AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,89

sur 38 notes
5
7 avis
4
11 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Je cherche l'honneur pour moi et le profit pour vous. »

Dans la province de Valence, la ville de Gandia est connue pour être le berceau de la famille Borja (Borgia), et des grands noms du Siècle d'Or valencien, parmi lesquels Joanot Martorell, auteur d'un roman chevaleresque considéré comme l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature mondiale. Mentionné dans le Quichotte par Cervantes qui le qualifie de meilleur livre du monde (« Válame :Oios!, dijo el Cura dando una gran voz, i que aquí esté Tirante el Blanco! - Dádmelo, compadre, que hago cuenta que he hallado en él un tesoro de contento y una mina de pasatiempos (…) Dígoos verdad, señor compadre, que por su estilo es éste el mejor libro del mundo; »), probable source d'inspiration pour Shakespeare (Beaucoup de bruit pour rien), ce premier roman de langue catalane paru en 1490 est étonnement moderne. Mille pages, 487 chapitres se lisent avec entrain.

Le Breton Tirant le Blanc instruit par le chevalier devenu ermite Guillaume de Warwick, accomplit des exploits, de la cour d'Angleterre au siège de Rhodes, accompagne le roi de France, parcourt l'empire grec, lutte contre les Turcs, se rend en Berbérie, s'éprend de la princesse Carmesine, tente d'échapper à la convoitise de la Veuve Reposée, puis finit ses jours … comme un Homme…

De Tirant le Blanc, je n'avais lu que quelques extraits dans des anthologies catalanes. La présente édition met en lumière l'étonnante modernité de cet ouvrage écrit il y a plus de cinq siècles. Chez Martorell, le merveilleux, les monstres, les animaux extraordinaires, les lieux imaginaires, le féérique, la recherche de l'aventure pour l'aventure sont absents. Certes, Tirant cherche l'honneur, défend la chrétienté, désire s'acquitter de tous ses devoirs. Mais il se meut dans un monde réel, l'Angleterre, le pourtour méditéranéen (Sicile, Constantinople, Tlemcen…), narre des fêtes, des épisodes historiques comme le siège de Rhodes, même s'il prend de grandes libertés avec la réalité. Il utilise autant sa force que son intelligence et son sens de la stratégie, possède des qualités morales mais aussi des défauts. Il n'est donc pas seulement un modèle de vertu, pieux, fidèle, généreux. Chez Martorell, les personnages sont faits de chair et d'os, ont des appétits charnels et des faiblesses. Tirant le Blanc est un roman sensuel, l'amour n'y est pas que Courtois, et les Chevaliers y sont des Hommes.

Je remercie les éditions Anacharsis au très tentant catalogue et Babelio pour l'envoi de ce classique de la littérature reçu dans le cadre de l'Opération Masse Critique.
Commenter  J’apprécie          6714
Je viens de terminer la lecture de Tirant le Blanc et je n'en suis pas mécontente ! J'ai même l'impression d'avoir atteint le Saint-Graal, tant cette lecture fut éprouvante.

Ce n'est pas vraiment le texte médiéval de Joanot Martorell, un chevalier écrivain du XVe siècle et traduit de façon si talentueuse par Jean-Marie Barberà qui m'a rebutée. Il est plutôt d'un abord aisé et se lit sans trop de peine.
Ce qui a été vraiment ardu, ce fut plutôt les propos relatés. L'histoire est longue. Très longue.
J'ai eu d'abord beaucoup de mal à apprécier ce héros des temps chevaleresques et pourtant, j'adore cette période historique ! Mais, je pense que j'ai appréhendé cette lecture au premier degré. Et croyez-moi, c'était du genre lassant.
Notre fameux Tirant est présenté comme le héros parfait ! Il est courageux, vaillant et surtout il est toujours victorieux ! Et ça, c'est plutôt agaçant et tellement répétitif qu'il finit par ne plus y avoir de suspens. Quoiqu'il se passe, il s'en tire toujours. En héros et en vainqueur.
Avec un sacré paquet de morts sur son passage. Et c'est là qu'il vaut mieux prendre du recul avec cet ouvrage et se dire qu'il a été écrit au XVe siècle par un chevalier catalan et sans doute très fervent catholique. Car, ici, on se fiche bien des morts puisque la plupart sont des Maures.
Puisqu'on se bat au nom de la "Sainte Eglise", il est bien normal d'occire les Infidèles.

Bien sûr, cet ouvrage authentique donne un aperçu historique très intéressant sur la chevalerie, ses moeurs et ses motivations fort pieuses, mais se farcir pendant 1000 pages ce genre de propos m'a fait endurer le martyr.

Mais, Tirant le Blanc n'est pas qu'un récit d'aventures épiques et héroïques, c'est aussi un roman où l'amour courtois a une très grande place. Et là, encore, que de palabres amoureuses, que d'atermoiements, que de discours flamboyants !
Sachez que notre fameux Tirant, amoureux de sa Princesse qui joue avec lui au chat et à la souris, n'a de cesse de s'emparer du coeur de sa belle Carmésine mais pas que du coeur, si vous voyez ce que je veux dire. Et ça n'en finit pas de se tourner autour, de minauder, de feindre, de se vexer pour un oui pour un non et de tomber en pâmoison à tout bout de champ ! Pour un guerrier invincible face à ses ennemis, cela paraît bien risible.

Finalement, les deux personnages qui ont réussi à me redonner le sourire et l'envie de continuer ce roman, ce sont plaisirdemavie et la Veuve Reposée. la première est pétillante, franche et pleine de ressources. La seconde est une jalouse, prête à tout pour arriver à ses fins. Grâce à elles deux, j'ai trouvé de la saveur à ce roman et c'est aussi sans doute grâce à elles que je lui octroie trois étoiles et demie.

Ma critique est sans doute un peu acerbe et je m'en excuse auprès de Babelio et des éditions Anacharsis qui m'ont proposé la lecture de ce livre et que je remercie.
Je ne regrette pas de l'avoir lu car c'est un ouvrage témoin de l'époque médiévale qui donne un éclairage somme toute passionnant si on parvient à prendre suffisamment de recul. Je suis même fière d'être parvenue jusqu'à la fin mais ce fut un véritable sacerdoce !


Commenter  J’apprécie          379
Lorsque j'ai reçu la proposition de masse critique privilégiée pour ce livre, j'ai été un peu hésitante. D'un côté, je me disais « chouette, un roman de chevalerie » mais d'un autre, j'étais un peu effrayée à l'idée de devoir lire un pavé de plus de 900 pages datant du 15ème siècle. Je ressors de ma lecture plutôt très contente même si ça n'a pas été une lecture facile et qu'elle n'a pas été non plus totalement enthousiasmante.

J'ai mis quasiment un mois à lire ce livre, et non sans difficultés. Ce n'est pas vraiment dû à l'écriture, contrairement à ce que je craignais le texte est assez accessible. « Tirant le Blanc » est l'oeuvre de Joanot Martorell, un chevalier à la vie mouvementée. Par nécessité, il a dû confier son manuscrit à un prêteur sur gages. de là à imaginer qu'il ne s'agit que d'un premier jet, il n'y a qu'un pas que je n'hésite pas à franchir. Je pense qu'il s'agit d'un travail que son auteur n'a pas pu vraiment aboutir. Cela se perçoit notamment dans les incohérences ou les redites qui parsèment le récit. Ce sont ces redites qui m'ont rendu la lecture parfois difficile et j'avoue même m'être parfois un brin ennuyée. Il y a indéniablement des longueurs dans le roman, près de 1000 pages c'est trop pour raconter l'histoire de Tirant, quand bien même celui-ci a une vie riche en péripéties. Mais celles-ci sont parfois répétitives.

Malgré cette pointe d'ennui ressentie à certains moments de ma lecture, « Tirant le Blanc » m'a tout de même globalement séduite. C'est une lecture intéressante à plus d'un titre. Tout d'abord, si certains passages sont un peu ennuyeux, d'autres sont absolument formidables, l'auteur déployant un style riche, lyrique et épique tout en n'omettant pas une petite dose d'humour bien agréable. Au passage, je salue le travail de traduction de Jean-Marie Barbera, dont on sent bien qu'il s'agit là d'un travail de passionné qui a demandé énormément de recherches et de réflexion. Ensuite, ce récit, pour peu que l'on s'intéresse à la chevalerie, est extrêmement riche sur le sujet. Les principes qui régissent ce monde de la chevalerie y sont parfaitement dépeints et j'ai trouvé cet aspect passionnant. Enfin, le dernier aspect qui m'a beaucoup plu, c'est qu'il s'agit aussi, et avant tout, d'un roman courtois. J'avais déjà eu l'occasion de constater lors de ma lecture des « Lais » de Marie de France qu'amour courtois ne rime pas forcément avec amour platonique dans la littérature médiévale. « Tirant le Blanc » vient confirmer cette impression. Il y a un côté très sensuel dans ce livre qui frôle même l'érotisme. Certaines scènes sont même assez piquantes. Je pense notamment au passage dans lequel, l'air de rien, Tirant se retrouve au lit avec sa dulcinée et une de ses demoiselles de compagnie. S'il n'est pas fait mention réellement de triolisme, la scène s'avère néanmoins très audacieuse. Lorsque je dis que le roman est avant tout un récit courtois, c'est bien parce que l'amour y est finalement l'enjeu principal. Bien sûr, il y a de nombreux combats, duels, actes héroïques et la reconquête de l'empire chrétien d'orient reste un enjeu important du récit et de ses personnages. Mais j'ai trouvé très amusant que cet objectif martial soit mis sur le même plan, voire soit considéré comme plus anodin, que l'objectif amoureux. En effet, Tirant semble vivre bien plus mal les difficultés à conquérir Carmésine que les dangers de la bataille. Il semble souffrir d'avantage des refus de sa belle que des blessures infligées par l'ennemi. D'ailleurs, la conquête amoureuse est tout autant une guerre que la lutte contre les Maures. le héros doit batailler ferme, négocier, prendre des risques pour parvenir à ses fins. Et ce n'est pas là chose aisée tant Carmésine résiste aux assauts amoureux du chevalier qu'elle aime pourtant d'un amour passionnel. L'empereur, aveugle à ces joutes amoureuses, tente bien à plusieurs reprises de remettre la reconquête territoriale au centre des enjeux mais sans y parvenir vraiment. Certes, Tirant va faire son devoir et batailler contre les Maures, s'éloignant pour cela de sa belle, mais en gardant toujours à l'esprit son objectif de conquête amoureuse. On a presque l'impression que la guerre lui est plus facile que l'entreprise de séduction.

Dans « Tirant le Blanc », on s'évanouit à la moindre émotion forte, on est même au bord de la mort. Les sentiments sont exaltés de façon totalement outrancière et cet aspect m'a aussi beaucoup amusée. Tout comme les longues tirades des personnages sur le point de rendre l'âme. Malgré les petits passages à vide, le roman est assez réjouissant et amusant.

Je remercie vivement Babelio et les éditions Anacharsis (qui ont un catalogue très alléchant) pour m'avoir permis de lire cet ouvrage. Cervantès (qu'il faudrait que j'ose enfin lire d'ailleurs) tenait en haute estime ce roman qui l'a sans doute influencé. C'est dire s'il s'agit là d'un livre majeur de la littérature mondiale. J'avoue que je serais également curieuse de lire, si cela existe en français, une biographie de Martorell, qui semble avoir eu une vie peut-être encore plus extravagante que celle de son héros.
Commenter  J’apprécie          324
Tirant le Blanc est un roman historique d'aventures, de Chevalerie écrit par Joanot Martorell ( 1413-1468 ) qui a été obligé de laisser son manuscrit à un prêteur sur gages et qui, après moult traductions a été découvert par Marti de Riquer au XX° siècle et qui doit à Mario Vargas Llosa une audience mondiale.
Tirant est un jeune breton qui va se faire adouber par le père de la Chevalerie d'Angleterre : le comte Guillaume de Warwick ! Ce dernier renoncera aux armes pour vivre une vie d'ermite pour servir Dieu et faire pénitence des péchés commis durant sa vie de combattant !
Tiran, qui a acquis toutes les règles, les coutumes de la Chevalerie va dans un premier temps se mesurer à d'autres seigneurs dans des tournois d'ou il sortira vainqueur et auréolé des exploits qui commencent à être connus de tous ! Il va voler au secours du Grand Maître de Rhodes assiégé par des Génois et des Maures, le ravitailler et tuer les assaillants au nom de sa Foi chrétienne, il aidera Philippe, le fils du roi de France et le poussera à épouser l'infante de Sicile..
L'Empereur de l'Empire Grec demande au Roi de lui envoyer Tirant pour chasser les Infidèles qui ont asservi ses terres, ont fait prisonniers ses Chevaliers et tué ses sujets ! Tirant part avec ses compagnons et son cousin : Diaphébus mais, il fait naufrage et se retrouve prisonnier en Berbérie, et c'est par son courage et ses valeurs qu'il accédera vite à un poste de commandement !
La 2 ° partie du roman se situe à Constantinople avec l'Empereur, son épouse et la Princesse Héritière Carmésine dont il tombe immédiatement amoureux !
Avec les Seigneurs, les nobles grecs, Tirant va livrer de nombreuses batailles contre le Sultan, le Grand Turc et leurs vassaux mais il va surtout pacifier les terres conquises et diffuser sa Foi chrétienne en baptisant les populations vaincues !
Les territoires grecs sont reconquis, les richesses affluent et sa gloire est immense, de plus, il est respecté de tous y compris des Maures et, l'Empereur va le nommer César pour lui succéder et le prince Tirant épousera enfin sa bien-aimée !
C'est un roman de 970 pages ( + les notes ) qui a souvent des longueurs car les dialogues entre les personnages sont remplis de références aux mythes De Grèce et de Rome, à l'évocation des grandes figures de l'Antiquité, aux détails des batailles et de leurs localisations géographiques sans oublier les échanges courtois entre Tirant et la Princesse Carmésine !
Un roman médiéval à la gloire de la Chevalerie, à celle de Tirant et des Chevaliers qu'il a rencontré, qu'il a apprécié, à la gloire de la Foi chrétienne qui a réussi à vaincre les Infidèles !
Merci à l'équipe de Babelio et aux éditions Anarcharsis.
Commenter  J’apprécie          270
Tirant le Blanc est un roman de chevalerie du Moyen-Âge, écrit par Joanot Martorell, un écrivain catalan. Je n'avais jamais entendu parler de ce roman qui est pourtant un classique de la littérature catalane. Je ne lis pas souvent ce genre de roman, je me rappelle d'un livre lointain sur les chevaliers de la Table Ronde et j'ai Don Quichotte de Miguel de Cervantes qui m'attend sagement dans ma bibliothèque.
Qui dit roman de chevalerie, dit chevaliers, dit duels. La première partie est une suite de duels, tous plus sanglants les uns que les autres. Heureusement, Tirant est fort, vaillant, intelligent dans les combats. Il est aussi très endurant ce qui lui permet de prendre le dessus si le duel s'éternise. Il m'a fallu un peu de temps pour m'habituer à cette violence même si le roman est loin d'être désagréable. Il y a aussi beaucoup de descriptions des cours royales, des habits somptueux de la famille royale...
On apprend sur le code d'honneur des chevaliers, la religion chrétienne est bien mise en avant lors des guerres pour reconquérir le territoire aux Maures.
Je parle beaucoup de guerres, combats et violence mais tout cela est contrebalancé par l'amour. Tirant est fort dans les batailles mais il se retrouve démuni quand il se retrouve face à la femme qu'il aime.
Surtout quand la demoiselle est princesse, qu'elle doit garder sa chasteté et son honneur. Tout ça donne des scènes où chacun affirme son émoi envers l'autre par des moyens détournés.
Il y a quelques longueurs mais Tirant le Blanc est un roman remarquable, on se plait à rester en compagnie de ces chevaliers, soldats, rois, reines, princesses. Les exagérations sont légions, les sentiments mises en avant, on ne peut laisser une offense à l'honneur d'untel,une grande colère provoque un mort, peu de demi-mesure.
Je remercie Masse Critique et les éditions Anacharsis pour cette très belle lecture.
Commenter  J’apprécie          230
"Deo gratias

Ici finit le livre du valeureux et vaillant chevalier Tirant le Blanc, prince et César de l'Empire grec de Constantinople. Il a été traduit de l'anglais en portugais, puis en valencien commun, par le magnifique et vertueux chevalier messire Joanot Martorell, auquel la mort ne permit de traduire que les trois quarts. La quatrième partie, qui constitue la fin du livre, a été traduite, sur les prières de la noble dame Isabel de Lloris, par le magnifique chevalier messire Joan de Galba. Si l'on y trouve quelque défaut, on ne doit l'attribuer qu'à sa grande ignorance. Que Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans son immense bonté, veuille bien le récompenser de sa peine en lui donnant la gloire du paradis. Il assure que s'il a mis dans ce livre des choses qui ne sont pas catholiques, il préférerait ne pas les avoir dites, et il les soumet à la correction de la sainte Église catholique.
Cette oeuvre fut achevée d'imprimer dans la ville de Valence, le 20 novembre de l'année 1490 de la nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ."

Anacharsis gratias
Babelio gratias

Pour cette oeuvre reçue dans le cadre d'une masse critique privilégiée.

Cette chronique débute le 1er novembre de l'année 2023 de la nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Je viens de reposer mon armure dorée, frappée de rouge, et prends ma plume pour vous partager cette lecture.

Généralement, on dit qu'une lecture en appelle une autre ou en rappelle une autre.

Dans mon cas, je me suis souvenu que dans son ouvrage "Pourquoi lire les classiques ?" dont la quatrième de couverture est marquée de cette phrase « Un classique est un livre qui n'a jamais fini de dire ce qu'il a à dire. »
Pour comprendre qui nous sommes, Italo Calvino fait figurer après Homère, Xénophon, Ovide, Pline, Nizami, Tirant le Blanc, en ces mots :

"Le héros du premier roman de chevalerie ibérique, Tirant le Blanc, entre en scène endormi sur son cheval. le cheval s'arrête pour boire à une fontaine, Tirant se réveille et voit, assis près de la fontaine, un ermite à la barbe blanche, en train de lire un livre. Tirant manifeste à l'ermite son intention d'entrer dans l'ordre de la chevalerie. L'ermite, qui a été chevalier, s'offre de faire connaître au jeune homme les règles de l'ordre.

Mon fils, dit l'ermite,
l'ordre en entier est écrit dans ce
livre, que quelquefois je lis pour
me rappeler la grâce que Notre Seigneur
m'a faite en ce monde, puisque
j'honore et soutiens l'ordre de
chevalerie de tout mon pouvoir.

Dès les premières pages, le premier roman de chevalerie d'Espagne semble vouloir nous avertir que tout livre de chevalerie présuppose un livre de chevalerie précédent, nécessaire afin que le héros devienne chevalier. « L'ordre en entier est écrit dans ce livre. » À partir de ce postulat, on peut tirer beaucoup de conclusions : peut-être même celle que la chevalerie n'a jamais existé avant les livres de chevalerie, ou tout simplement qu'elle n'a existé que dans les livres.On peut dès lors comprendre que le dernier dépositaire des vertus chevaleresques, Don Quichotte, soit lui aussi quelqu'un qui s'est construit lui-même et a élaboré tout son monde exclusivement à travers les livres. Dès que Cura, Barbero, Sobrina et Ama jettent aux flammes la bibliothèque, la chevalerie n'existe plus : Don Quichotte restera le dernier exemple d'une espèce sans successeurs.

Alors après ce rappel, l'appel....
J'ai rouvert, L'ingenieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche (traduit par Aline Schulman / Éditions du Seuil) pour y relire le chapitre VI (intitulé du plaisant inventaire que firent le curé et le barbier dans la bibliothèque de notre ingénieux gentilhomme) celui où il est question de l'autodafé domestique selon les termes de Calvino :

"DON QUICHOTTE DORMAIT encore. le curé demanda à la nièce les clefs de la pièce où se trouvaient les livres coupables de tout le mal, et elle s'empressa de les lui remettre. Tout le monde entra, y compris la gouvernante ; il y avait là plus d'une centaine de gros volumes aux belles reliures, et d'autres de taille moyenne. Dès qu'elle les vit, la gouvernante sortit en toute hâte de la bibliothèque et revint avec une écuelle d'eau bénite et un goupillon.
– Prenez ça, monsieur le curé, dit-elle, et aspergez-en toute la pièce, au cas où il y aurait ici un des enchanteurs dont on parle tant dans ces livres, et qu'il veuille nous enchanter pour nous punir de vouloir le chasser de notre monde.
Le curé ne put s'empêcher de rire de tant de naïveté, et demanda au barbier de lui présenter les livres un par un, pour voir de quoi ils traitaient, car il pouvait s'en trouver qui ne méritaient pas le supplice du feu.
– Non ! intervint la nièce. Aucun ne doit être épargné, car ils ont tous fait du mal à mon oncle. le mieux, ce serait de les jeter par la fenêtre, d'en faire un tas et d'y mettre le feu ; ou plutôt, d'allumer un bûcher dans la cour, pour que la fumée ne nous incommode pas.[...]
Et sans plus se fatiguer à examiner le reste des livres, le barbier dit à la gouvernante de prendre les plus gros et de les jeter dans la cour. Elle ne se fit pas prier, car elle préférait de loin les brûler que de tisser la plus longue et la plus fine des pièces de toile. Elle en prit huit d'un coup et les envoya par la fenêtre. Mais elle était si chargée qu'il en tomba un aux pieds du barbier, qui l'ouvrit par curiosité et lut : Histoire du fameux chevalier Tirant le Blanc.
– Dieu tout-puissant ! s'écria le curé. Est-ce possible ? Donnez-moi ce livre, maître Nicolas ; je le considère comme un trésor de bonne humeur et une mine de divertissements. On y trouve le valeureux chevalier don Kyriéléison de Montauban, et son frère Thomas, ainsi que le chevalier Fonseca ; on y raconte la bataille que le courageux Tirant livre contre un dogue, les traits d'esprit de la demoiselle Plaisir-de-ma-vie, ainsi que les amours et les intrigues de la veuve Paisible, et la passion de l'impératrice pour Hippolyte, écuyer de Tirant. Croyez-moi, maître Nicolas, c'est le meilleur de tous les romans de chevalerie : on y voit des chevaliers qui mangent comme vous et moi, qui meurent dans leur lit et qui, avant de mourir, font leur testament ; bref, toutes ces choses dont on ne parle jamais dans ces livres-là. Néanmoins, l'auteur aurait mérité d'être condamné à vie aux galères pour y avoir écrit bien des sottises qu'il aurait pu éviter. Emportez-le chez vous et lisez-le : vous verrez que tout ce que je vous ai dit est vrai."

Et vous l'avez compris dans le cas de ce livre ce sont à la fois appel et rappel qui guide la lecture....
Grâce à la preface de Marie Cosnay, qui a à son actif une sublime traduction des Métamorphoses d'Ovide, et à la remarquable traduction Jean-Michel Barber, qui y a passé près de 20 ans, on peut dire que nous avons entre les mains un classique du roman de chevalerie, mais pas seulement c'est aussi un roman d'aventures, un roman politique, géopolitique, géographique, d'éducation sentimentale et d'ascension sociale, un roman onirique, un roman comique.
Publié en 1490, il est d'une étonnante modernité, alors bien sûr, il n'échappe pas aux classiques romans de l'époque avec ses multiples répétitions, mais cela ne gâche en rien le plaisir de lecture.
On y retrouvera également comme de coutume, les allusions à la mythologie, les réflexions philosophiques, les allégories aux figures de l'Antiquité, les évocations à la religion, les libertés que prend le conteur avec l'histoire, et tout ce qui fait le sel de genre de récit, comme par exemple le passage sur le création de l'ordre de la Jarretière :

"— Voilà que l'année plus un jour était expirée et que l'on avait fini de célébrer les fêtes ; sa majesté le Roi fit alors prier tous les états de bien vouloir attendre quelques jours, car il voulait faire publier une confrérie qu'il venait tout juste d'instituer, formée de vingt-six chevaliers, tous sans reproche ; chacun accepta bien volontiers de rester. La cause et l'origine de cette confrérie, Seigneur, ont été vraiment celles que je vais dire, d'après ce que moi et les chevaliers ici présents avons entendu de la bouche même du Roi : un jour où la cour se divertissait et dansait joliment, le Roi s'arrêta à un bout de la salle pour se reposer ; la Reine prit quelque répit à l'autre extrémité, avec ses demoiselles, tandis que les chevaliers évoluaient avec les dames. le sort voulut qu'en dansant avec un chevalier, une demoiselle s'approchât de l'endroit où se trouvait le Prince ; elle virevolta, ce qui fut cause que sa jarretière se détacha de son bas. de l'avis de tous, ce devait être celle de la jambe gauche, et elle était taillée dans du ruban. Les courtisans qui se trouvaient près du Roi virent par terre la jarretière qu'elle avait perdue. Cette jeune fille s'appelait Chèvrefeuille. Ne croyez pas, Seigneur, qu'elle fût plus belle qu'une autre, ni que rien de ce qu'elle montrait fût gracieux : elle a quelque allure, danse d'un pied assez léger, montre de la vivacité dans sa conversation et chante honnêtement. Toutefois, Seigneur, on en trouverait trois cents de plus belles et de plus gracieuses qu'elle ; mais les goûts et les penchants des hommes sont infiniment variés. Un des chevaliers qui étaient dans l'entourage du Roi l'avertit :
« — Chèvrefeuille, vous avez perdu les armes de votre jambe. Il me semble que vous avez eu un page maladroit, qui n'a pas su vous les nouer.
« Elle, un peu honteuse, cessa de danser et alla pour la ramasser ; mais un autre chevalier fut plus prompt qu'elle et s'en saisit. le Roi, qui vit la jarretière entre ses mains, l'appela à l'instant et lui demanda de la lui attacher à la jambe, sur le bas du côté gauche, au-dessous du genou.
« Cette jarretière, le Roi l'a portée plus de quatre mois, sans que la Reine lui fasse la moindre remarque ; plus le Roi s'habillait, plus volontiers il l'arborait aux yeux de tous. Il ne se trouva personne, pendant tout ce temps, qui osât lui en faire observation, sauf un domestique, grand favori du Prince, qui vit que cela durait trop. Un jour qu'il se trouvait seul avec le Souverain, il se lança :
« — Sire, si votre majesté savait ce que je sais, si vous étiez informé des médisances de tous les étrangers, et même de vos propres sujets, sans compter la Reine et toutes les nobles dames !
« — Et de quoi ? s'étonna le Roi. Dis-le-moi sans tarder !
« — Voici, Sire : tous sont étonnés de ce si extravagant hommage que votre altesse a voulu rendre à une demoiselle insignifiante, vile et de médiocre condition, peu estimée de ses compagnes, en portant sa marque sur votre royale personne, à la vue de tous pendant si longtemps. Si encore elle était reine ou impératrice pour qu'on la distinguât autant. Comment, Sire ! Votre altesse ne trouvera-t-elle pas dans son royaume des jeunes filles bien mieux nées, plus belles plus gracieuses, plus savantes et parées de bien plus de qualités ? Les bras des rois sont très longs : ils touchent où ils veulent.
« le Roi répondit :
« — Ainsi donc, la Reine en est mécontente ? Les étrangers et mes sujets s'en étonnent ? Eh bien, déclara-t-il alors en français, Honni soit qui mal y pense ! Ici même je promets à Dieu, poursuivit le Prince, d'instituer et de créer sur ce fait un ordre de chevalerie, et tant que le monde durera, les hommes se souviendront de la fraternité d'armes que je vais fonder."

Après tout, il fait une légende de la légende, à chacun de trouver la version qui lui sied...

Mais on le sait le but ultime est de construire un héros avec tout ce qu'il peut avoir de gloire, de panache, et ce afin de construire sa renommée et de figer pour toujours son prestige....
Alors Tirant, passera par un certain nombres d'épreuves "initiatiques" qui feront de lui, ce héros attachant et attaché d'abord à la cour d'Angleterre, puis au côté du Roi de France en Tunisie, avant de rejoindre Constantinople, et plus largement l'empire grec, et enfin en Berbérie. Ces aventures lui feront gagner en valeur.
Il saura se montrer fin stratège, rusé et prudent. Il se muera en un chef respecté de ses hommes, même ses ennemis lui trouveront nombre de qualité. Il est bon, dans le sens le plus auguste du terme. Il est désintéressé dans le sens le plus noble du terme. Il est fort, capable en un coup d'épée de réduire un assaillant en miettes, au propre comme au figuré. Il est endurant, attaquant sans cesse l'ennemi...
Alors le curé dans Don Quichotte avait raison : on y voit des chevaliers qui mangent comme vous et moi, qui meurent dans leur lit et qui, avant de mourir, font leur testament.
Tout y est, les passes d'armes, les sentiments, le panache, les revers arrangés ou non, les coups du destin qui n'en sont peut-être pas....

Et que dire de la manière dont Tirant quitte ce monde, certainement les plus belles pages du livre :

"Bien que la mort soit certaine, l'homme ignore l'heure à laquelle elle arrive. On attend du sage qu'il prenne ses dispositions pour que, arrivé au terme du chemin dans ce misérable monde, au moment de retourner à son Créateur, il puisse rendre compte et raison des biens qui lui ont été confiés.

Pour l'amour de cela, moi, Tirant le Blanc, du lignage de Roque Salée et de la maison de Bretagne, chevalier de la Jarretière et prince et césar de l'Empire grec, atteint d'une maladie dont je crains de mourir, mais sain d'esprit, entièrement maître de mes mots, en présence de mes seigneurs et frères d'armes, le roi Scarian, le roi de Sicile et mon cousin germain, le roi de Fez, ainsi que beaucoup d'autres rois, ducs, comtes et marquis, au nom de mon seigneur Jésus-Christ, je fais et ordonne le présent testament et mes dernières volontés.

Pour ce faire, je désigne comme exécuteurs testamentaires la vertueuse et excellente Carmésine, princesse de l'Empire grec, mon épouse,et l'illustre Diaphébus, duc de Macédoine, mon cher cousin germain, je les supplie tous les deux de prendre soin de mon âme [...]

L'Empereur fut submergé de douleur, et tint ces mots :
”«Moi seul, Empereur abandonné, dois célébrer des funérailles d'une telle tristesse. le soleil doit s'effacer à nos yeux ; cet épais brouillard et ces nuages doivent l'obscurcir, afin que sa claire lune ne puisse briller. le monde doit être plongé dans les ténèbres et une noire soubreveste doit le recouvrir. Les vents doivent secouer cette terre ferme et les hautes montagnes doivent s'effondrer. Les fleuves doivent cesser de couler et l'eau des sources doit se mêler au sable Pour abreuver la terre grecque, triste comme la tourterelle abandonnée par Tirant, son époux. Tout cela pour marquer la douleur qui nous accable. L'océan doit vomir les poissons. Pendant ce temps, chantez, belles sirènes, les grands maux qui étreignent la terre! Chantez et pleurez la mort de celui qui était un phénix parmi les vivants! Les bêtes doivent hurler, les oiseaux doivent interrompre leurs chants mélodieux ; ils doivent se retirer dans les forêts désertes! Il me faut mourir, pour descendre dans le royaume de Pluton. Mon ambassade sera si triste qu'Ovide émaillera de ses vers héroïques mon Tirant ! Arrachez-moi mes trésors dorés, enlevez des palais les riches pourpres, passez-moi à l'instant un âpre cilice! Que tous revêtent de la serge grossière, rêche et noire ! Toutes les cloches doivent sonner de façon désordonnée ! Que chacun se plaigne d'une si grande perte, dont ma bouche est incapable de rendre compte !"[...]

La Princesse l'en remercia infiniment, Puis elle se tourna vers le secrétaire et lui dit de rédiger son testament en ces termes:
Toutes les choses de ce monde sont transitoires et glissantes, et aucun de ceux dont le corps est de chair ne peut échapper à la mort. Celle-ci est inéluctable. le sage doit prévoir et régler son avenir, afin que, lorsque son voyage dans ce misérable monde sera fini et qu'il retournera à son Créateur, il puisse se réjouir de lui présenter son âme sans rougir
Et pour l'amour de cela, moi, Carmésine, fille du Sérénissime Empereur de Constantinople et princesse de l'Empire grec, atteinte d'un mal dont je suis certaine et contente de mourir, mais cependant saine d'esprit, femme, entière et la parole claire, en présence de sa majesté messire l'Empereur, mon père, et de la sérénissime Impératrice, ma mère, et avec leur libre volonté: au nom de mon seigneur Dieu Jésus-Christ, je fais et ordonne le présent testament et exprime mes dernières volontés.
Je choisis pour exécuteurs testamentaires l'illustre Diaphébus, duc de Macédoine, et l'illustre Stéphanie, Son épouse, que je supplie de bien vouloir accepter que je leur recommande mon âme.
Je supplie également les dits exécuteurs et leur demande, par le salut de leurs âmes, de mettre mon corps avec celui de Tirant, en ce même endroit où il a ordonné que l'on dépose le sien. Car ainsi, puisque nous n'avons pas pu être ensemble de notre Vivant au moins nos corps seront-ils unis dans la mort, jusqu'à la fin des temps.

Et puis finalement si ce livre n'était qu'une immense boucle de quelques 1000 pages encore une fois je cite le curé de Don Quichotte pour qui la chevalerie se transmet par les livres, d'où son autodafé, que font les compagnons de Tirant le pensant perdu dans les bois : "Ils se demandaient s'il ne s'était pas égaré dans la forêt, et bon nombre des siens s'en retournèrent pour le chercher. Ils le trouvèrent sur la route, en train de lire les aventures chevaleresques qui étaient rapportées dans le livre ..."

Ce fut en tout cas une fabuleuse lecture..
J'ai cédé à l'appel de Tirant.... Et nul doute que je m'en rappellerai...
Quand je vous disais qu'un livre était un appel ou un rappel...
Commenter  J’apprécie          2014
Plutôt familière des chevaliers du cycle arthurien, je dois reconnaître que le nom de Tirant le Blanc m'était totalement inconnu.
Au premier abord, c'est un roman épais, dense, que l'on tient entre les mains, et sa couverture, sobre et brillante à la fois, annonce déjà l'or, l'amour, les combats et le sang, tout ce qui fait la valeur et le courage du preux chevalier.
Dès les premières pages (après la très alléchante préface), c'est une immersion totale dans un moyen-âge de légende qui commence. Nous accompagnons Tirant dans le champ clos de la lice et assistons à ses tournois, nous le suivons brûlant d'amour pour la belle infante Carmésine, nous luttons avec lui contre les Maures pour la reconquête du royaume de son souverain et sommes à ses côtés lorsqu'il rend son âme à Dieu.
Et pourtant, parfois, les nombreux détails, les redites, les débats courtois, nous éloignent un peu de son propos.
Néanmoins, c'est toujours un plaisir de tourner les pages du roman et de cheminer avec Tirant, son code de l'honneur, ses valeurs morales, ses faits d'armes, ses victoires innombrables et son amour transi pour sa dame.
On se prend à sourire de toutes ces hyperboles incroyables qui semblent parfois se parodier elles-mêmes. Vainqueur en toutes circonstances, Tirant pourrait passer pour une sorte de super-héros avant l'heure auquel il ne manque que l'accomplissement de son parfait amour pour que sa quête soit achevée.
L'épopée s'enlise certes un peu aux portes de Constantinople, tant les Maures ennemis sont présents et bien installés ; mais comme ils sont des modèles de lâcheté et de couardise, il suffit de les poursuivre pour les faire fuir. Point d'inquiétude dans ces batailles, Dieu veille et les conversions des vaincus sont immédiates et sans appel, terrassés par la foi des chrétiens.
Malgré cette (relative) monotonie des actions, la lecture est très riche et la langue, magnifique. le travail du traducteur est particulièrement remarquable, tant il a su donner vie à ce parfait chevalier médiéval. On comprend que deux décennies aient été nécessaires à cet accomplissement ; une quête en recouvre sans doute une autre.
Merci aux éditions Anacharsis et à Babelio pour m'avoir offert cette découverte pleine de merveilles.
Commenter  J’apprécie          191
En préambule, un satisfecit aux concepteurs de la couverture. J'en ai rarement observées si longuement, comme si je me trouvais devant une peinture. le fond noir de la mort encercle l'armure dorée d'un chevalier, noir envahissant qui ronge par endroit l'éclat de l'or. Seul le heaume semble encore pur, comme si l'esprit du chevalier était sa plus belle arme. Et une fleur écarlate couvre son torse, aux contours si étranges qu'elle peut se confondre avec une tache de sang. Cet amour intense serait-il aussi une douloureuse blessure ?

Cette belle illustration ouvre les portes d'un conte chevaleresque jouant avec la démesure. Mille pages de joutes guerrières et verbales, de cités assiégées, de scènes amoureuses, de parades, de banquets et de cérémonies fastueuses.
Le lecteur peut se lasser à la longue et une lecture morcelée semble pertinente. On reviendrait ainsi à Tirant le Blanc pour goûter à nouveau à cet univers singulier des nobles chevaliers.

Enfin, cette oeuvre est aussi un passionnant document historique sur l'Europe occidentale au XVe siècle, ses moeurs, ses goûts et ses valeurs. Une société endoctrinée par une Église catholique omnipotente et intolérante aux visées impérialistes qui s'exprimeront de manières sanglante et destructrice avec les conquêtes du Nouveau Monde.
Commenter  J’apprécie          120
Adressé par Babélio et les éditions Anacharsis.

Il s'agit d'un énorme pavé de mille pages que j'ai lu avec courage, assiduité et abnégation.

L'auteur. Joanot Martorell.
Quatrième de couverture, Joanot Martorell né en 1413, mort en 1468, était un petit chevalier catalan. Tombé dans la misère, il aurait été bandit de grand chemin. Curieux pour un auteur faisant l'apologie de la chevalerie, d'en illustrer lui même le contraire.
Paru quelques années après sa mort, son livre eut un grand succès avant de tomber aux oubliettes puis d'en ressortir en 1897.

Tirant le Blanc est donc l'histoire de ce chevalier comparable à un Bayard ou un Dugesclin pour ceux qui ont vraiment existé ou un Lancelot ou un Perceval pour ceux plus légendaires.

Les têtes de chapitre.
- Guillaume de Warwick, - Tirant et l'ermite.
Rencontre Tirant-Warwick parangon de vertu chevalière et bref mentor de Tirant.

- Les fêtes d'Angleterre- Les exploits de Tirant en Angleterre.- L'ordre de la Jarretière
Ces trois chapitres sur la montée en puissance de Tirant.

-Tirant en Sicile et à Rhodes ;- L'expédition avec le roi de France.
Les premiers faits de guerre de Tirant.

Enfin 5 derniers chapitres se rapportant à Tirant libérant l'empire grec du joug turco-musulman.

Par commodité, Tirant se construit autour de trois axes, la chevalerie ses règles et usages, les combats, et les dissertations humaines dont une ample part aux amours de qui veux tu en voilà.

L'écriture. Faute de photographies n'existant pas à l'époque, nous avons en lieu et place des profusions descriptives et un sens précis du détail au dépens parfois d'une vue d'ensemble que l'on se représente mal, pour les combats en particulier.

Les dialogues. Tarabiscotés, d'où la longueur du livre, une question se pose en une ou deux ou trois pages avec toutes les circonvolutions d'usage et la réponse est souvent deux fois plus longue. Et que dire de Carméline princesse byzantine qui du haut de ces 15 ans, vous cite Sénèque Cicéron César Aristote et autre philosophe à vous faire pâlir d'ignorance.

Vérité historique.
Aucune. Chute de Constantinople en 1204.

Pâmoison.
Mais qui sont ces rudes chevaliers durs aux combats, mais qui dans le privé tournent de l'oeil à la moindre occasion

Arthur. Tiens que vient il faire là ?

Tirant le Blanc. Une épopée qui ravira les amateurs de chevalerie.
Les amateurs d'envolées lyriques et de circonvolutions oratoires à vous faire perdre le nord
Et les âmes sensibles, sensibles aux excès de l'amour courtois et aux chutes en pâmoison..

La phrase de la fin ainsi que j'aime à les citer. Et soyez assurés que leur bon gouvernement et leur vie vertueuse leur valurent d'être accueillis dans la gloire du Paradis.

Aucune vérité historique, vous disais je.
Commenter  J’apprécie          110
Il s'agit ici de l'édition en catalan moderne d'une sélection de chapitres de Tirant lo Blanc que doivent lire en Catalogne les élèves se préparant au baccalauréat. Avec introduction, notes et suggestions de travail sur l'oeuvre.
Commenter  J’apprécie          80



Autres livres de Joanot Martorell (2) Voir plus

Lecteurs (113) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11118 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}