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sur 301 notes
J'irai droit au but : voici un roman comme je les aime ! Un roman généreux, un roman qui voit grand et qui a du souffle, un roman qui nous ouvre les portes du monde, tout en invitant à réfléchir sur sa nature et sur notre place en son sein.

En nous projetant successivement dans la vie de quatorze personnages saisis en divers points du globe, Laurent Mauvignier nous offre des instantanés qui composent comme un vaste portrait de notre monde.
Loin d'apparaître comme un patchwork hétéroclite et désordonné, ce récit prend au contraire une profonde cohérence par le truchement d'un événement dramatique relayé en temps réel par les médias de tous les continents. le livre s'ouvre en effet en mars 2011 au Japon sur la catastrophe de Fukushima, dont les autres personnages vont avoir connaissance - ou pas, s'ils sont eux-mêmes happés par des événements graves d'ordre personnel ou collectif - et qui va les toucher - ou pas.

Ce faisant, Mauvignier distille de nombreux éléments révélant à quel point nous vivons dans un monde de plus en plus globalisé, avec des références culturelles et commerciales communes, et où les pays émergents ne sont guère plus que des bassins de ressources mises à la disposition des pays riches, soit en constituant le décor paradisiaque des vacances de leurs habitants, soit en fournissant une main-d'oeuvre bon marché qui permettra aux multinationales de toujours plus prospérer. Qu'il s'agisse du clown offrant son piètre sourire à l'entrée des MacDo, des baskets Nike que l'on voit jusqu'aux pieds d'Africains vivant dans des villages traditionnels, des parcs d'attraction Disney ou des iPhone qui permettent de téléphoner, prendre des photos aussi bien que d'écouter de la musique, ce sont autant de produits qui parlent à chacun de nous, qu'on y ait financièrement accès ou non, d'ailleurs, et qui participent d'une certaine uniformisation du monde.

La structure du texte traduit parfaitement cette notion de mondialisation : nul chapitre, pas de césure, pas de frontière nette. Seule la reproduction d'une photo en noir et blanc permet de repérer visuellement le tournant pris par le récit, très habilement construit sur des fondus-enchaînés.

Tout y est : la vaste palette des sentiments et des comportements humains, les petits gestes de la vie quotidienne aussi bien que les conflits internationaux, dont les moindres détails nous sont livrés chaque jour à la radio, à la télévision ou dans les journaux. C'est pourquoi on entre si facilement dans ce livre où tout nous semble si familier.

Avec pour matériau l'infinie diversité du monde, Mauvignier parvient à composer une image cohérente et saisissante, souvent touchante, parfois bouleversante et toujours empreinte d'humanité. Servi par une écriture précise et fluide, ce roman tout à la fois ambitieux et humble s'adresse à chacun d'entre nous. Il serait vraiment dommage de passer à côté !

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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«On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait.» (Nicolas Bouvier, cité en épigraphe)

Le neuvième roman de Laurent Mauvignier paru en septembre 2014 aux éditions de Minuit avance comme une vague d'un personnage à l'autre, racontant des fragments de vie de quatorze personnages dans toutes les régions du monde, qui ne partagent rien si ce n'est le moment du récit, autour du 11 mars 2011, date du tsunami à Fukushima.
Les protagonistes d'«Autour du monde», pris dans le mouvement perpétuel d'une société globale devenue si creuse, semblent par moments rechercher un point fixe dans leurs racines, en se demandant par exemple à l'instar du mexicain Guillermo en voyage au Japon : «Quelle heure il peut être chez moi ?»

Mais il ne faut rechercher ici aucun écho d'un portrait à l'autre, les histoires n'ont volontairement aucun lien entre elles. Surfant sur les questions de la mondialisation et d'une société humaine uniformisée par les voyages et le tourisme de masse, la lecture d'«Autour du monde» semble soulever si peu de questions, que le lecteur se demande si ce vide-là n'est pas le reflet de cette évidence, l'effondrement de la pensée dans une société mondialisée où la solitude des hommes est si grande.

Par moments l'écriture est belle et les personnages prennent en quelques pages une profondeur charnelle, comme autant d'amorces de romans, puis on glisse dans le portrait suivant dans un bain moussant de clichés qui nous laisse, lecteur déçu, dans le creux de la vague.

«Depuis trois semaines qu'il est parti de Mexico, Guillermo a passé son temps à parcourir seul le sud et l'ouest du Japon, et, à force de passer d'une ville à l'autre, d'un village à l'autre, il ne sait plus trop où il est. Dans un pays où la langue est aussi abstraite qu'une toile de Pollock, une langue qui lui semble ne pas avoir de grammaire, d'ordre établi, qui parle par éclats explosant à ses oreilles comme des milliers de faisceaux lumineux irradiant l'espace dans tous les sens, il se dit que c'est aussi mystérieux et poétique que la forme parfaite d'un cercle.»

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Nous ne sommes pas seuls. L'itinéraire ici proposé a comme toile de fond le tsunami du 11 mars 2013, seul lien entre les différents personnages. Ils ne se connaissent pas. Ils assistent (ou non) à la catastrophe au hasard des journaux d'informations, sont concernés (ou pas). Ainsi va la vie et le spectacle du monde s'affiche en simultané tout autour de la planète.
Toutes ces vies s'enchaînent les unes aux autres, au détour d'une phrase. le voyage qui en découle nous donne le don d'ubiquité, d'assister à ces multiples tranches de vie qui peuplent la Terre. J'entends le bruit de la rue et, à cet instant, partout où j'ai séjourné, la vie continue, sans moi.
Ou étais-je, ce 11 mars 2013 ?
Je peux m'immiscer sans déranger dans le cours de ce roman, ajouter un paragraphe: rien de marquant ce jour-là dans ma modeste existence, seule, une vague géante a marqué les esprits, sans changer ma vie.
La fluidité du récit est d'autant plus remarquable que la diversité des situations évoquées est forte.
A lire.
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Une amie m'avait conseillé « Continuer », autre roman du même auteur, mais à la bibliothèque il n'y était pas ; par curiosité, j'ai donc emprunté celui-ci. Je suis un peu déçu, certes l'écriture est limpide, précise et vivante. Mais ce texte n'est pas vraiment un roman, c'est plutôt un recueil de nouvelles, dont le fil conducteur serait le tsunami qui provoqua la catastrophe de Fukushima le 11 mars 2011. Sauf que ce lien ne sert que de fondu-enchainé pour passer d'une histoire à une autre, et tous ces récits de vie sont très différents les uns des autres ... en apparence (Une rencontre lors d'une croisière en mer du Nord, le safari en Tanzanie de riches australiens, un couple illégitime à Rome, une attaque de pirates dans le golfe d'Aden, des vieux ritals qui veulent gagner au Casino, un autostoppeur qui rejoint son frère en Floride ... En tout, une quinzaine de tranches de vie). Alors il faut chercher un autre lien entre ces histoires. Peut-être est-ce « l'ultra moderne solitude » et son synonyme : le manque d'amour ? Où serait-ce la complexité des rapports humains toujours et partout, l'incompréhension mutuelle, nos peurs obscures et nos égos quelque soit notre langue, notre culture, notre pays ; Que l'on soit pauvre ou riche, homme ou femme ? Nous sommes tous des enfants face au tumulte du monde et à nos inquiétudes intimes ; comme cette petite japonaise en vacances à Paris dont l'histoire clos ce roman, et à qui l'on cache la catastrophe pour ne pas lui avouer la mort certaine de ses grands-parents. Finalement un beau roman mais un peu inégal, comme le monde qu'il dépeint. Allez, salut ; Et bonnes vacances à tous.
P.S. Avec la même ambition de raconter le monde en une seule journée Olivier Rolin a écrit un merveilleux roman ; L'Invention du monde, une somme affolante sombre et drôle qui raconte le 21 juin 1989 dans le monde. Je vous le recommande vivement.
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Partant du tsunami qui ravagea les côtes japonaises en 2011, Laurent Mauvignier décline quatorze tranches de vies autour du monde, plus ou moins reliées par l'événement.
Plutôt moins que plus d'ailleurs, car si le tsunami est bien au coeur de la première et de la dernière histoire, les autres n'y sont reliées que par l'écho que les personnages en reçoivent par les médias, voire ne perçoivent pas du tout, tout occupés qu'ils sont d'eux-mêmes et d'eux seuls, qui en Russie, qui en mer, qui en Thailande, qui en Tanzanie, qui aux Etats-Unis...

La forme de ce roman est assez déroutante, passant sans crier gare en quelques courtes lignes de transition d'une scène de vie à l'autre, et il faut accepter le principe qu'une histoire laisse la place à la suivante sans aller jusqu'à son dénouement.

Mais une fois passé cet écueil, et si l'on accepte de se laisser porter comme par une vague d'une scène à l'autre et de se couler dans la profondeur propre à chacune, ce roman a quelque chose d'assez envoutant. La qualité de l'écriture amplifie la perte de repères, et on le referme sur un point non final avec le sentiment d'avoir vécu une expérience littéraire originale et enrichissante.

J'ai particulièrement aimé le clin d'oeil à Houellebecq dans la scène sur le bateau de croisière, ainsi que l'ultime rencontre amoureuse entre deux hommes en Russie pendant que l'un deux est en train de devenir père.
La dernière scène (ou tranche de vie? ou nouvelle? je n'arrive pas à me décider sur le bon terme), où une petite fille japonaise à Paris cherche à communiquer avec sa grand-mère emportée par la vague dans son village à l'autre bout du monde, est particulièrement belle.
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Comme toujours chez Mauvignier, l'audace est au rendes-vous; Après les poignants 'Dans la Foule' (drame du Heysel) et 'Des Hommes' (l'Algérie), il évoque le tsunami japonais d'une façon très novatrice. Une cinquantaine de destins de personnages tout autour de la planète qui n'ont qu'une seule chose en commun, celle de se passer ce fameux 11 mars. Non pas au Japon, mais partout autour du monde. Et une question naît, petit à petit: qui sommes-nous et que sont nos destins face aux ravages de la nature? Un beau livre, assez déconcertant au début, mais dont la beauté de certaines histoires courtes est indiscutable.
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J'ai vraiment beaucoup aimé la manière dont l'intrigue est ficelée. Partant de l'accident nucléaire de Fukushima, l'auteur nous emmène dans plusieurs endroits du monde pour suivre le vie de differentes personnes à ce moment là. Il y a comme une résonance entre toutes ses tranches de vie.
Où l'on decouvre que partout autour du monde, l'humanité a les mêmes préoccupations, les mêmes problèmes à résoudre... Ce qui met nos existences sur un pied d'égalité. Une sorte d'humanisme émerge de ce roman très bien construit, qui se lit d'une traite d'un bout à l'autre.
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N°1738 – Avril 2023

Autour du mondeLaurent Mauvignier – Les éditions de Minuit.

Avec ce titre à la Blaise Cendras, l'auteur nous entraîne dans des fragments de vie de quatorze personnages repartis dans divers pays du monde qui n'ont aucun lien entre eux, ne se connaissent même pas et qui n'ont que pour point commun que le tsunami de Fukushima du 22 mars 2011 qui porte la mort en lui, c'est assez dire la fragilité de la vie face à la puissance destructrice de la nature.
Ces personnages sont toujours en mouvement, comme pris dans une sorte de maelström d'une société vide de sens, uniformisée, sans aucune originalité surtout caractérisée par la solitude malgré l'agitation, les expériences individuelles, l'amour et la guerre, un peu comme si chacune de ces séquences se résumait à une sorte de carte postale comme les images qui accompagnent chaque récit. J'ai eu un peu de mal a entrer dans cette lecture, certes on passe d'un univers à l'autre, de la Russie à l'Afrique, de New York à Paris, les histoires sont différentes et n'ont aucun point commun, tout comme les personnages qui les font vivre, le seul lien étant la catastrophe du Japon. On peut peut-être regretter de ne pas en savoir davantage sur tous ceux qui nous sont ainsi présentés l'espace de quelques pages puisqu'ils s'effacent ainsi trop rapidement aux yeux du lecteur. C'est sans doute l'effet recherché par l'auteur qui, au départ avait souhaité évoquer un jardin public avec des gens qui s'y croisent avec chacun son histoire, sa tranche de vie, ses expériences, tout en commentant l'actualité parfois cruelle comme un fait divers, le monde prenant la place du simple square.
Mon allusion à Cendrars n'était pas fortuite puisque il a lui-même indiqué que ce qui importait à ses yeux c'était moins le voyage qu'il relatait dans « La prose du transsibérien » que ce que le lecteur pouvait éprouver à sa lecture, ce qui rejoint la phrase de Nicolas Bouvier notée en exergue « On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait ou vous défait »
Comme toujours le style est fluide et agréable à lire, les transitions entre les histoires sont subtiles et le miroir dans lequel se reflète le monde, sans concession.
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Inhabituel cet ouvrage. Une suite d'histoires personnelles, dramatiques ou bouleversantes qui se déroulent toutes le jour où le Tsunami de mars 2011 ravage les côtes nippones.
Pour moi, il s'agit de 14 nouvelles qui traitent de sujets très différents mais dont le fil conducteur est à chaque fois un évènement qui balaye tout sur son passage.
C'est un bon livre mais j'ai du me discipliner pour en faire la lecture et me contenter d'une histoire par jour pour bien m'imprégner de chaque nouvelle. Les frontières entre les histoires et les personnages étant tellement floues qu'on pourrait se laisser engloutir très rapidement dans ce récit.
Certainement pas une lecture coup de coeur, mais une bonne lecture.
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Ce pourrait être un recueil de nouvelles mais "Autour du monde" est bien plus que cela. Laurent Mauvignier, pour son dixième roman, a réalisé une oeuvre littéraire pleine et captivante car les tranches de vies qui se succèdent ont un lien : le terrible tremblement de terre suivi d'un tsunami qui a ravagé une partie du Japon, le 11 mars 2011.
Avec une fluidité remarquable, l'auteur fait passer son lecteur du Japon en mer du Nord puis aux Bahamas, en Israël, à Moscou, au Canada, en Tanzanie, à Rome, au large de la Somalie, au nord de l'Italie près de la frontière slovène, en Thaïlande, aux États-unis et à Paris avec une famille japonaise qui ne peut pas rentrer à cause de la catastrophe, bouclant ainsi ce tour du monde fait de destins allant du plus ordinaire au plus extraordinaire.
Tout cela est mené avec un style efficace, très prenant, par un écrivain possédant un sens du détail très poussé. Yûko et son ami mexicain, Guillermo, ouvrent le récit « Dans un pays où la langue est aussi abstraite qu'une toile de Pollock, une langue qui lui semble ne pas avoir de grammaire, d'ordre établi. » Une avalanche de verbes traduit l'effet de cette vague immense qui dévaste tout : « L'eau va étriller, écraser, déporter. L'eau va tout envahir. Se répandre, répandre sa marée noire de boue… L'eau qui monte. Qui avale et prend tout. » Plus loin, il parle « d'un festin amer et monstrueux. »
Salma à Jérusalem, sur la terre de ses grands-parents, découvre la vie quotidienne des Palestiniens lors d'un passage au check-point : humiliations, brimades, fouilles systématiques, désespoir mais aussi misère derrière ce mur censé protéger Israël des terroristes.
Impossible de passer sous silence les retrouvailles entre Syafiq et Stas, à Moscou, une scène extraordinaire, cascade de mots, d'actions pour deux hommes qui font l'amour. À Dubaï, M. Arroyo, originaire des Philippines, travaille dans un hôtel au service des « touristes qui vivent leur rêve en venant dans un pays qui est une bulle de savon sophistiquée, fragile et improbable. »
Le safari en Tanzanie de ces riches Australiens révèle un comportement odieux puis voilà Rome avec Peter et Fancy : « Rome, on y vient même un peu pour désirer ce retour, organiser la nostalgie qu'on aura bientôt et qui pointe son nez avant d'être reparti. » Après avoir laissé Juan et Paula, sur leur catamaran, aux prises avec les pirates Somaliens, c'est l'histoire édifiante de Giorgio et Ernesto, deux retraités italiens qui rêvent de remporter le jackpot dans un casino, en Slovénie : « Des excès ? Quels excès ? On rejoue et on perd et on gagne, à la fin on reperd indifféremment tout et même plus encore. »
Enfin, l'auteur nous offre le road-movie de Vince, auto-stoppeur hyper-réac et raciste puis c'est l'émouvante Fumi (8 ans) qui veut absolument raconter ce qu'elle découvre en France à sa mamie restée au Japon. Hélas, Ichiro, le grand frère rappelle l'horrible réalité, ce mur de 5 m, censé protéger le village de leurs grands-parents et qui a été emporté par des vagues de 10 à 15m.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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