Un dessin de
Siné, illustré par ces mots – parce que chez lui, comme chez les bons caricaturistes, ce sont les mots qui illustrent le dessin :
Un homme : « J'aimerais apprendre les bonnes manières… »
Une femme : « Qu'est-ce que vous proposez en échange ? »
L'homme : « Mes couilles ! »
Voilà
Siné résumé : un provocateur sans limite, doué toutefois d'une certaine culture qui lui fit côtoyer des
Boris Vian et
Raymond Queneau, entre autres. Un jazzophile, amateur aussi de salsa, de cinéma et de littérature pour compléter le tableau. Un bonhomme qui mérite d'être connu, quelles que furent ses prises de positions politiques parfois douteuses (soutien inconditionnel du FLN) et ses fréquentations non moins douteuses (je pense à
Jacques Vergès que, pour ma part, je hais sans restriction).
Mais je me moque de
Siné en fait, seule son oeuvre m'intéresse qui, parfois, frise le génie. Sa série des chats est, selon moi, un chef-d'oeuvre graphique dont on parlera encore longtemps.
Son humour aussi – que certains diront lubrique et vulgaire, comme leurs ancêtres pensaient surement de Gustave Courbet pour avoir peint L'origine du monde –aura fait des ravages de rire. Je pense notamment à ce dessin d'une femme pourvue d'un généreux décolleté et qui se pourlèche en regardant le bas-ventre d'un pendu !
De mauvaise foi, intolérant assumé à tout ce qui ne lui ressemblait pas,
Siné demeure donc un dessinateur d'exception auquel cette excellente anthologie rend un hommage mérité à celui qui « maniait l'humour comme un lance-flammes ». Hélas pour lui, il aura eu le temps de voir ses copains se faire massacrer par deux ordures, un matin de janvier 2015, à la rédaction de
Charlie Hebdo.