Guérillero dans le León pendant quatre ans, condamné à mort par la dictature franquiste, exilé comme tant d'autres,
Francisco Martinez-Lopez « El Quico », a vécu en France, à partir de 1951, 27 années d'exil avant de revenir en Espagne après la chute du franquisme. 50 ans pendant lesquels il n'a été accordé aucune place à l'histoire du passé guérillero et à la mémoire de ceux qui, avec ou sans armes, ont participé à la guérilla. Parce que c'est encore le cas aujourd'hui, il a rédigé ce témoignage.
Espagne 1939 : la guerre civile n'est pas finie. Après la chute de la République espagnole, pendant et après la deuxième guerre mondiale, des foyers de guérilla continuent de se battre contre le franquisme dans plusieurs régions. Cette histoire totalement inconnue en France reste méconnue en Espagne. Dans le Bierzo – une région de la province du León – une de ces guérillas se poursuit jusqu'en 1952. Quico est l'un de ses derniers survivants. Son récit est un fragment de cette histoire refoulée.
Espagne 1975 : la dictature succombe avec le dictateur. Une « transition de velours » ouvre la voie à une Espagne démocratique qui s'offre « l'amnésie pour prix de l'amnistie » : la reconnaissance de la légitimité de la lutte armée contre le franquisme et la réhabilitation, pleine et entière, des hommes et des femmes qui, dans les années postérieures à la guerre civile, ont connu l'emprisonnement, la torture, l'exil, l'assassinat, le garrot peuvent attendre. Elles attendent toujours.
Espagne 2000 : le passé réclame son dû. Une poignée d'anciens guérilleros a relevé la tête depuis quelques années. Des antifranquistes de tous horizons et de toutes générations les ont rejoints. Ensemble, ils poursuivent une guérilla pour la mémoire.
France 2000 : les procureurs ont l'histoire courte. Sous couvert de dénoncer le désastre stalinien, ils convertissent en de simples marionnettes et d'aveugles assassins (au service des États qui, en Est-Europe et ailleurs, ont dominé de leurs dictatures, des peuples entier) tous ceux qui, membres des partis communistes ou adversaires de ces derniers, ont combattu pour la liberté. Ce livre est aussi une contribution au bilan des tragédies de ce siècle, précisément parce que les ruines du « communisme réellement existant » menacent d'ensevelir aussi l'histoire et la mémoire de toutes celles et de tous ceux qui ont lutté pour l'émancipation sociale.