FIGURER - Un paysage miniature est un mode de figuration du réel, partant, il est un langage. Un langage où la roche est le signe de la montagne tout en étant la montagne elle-même (la partie vaut le tout), le plateau figurant la terre, et l'arbre miniature, en général, un arbre antique.
Un monde figuré en miniature , étant une représentation, est une œuvre de l'esprit. Plus intelligible que le monde dont il est l'image simplifiée, ce monde fait figure de modèle. Modèle réduit, ce monde est plus vrai que nature. Prenant un caractère d'emblème sacré, d'archétype, il devient l'image mythique des origines, en quelque sorte le garant de l'authenticité du monde réel.
Ainsi l'action qui semble un mal à l'Occidental (non arboriculteur), telle la coupe d'une branche, qui pourrait être interprétée comme une mutilation, se tranforme en bien, c'est-à-dire en épanouissement supérieur de l'individu.
Un beau bonsaï, même extrêmement vieux, jouit d'une santé florissante.
(...) C'est dans le contexte d'une culture chinoise tournée vers la nature et y prenant ses modèles que s'élabore un art du bonsaï tout d'abord empreint de magie, puis d'une philosophie naturaliste. Au-delà des Himalayas, la sagesse se trouve au contact des montagnes, des cascades et des torrents, dans une compréhension intime de l'immanence du Tao. C'est ce qu'on nomme dans le zen "l'éveil à sa propre nature", c'est-à-dire la bouddhéité.
STYLES COMPLEMENTAIRES
Néagari (Racines exposées)
Le jeu des racines est légèrement apparent, donnant une impression d'assise inébranlable, de force (fig. 35). Le terme nébari, lui, signifie "jeu des racines".
Sharimiki (Tronc écorcé)
Le tronc en partie écorcé donne une impression de vieillesse, de patine du temps, et d'un arbre ayant survécu aux adversités naturelles.
Le style Sharimiki est souvent employé sur des arbres qui n'ont par ailleurs qu'une forme imparfaite. Il permet de transformer l'arbre en une sculpture naturelle, qui s'apparente à l'usage que font certains sculpteurs de souches ou de bois flottés. Il est préférable d'utiliser la technique du shari sur des espèces dont le bois est peu putrescible : if, genévrier, cèdre. Ce style est celui des milieux naturels hostiles, on l'applique presque exclusivement aux conifères.
Le terme shari provient du sanscrit sharira, qui signifie relique.
Le bonsaï suit la voie négative : moins de branches, moins de racines, moins de dimension, pour une plus grande perfection, pour faire aller l'arbre vers son essentiel, pour concentrer l'expression de sa manifestation d'être au monde, rendre particulièrement manifeste son être au monde spécifique par un style épuré. L'action de l'homme développe les qualités latentes de l'arbre, en enlevant et non en ajoutant (...).
L'arbre étant ainsi recréé dans ses lignes de forces manifeste par une esthétique du vide la vacuité dont il est l'émergence mystérieuse. il fait "retour à sa racine", disent les taoïstes : il exprime en son microcosme les principes suprêmes enfin retrouvés.
Bunjingi (style dit "du Lettré", wenren en chinois)
Tronc oblique, houppier réduit porté en dehors du pot, élégance. Ce style est fortement inspiré de la calligraphie et de la peinture de bambous de style sumi-e. Ce style peut être particulièrement imprégné de zen (fig. 30).