Que se passerait-il si, un beau jour, Dieu apparaissait sous forme humaine sur Terre ? C'est à cette question que
Marc-Antoine Mathieu tente de répondre.
Dans un monde sur-médiatisé comme le nôtre, il serait sûrement en proie à une foule en liesse, on le scruterait comme une bête curieuse, lui poserait toute sorte de questions, cherchant des preuves de son identité. Puis une fois ce fait attesté, il serait invité dans tous les talk-shows télévisés, publierait des livres rédigés par un nègre, un parc d'attraction serait construit à son nom, chacun cherchant à tirer profit de sa personne et de son prestige pour en définitive le substituer au rôle du Pape. Mais surtout, un immense procès lui serait intenté par les athées, les agnostiques, les dogmatistes, les déistes etc... La folie du cirque médiatique battrait son plein.
C'est une vision très américaine de l'univers médiatique qui nous est livrée ici mais qui n'est pourtant pas si éloigné de nous, européens.
La trame narrative est plutôt astucieuse pour une bande dessinée, s'inspirant de certains films, comme « Citizen Kane » d'Orson Welles par exemple, prenant en effet la forme d'un film documentaire où chaque intervenant raconte son point de vue ou les circonstances de sa rencontre avec ce Dieu qui n'était venu sur Terre uniquement pour pouvoir rire. On avance également, dans ce livre, de façon dialectique puisque chacun émet une thèse différente quant à l'existence de Dieu, du philosophe au sociologue en passant par l'ordinateur H-1. La conclusion n'en est que plus remarquable.
Robert Musil aurait très bien pu inclure cette histoire dans son roman « L'homme sans qualités » car je vois bien Ulrich imaginer, tout comme il l'a fait avec
Platon, Dieu de retour parmi nous à la merci des médias stupides et versatiles.
C'est une sentence sans appel sur la bêtise humaine sous sa forme la plus connue : celle qui mis en place la traite négrière, qui en bon occidental paternaliste colonisa des terres étrangères sans demander l'avis de personne, et j'en passe et des meilleurs. Ou
i, on retrouve un peu cet orgueil de supériorité chez ces personnes peuplant le livre.
Seule la fin (surprenante) est, à mon
sens, un peu décevante mais colle parfaitement au sujet du livre car on imagine très bien de quoi sont capables les publicitaires les plus cyniques pour ramasser un gros pactole de fric.