AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,06

sur 6540 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Désolation,
dénuement,
désespoir,
détresse,
découragement,
déshumanisation ...
Une dé-route dans un monde en décomposition. C'est très dur mais captivant!
Commenter  J’apprécie          20
L'histoire:
« Quand il se réveillait dans les bois dans l'obscurité et le froid de la nuit il tendait la main pour toucher l'enfant qui dormait à son côté ». La première phrase du roman de Corman McCarthy donne le ton de ce qui attend le lecteur : un périple traversé dans l'adversité d'éléments contraires par deux personnages, un père et son fils, dont l'absence de noms, de caractéristiques physiques ou encore d'antécédents personnels accentuent leur dépersonnalisation volontaire. Car à vrai dire, ce père pourrait être n'importe lequel, de même que son garçon. L'identification doit passer par leur résilience face aux défis que ne manquent pas de parsemer leur route, l'esprit de sacrifice total dont fait preuve le père, l'amour inconditionnel et la loyauté indéfectible du fils. le lecteur récupère ces protagonistes à un instant T et ne s'y attache qu'à la lumière de leur volonté de survie et des moyens qu'ils sont prêts à mettre en oeuvre afin d'y parvenir. Les raisons de leur errance ne sont pas davantage connues : tout juste sait-on que l'apocalypse a eu lieu, que l'écosystème a été presque intégralement détruit, qu'une cendre mortifère virevolte constamment autour d'eux et recouvre tout leur panorama, décolorant leur monde en le teintant de grisâtre, que les derniers survivants se sont regroupés en tributs survivalistes dont certaines pillent, tuent voire s'adonnent au cannibalisme, les denrées alimentaires s'étant logiquement taries. Dans ce monde devenu hostile, le père et son fils poussent un caddie le long d'une route américaine (bien qu'à l'instar des autres éléments évoqués, cela ne soit pas clairement précisé par l'auteur) avec l'objectif de rejoindre le Sud et la mer. Des cadavres jonchent parfois la chaussée ou les clairières au sein desquelles les deux protagonistes avaient envisagé d'établir leur bivouac. Tels deux bêtes traquées, les protagonistes se terrent dans les sous-bois au moindre mouvement suspect, se dissimulent pour dormir ou manger ; le père n'hésite pas à dégainer son arme pour menacer quiconque les importunerait. Dans ce monde dévasté devenu sans repères, tous les autres individus deviennent des ennemis potentiels, des menaces pour leur existence. Les survivants, sales, déguenillés, affamés, ont perdu toute humanité et tout sens moral. le père fait croire au fils que tout n'est pas perdu, qu'il subsiste des « gentils » qui, tout comme eux, jamais ne tueraient pour voler voire dévorer autrui. L'on sent pourtant qu'il n'y croit pas réellement, et que l'unique objectif de ces mots réconfortants visent à maintenir un semblant de candeur dans le coeur déjà très obscurci de son garçon.

Mon avis:
Voici pour l'intrigue ; « La Route » en est relativement dépourvue, se contentant de narrer la quête de survie désespérée des deux personnages dans un monde qui a cessé d'être. Nul rebondissement, complexité narrative ou twist final : les courts paragraphes répètent sempiternellement les mêmes aventures, la route, les bivouacs, les escales dans des maisons abandonnées afin d'y recueillir des provisions alimentaires ou vestimentaires, les dialogues courts et souvent répétitifs entre les deux personnages… Tout juste certaines scènes de meurtres d'antagonistes patibulaires marquent-elles des ruptures dans le récit ; avant que l'on comprenne qu'hormis la propre construction humaine et morale de l'enfant, lesdits meurtres n'impactent en rien l'intrigue, les dés étant pipés dès le départ, le nous contre « eux » désignant d'emblée l'autre comme un ennemi qu'il faut abattre sous peine de voir sa propre survie remise en cause. La lecture peut parfois être fastidieuse, les effets de style (descriptions de la nature environnante, dialogues courts et sans tirets, introspections…) redondants.
C'est davantage sur le fond que « La Route » reste gravé dans la mémoire du lecteur. Les dilemmes moraux sont nombreux : est-il moral de continuer de vivre lorsque tout s'effondre autour de soi, que le monde connu a disparu ? Peut-on voler autrui lorsque cet autre n'est plus ? le meurtre devient-il légitime dès lors que la déflagration apocalyptique a rendu les survivants à l'état primitif et que sa propre vie s'en retrouve du même coup menacée par ces êtres devenus eux-mêmes amoraux car désespérés ? Doit-on coûte que coûte tenter de préserver la vie de son enfant dans un monde qui lui est pourtant devenu hostile et au sein duquel aucun avenir n'est envisageable ? Lui épargner ces souffrances en le sacrifiant n'est-il pas paradoxalement la preuve d'amour la plus accomplie qu'un parent puisse avoir vis-à-vis de son enfant ? Tous ces interrogations tourbillonnent dans notre esprit tout le temps de la lecture, et même après. Ce qui est aussi intéressant dans ce livre est le renversement opéré entre le père et la mère. Par bribes de texte, l'on apprend (plutôt l'on devine) que la compagne de l'homme et mère de l'enfant a elle aussi survécu à l'apocalypse, qu'elle a vu le monde qui en a découlé et les créatures menaçantes qui ont remplacé les humains civilisés. Désespérée, elle a fait le choix de l'abandon familial par le truchement d'une balle de pistolet. Ella avait préalablement proposé d'en faire de même pour l'enfant, pour que toute la famille disparaisse à jamais de la surface de ce monde dévasté. L'homme a refusé, laissant sa femme commettre l'irréparable pour elle-même. Ici, c'est la femme qui se sépare du noyau familial, qui fuit délibérément et irrémédiablement une situation qui lui est devenue insurmontable. L'homme, peut-être tenté d'en faire de même, résiste à la tentation. Pour son garçon. Pour que sa vie soit préservée. Comme s'il l'avait porté lui-même et que la perspective de lui retirer la vie qu'il lui a donnée était inanvisageable. le père devient la mère tandis que la mère déserte. Cette inversion des rôles, volontaire ou non du côté de l'auteur, est notable. Tout comme cette phrase, résumant à elle seule l'esprit du roman : « du temps en sursis et un monde en sursis et des yeux en sursis pour le pleurer. »
Commenter  J’apprécie          20
Grand classique de la littérature américaine,  La route est un des romans incontournables que je voulais lire au moins une fois dans ma vie pour me faire mon propre avis. Je me suis donc procurée l'ouvrage d'occasion il y a quelques année et j'ai enfin décidé de le lire cette année !



➤ Un style déroutant pour un roman psychologique:

Passez votre chemin si les styles et les récits épurés ne vous plaisent pas. La route est un récit déroutant. L'auteur va à l'essentiel, fini les longues descriptions, les tournures alambiquées ou même les ponctuations des dialogues. La narration est brute et reflète parfaitement l'état mental de nos personnages. Une seule chose compte: la survie et au-delà de celle de l'homme, au moins celle de l'enfant. Bien que la peur de la séparation soit la plus forte. Nos personnages sont brisés jusqu'à un certain niveau et c'est à savoir jusqu'à quel degré de déshumanité on s'abaissera pour survivre.  le récit est sans ambiguïté,  froid presque sans sentiment, contemplatif pour le peu qu'il reste quelque chose à contempler dans ce champ de ruine recouvert de cendres. On adhère ou on déteste. 



➤ Post-apocalyptique contemplatif:

Si vous vous attendez à un récit dystopique Post-apocalyptique,  presque SFFF, passez aussi votre chemin. Nul part dans le récit, on ne saura ce qu'il est advenu de l'humanité,  les causes de cette apocalypse et des tempêtes de feu qui ont ravagé la terre et conduit à la chute de l'être humain nous sont totalement inconnues. de même que les noms des personnages que l'ont suit, ils sont totalement dépersonnalisés, une façon peut être de s'attacher au personnage ou de souligner la perdition même du genre humain. Les noms n'ont plus de valeur tout comme le passé,  il faut juste continuer à avancer, sur la route.



➤ La lumière au bout du tunnel:

Nos personnages vont traverser différentes épreuves au cours de leur voyage qu'on prend déjà en cours de route. Ils vont rencontrer différents survivants tous plus ou moins aux abois, découvrir les horreurs laissées par la destruction de la civilisation ou par les autres marcheurs. Ils vont être surpris par la découverte de vivres qui vont souvent leur sauver la vie, être dépouillés plus d'une fois... On espère qu'ils vont atteindre leur objectif,  en rejoignant le sud, trouver un havre de paix ou d'autres survivants plus humains.

La fin n'est pas très rose, n'espérez pas un happy ending où l'humanité est sauvée de ses maux !


Un récit sombre et dépersonnalisé où le côté psychologique du drame est bien maîtrisé.


Lien : https://leboudoirbibliothequ..
Commenter  J’apprécie          90
Mon dieu que la route fut longue... beaucoup de mal comprendre l'engouement de ce livre? J'avais lu voilà quelques années no country for the Old men qui m'avais laisser aussi un goût d'inachevé ou de non approfondie... je reviendrai vers toi cormac mais pas tout de suite.
Commenter  J’apprécie          20
L'analyse élogieuse (d'éditeur ?) du roman dans la présentation Wikipédia en francais parait juste... sauf que c'est un des livres les plus barbants que j'aie lu. Combien de lecteurs se sont-ils refusés a l'admettre, piégés par la réputation de "livre culte" (Pulitzer oblige, surtout pour un roman étiqueté science-fiction) ? Combien de lecteurs se sont-ils refusés de jeter l'éponge, piégés par la structure découpée en courts plan-séquences (l'auteur est également scénariste) qui se lisent rapidement et l'attente qu'au prochain il va peut-etre se passer quelque chose ?

On dirait un peu la retranscription d'un cauchemar ou d'un mauvais trip, avec un parti-pris de cafard et de catastrophisme en noir et blanc ainsi que des dialogues minimalistes et parfois abscons (question de traduction ?) entre un pere et son fils. En lisant, je me suis demandé d'ou venait cette désagréable étrangeté dans la relation antre le pere et son enfant et puis le compte-rendu de Wikipédia m'a appris que cela avait a voir avec les difficultés de l'auteur qui a eu un fils en ayant largement l'age d'etre son grand-pere.

Trois étoiles quand meme pour l'intention supposée d'écrire sur la "quete impossible d'un paradis perdu", sur "la transmission et la subjectivité des valeurs" et tout ca, comme joliment dit dans l'analyse wikipédia, mais dont la transcription romanesque me décoit. Je n'aime pas faire de critique négative de roman par respect pour les auteurs, préférant interrompre la lecture quand ca ne me plait pas, mais cette fois je me suis laissé aller a lire jusqu'au bout avec la pénible impression d'avoir perdu mon temps.
Commenter  J’apprécie          59
Un style particulier mais qui m'a embarquée de suite. C'est très sombre, certains passages insoutenables. J'ai stressé avec les personnages. Parfois il est difficile de savoir qui est l'adulte et qui est l'enfant, j'ai apprécié ce choix de l'auteur. Cela ajoute à l'ambiance du livre, à la description de ce qu'on devient quand on est au bord du gouffre. Qu'est-ce qu'être humain?
Commenter  J’apprécie          00
Une petite chanson m'est venue à l'esprit, j'ai été contaminée par @Patlancien et son juke-box :
Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa
C'est vraiment fatigant d'aller où tu vas
Joe Dassin
Bref, à mon grand regret, La route fut d'une langueur monotone, froide, grise avec des dialogues répétitifs malgré de belles phrases, un style agréable épuré, un peu trop qui empêche toute évasion nous sommes cloués au sol dans cet horrible cauchemar anthracite sans échappatoire. Rien à voir, rien que cette route encore et toujours.
Un homme avance sur une route son fils à ses côtés, il pousse un caddy, dernier vestige d'un monde matéraliste, de la société de consommation car il ne reste plus rien tout à brûlé, pourquoi nous ne le saurons pas. Ils sont à la recherche de nourriture, de vêtements, de feu c'est une corvée sans fin. Ils trouvent, empilent dans le caddy, et se font voler voilà leur triste existence @Yaena ne croyait pas si bien dire en parlant du mythe de Sisyphe.
Un monde sans foi ni loi dans lequel un homme maintient le cap, peut-être est-ce un médecin qui a prêté le serment d'Hippocrate. Il fait tout pour garder son fils en vie et éviter de tuer. Il tient la route ne cède pas à la facilité. L'homme est méfiant, porte une arme et sait qu'il va mourir, son fils est confiant, innocent, quand il découvrira la mer, il fera ce que font tous les enfants, il ira se baigner c'est mon passage préféré.
Par bribes nous comprenons que la mère les a quitté pour se suicider ne supportant pas ce monde dévasté sans espoir. L'homme et l'enfant n'ont pas de prénoms, c'est étonnant mais étant seuls au monde ces marqueurs sociaux, ces symboles d'appartenances sont inutiles. Il ne reste rien, même pas leur identitè.
Je rejoinds @HordeduContrevent dans sa réflexion à propos de la fameuse canette rouge. Deuxième livre de post-apocalyptique où elle est montrée comme une des grandes joies de cette civilisation disparue à tout jamais. Est-ce tout ce qui resterait gravé dans nos mémoires, cette boisson si le pire arrivait ?
La route est ce lieu où tout se passe comme si avec la perte de repère les hommes avaient besoin d'une balise pourtant ils ont perdu pour la plupart toute humanité ce sont des hordes de sauvages. La seule marque de civilisation qu'ils aient gardé est ce besoin de posséder, d'accumuler et c'est ce qu'ils font avec des hommes qu'ils enferment dans des caves, servant de chambres froides.
Comme @Berni, je trouve un côté mystique à cette histoire avec cet enfant qui est l'étincelle, celui par qui l'homme deviendra immortel car il sera toujours dans son coeur. Quand sa fin est proche l'homme voit des couleurs peut-être ne voulait-il plus se souvenir d'autrefois afin de supporter un monde dur, sans pitié, sans espoir.
Bien sûr je n'ai pas éprouvé l'enthousiasme de @BonoChamrousse qui nous écrit un billet inspiré qui chante presque homo hominis lupus est.
C'est un livre qui se lit très vite avec de jolis phrases mais qui ne m'a pas permis de m'attacher aux personnages, je me suis retrouvée sur le bas côté dès le départ et je l'ai fini sans états d'âme, déçue d'une lecture dont j'attendais peut-être trop.
Mais la magie de la LC fait qu'en en discutant avec @NicolaK guère plus enthousiaste que moi puis les autres membres, les échanges ont permis différents éclairages très constructifs. Mon point de vue lapidaire s'est radouci. Et puis ce livre pose tant de questions que même si je n'ai pas aimé, il a atteint son but : me faire réfléchir.
Commenter  J’apprécie          5631
De la surenchère américaine au sein même de l'épure ? Une question d'angle de vue…

C'est sans doute le roman post-apocalyptique le plus gris, le plus sombre que je n'ai jamais lu. Il a des points communs avec « Malevil » de Robert Merle ou avec « Et toujours les forêts » de Sandrine Collette car la catastrophe, dans tous les cas, est un feu. Nous retrouvons la terrible solitude et les conditions de survie précaires et minimales du beau livre « le mur invisible » de Marlen Haushofer. La présence salvatrice d'un chien qui m'avait émue aux larmes dans « La constellation du chien » a été remplacée par celle d'un petit garçon. Comme « Dans la forêt » de Jean Hegland, la foret est refuge, lieu où se cacher, mais ici elle ne constitue pas un berceau, aucun enracinement dans le beau n'est permis. Alors, certes, le livre de Sandrine Colette est également très sombre, c'est vrai. Mais il est teinté d'un espoir grandissant. Il comporte quelques taches de couleur salvatrices. Il déroule avec davantage de nuances son histoire depuis le début de la catastrophe jusqu'à la fin…

Ici le livre est d'une noirceur absolue. L'homme est devenu un loup pour l'homme. Et l'histoire est centrée sur l'errance. Uniquement l'errance aboutissant à une fin que nous devinons dès le début. Une errance qui semble, à raison, interminable et absurde. Et une fin que certains pourraient qualifier de facile. C'est donc essentiellement un roman d'ambiance. Une ambiance oppressante, sans espoir, apocalyptique, avec presque cette sensation physique que l'auteur nous maintient fermement la tête pour bien nous y plonger dans tout cet amas gluant de gris, à nous en étouffer, à nous faire boire la tasse avec cette eau granuleuse remplie de cendres et de sang séché. Ad nauseeum. Il rajoute, comme on rajouterait du piment dans un plat, de bonnes grosses louches de glauque lorsque cela tourne un peu en rond, en l'occurrence surtout dans la première partie, histoire de faire frémir le lecteur, avec par moment des ficelles relativement grosses de prime abord…Je pense notamment à cette cave sordide ou encore à la scène du rôtissoire en plein air. Non, non, non…Ce sont des éléments de ressort tellement évidents. A l'américaine. Pour impressionner, faire « de l'audimat », marquer les esprits. Qu'apportent ces scènes terrifiantes ? Sont-elles l'aveu d'un manque de profondeur du scénario ? Telles furent mes questionnements durant une bonne partie de ma lecture. Mais, par ailleurs la relation entre le père et son petit m'a beaucoup touchée et l'écriture, il faut le reconnaitre, capte, charme et vous maintient en éveil malgré tout. Bref, j'ai fini le coeur au bord des lèvres, non sans avoir pesté durant toute la lecture, étrange rencontre…J'ai aimé d'un côté, pas aimé de l'autre…

« Quand il fit assez clair pour se servir des jumelles ils inspecta la vallée au-dessous. Les contours de toute chose s'estompant dans la pénombre. La cendre molle tournoyant au-dessus du macadam en tourbillons incontrôlés. Il examinait attentivement ce qu'il pouvait voir. Les tronçons de route là-bas entre les arbres morts. Cherchant n'importe quoi qui eût une couleur ».

Que s'est-il passé ? Feu nucléaire ? Explosion volcanique ? Météorite ayant percuté la Terre ? Guerre mondiale ? Nous ne savons pas, ce qui est certain c'est que L'apocalypse a eu lieu, la terre a été mise à feu et à sang. Nous sommes environ six ans après, le monde est désormais totalement dévasté, couvert de cendres et de cadavres desséchés. Un monde sans aucune couleur, même le sang est brun. le seul rouge vif provient d'une canette de Coca Cola trouvée de façon quasi providentielle. Parmi les très rares survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites. Dans la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l'humanité. Survivront-ils à leur voyage ? Verront-ils enfin la mer ? Sera-t-elle bleue ? Comment un enfant peut-il survivre à cela, comment dépasser le traumatisme d'une telle errance et de ses visions cauchemardesque ? Quel est le sens de rester en vie lorsqu'ils n'y a quasiment pas de survivants et que le monde est devenu tellement sauvage qu'on ne peut compter que sur soi ? L'apocalypse serait-elle plus facile au sud alors que le soleil est à présent derrière un voile opaque quel que soit l'endroit où nous nous trouvons ?

Nous ne savons pas grand-chose sur ce père et son fils sur leur vie d'avant l'errance. Ils n'ont pas de prénom et les dialogues sont très courts. Nous devinons que le petit n'a jamais connu le monde d'avant l'apocalypse étant né alors que tout était déjà fini. Nous apprenons que la mère a choisi le suicide. Autant j'ai trouvé de la surenchère dans la première partie du livre afin d'éviter de nous ennuyer, autant l'épure choisie des personnages apporte beaucoup de charme au récit et m'a beaucoup touchée.

L'avantage d'une lecture commune, car nous l'avons lu à plusieurs et nos avis sont d'ailleurs assez divergents, c'est de nous permettre de prendre du recul via les échanges. de s'apercevoir qu'il y a différents angles de vue. Alors que je faisais part à mes comparses de mon dégout à propos de certaines scènes, j'ai pu reconsidérer ma position notamment grâce à @Yaena qui a beaucoup aimé ce livre…J'ai appréhendé la fameuse scène de la cave mentionnée précédemment comme étant une scène racoleuse de torture totalement inutile ayant pour objectif de rajouter du noir au gris, du glauque à l'horreur. Cette scène peut en réalité être perçue comme une scène mettant en valeur la chute d'un tabou à l'aune de la fin de l'humanité. Celle du cannibalisme. C'est une réflexion sur la fin de ce qui fonde notre humanité. le fait que le père et ce fils ne soient pas devenus cannibales mais qu'au contraire ils continuent à « porter le feu » est le signe que tous deux ne sont pas encore tombés de l'autre côté et qu'il reste un espoir, celui contenu dans ce petit être qui voudrait aider, rassurer, trouver des « gentils », s'inquiétant des déviances de son père qui ne fait que les défendre des autres devenus dangereux…Voilà une question d'angle de vue. C'est suffisamment passionnant pour être souligné même si l'impression de départ ne parvient pas totalement à se dissiper…Ma réaction n'est-elle pas instinctive, celle du rejet d'une part sombre possible de nous lorsqu'il n'y a plus d'espoir et que nous ne sommes plus des êtres humains ? Que ferions-nous, de notre côté, dans les mêmes conditions ultimes de survie ? Et finalement je crois que c'est l'enfant qui permet au père de ne pas sombrer. Ce petit garçon a même un côté christique au fur et à mesure de l'avancée du récit, il est celui qui peut, qui va sauver l'humanité. Au-delà du simple racolage ressenti au départ, j'ai pu finalement appréhender la philosophie, et surtout le côté quasi religieux, de ce texte.

La plume, je dois le reconnaitre également, m'a charmée. C'est une plume singulière, simple, directe, avec peu de virgules, sertissant le récit d'une certaine poésie, une poésie rythmée, en boucle. Les scènes au bord de mer sont d'une beauté de fin du monde qui restera longtemps gravée en moi.

« Là-bas c'était la plage grise avec les lents rouleaux des vagues mornes couleur de plomb et leur lointaine rumeur. Telle la désolation d'une mer extraterrestre se brisant sur les grèves d'un monde inconnu. Là-bas dans la zone des estrans un pétrolier à moitié couché sur le côté. Au-delà l'océan vaste et froid et si lourd dans ses mouvements comme une cuve de mâchefer lentement ballottée et plus loin le front froid de cendre grise. Il regardait le petit. Il voyait la déception sur son visage. Je te demande pardon, elle n'est pas bleue, dit-il. Tant pis, dit le petit.
Une heure plus tard ils étaient assis sur la plage et contemplaient le mur de brouillard qui barrait l'horizon. Les talons plantés dans le sable ils regardaient la mer couleur d'encre qui venait mourir à leurs pieds. Froide, désolée. Sans oiseaux. Il avait laissé le caddie dans les fougères de l'autre côté des dunes et ils avaient emporté avec eux les couvertures et enveloppés dedans ils s'abritaient du vent contre un énorme tronc de bois flotté ».

Au final, je ressors mitigée par cette lecture, d'un côté charmée par la plume épurée singulièrement poétique, très émue également par la relation entre le père et son fils dont la brièveté des échanges fait émerger quelque chose d'essentiel et de pur, plus circonspecte cependant devant l'horreur de certaines scènes que j'ai prise dans un premier temps pour une forme de racolage, au final cette horreur est plus profonde en termes symboliques qu'elle ne parait de prime abord, et devant le scénario dont la fin est devinée dès le départ et qui n'est centrée que sur l'errance apocalyptique sur la route.
Plusieurs jours après, il me reste surtout en tête cet oppressant camaïeu de gris et, au milieu de ces nuances moribondes, cette cannette rouge vif de soda, totalement hypnotique, faisant saliver même son lecteur. Alors, je me demande…Ce livre ne serait-il pas juste, simplement, une magnifique publicité ?


Commenter  J’apprécie          91117
Moi qui avais trouvé le film incroyable, je suis un peu déçu du livre ...

L'histoire se passe dans un monde poste-apo ou le climat ne laisse rien survivre et nous conte L'histoire d'un père et son fils dans ce monde froid, recouvert de cendre et de poussière .

Dans ce monde où nos chers protagonistes non rien à se raconter empatter sur la richesse de leur vocabulaire, les dialogues sont loin de nous tenir en haleine de même que ne pas donner de noms au père ou au fils ajoute à cette vision une non-identification et range l'être humain au même niveau que des animaux qui ne tente uniquement de survivre sans avoir d'autres buts précis ...

Une simplicité qui finira par me fatiguer de par sa répétition au cours de l'histoire

Pour ma part, je pense revoir le film à nouveau contrairement au livre ou le lire 1 fois me suffira.
Commenter  J’apprécie          20
Oeuvre culte, portée aux nues par des nuées d'admirateurs... qui m'a encore une fois laissé perplexe.
Alors certes, cela ne manque pas de qualités, parmi lesquelles le fait de montrer avec sans doute pas mal de perspicacité ce à quoi pourrait ressembler le monde une fois que tout le règne végétal et animal sera mort par notre faute... Pas besoin d'être sorti de la cuisse de Jupiter, dès lors, pour deviner ce que certains d'entre nous seront tentés de manger.
Survivre dans un tel monde est-il enviable ou même souhaitable, c'est la question que se posent sans cesse, à juste raison, ces deux pauvres hères, père et fils poussant un caddie sur une route recouverte de cendres.
Des descriptions terrifiantes, sans doute, qui frappent l'imagination certainement, mais qui sont tout de même très, très présentes, au risque de devenir envahissantes, même s'il est logique que l'aspect décharné de ce monde mort frappe l'imagination des protagonistes au point de leur couper le sifflet, ce qui fait qu'ils sont logiquement assez avares de mots et ont tendance à éviter de parler pour ne rien dire.
Et que dire de certaines manières "pour faire genre", qui ne font en fait qu'agacer et brouiller la narration, comme les phrases sans verbe conjugué ou, pire, les dialogues à l'emporte-pièce sans tirets cadratins, qui font perdre le fil de la discussion, sans compter que les incises embrouillent parfois encore plus les choses, au point que je me suis demandé parfois s'il n'y avait pas eu d'erreur de faite dans la traduction.
Ex : "Qu'est-ce qu'on va faire Papa ? dit-il.
C'est bien ce que je me demande, dit le petit."
Sauf que "il" et le "petit" sont une seule et même personne. Donc en première intention, on croit que c'est le père qui répond... mais l'incise précise que c'est son fils. On a donc affaire à deux incises qui désignent le même personnage sur deux lignes d'affilée, ce qui est contraire à tous les usages et induit en erreur. de ce genre de choses, ce bouquin en est plein.
Autant il y a des phrases sans verbe, autant il y en a aussi qui en comportent de nombreux... et dans ce cas il les enquille les uns derrière les autres en les séparant par des "et". Il prend la boîte de conserve et l'ouvre et en sort le contenu avec une fourchette et le donne au petit... Ce genre de chose. Quelquefois jusqu'à six ou sept "et" dans une seule phrase. C'est d'une lourdeur.
Il y a aussi des paragraphes qui semblent tomber là comme des chiens dans des jeux de quilles et ne rien avoir à faire là, comme si l'auteur avait laissé dériver sa pensée sans trop se soucier de bien assembler les pièces de puzzle.
En bref, j'ai bien compris l'intention : deux anonymes qui tentent de survivre et ne disent presque rien parce que toutes leurs forces sont tendues vers la survie. Ils ne voient que mort, désolation, désespoir et se demandent à mi-mots ce qu'ils foutent encore là (on le ferait à moins).
Si le texte transpire en effet le désespoir à foison, je pense quand même que l'auteur aurait pu atteindre à peu près le même résultat sans toutes ces lourdeurs formelles et tous ces artifices de procédures qui m'ont plus énervé qu'autre chose.
Commenter  J’apprécie          132




Lecteurs (14988) Voir plus



Quiz Voir plus

La Route de C.McCarthy (SPOIL)

Comment est le monde dans le roman ?

Il y a des petits feux partout
Il est inondé
Il est recouvert de cendres
Tous les sols sont craquelés

6 questions
714 lecteurs ont répondu
Thème : La Route de Cormac McCarthyCréer un quiz sur ce livre

{* *}