Lorsque nous lisons la quatrième de couverture, nous pouvons classer immédiatement ce roman parmi les récits post-apocalyptiques. Ce qui est risqué avec ces récits, c'est qu'ils ont été traités maint fois et regorgent donc de stéréotypes et possèdent un horizon d'attente bien défini. L'originalité est rare à obtenir lorsque le schéma de l'intrigue est aussi bien ancré dans l'esprit des lecteurs. Aussi, les saga post-apocalyptiques étaient à la mode au début des années 2010 avec notamment les Divergente de
Veronica Roth, les Labyrinthe de
James Dashner, les Hunger Games de
Suzanne Collins… alors qu'Horizons a été écrit plus tard, à partir de 2018. En outre, tous les best-sellers que je viens de citer sont issus d'auteurs américains, et découvrir Horizons, d'une autrice française, attise la curiosité malgré tout et me fait plaisir de découvrir une telle saga qui n'a pas pour ambition d'être lue à l'internationale.
L'intrigue est structurée selon un chapitrage précis composé d'un jour, ou d'une nuit, par chapitre. Elle se déroule en 12 jours (donc 12 chapitres) et commence le 11 novembre 2107 et se termine le mardi 22 novembre 2107. Chaque chapitre contient un en-tête avec la date, comme si le roman était un journal intime de Xalyah. Lorsque les chapitres se déroulent la nuit, ils relatent exclusivement les rêves de l'héroïne sous forme de flash-back. Ce sont ces analepses qui permettent au lecteur d'obtenir davantage d'informations sur ce personnage, car sans elles, il n'apprendrait presque rien à son propos dans tout le roman. Néanmoins, cette segmentation a l'inconvénient de créer des chapitres d'une longueur très variable selon les évènements qui se succèdent dans les différents jours. Ainsi, nous avons au début du roman de longs chapitres d'exposition de l'univers et du personnage, puis les chapitres sont de plus en plus légers, créant l'impression d'un essoufflement de l'autrice par rapport à son intrigue, ce qui est vraiment dommage. Les flash-backs en revanche sont très courts, accentuant encore davantage l'effet de disproportion des chapitres, entraînant une perte de rythme.
Tout au long de la lecture, j'ai été agréablement surprise par une intrigue (ainsi qu'un univers par extension) ne contenant pas de clichés, ou tellement peu que je les ai oubliés. Je ne prends pas beaucoup de risques à affirmer que presque tout dans ce roman est original par rapport aux autres romans post-apocalyptiques que j'ai pu lire par le passé. Vers le milieu du récit, nous croisons des personnages qui sont très secondaires ou que nous ne croisons qu'une seule fois, mais qui révèlent un pan de l'aspect humain des personnages détruit après la Rupture. Ces détails sont surtout présents dans la cité souterraine où vivent Khenzo et son groupe, où la haine envers le RGPP et l'espoir incarné par le personnage du Prophète ont pris le dessus. Cette cité représente une pause au milieu de l'intrigue entre le début essoufflant et la fin dont rêve Xalyah.
L'univers est décrit de façon très réaliste, s'implantant en France dans une quatre-vingtaine d'années. Les lieux sont similaires à ceux que nous connaissons aujourd'hui (Paris, Orléans, Nantes, Vichy…), la politique également, mais peu d'évolutions technologiques ont eu lieu pendant ce laps de temps alors que nous savons en tant que lecteur que l'expansion technologique est monstrueuse de nos jours. Nous avons malgré tout la présence de quelques objets avancés comme le détecteur de présence ou différentes armes à feu inspirées de gammes et de modèles déjà existants. Outre ces quelques éléments presque anecdotiques, nous n'avons que très peu d'informations sur le passé du récit. Ce qu'il s'est déroulé avant la Rupture est peu clair, mais j'espère que ce sera davantage expliqué dans les prochains tomes car cela ajouterait de la profondeur aux personnages dont nous ne comprenons que vaguement ce qu'ils ont vécu depuis deux ans.
Dans un roman tel que celui-ci, où le lecteur suit un groupe de survivants, le nombre de personnages est forcément limité. Il se peut même que les antagonistes ne soient pas nommés individuellement et soient seulement décrits comme un groupe, comme c'est le cas avec d'une part le RGPP et d'autre part le IPOC. Par conséquent, les seuls personnages intéressants à commenter sont les protagonistes et plus particulièrement les personnages principaux. En effet, les personnages secondaires du groupe de Khenzo ne sont pas factuellement importants. Sans eux, l'intrigue aurait été sensiblement la même. C'est pourquoi je ne classe que Xalyah et Khenzo comme personnages principaux et le reste, Tim, Jeremy, Camélia, Tidji…, comme personnages secondaires.
Nous avons ensuite Khenzo, un personnage assez simple et altruiste mais dont nous connaissons que peu de choses car l'histoire étant racontée par Xalyah en tant que narrateur, l'esprit de Khenzo nous est beaucoup moins explicite. Cependant, il s'agit d'un des rares personnages à posséder encore une once d'humanité, qui est alors mise en avant par l'héroïne. Aussi, les motivations des protagonistes sont suffisamment complexes et différentes pour que je n'aie pas pu me dire qu'un couple était inévitable entre Khenzo et Xalyah. Une relation grande soeur/petit frère est à mon sens davantage mise en avant entre Xalyah et Jeremy et le côté séducteur de Tidji envers Xalyah peut créer une diversion, voire créer un réel couple inattendu.
Les actions, bien que nombreuses, ne se répètent pas. L'autrice a réussi à trouver une utilité particulière à chaque scène de combat entre les protagonistes et les antagonistes. Sans ce tour de force, l'intrigue aurait été bien longue et répétitive. Je dois souligner également la fluidité de l'écriture qui aide prodigieusement à se plonger dans l'univers, avec une grande précision dans les mots et sans accroc. La lecture se fait aisément, avec les mots qui coulent presque les uns après les autres. Deux procédés sont utilisés pour cette immersion : la datation des chapitres (à part les flash-backs) ainsi que la présence de plusieurs voix, celle de Xalyah à travers le narrateur mais aussi les réminiscences qu'elle a de son père à travers du discours direct libre.
Je pense, ou du moins j'espère puisque je n'en ai pas encore la certitude, que les tomes suivants seront encore meilleurs car si les qualités sont toujours présentes et que le passé politique et les personnages sont plus approfondis, nous pouvons nous attendre à une saga post-apocalyptique d'une grande qualité.
Points positifs :
– personnages originaux
– intrigue et péripéties intéressantes
– très bonne écriture des actions
Points négatifs :
– disproportion du chapitrage
– scènes de combat parfois un peu longues
Lien :
https://comptoir-des-connais..