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EAN : 9782352651932
Editions Revoir (20/03/2022)
5/5   1 notes
Résumé :
Drôle de potée auvergnate... Dessalez une épouse frustrée par la médiocrité de sa vie conjugale, épluchez les comptes d’un petit escroc sur des sites de rencontres à fort potentiel sexuel, blanchissez un joli bouquet d’oseille, plongez un éboueur supporter du Clermont Foot, dans une grande benne à ordures et recouvrez-le de bière. Émincez une avocate en charge des droits des femmes, ajoutez en guise de piment une famille de squatteurs maliens, puis laissez mijoter j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
METTEZ LE MATHOUX DANS LE MOTEUR DU TRACTEUR

Laurent Mathoux c'est les Flying Tractors, du moins en Auvergne. Qui ne connait pas les Flying Tractors ? Uniquement les ignares et les incultes.

Qui n'a jamais vu ou entendu un vol de tracteurs, naturellement planants, passer au-dessus d'une église d'Auvergne ou d'un château fort en ruines du Massif Central ? Uniquement les gens qui ne savent pas que la vie c'est dehors et pas dedans, c'est dans la nature et pas dans leurs lits, c'est les bras ouverts à tout ce qui vit dans le monde et pas les doigts fermés et crispés sur leur bout d'andouillette de 15 centimètres avec lesquels ils ne feront jamais qu'une andouille de deux mètres, comme le père de De Gaulle. Onanisme assassin ! Laissez-les vivre que diable ! Chacun de nos « somes » (de nos hommes ?) de couleur – vous savez les somes chromos, chromiques et chromatiques – a le droit à l'aventure et à rencontrer l'ovule de son choix, dans une botte de foin ou dans sa salle de bain.

Et ne voilà-t-il pas que ces Flying Tractors que j'ai dû entendre à Mauzun lors d'un festival de clowns, arrêtent de s'encaustiquer stérilement le citron et l'un d'eux, un transfuge j'imagine, au nom prédestiné, se prend pour un félin malin, un Mathoux à griffes, le Laurent, et il se lance tout seul dans l'aventure de l'écriture, chromatique j'imagine pour que cela sente bon la peinture, une dimension essentielle de l'art poétiquement prosaïque de ce Mathoux. Et il imagine un Parisien déraciné de son quartier totalement pavé et galeté et il vous le transpose en Auvergne comme s'il n'était qu'une vulgaire patate plantée à dix centimètres de profondeur dans un jardin du côté de Montferrand.

Il est sûr que cet apprenti jardinier qui a oublié que la terre ne donne que ce que pour quoi les tracteurs la défoncent nous entraine dans une histoire sinon sanglante du moins glauque qu'il décrit, notre chat sauvage en ces termes :

« Tristan est un séducteur compulsif et torturé, un spécialiste des amours contrariées. Depuis son adolescence, il fraye dans la capitale comme un poisson dans l'eau jusqu'au jour où une rencontre tourne au cauchemar. Obligé de quitter Paris en urgence, il est muté à Clermont-Ferrand. L'adaptation à la vie provinciale est délicate pour ce citadin insensible aux charmes de la nature. Ses nouveaux amis issus de la communauté des gens du voyage sont tellement particuliers. Sans parler de son voisin motard irascible et barbu... SORTIE été 2017. »

Il ne manque plus qu'Yseult, et la grande histoire d'amour, de viol et de trahison hormonale et sensuelle peut commencer. On est au plus profond de l'horreur médiévale de je ne sais quel Roi Louis ivre mort et pourtant “bois du matin” comme un âne. Et ce fut comme une naissance à goût de renaissance. C'était il y a cinq ans.

Mais les amours féodales ne passent pas toutes seules dans notre société de consommation. Encore faut-il se crowdfunder et notre Félin Malin nous révèle le pot-aux-roses et vous êtes les roses de ce pot de fleurs : « Je vous sollicite à nouveau pour souscrire à mon prochain roman SOUS PRESSION, un thriller de terroir qui va bientôt paraître aux Editions RevoiR. Seulement, il me faut une centaine de préventes pour lancer les rotatives. » Si vous croyez que je vous mène en bateau, vous avez tort car en fait je vous mène en cageot et vous pouvez vérifier que mon information est directement tirée de derrière les fagots, là où justement je planque mes cageots de courgettes et de piments forts du Chili, ou du Pays Basque si vous voulez rester Européen.

Je ne me dois d'ajouter qu'une seule note de l'auteur – voir plus bas – qui me rend un peu frigide, on disait c**ille molle de mon temps en Bordeluche, - car cet auteur s'imaginerait-il qu'on perdrait du temps à vouloir le psychanalyser? Pourquoi pas aussi par-dessus le marché et en prime gratuite . . . bof ! Quoi au juste ? Peu importe ?

« Note de l'auteur : Je voudrais mettre à l'aise les futurs(res) lecteurs(trices) de ce roman. S'il est écrit à la première personne, il ne repose en aucune manière sur mon vécu. Contrairement au personnage de ce récit, j'ai des parents aimants et attentionnés, mon épouse est formidable et mes amis sont tout à fait fréquentables. »

Peut mieux faire, mon frère, et franchement nous n'en avons rien à cirer – et vous savez ce que cirer veut dire – que vos amis prennent une douche tous les deux jours, se parfument comme le Roi Soleil et soient des amours mignons comme des petits marquis au lit de Molière un jour de banquet à Auteuil (voir Jean-Marie Besset pour les détails en perversité). C'était il y a deux ou trois ans. Mais c'est que l'auteur a plus d'une corde à sa guitare et plus d'un stylo dans sa poche d'ordinateur.

Et donc voilà-t-il pas qu'en 2022, le Mathoux félin nous commet un troisième crime de lèse-bourgeoisie Clermontoise. C'est À la limite du hors-jeu, Mais comme toujours avec ce tigre auvergnat, tout commence en musique avec un vol d'engins à quatre roues, deux énormes et deux moins grosses, et plein de trucs que cela tracte derrière. J'ai bien dit, les Flying Tractors ou est-ce les Flying Tracteurs ? Ce fut à Mur-sur-Allier le samedi 26 mars, 2022, en plein redémarrage de notre chère pandémie. Confinement juste après l'élection présidentielle, ou juste après les élections parlementaires si le Parlement est dissout le dimanche soir du deuxième tour.

Les Flying Tractors, sans francisation, ce qui est un crime de lèse-Jacques Toubon, sont de retour avec et dans la musique populaire mise en forme rock, style paille et paillasson.

Populaire en Auvergne veut dire rural rustique nostalgique pour les Auvergnats qui n'ont pas touché une bèche, une faux, ni même un tracteur depuis au moins cinquante ans, s'il y avait déjà des tracteurs en Auvergne il y a cinquante ans.

Alors on oscille, vacille et bacille dans du rock paille et foin, du jazz rège et mitan de chaque rège – vous ne croyez pas si bien dire car la mi-temps dans ce nouveau roman paysan de la ville clermontoise est vraiment au mitan de l'histoire – et chaque rège en mitan ou en entier se syncope d'emblée avec la suivante après que la précédente l'ait syncopée comme une malpropre. On ajoute un peu d'accordéon à la Yvette Azzola ou au Marcel Horner, ou tout autre clavier à bretelles, pour faire les raccords et les soudures entre les poutres et les armatures bétonnées de cette structure en forme d'étable à gibier sauvage, justement les Auvergnats paysans de la ville, et même parfois pire encore les Auvergnats paysans du Fonds Régional d'Art Contemporain – FRAC pour les intimes – en gestation architecturale à Ballainvilliers.

L'important est dans la distort langagière sur fond de batterie à rythme et de cuivres en concoction de fanfare mortuaire pour un monde qui n'en finit pas de moribondiser dans son coin panégyrique ou pandémique, au choix. Il y en aura pour tous les goûts de ce service de COVID-19 à la table dans cette sortie exceptionnelle entre deux confinements ou confinations du confinement qui n'en finira jamais de continuer à se continuer de se confiner à confiner.

Et on vous dit que le rock paysan ne casse rien comparé à ce COVID-19 qui a officiellement tué un million de personnes aux USA, et si on considère la dissimulation qui va de pair et de paire avec nos faux-frères atlantiques, ils ont dû dépasser le million et demi, peut-être deux millions. Aux USA ils sont en train de comptabiliser les baisses de population dans les états en découvrant que depuis deux ans le nombre total des décès est supérieur au nombre total des naissances. Une excellente nouvelle pour les immigrants sans papiers.

Dans cette lumière, oui, le rock paysans même avec Flying Tractors dans les cieux et autres drones pseudos pacifiques, ne casse pas grand-chose, sinon quelques briques. Mais c'est reposant, quelque part, de sentir le volètement des guêpes de nos jardins et les morsures des moustiques de nos rivières. Et justement « Aljoschka, la copine de Dimitri, peut-IL (c'est bien dans le script de la chanson distribué au public) bien attendre Cité Lénine le retour de son p'tit gars parti couper du bois dans la taïga. » Queer, non, ne pensez-vous pas ? Franchement interlope gay, mais c'est russe, alors… !

Et c'est dans ce terreau que le nouveau roman se plante, pousse ses racines, et fructifie. Fructifie quoi, au juste ? Je vais vous le dire dans une instant. Pour le moment c'est la mi-temps.

Mais, mi-temps ou pas mi-temps, il est temps de parler, de ce dernier roman, qui se veut de suspense policier-criminel. Une erreur me semble-t-il sur les services de police et gendarmerie à Thiers. Près du centre historique et du centre piétonnier c'est la Police Nationale. La Gendarmerie est en bas dans la plaine. Mais c'est courant de mélanger les trois niveaux de Thiers, sinon plus. Au-dessus de la gare SNCF, entre la gare SNCF et le rempart, et la plaine qui inclut Matussière et un lycée en plus d'une plaine des sports, et la Gendarmerie.

Je suis assez indifférent avec cette fixation sports chez pas mal de Clermontois et Puy-Dômois qui ne va plus loin que de devenir des supporters obsessifs soit du football, soit du rugby, mais 99,99% de ces fans ne pratiquent souvent aucun sport réel, sinon le sport de canapé ou la bronzette sur gazon.

L'histoire par contre se tient bien. Les personnages sont crédibles, même les plus criminels, y compris les/le marabout/s malien ou autre africain. L'avocate est assez sympathique, même si son obsession femme en voie de libération est aussi excessive que la fixation obsessionnelle-compulsive sur le football. Oh oui, elle touche quelques cas sensibles de violence contre les femmes et contre les enfants, violences d'abord et avant tout matrimoniales, domestiques, conjugales et parentales. Nous qui sommes ou avons été sur le terrain nous connaissons tous des cas que l'on ne doit surtout pas évoquer en public. Il est facile de repérer quelques « symptômes ou syndromes de l'enfant battu. Un n'a pas de sens. C'est une alerte. Deux, cela devient inquiétant. Trois, engagez une procédure. L'ennui c'est que la plupart des enseignants, soit se murent dans une surdité et cécité obstinée, soit déplacent le mal et accuse l'enseignant qui fait son métier avec empathie d'être TROP proche et donc d'être pervers. L'obstination de l'administration parfois devient si absurde que ces enseignants ont toutes les raisons de sortir de l'institution.

Mathoux évoque ces cas avec empathie justement, un ton juste, une vision humaine, mais sans aller parfois jusqu'au fond des choses avec une sorte de préjugé qui court très bien de chapitre en chapitre. Ses personnages semblent privilégier la faute de l'homme quand la femme – qui n'a pas de profession – s'ennuie à la maison. Comme on la comprend, cette femme qui s'ennuie ! Mais aussi comme on la plaint qui ne sait pas que la vie sans une profession c'est une journée sans soleil ou un repas sans pain ou sans fibre. Cela mène à la constipation. Il y a peut-être aussi le mythe de la femme qui a une profession et qui ne sait pas voir que les professions de l'homme et de la femme dans un couple peuvent être fort différentes et que il est difficile d'échanger de façon détaillée les expériences quotidiennes du métier d'avocat et du métier de peintre en bâtiment ou du métier de compositeur de musique symphonique ou de jouer de viole de gambe.

Le livre contient quinze références musicales avec quinze QR pour les trouver sur son smartphone. C'est intéressant, même si les références sont pour la plupart bien connues et très faciles à trouver sur YouTube par exemple. Mais je ne crois pas que lire avec un fond musical rende justice à ce que l'on lit ou à ce que l'on écoute. Mais c'est un goût personnel. Je n'arrive pas à faire comprendre à Amazon que l'on peut utiliser leur application Amazon Music et ne pas utiliser le streaming car d'une part, je ne pratique pas la musique en faisant autre chose, car cela devient alors du bruit, du noise comme on dit en musique justement, et secundo, je ne pratique pas autre chose en écoutant de la musique. le pluri-tâche n'est pas bon pour la concentration en profondeur sur toutes ces tâches mêlées.

Sans vouloir en aucune façon révéler le dénouement, « Plus noir que ça, tu meurs », je trouve l'histoire suffisamment bien ficelée pour relever du Festival du Roman Noir et Social de Vitry-sur-Seine au mois de décembre. Mathoux devrait contacter la mairie de Vitry, adjoint à la culture et l'animation, ou bien l'Association de Vitry, Livres en Luttes, rue Guy Môquet, et leur page Facebook, facebook.com/livresenluttes/. Il pourrait même négocier une animation musicale tout aussi noire et sociale avec les Tracteurs Volants, en français dans ce texte par homme à Jacques Toubon.

Conclure sans déflorer et donc sans violenter le livre n'est pas facile. Disons que Laurent Mathoux atteint dans certains chapitres l'universalité sur la façon dont nos sociétés occidentales sont totalement à la fois enchaînées et dispersées dans une myriade d'activités aliénantes, professionnelles ou de loisir, qui n'ont souvent aucune relation les unes avec les autres. Mais bien sûr Laurent Mathoux a le doit de me demander pourquoi je suis allé à son concert, pourquoi j'ai acheté son livre en souscription, pourquoi j'ai lu son livre en moins de deux jours et pourquoi j'écris sur son livre alors que j'ai une date butoir proche sur « les formes quasi-nominales en Pali, la langue du Bouddhisme theravada » pour une conférence internationale. Mais c'est justement cela que la plupart des gens ne savent pas faire : mener de front plusieurs activités qui ne s'articulent pas aisément les unes sur les autres. Nos sociétés sont des sociétés fortement compartimentées avec blindage entre les compartiments. Et l'Auvergne est tout à fait à niveau international, surtout que le numéro 1 mondial du câble blindé de haute sécurité est une entreprise d'Ambert.

Lisez donc ces livres, et quelques autres. Mathoux risque fort de laisser une trace derrière lu, un sillon pour en rester en ce qui nous concerne aux Flying Tractors.

De. Jacques COULARDEAU

Lien : https://jacquescoulardeau.me..
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