollars en poche roulant dans sa porche avec une belle nana blonde les yeux gris-bleu Lucy Brentano, New Yorkaise et hôtesse de l'air à Air France. Mariage express à Cedarville puis lune de miel dans un pavillon isolé près d'un lac. Avant même d'avoir pu consommer la belle, Paul s'effondre sur le sol en hurlant à la mort et finit son existence tel un poisson dans l'eau au fond du lac, sous les yeux ahuris de l'oeil, observant ce spectacle macabre dans l'ombre. Après la lecture du diablement jouissif « Et ne cherche pas à savoir » et du voyage loufoque à travers « Tout un roman ! » du même auteur américain marc Behm, « Mortelle randonnée » vous fera également voyager à travers les Etats-Unis cette fois en suivant la route de nos deux héros. Une fois commencé, on est happé par cette spirale infernale du crime et on ne peut plus lâcher le livre jusqu'au bout. Toujours avec humour mais dans un style moins loufoque, Behm dépeint la course sans fin de deux personnages sacrément dérangés et traumatisés par leur enfance et leur passage à la vie d'adulte. Le seul bémol que j'emmétrais est la dernière partie moins bien construite que dans les deux autres romans que j'ai lus de Behm et qui m'a donc moins convaincu sur la fin. Hormis cela, la lecture de cette randonnée est distrayante, addictive et d'un humour noir délicieux. Mais il faut aimer ce genre de polar qui possède des traits communs avec « Robe de marié » de Lemaitre sur la folie des personnages. Avant de vous lâcher en librairie ou à la médiathèque, je vous laisse trouver la solution au mot croisé que cherche l'oeil durant tout le roman : la capitale de Tchécoslovaquie en quatre lettres. Ouvrez l'oeil, cela saute aux yeux ! (1) le titre original du roman de Marc Behm est plus logiquement appelé « Eye of the Beholder » (oeil du spectateur ou du voyeur) + Lire la suite |