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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Journaliste à Paris Match, écrivain salué par plusieurs prix littéraires, Gilles Martin-Chauffier est un observateur attentif de la comédie humaine contemporaine. Les élites de notre société ont, par leurs intrigues, inspiré la plupart de ses romans. On y découvre des proches du pouvoir – politiques, journalistes, magistrats – qui prétendent défendre la morale des institutions, tout en y dérogeant sans réserve à titre personnel, plus préoccupés par leurs ambitions et leurs intérêts que par le bien public.

Ces travers républicains ne datent pas d'hier. Dans le dernier Tribun, Martin-Chauffier déplace son objectif critique vers la Rome de Jules César, une façon de parler, car ce dernier n'apparaîtra qu'à la toute fin de l'ouvrage, au moment où, après avoir franchi le Rubicon, il sera adoubé par le Sénat en tant que Cesar Imperator. Pendant la majeure partie du livre, César est en Gaule, où il fait la guerre, amassant gloire et fortune, laissant le pouvoir à ses partenaires du triumvirat, Crassus et Pompée. Cette Rome est aussi celle de Cicéron, l'avocat, homme politique et écrivain bien connu des latinistes.

L'auteur a inséré sa fiction dans un épisode authentique de l'histoire de Rome, marqué par la rivalité féroce de deux hommes qui se haïssent. A ma droite, Cicéron, défenseur officiel des lois et des institutions de la République, et en même temps, avocat de ceux qui les enfreignent, pour peu qu'ils soient riches ou puissants. A ma gauche, Publius Claudius Pulcher, issu d'une des plus anciennes familles patriciennes, qui a démocratisé son nom en Clodius, afin de se faire élire tribun de la plèbe.

Pour la narration des péripéties, l'auteur cède la parole à Metaxas, un Grec, professeur de philosophie, présenté comme un ami d'enfance de Claudius. Metaxas est sollicité pour venir à Rome préparer et étayer les prises de paroles de Claudius/Clodius, dans les joutes oratoires qui vont l'opposer à Cicéron. Martin-Chauffier a clairement choisi son camp. Claudius est un homme séduisant, raffiné, généreux, un play-boy aux inclinations démocrates, tenté par la vague de l'activisme. Cicéron est un homme vieillissant au physique rabougri, un opportuniste vaniteux, cupide et lâche, un conservateur toujours prêt à sacrifier ses convictions. le combat sera implacable, la République n'y survivra pas.

Rome est alors au sommet de son emprise sur le monde méditerranéen. Pour les riches Romains, le passé fameux d'Athènes reste un symbole de finesse intellectuelle et d'élégance harmonique, mais la Grèce n'est plus qu'une colonie soumise. Metaxas n'a pas d'autre choix que de répondre à l'appel de Claudius et de rejoindre Rome. La découverte de la ville le fascinera : villas somptueuses et taudis pouilleux, vertus et turpitudes, flamboyance et décadence.

Metaxas croise des peoples de l'époque. Parmi ceux qui n'ont pas encore été cités, le poète Catulle, l'officier Marc-Antoine, la future reine d'Egypte Cléopâtre. A leur contact, le frugal Metaxas ne risque-t-il pas d'être perverti par les avantages de l'opulence, par les trompettes de la renommée ? Dans les riches milieux patriciens, les femmes mariées ou ayant été mariées – la plupart ne le sont plus ! – celles qu'on appelle les matrones jouent un rôle essentiel. Parmi elles, Diana Metalla, une femme d'un certain âge, à l'apparence et à la personnalité impressionnantes. Metaxas restera-t-il fidèle à Tchoumi, sa douce compagne, qui l'attend patiemment dans leur petite maison, sur la côte de la mer Egée ?

Le dernier tribun est très agréable à lire. L'auteur mêle avec talent chronique historique et fiction romanesque. La plume est légère, fluide, facile, au point de s'égarer parfois dans des longueurs bavardes et inutiles. Un regret : il est à plusieurs reprises fait état de l'à-propos et de l'humour des textes écrits par Metaxas, mais aucun contenu concret n'est dévoilé.

Dans le dernier tribun comme dans La Nuit des orateurs (Hédi Kaddour), dont les événements se situent cent cinquante ans plus tard, l'étendue des inégalités, la violence des pratiques et la dépravation des moeurs romaines frappent par leur démesure. le basculement de la République vers l'Empire n'aura pas d'effet. Pas (encore) de quoi mettre en péril la puissance de Rome.

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L'histoire de Rome m'intéresse et ce roman aurait du me plaire plus. Pourtant, l'impression d'une discordance entre le style et le contexte m'a un peu gêné pour entrer dans le texte. Dés lors, peu motivé, je me suis ennuyé une bonne moitié du livre en compagnie de tous ces personnages aux noms dont la mémorisation oblige à un effort. L'absence de bibliographie jointe, la frontière floue entre romance et histoire, le jugement péremptoire sur les uns et les autres, et la pseudo allégorie de notre propre décadence, évoquée en quatrième de couverture, ont encore accentué mon manque de conviction. Je ne sais qui de l'auteur ou du lecteur est à blâmer, mais un avis est forcément subjectif. La fin du livre m'a davantage plu et je vais le garder pour le relire dans de meilleures dispositions, après révision de mes connaissances sur les protagonistes, dans un vrai livre d'histoire à l'image de SPQR de Mary Beard (passionnant bien qu'il ne s'agisse pas d'un roman).
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J'ai bien aimé cette incursion dans la Rome antique à la veille de la fin de sa République. On peut dire que trop de démocratie a tué la démocratie. L'auteur promene son personnage au sein d'événements historiques qui dans un premier temps le dépassent avant d'y prendre une part active. La primaire du LR paraît bien fade en comparaison. On peut le rapprocher du Conspirata de Robert Harris. C'est passionnant et accessible même sans grande connaissance de cette époque. on prendra plaisir à creuser certains points d'un coup de Wikipedia.
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J'ai pas franchement l'habitude de lire des bouquins historiques, mis à part quelques essais ou romans policiers sur la Seconde Guerre mondiale, et c'était l'occasion de varier un peu en partant explorer la Rome antique à la parution de ce roman de Gilles Martin-Chauffier lors de la dernière rentrée littéraire.

Entre deux orgies dans des lupanars ou les moeurs sexuelles étaient bien moins étriquées qu'elles ne le sont aujourd'hui, la ville de Rome couve un feu nourri qui oppose César et Pompée par la voix de représentants au Sénat. D'un côté, Clodius, héritier de l'une des familles les plus fortunées de la ville, défend César qui mène des campagnes militaires dans des contrées éloignées.

De l'autre, Cicéron, revenu de son exil hors de la Cité prend le parti de Pompée. Entre eux, l'art oratoire lors de joutes verbales publiques, notamment au Sénat, met en péril l'avenir de la République.

Afin de l'aider à écrire des discours enflammés et incisifs, Clodius dépêche à Rome son ami le philosophe grec Metaxas, qui est ici le narrateur, sommé d'abandonner son épouse pour aller livrer bataille oratoire dans une Rome au bord de l'implosion.

On va commencer par ça parce que ça m'a clairement gonflé : pourquoi diable priver le lecteur moyen qui n'est pas agrégé d'histoire ou passionné d'époque gréco-romaine d'un préambule contextualisant l'histoire, les personnages, les enjeux ? À défaut, au moins des notes de bas de page ? Perdu après quelques chapitres incompréhensibles, j'ai dû me noyer dans diverses fiches Wikipédia pour essayer de comprendre l'histoire qui s'était jouée avant le récit du roman, et me permettre de poursuivre. Gros point négatif !

Le reste du récit est très intéressant, et une fois qu'on a compris l'ambiance on est plongé dans cet affrontement parfois sanglant entre deux factions irréconciliables. Une belle aventure qui me donne envie d'en lire plus sur cette époque.

🔗 Service de presse numérique obtenu via NetGalley.
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Très belle peinture de la Rome du 1er siècle avant JC. N'étant pas un historien spécialiste de la période (pas historien du tout d'ailleurs) j'ai du mal à trier la réalité historique de la fiction mais si l'on se fie à la société décrite (et pourquoi ne pas le faire après tout ?) on y découvre nombre de détails truculents. En particulier, l'organisation de la république autour de procès retentissants opposants certaines des riches familles de Rome entre elles fut une découverte pour moi. Que de surcroît ces familles s'allouent les services d'un avocat dont le plus important est son « jeu de manche », son élocution, peu importe la véracité de ses dires, voilà encore de quoi surprendre. Encore que … est-ce si surprenant que cela ? Et si cette Rome de Pompée, César et Marc-Antoine, n'avait en fait rien de bien différent à nos sociétés occidentales d'aujourd'hui ? Voilà un angle de lecture qui nous gagne au fur et à mesure que l'on progresse dans le roman.
Un mot sur Cicéron : si je m'en tiens à ma remarque introductive, il ne fut pas, mais alors pas du tout, le grand homme que l'on nous a enseigné…
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Nous sommes au 7ème siècle de l'ère romaine. Rome est la capitale du monde, et elle le domine de tout son haut. Dans cette ville géante, le pouvoir est disputé par Cicéron, Crassus, Catule, Pompée et César, tous avec leurs intérêts propres et leur idée de ce qui serait bon pour la république. ⁠

Publius Claudius Pulcher est l'héritier d'une des familles les plus nobles de Rome. Afin de se rapprocher du peuple dont il compte gagner l'allégeance, il se fait adopter par un esclave et change son nom en Clodius. Il est ensuite élu tribun de la plèbe, et chasse son ennemi Cicéron hors de la capitale.⁠

Metaxas, philosophe grec qui mène une vie tranquille dans son pays devenu province romaine, a été appelé à Rome. Son ancien ami Publius a besoin de lui pour écrire des discours capables de se mesurer à la rhétorique implacable du vil Cicéron. C'est Metaxas qui nous raconte l'histoire de la lutte entre Clodius, qui prend le parti de Jules César, et Cicéron, rangé aux côtés de Pompée. ⁠

Cette lutte pour le pouvoir durera plus de 10 ans, et la république romaine n'y survivra pas. C'est la fin d'une république sept fois centenaire qui laissera la place à l'empire romain que l'on connait bien. ⁠

Un fantastique roman qui se déroule durant l'une des période clefs de l'histoire romaine. On y rencontre tous les grands noms de l'époque, vu à travers les yeux d'un grec qui observe Rome avec la curiosité et la stupéfaction que l'on pourrait attribuer à tout étranger. Gilles Martin-Chauffier réussi à nous plonger dans des conflits politiques passionnant sans toutefois nous perdre dans cette masse de titres et de noms. À lire pour tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à l'histoire romaine. ⁠

« Les dieux de m'intéressent pas. S'ils ont voulu les malheurs des hommes, ils sont méchants. S'ils ne les ont pas prévus, ils sont incompétents. S'ils n'ont pas pu les empêcher, ils sont impuissants. À quoi servent-ils ? » p. 34⁠
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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