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EAN : 9782705338312
212 pages
Librairie orientaliste P. Geuthner (01/01/2011)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Découvrir l'Inde, c'est découvrir l'aventure intérieure. Si l'Inde, tel un guide spirituel, éveille toutes les potentialités, Mira-Bai en est une illustration parfaite. Elle est un symbole fort de courage, de don de soi, de sagesse et d'amour : d'intelligence du coeur. Elle naquit au Rajasthan, le Pays des Rois où les femmes ont une force de caractère peu commune : un feu brûlant les habite. Certaines furent guerrières ou rebelles, d'autres poétesses accomplies, fem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
UN TRÉSOR MAGIQUE, MAGNIFIQUE, MYSTIQUE & EMPLI D'AMOUR



J'ai déjà chroniqué beaucoup de livres de Patrick Mandala. On s'apprécie mutuellement, et franchement, j'adore quasiment tous ses livres. J'ai tardé à vous évoquer celui-ci tandis qu'il attendait (patiemment…) qu'enfin j'en discute. Mais en ce moment, ma vie n'est pas de tout repos. L'éditeur aussi attendait : pardonnez-moi s'il-vous-plait. Patrick Mandala m'instruit, et son Inde me fait rêver – celle de chacun de ses livres, et j'espère un jour y aller en Inde et boire un thé chaï avec lui et les siens – mais j'aurais peur d'y rester ad vitam aeternam. Je rêve d'Orient. Car Patrick Mandala a écrit depuis 1970 une myriade de bouquins, et je ne les ai pas tous, et je crois que lui-même s'y perd dans son compte. Et il en écrit sans cesse une dizaine en même temps ! J'aime, enfin, lui donner une visibilité, car personne ne le fait, et il n'aime pas exposer sa personne, tandis que son oeuvre mérite amplement d'être connue ! Donc si je peux l'aider, je le fait. Voilà pour mon préambule.

Cette fois-ci, c'est tout simplement l'un des plus beaux livres que je connaisse et qu'il me soit permis de lire, dont je vais essayer de vous faire humer le doux parfum. Et ce sont les éditions Geuthner – dont j'adore les livres mais dont je ne possède qu'un petit nombre – qui publient ce doux chef-d'oeuvre. de plus, Patrick Mandala s'appuie sur une solide bibliographie traitant de mîrâ-bâî, preuve s'il en est que mîrâ-bâî et lui s'aiment d'un profond amour, et que sa démarche d'hommage est on ne peut plus sérieuse ! Ce livre c'est aussi toute l'Inde, vous verrez, vous le lirez, vous le chanterez peut-être – j'espère, et de concert avec les Indiens. Patrick Mandala maîtrise si bien son sujet qu'à le lire, on se retrouve dans cette Inde magique aux côtés de la poétesse. Une grosse après-midi de lecture sera nécessaire, mais vous voyagerez ainsi en Inde… dans votre fauteuil.

En effet, dans ce recueil, on y goûte l'encens, les épices et la mystique indiennes, et tout ce qui fait l'Inde, mais surtout, cet amour lyrique, ces chants d'amour apaisants et envoûtants de la sainte mîrâ-bâî (1498-1546).
Notons que Patrick Mandala, l'humble et discret savant indien, fait montre plus encore qu'à son habitude, d'une précision toute scientifique nourrie d'abondantes notes (comme toujours !). Notons encore qu'il est aussi un spécialiste de la poésie et de miniatures indiennes, et dans ce bel ouvrage, il y a aussi mis corps et âme. Cela lui a beaucoup demandé d'efforts, cela se voit et se lit. Patrick Mandala m'épate toujours plus, mais avec ce livre consacré à mîrâ-bâî, là, il m'éblouit. Krishna sait comme le soleil en Inde frappe fort !

L'auteur met ici le féminin sacré, et la femme dans toute son universalité, et encore plus, l'Amour Universel, au centre de cette oeuvre magistrale, magnifique, mystique et magique. Ici, vous lirez des ôdes de mîrâ-bâî destinées aux femmes, à l'amour, à l'Inde éternelle, mais surtout à ses Dieux (avec au centre Krishna) dont elle est dévote, sous la forme d'une poésie mystique toute légendaire, que se racontent et chantent chaque jour les Indiens entre eux. La sainte mîrâ-bâî est effectivement révérée dans son pays. Ses Chants montent jusqu'à Brahma et Krishna, appellent et embrassent le Divin vin doux. Vous ne pourrez vous contenter de lire l'Introduction : vous devrez absolument vous immerger dans les poésies mystiques de mîrâ-bâî. C'est un livre dans lequel on vit si l'on veut l'apprendre. Il faut vivre avec lui.

On voit sur la couverture la belle et sainte mîrâ-bâî. Peau laiteuse, cheveux noirs, un joli sourire et des parures splendides… On ne peut qu'entrer sur la pointe des pieds dans ce livre-univers. On se délecte de chaque page, tels de succulents plats dont on se pourlèche avec passion, mais sagesse. Si vous n'êtes ni poète, ni mystique, ni sensible à l'amour, ou à l'art, ou aux femmes, vous ne pourrez embrasser la sainte mîrâ-bâî et son paysage fascinant, l'Inde. L'Inde, le Divin et son Coeur amoureux, voici la sainte trinité de la sainte mîrâ-bâî. Son « expression lyrique est d'une profonde, d'une très profonde intensité. » mîrâ-bâî ouvre et suis la Voie du Coeur. Elle n'a d'amour que pour Krishna. L'essentiel et l'universel amour dont chacun a besoin pour grandir et vivre correctement, et le Divin n'étant qu'Amour, l'on peut par la voie du Coeur le retrouver en soi, et dans Cela, la Source, l'Infini, l'Absolu, la Plénitude.

« Découvrir l'Inde, c'est découvrir l'aventure intérieure. Si l'Inde, tel un guide spirituel, éveille toutes les potentialités, Mira-Bai en est une illustration parfaite. Elle est un symbole fort de courage, de don de soi, de sagesse et d'amour : d'intelligence du coeur. Elle naquit au Rajasthan, le Pays des Rois où les femmes ont une force de caractère peu commune : un feu brûlant les habite. Certaines furent guerrières ou rebelles, d'autres poétesses accomplies, femmes remarquables ou encore saintes. mîrâ-bâî fut tout cela.

Dans l'extrême dépouillement de ses chants – simplicité que cette traduction s'est attachée à respecter – transparaît à chaque ligne un sens profond de détachement, de beauté et d'amour. Si les chants de mîrâ-bâî, expression de son vécu avec le Divin, sont pour le lecteur une découverte de l'Inde, ils pourront aussi éveiller un intérêt différent selon chacun : enseignement spirituel vivant, pratique du yoga, exemple d'altruisme, don de soi, mais aussi découverte de la pensée indienne médiévale. »

Dans son Introduction, l'auteur contextualise dans l'espace et le temps, le Râjasthân qui émerge de son Moyen-Âge et d'où vient la sainte poétesse, puis nous conte sa vie. La complexe mythologie hindoue s'invite évidemment dans le jeu… et il est dur de s'y retrouver, il faut l'admettre, même si l'auteur écrit fort bien. Mais mîrâ-bâî ne serait pas mîrâ-bâî sans sa dévotion entière à l'Absolu et au panthéon hindou. Puis Patrick Mandala consacre un chapitre à la Bhakti, un autre à Râdhâ (« Celle-qui-plaît », une parèdre de Krishna – un couple pour qui mîrâ-bâî a une profonde dévotion), puis c'est au tour de la Prema (l'amour divin) incarnée par Krishna.
Il fait suivre cela d'un chapitre consacré à « la saveur du rasa » soit la « théorie de la saveur » – le rasa qui est aussi suc, quintessence, désir, charme, agrément, élégance… le rasa est intimement lié aux arts et aux plaisirs des sens et à l'esthétique. le rasa est une notion centrale dans la vie indienne. J'ai trouvé ce chapitre primordial car il est une sorte de colonne vertébrale pour comprendre, tout simplement, un immense pan de la vie indienne, et aussi, évidemment, toute la poésie mystique de mîrâ-bâî.

Patrick Mandala, savant sérieux s'il en est, nous donne ensuite un cours sur les styles de poésie indienne, avant de nous instruire sur les Chants de mîrâ-bâî. Et la Première partie se termine là-dessus.
Viennent ensuite les 108 Chants, ce qui forme les deux tiers restant de ce superbe livre. Patrick Mandala traduit chacun des chants, et les commente également. Et il ajoute onze miniatures indiennes en couleur, splendides, qui illustrent les chants avec élégance. Oui, Patrick Mandala est aussi un passionné de miniatures indiennes ! mais je n'y connais rien, ma spécialité étant la peinture classique européenne. En tous cas, elles sont précieuses. Et elles portent toute la passion amoureuse de l'auteur.

Pour terminer, je vais vous offrir un chant d'amour de la sainte mîrâ-bâî. Il y en a 108 – ce sont 108 joyaux d'un collier chatoyant.
le 25ème est l'un de mes préférés, et il n'a pas nécessité de notes d'ailleurs :

Mon amour est lié à ses pieds saints

Mon amour est lié à ses pieds saints.
Sans lui, tout m'indiffère.
Le monde n'est que tromperie, illusion et rêve.
L'océan des renaissances engendre la peur,
Les liens mondains engendrent la souffrance –
Je dépose ces fardeaux aux pieds de Hari.

Mîrâ dit : Ô Seigneur Giridhara,
Je n'aspire qu'à une chose :
Prendre refuge en toi.

Merci Patrick Mandala pour cet époustouflant travail, pour cet opus magnum fabuleux.
Quel livre ! Un vrai trésor ! Un ouvrage de référence filant dans mes Coups de coeur !

Je vous souhaite une délicieuse lecture !

ZUIHÔ
Lien : https://livresbouddhistes.co..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Mon amour est lié à ses pieds saints

Mon amour est lié à ses pieds saints.
Sans lui, tout m’indiffère.
Le monde n’est que tromperie, illusion et rêve.
L’océan des renaissances engendre la peur,
Les liens mondains engendrent la souffrance –
Je dépose ces fardeaux aux pieds de Hari.

Mîrâ dit : Ô Seigneur Giridhara,
Je n’aspire qu’à une chose :
Prendre refuge en toi.
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Mira sacrifie corps, âme et richesse à Ghirdar et s'absorbe dans la contemplation de ses pieds je n'ai conservé du monde ni tradition, ni famille, ni respect humain
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Girdhar Nagar est le seigneur de Mira; en contemplant ce beau corps, son coeur s'est touvé pris dans ses filets
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Vois, Mira souffre dans l'angoisse de la séparation et son âme halète loin de toi.
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