AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Max Kaltenmark (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070279074
672 pages
Gallimard (24/11/1971)
2.75/5   2 notes
Résumé :

Lorsque Henri Maspero fut déporté à Buchenwald d'où il ne devait pas revenir, il laissait une oeuvre sinologique immense dont une partie seulement avait été publiée de son vivant. Parmi les nombreux inédits retrouvés dans ses papiers, plusieurs furent réunis en trois volumes de Mélanges édités par le musée Guimet, d'autres, plus techniques, firent l'objet de publications séparé... >Voir plus
Que lire après Le taoïsme et les religions chinoisesVoir plus
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Le moyen de s’attirer leur bienveillance, c’est de mener une vie pure et en particulier d’accomplir de bonnes œuvres. Les récits hagiographiques montrent que la conquête de l’Immortalité commence d’ordinaire par la pratique des bonnes œuvres. L’Histoire des Han Postérieurs mentionne des Taoïstes de bonne famille qui, aux deux premiers siècles de notre ère, se rendirent célèbres en nourrissant des orphelins, en entretenant des routes, en construisant des ponts. On allait même jusqu’à distribuer tous ses biens aux pauvres. Le Livre du Sceau de jade considère comme actes méritoires par excellence ceux par lesquels « on sauve les hommes du danger, en leur faisant éviter le malheur, en les protégeant des maladies, en empêchant les morts prématurées ».

On avait codifié et réglé les actes bons et mauvais et leur rétribution. Un règlement de vie taoïste, l’Extrait des Règles et Défenses Rituelles les plus Importantes, donne toute une gradation de châtiments à mesure que les péchés s’accumulent.

« Il y a dans le corps de l’homme des dieux qui, à certains moments fixés, montent faire rapport sur les actes bons et mauvais. Quand les fautes dépassent 120, on tombe malade. A 180 fautes, c’est de l’imper fection : celui-là ne réussira pas à faire l’élevage des animaux domestiques. 190 fautes, c’est de l’incurie : cet homme prendra une maladie épidémique. 530 fautes, c’est un petit mal : l’homme aura des enfants mort-nés. 720 fautes, c’est un grand mal : il n’aura pas de fils et beaucoup de filles. 820 fautes, c’est un malheur : l’homme aura une maladie qui le rendra aveugle ou sourd. 1080 fautes, c’est une calamité : il mourra de mort violente. 1 200 fautes, c’est un désastre : il sera pris dans une révolte. 1 600 fautes sont une catastrophe : il n’aura pas de descendance, ni fils ni petit-fils. 1 800 fautes, c’est un sinistre : le malheur se répand sur cinq générations.

Et il continue ainsi, augmentant les rétributions mauvaises à mesure que croît le nombre des péchés, jusqu’à plus de 10 000 péchés : le plus terrible de tous les châtiments arrive alors, l’extinction par le glaive, une exécution publique, du coupable et de toute sa famille. Pour les bonnes actions, le catalogue est plus bref et moins détaillé ; il était moins nécessaire d’insister dans ce cas : qui avait accompli 300 bonnes actions devenait Immortel Terrestre ; il en fallait 1 200 pour devenir Immortel Céleste. (p. 304)
Commenter  J’apprécie          10
Tout exercice, fût-ce un simple exercice gymnastique, comporte une part religieuse, car chaque membre et chaque organe a sa divinité qu’il faut se rendre propice quand l’exercice exécuté le touche en quelque façon. Plus l’exercice est important, plus la part religieuse augmente, car le nombre de divinités qu’il faut se rendre favorables devient de plus en plus considérable. Tout le corps en effet est rempli de divinités et d’êtres transcendants. Non seulement chacune des cases des trois Champs de Cinabre, chacun des Cinq Viscères et des Six Réceptacles a le sien ou les siens, mais encore tout organe, ou simplement tout ce qui paraît avoir une sorte d’individualité, constituer un tout à part, comme les yeux, les oreilles, la chevelure, etc. Chacun de ces dieux a son nom de famille, son nom personnel, son surnom, ses titres ; il a son costume, il a son lieu de résidence, il a ses occupations et son rôle dans l’harmonie générale de la vie du corps : tout cela, le Taoïste doit le savoir pour être capable d’entrer en relation avec eux. Aussi les livres contiennent-ils des listes interminables de noms et de titres.
(...)
Une autre collection de divinités célèbres est celle des vingt-quatre divinités qui, à la fois, régissent chacune une des parties du corps et correspondent aux vingt-quatre sections jie qui dans le corps humain (microcosme) sont vingt-quatre anneaux superposés le partageant également du sommet du crâne à la plante des pieds, et dans l’univers (macrocosme) sont les vingt-quatre demi-mois solaires entre lesquels se partage l’année, en sorte que le solstice d’été est le sommet du crâne, les équinoxes sont aux environs du nombril, et le solstice d’hiver est aux pieds. Un ouvrage antérieur aux Tang, et qui me paraît perdu aujourd’hui, les énumérait en les répartissant non pas en quatre groupes suivant les quatre saisons, mais en trois groupes suivant les trois régions du corps, non pas exactement, mais de façon un peu disparate, en faisant naturellement de la tête un groupe particulier et en séparant en deux groupes distincts d’une part les Cinq Viscères, et de l’autre les Six Réceptacles et quelques autres organes du ventre. (pp. 380-382)
Commenter  J’apprécie          10
La formule fondamentale du Taoïsme est « Non-Agir » (wuwei). Tout ce qui se fait spontanément est supérieur à ce qui est fait volontairement. De même que, dans la technique du Souffle, la Fonte du Souffle (lianqi) est supérieure à la Conduite du Souffle (xingqi), de même, dans la technique de la méditation, l’extase consistant à « s’asseoir et perdre conscience » (zuowang), extase qui laisse l’esprit (le cœur, xin, disent les Chinois) libre sans lui imposer de sujet de méditation (cunsi), est supérieure à la concentration par laquelle on lui impose la vision des dieux et des esprits pour les surveiller ou pour entrer en relation avec eux.

Dans cette contemplation supérieure, qui est « le dernier territoire de ce qui est du monde et le premier domaine du Dao », et qu’on considère comme la « perfection de la méditation », « le corps est comme un morceau de bois mort, le cœur est comme de la cendre éteinte, sans émotion et sans dessein ». Le cœur, l’esprit est complètement vide, les choses extérieures n’y parviennent pas : on peut dire qu’ « il n’y a pas de cœur pour contempler », tant il a perdu toute activité propre et même toute conscience ; et cependant « il n’est rien que n’atteigne la contemplation ». L’esprit étant parfaitement calme et toute influence des phénomènes de l’extérieur étant anéantie, l’Adepte voit en son esprit le Dao, réalité suprême toujours présente, que l’agitation des phénomènes lui masquait comme une sorte de voile ; il réalise sa présence.

Réaliser la présence du Dao produit la Sapience (hui). Ce n’est pas quelque chose de nouveau qui se crée : la Sapience est toujours en nous, mais ordinairement elle est troublée par les désirs, et toute confuse. Par la contemplation, elle revient à sa pureté naturelle. Peu à peu elle s’éclaire ; aussi l’appelle-t-on la Lumière Céleste (tianguang). Ce n’est pas une nouvelle science se produisant alors ; elle est déjà produite, il suffit de la réaliser. (p. 314)
Commenter  J’apprécie          10
Les Taoïstes croyaient, comme l’ont toujours fait les Chinois, que le monde se gouverne parfaitement tout seul, et qu’il n’y a aucun besoin que les dieux s’en mêlent. Le Ciel produit les êtres et les choses, la Terre les nourrit, les Quatre Saisons se suivent régulièrement, les Cinq Éléments se remplacent en triomphant les uns des autres en un cycle sans fin, le yin et le yang se succèdent l’un à l’autre. Toutes choses vont fort bien d’elles -mêmes. Si quelqu’un s’avisait de vouloir les diriger, tout irait de travers, comme l’expliquait déjà Zhuangzi au III e siècle avant notre ère. S’il arrive parfois des catastrophes, la faute en est aux hommes. L’homme peut agir bien ou mal, c’est-à-dire en se conformant au Ciel ou ne s’y conformant pas : dans ce dernier cas, cette espèce de révolte réagit sur le système général du monde, et c’est ce qui cause les cataclysmes, éclipses, tremblements de terre, incendies, inondations, etc. Aussi les dieux, les saints, les grands Immortels qui auraient le pouvoir de gouverner le monde, le laissent-ils aller en se gardant bien d’en déranger le mécanisme. Leur rôle est tout autre : ils sont tous, du plus grand au plus petit, des instructeurs ; et ce qu’ils enseignent, ce sont les procédés du salut, non pas tant des doctrines ou des croyances que les recettes physiologiques, médicales ou alchimiques qui préparent les fidèles et les rendent dignes de recevoir les précédentes. (pp. 308-309)
Commenter  J’apprécie          10
Tous les livres sur la Chine mentionnent ses trois religions, Confucianisme, Bouddhisme et Taoïsme. Mais s’ils parlent assez bien des deux premières, ils ne mentionnent guère la troisième que pour opposer l’ancien ne philosophie de Laozi aux modernes cérémonies où des sorciers chassent les démons par leurs danses et leurs incantations. Éblouis par le génie de Laozi et de Zhuangzi, les grands philosophes taoïstes de l’antiquité, Chinois et Européens n’ont voulu voir dans la religion taoïste qu’un descendant corrompu et dégénéré de la doctrine des anciens maîtres. Elle fut pourtant bien autre chose, en face de la religion agraire de l’antiquité, qui ne s’occupait que de collectivités, et ne donnait aucune place à l’individu. La religion antique ne s’était occupée que de groupes sociaux. En un temps où le monde chinois était divisé en plusieurs centaines de seigneuries, elle avait été l’ensemble des cultes de la seigneurie, de même que la religion grecque et la religion romaine furent l’ensemble des cultes de la cité. Cette vieille religion s’effondra avec la société seigneuriale. Contre elle, le Taoïsme fut la tentative chinoise de créer une religion personnelle.
Commenter  J’apprécie          00

Video de Henri Maspero (1) Voir plusAjouter une vidéo

François Maspero
- François MASPERO, éditeur : les livres interdits publiés par lui ; la surveillance exercée sur lui par la police ; pourquoi il ne se considère pas comme un révolutionnaire ; comment il conçoit son métier d'éditeur ; son passé de militant de gauche ; ses études ; la mort de son père, Henri MASPERO, à Buchenwald et de son frère dans le maquis ; ses débuts de libraire ; ses origines,...
autres livres classés : taoïsmeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (14) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3190 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}