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Critique de kielosa


Je me demande sérieusement comment les Scandinaves font pour avoir tant d'auteurs de thriller de valeur ? À croire qu'au programme de l'enseignement secondaire en Suède, en Norvège, au Danemark et en Islande figure la matière "Thrillerologie" : Comment écrire un livre à suspense ? Qui plus est, ils sont tellement nombreux qu'ils pourraient organiser des compétitions interscandinaves. Si la Suède domine avec ses 9,9 millions d'habitants, le Danemark (5,7 m.) et la Norvège (5,2 m.) ne se laissent pas intimider pour autant. Même la petite Islande, 321 milles habitants, ne se donne pas vaincue, ne fût ce que grâce à 2 de ces citoyens : Arnaldur Indriđason et Yrsa Sigurdardóttir. J'ai par pure curiosité pris ma calculatrice et j'arrive au résultat suivant : la Scandinavie (c'est à dire ces 4 pays) totalise 21,1 millions d'habitants et battent sûrement en pourcentage les États-Unis, 325 millions, mais également l'Allemagne, 83, l'Angleterre, 65, et même la France, avec 67,5 millions d'habitants. Et le nombre d'auteurs de thrillers n'y fait qu'augmenter !

À part la quantité, il y a aussi la qualité, me direz-vous. Mais qui, de chez nous, peut sérieusement se mesurer, dans ce domaine spécifique, à un Henning Mankell, Stieg Larsson, Karin Fossum, Jo Nesbø, Håkan Nesser, Jussi Adler-Olsen, David Lagercrantz, Mons Kallentopf, Karin Alvtegen, Sara Blædel, Arne Dahl, Leif Davidsen, Kjell Eriksson, Carin Gerhardsen, Péter Høeg, Anne Holt, Camilla Läckberg, Jens Lapidus, Unni Lindell, Kristina Ohlsson, Roslund & Hellström, Sjöwall & Wahlöö, Johan Theorin, Jorun Thörring, ....etc..etc.... ?

Et des explications relatives au climat - les longues nuits d'hiver - ne sont pas de nature à me convaincre. Que faites vous alors des Russes avec leurs 147 millions d'habitants et 1 (une) créatrice de thrillers un peu sérieuse, Alexandra Marinina ? En faisant abstraction de Boris Akounine, qui s'est spécialisé dans des aventures d'histoire-fiction. de même pour l'argument des programmes de télé rasoirs, dont ces pays n'ont sûrement pas le monopole. Bref, il n'y a pas d'explications satisfaisantes. Ça reste une énigme !

À moins qu'ils aient tous eu comme consigne que leurs héros doivent être intégrés dans la société où ils vivent. Donc pas de surhommes, qui appartiennent à un autre genre, celui de la science-fiction ou au règne de la fantaisie. Pas de flics playboys aux armes sophistiquées et qui gagnent à tous les coups. Plutôt des commissaires et inspecteurs, pères de famille, inquiets du niveau des taxes et aimant les matches de football à la télé. Des gens comme vous et moi , qui se creusons la cervelle, en cas de crime sur des questions comme : qui, comment et pourquoi !

Liza Marklund (°1962) en est un exemple type. Son héroïne, Annika Bengtzon idem dito. Elle est journaliste pour un grand quotidien, a des démêlés avec collègues et chefs, un mari volage et 2 gosses. Et elle ne peut échapper aux heures supplémentaires et aux problèmes administratifs. Quand enfin, tout est plus ou moins en ordre, voilà que surgisse un crime, qui bouleverse son petit monde. Il y a, certes parfois, des lenteurs dans ses récits : un mari insupportable, des gosses qui veulent l'impossible, la babysitter qui se fait attendre, la maîtresse d'école qui veut lui parler etc... Mais mêmes ces moments morts n'ennuient pas et la rendent plus véridique. Tout comme ses sauts d'humeur, qui font d'elle un personnage authentique, voire même sympathique.

La méthode Marklund est relativement simple : son héroïne, chargée de suivre crimes et justice pour son journal, reçoit un coup de fil et apprend qu'un corps suspect vient d'être découvert et c'est parti. Appel à la police, visite des lieux, interrogation de potentiels témoins... Car Annika mène sa propre enquête le plus souvent au grand mécontentement des enquêteurs officiels. Simple et efficace. La valeur de cette approche est essentiellement basée sur l'analyse de la société dans laquelle elle évolue avec sa curiosité type de journaliste fureteuse et sceptique.

De Liza Marklund j'ai lu 11 thrillers jusqu'à présent et celui que je préfère est son tout premier : "Deadline" de 1998. J'ai gardé une certaine nostalgie de cette oeuvre, probablement parce qu'il s'agissait aussi de la découverte d'un nouveau talent au firmament. Je n'irai pas jusqu'à prétendre que c'était son chef-d'oeuvre. J'ai aussi fort apprécié son "Le loup rouge" de 2003 et son "Le testament de Nobel", paru 10 ans plus tard.

Une boutade de Liza Marklund a fait le tour du monde : "Il n'y aura pas de révolution, l'humanité l'a échangé contre du Coca-Cola et de la télévision par câble."


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