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EAN : 9782847052787
80 pages
Espaces 34 (19/05/2022)
2.25/5   6 notes
Résumé :
Un homme décide de fonder une nation dans son propre appartement. Sa mère, qui adhère à son délire, y trouve refuge, suivie par trois étrangers tandis que, de l’autre côté du mur, une voisine les observe de près.

Sur fond de liens sociaux et familiaux pervertis, chacun cherche un chemin entre solitude et inquiétude existentielle.

Un fils formidable passe sans cesse du rire à la noirceur, faisant la part belle à l’imagination, et propose... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Dans cette pièce moderne à six personnages, un jeune Japonais a décidé de créer une Nation chez lui et pour lui seul, ou presque. Sa mère, veuve, et bien trop proche de son fils, n'y voit pas grand-chose à redire. Un homme de passage, qui a tout d'un marchand ambulant, avec bosse du commerce et réponse à tout, ainsi qu'une voisine vont se pointer, auxquels s'ajoutent une jeune femme ("La jeune soeur", martyre de sa boîte et invitée à le rejoindre en son nouveau royaume par Tadashi, ainsi que son grand frère).

Va s'ensuivre une histoire apparemment sans queue ni tête, mais bien plus subtile qu'il n'y paraît. Les relations hommes-femmes, y compris incestueuses, sont largement envisagées. Il se trouve que maman Tadashi apprécie de s'occuper du kiki de son grand fils, qui l'a pourtant chargée de lui trouver une copine. Elle pense bien pour remplir ce rôle à la voisine, apparemment pas si jeune non plus mais bien comme il faut, elle qui pense que la "jeune soeur" est un peu olé-olé, pour jouer également à touche-touche avec son grand frère. Autant dire qu'en matière de morale, c'est un peu l'hôpital qui se fout de la charité...Heureusement, son mental pourrait bien être sauvé du déraillement par l'homme de passage, qui l'a hameçonnée (au propre, allez comprendre !). Quant aux jeunes, ils ont la manie de s'emmailloter dans un tissu comme dans un cocon !

Sans prétendre avoir tout compris, loin s'en faut, il me semble que les thématiques envisagées sous forme assez allusive, en 60 pages très aérées, sont néanmoins très riches. Au-delà du sujet très visible de l'inceste, elles dévoilent pour partie des déviances plus répandues au Japon qu'ailleurs.
En premier lieu, le goût des jeunes pour la solitude maladive (les hikikomori et leur cocon), leur difficulté à aller vers l'autre sexe (peu de mariages, peu d'enfants, peu de relations sexuelles en couple), voire même à préférer jouer et dormir jusque tard en âge avec ses peluches (serait-ce une légère moquerie en rapport avec les personnages d'animés omniprésents dans la vie des Japonais, même chez les adultes ?). Car au royaume de Tadashi, ses sujets sont des dizaines de figurines et de peluches. Ces jeunes s'enferment, doivent supporter une mère possessive, perdent pied avec la réalité, et parfois jouent du couteau pour provoquer un drame familial (le grand frère). Sans compter les moqueries qu'ils peuvent subir à l'école, qui vire parfois au harcèlement (voir la citation sur la maman trop poudrée et les WC).
Le cas de la jeune soeur est aussi très remarquable : elle subit un calvaire dans son entreprise, où elle se fait exploiter, engueuler, ce qui l'oblige à se faire traiter psychologiquement, et ne se fait aucune illusion sur le fait qu'en couple avec Tadashi elle serait maltraitée par un macho, à se taper toutes les tâches ménagères (pour preuve les lessives incessantes de la voisine, bien lasse !), classique au Japon. En même temps, en femme Japonaise soumise, elle se dit prête à accepter cette situation, voire même à être traitée comme un chat, d'ailleurs elle ne cesse plus de miauler à la fin...
Quant à l'homme, qui semble être un peu nomade, il vante le fait de parcourir le monde pour enrichir son expérience, quand Tadashi affirme en parlant de son royaume que "ce pays dépend encore du Japon pour l'eau et l'électricité. Mais je ferai tout pour qu'il soit autonome et heureux", dit-il. de quoi critiquer la mentalité tenace d'enfermement sur lui-même du pays, et plus en filigrane un manque d'aération démocratique.

Avec autant de thèmes en filigrane, il m'est difficile de suivre la plupart des avis exprimés ici, très durs. Il est vrai qu'au premier abord, la pièce semble hermétique et aride, penchant vers le théâtre de l'absurde, dont nous avons eu de célèbres auteurs en Europe. Mais personnellement, j'y ai plutôt trouvé mon compte, c'est plutôt bien senti, intelligent, et tout-à-fait digne d'intérêt. Et vu la concision du texte, il est tout à fait aisé de le relire !
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Bel objet, beau papier brillant, encre noire lumineuse.
Pour le reste, je n'ai pas été séduit. Cela se veut moderne et original, mais ça m'a paru trop décalé, de l'absurde qui ne débouche sur pas grand chose. Il y a pire : les allusions très gênantes sur les relation mère-fils tout à fait déplacées. Certes, le fils s'offusque, mais ça ne suffit pas. J'imagine la gêne du public, depuis la prof de français jusqu'aux mères accompagnatrices.
Bref, je ne vois pas trop le public cible.
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Livre reçu dans le cadre de m'opération masse critique, j'attendais beaucoup de cette lecture: je n'avais pas lu de pièce de théâtre depuis quelques années et le côté totalement décalé et absurde de l'histoire m'attirait ( un fils qui forme un état indépendant dans le logement de sa mère. La pièce se lit facilement et rapidement, mais je pense qu'il y a derrière une symbolique, difficilement appréhendable pour une européenne ( en tout cas pour moi). On y évoque les familles dysfonctionnelles et l'appartenance à une nation, mais rien n'est expliqué, ni même évoqué. En règle générale, j'apprécie l'absurde ou l'étrange en littérature, j'aime le côté fantastique, merveilleux, drôle ou critique de ce type d'ouvrage. Dans le cadre de cette pièce, on est dans la dernière catégorie, en fait je le suppose, parce que je n'ai pas compris ce que l'auteur essayait réellement de dénoncer ou de prouver. J'ai la même sensation que lorsque que l'on visite un musée d'art moderne, il suffit de quelques coups de pinceaux en plus ou en moins, pour qu'un tableau nous apparaisse soit comme un chef d'oeuvre , soit comme une escroquerie ( je n'ai pas trouvé de terme plus approprié), alors que ce sera l'inverse pour le visiteur suivant. Je ne dirai pas que cette pièce est une escroquerie, mais c'est loin d'être un chef d'oeuvre pour moi,. Mais comme pour le tableau dont je parlais ci-dessus, je suis sûre que certains trouveront cette pièce formidable Je n'ai pas eu le sentiment de perdre mon temps en lisant cette pièce et je n'ai pas été tentée d'abandonner parce que j'espérais finir par comprendre ce que l'auteur essayait de nous dire et que la pièce est vraiment très courte. D'ici quelques mois j'essaierai sûrement de le aelire, afin de déterminer si je comprends mieux la symbolique des situations et des dialogues, mais ce sera sûrement en vain.
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Tadashi a décidé d'établir les fondations d'une nouvelle nation au sein même de son lieu de résidence. Sa mère adoube immédiatement Tadashi. Celle-ci adhère totalement à l'utopie de son fils. Trois étrangers de passage vont à leur tour s'affilier à cet étonnant projet ; quand une des voisines va tenter de surveiller tout ce petit monde d'assez près.

Les relations mère/fils et frère/soeur sont très déroutantes et malaisantes.
Le fils qui vit dans son monde imaginaire peuplé de peluches et qui mène son monde à la baguette, soutenu indéfectiblement par sa mère qui vante à tout va ses mérites, va néanmoins essayer de couper le cordon à la recherche de sa "reine" ; lassé de sa propre mère dans ce rôle.
Le grand frère et la jeune soeur dont la relation est fusionnelle et névrosée, achève d'apposer le sceau du dysfonctionnement familial à cette pièce.
L'homme et la voisine servent malencontreusement de témoins à ces délires filiaux et vont chacun choisir leur camp.

On vogue entre utopie et cauchemar, dans une famille imaginaire, dénonçant peut-être une certaine vision des dérives de la société contemporaine japonaise.

Une pièce sidérante et ambiguë, aux dialogues ciselés et acérés qui nous offre un sacré voyage dans les travers de l'humain, entre espoir et déni. Une oeuvre inoubliable.
Le talent de Shû Matsui est magistral. Un talent qu'il est urgent de découvrir !
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Première pièce de théâtre japonaise que je lis et il a fallu que tombe sur de l'absurde. Je n'ai pas lu le résumé pour ne pas trop en savoir. Je n'y ai pas compris grand-chose…trop d'absurde tue l'absurde… quelques thèmes sont évoqués tels que l'inceste, l'amour obsessionnel d'une mère pour son fils. Beaucoup de passages tournent autour des relations familiales surtout la relation mère-fils mais aussi soeur-frère. Je ne peux pas dire que j'ai apprécié cette pièce car je n'ai rien compris et suis restée hermétique à l'ambiance.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
LA JEUNE SOEUR ─ En attendant, je fais quoi ? Lui et moi, on ne faisait qu'un. On comptait mener une existence discrète, en se consolant mutuellement.

TADASHI ─ Tu peux te reposer sur moi, si tu veux...

LA JEUNE SOEUR ─ Non. Mais...je veux bien sortir avec vous.

TADASHI ─ Il ne faut pas te forcer...

LA JEUNE SOEUR ─ Si. Je vais me marier et travailler comme une esclave.

TADASHI ─ Je ne t'imposerai pas une chose pareille.

LA JEUNE SOEUR ─ Si, je le sais. Mais ça me va. Vous m'insulterez, je serai votre marionnette, et à la fin je ne sentirai même plus la douleur. Il le faut.

TADASHI ─ Tu me prends pour un monstre, ou quoi ?

LA JEUNE SOEUR ─ Vous êtes fâché ?

TADASHI ─ Te fous pas de moi !

LA JEUNE SOEUR ─ Voilà. Je vais sortir avec vous en jetant de l'huile sur le feu, comme ça. Jamais je n'ouvrirai mon coeur. Car il appartient à mon frère.

TADASHI ─ Je ne sortirai pas avec toi.

LA JEUNE SOEUR ─ Si. Parce qu'on est pareils.

TADASHI ─ En quoi ?

LA JEUNE SOEUR ─ On n'arrive pas à accepter la réalité.

TADASHI ─ Je ne suis pas comme toi.

LA JEUNE SOEUR ─ Si. Alors autant vivre en feignant d'accepter la réalité, non ?

TADASHI ─ La réalité, c'est moi. Je suis la réalité.

LA JEUNE SOEUR ─ Voilà, vous vous mentez. Tout le monde fait ça, après tout. Parfois, c'est parce qu'on se ment que les relations parviennent à durer. Je compte faire le nécessaire pour pouvoir commencer, non sans effort, à vous aimer. Alors faites-en autant.
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TADASHI ─ Tu sais comment mes copains m'appelaient ? Le "fils de la vieille poudrée". Ils chantaient à tue-tête devant moi : "La vieille poudrée est arrivée, elle a surgi des W.C. ! Elle court avec ardeur, après le professeur et le directeur. C'est tes nouveaux papas, ouh là là !"
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L'HOMME ─ Parcourir le monde, c'est goûter le monde. C'est ainsi que j'ai compris une chose : ce qui est bon n'est pas simple. ça résiste sous la dent, ça exhale une odeur forte ; l'amer, l'épicé et le doux cohabitent. L'expression "connaître la douceur et l'amertume de la vie" est très juste. La saveur, c'est l'expérience. Sans expérience, on ne comprend pas la saveur.
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J'ai fondé une nation. Ici tout va bien. Tadashi.
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Chez moi, on en fourre dans toutes les galettes, et ...( Elle se met à chanter). Hop la tchou tchou, hop la hop.. La cigale se transmets de la bouche à la bouche. Celui à qui tu la donnes devient ton gardien.
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