AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,34

sur 85 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'Irlande est un pays de chemins cachés, de sentiers détournés et de passages inconnus... Rien d'étonnant donc à ce qu' Emily, Jessica et Enye, trois générations de femmes liées par le sang s'y perdent...
Car il est ici question de mythoconscientes : celles qui inventent et créent les légendes et les contes... À moins qu'elles ne soient seulement folles...
Ce livre n'est pas juste un roman de fantasy. Pour tous ceux qui ont eu la chance de se perdre en Irlande, ce roman à un goût de "déjà vu". Comment ne pas se souvenir des bruits particuliers des bois ? Comment ne pas penser aux choses étranges survenues ?
Ian McDonald nous livre ici un livre érudit, profondément irlandais, imprégné de références à William Butler Yeats, à James Joyce et aux mythes fondateurs de l'Irlande. Un roman complexe et labyrinthique, comme l'Irlande, qui laisse à rêver, à imaginer, à créer... Un roman qui est aussi une superbe ode à l'imagination et à la création... Bref, à l'enfance et à l'adolescence, que l'on veut trop souvent formater...
Superbement traduit par JP Pugi, Roi du Matin, Reine du Soir n'est pas d'une lecture facile et demande, de la part du lecteur, un pré-requis celte important pour en savourer toute le moelle.
Pour ceux là, la plongée est vertigineuse !
Une magnifique preuve d'amour à l'Irlande et à sa culture, qui n'a pas déméritée son Grand Prix de l'Imaginaire.
Mention spéciale au jardin labyrinthe et féerique de la grand-mère MacColl (Jessica, donc) qui est vrai moment de bonheur !
Commenter  J’apprécie          112
Irlande, 1913. Emily Desmond, 16 ans, est persuadée qu'elle communique avec des créatures féériques. Des années plus tard, c'est Jessica Caldwell, serveuse dans un restaurant, qui commence à percevoir un autre monde. A la fin des années 1980, Enye MacColl affronte à son tour des entités issues des mythes.

A travers 3 générations de femmes irlandaises, nous suivons l'évolution de notre perception des mythes et les interactions entre le monde réel et l'imaginaire. A travers le récit de ces 3 vies de femmes, c'est également l'évolution de la condition des femmes au cours du 20e siècle que nous avons l'occasion d'observer. de la jeune fille éduquée au couvent et perçue comme hystérique à la combattante indépendante et déterminée, en passant par la femme qui tente de s'émanciper. D'autres thèmes sont également abordés en marge de l'intrigue: avancées scientifiques, critique de la société, Histoire de l'Irlande, etc.

Le livre est divisé en 3 parties. Dans la 1e, nous suivons Emily et sa famille, en particulier son père, sous forme épistolaire: courriers, journaux intimes, articles de presse, rapports. C'est la partie que j'ai préférée. D'une part parce que l'ambiance du récit, entre rêve et réalité, un peu surannée, ne tranche pas en faveur de l'un ou de l'autre. C'est à la fois magique et délicieusement flippant par moments. D'autre part parce que la plume correspond à l'époque. Elle est délicatement ciselée, poétique, et correspond bien au récit. On se croirait presque dans un tableau de l'école Pré-Raphaëlite.

La seconde partie se déroule dans les années 1930 (d'après mes calculs, parce que ce n'est pas précisé). A partir de là, on entre dans un récit plus « traditionnel », avec un narrateur objectif qui raconte l'histoire à la 3e personne. Jessica en est la protagoniste principale et on sent qu'on est entré pour de bon dans le 20e siècle. La dernière partie montre une fin de siècle pessimiste, avec une société malade de ses propres « progrès ». Les personnages sont le reflet de cette époque violente où l'importance de l'apparence et de la réussite sont mis en parallèle avec avec la solitude et l'intolérance.

J'ai moins apprécié les 2 dernières parties. J'ai trouvé que ce n'était pas toujours très clair, notamment au point de vue chronologie du récit. La plume change avec les époques, ce qui est objectivement un point positif, mais dans les faits, comme j'ai moins aimé le style, j'ai eu plus de mal à passer sur ce qui me gênait: certains passages étaient confus et il y avait pas mal de longueurs, surtout dans la dernière partie.

Ce qui m'a énormément plu dans cette lecture, en revanche, c'est l'imaginaire développé au fil du récit. L'histoire m'a parfois rappelé certains éléments de la Forêt des Mythagos (au cas où vous vous poseriez la question, c'est un compliment ^^) dans l'utilisation des mythes et archétypes, que j'ai trouvé très intéressante (et plus accessible que chez Robert Holdstock) . La mise en parallèle de l'évolution des mythes et de celle de la société et de la condition des femmes est également abordée de manière originale et j'ai beaucoup apprécié la façon dont les personnages légendaires étaient utilisés dans ce but.

Globalement, je dois reconnaître que ce sont plus les thèmes abordés et la façon dont ils sont abordés qui m'a plu que l'intrigue en elle-même. J'ai trouvé que le récit traînait souvent en longueur et je n'ai pas forcément beaucoup apprécié les personnages rencontrés. Ceci dit, le gros point fort de ce roman, c'est le traitement des mythes et légendes, super original à mon avis, et rien que pour cet aspect ma lecture en valait vraiment la peine. Je ne recommande pas forcément, malgré tout, parce qu'il me semble évident que ce livre ne plaira pas à tout le monde, loin de là. A vous de voir si le sujet vous passionne assez pour vous lancer 😉
Lien : https://bienvenueducotedeche..
Commenter  J’apprécie          70
Je m'obstine à écumer les rayons Fantaisy du réseau des médiathèques de mon agglomération. Avec ce titre : Roi du matin, reine du jour de Ian McDonald, je me suis approchée au plus près de ce dont je pourrais m'enticher. Ce roman est scindé en trois parties et à pour thème principal les mythes irlandais liés à la nature. Nous suivons le destin de trois femmes de la même famille sur plusieurs générations. Si j'ai apprécié la première partie par son style : journal intime de l'héroïne, Emily Desmond, de son père et de son psychiatre, les lettres de son père auprès de son bienfaiteur et de la société royal d'astronomie, des extraits de quotidiens dublinois et autres, je me suis perdue dans la seconde partie consacré à la fille d'Emily Desmond, Jessica Caldwell, pour enfin, m'attacher aux combats de sabres japonais de la petite fille de cette dernière, Enye MacColl dans un Dublin contemporain. J'ai noté que l'auteur s'ancrait dans le monde réel de l'Irlande du XXe siècle. Je pense que c'est ce qui m'a permis de m'accrocher.
Emily Desmond est une jeune adolescente dont la puberté s'éveille. Nous sommes en 1913. La puberté, pour une fille est compliqué et mystérieuse en ce début de siècle. Ses relations avec son père deviennent ombrageuses. Son père est un astronome amateur et au moment du récit, son attention est focalisée sur la présence d'une comète dans notre système solaire. Il découvre des anomalies de vitesse et de trajectoires qui l'engage dans un chemin de traverse. Sa mère est, quant à elle presque inexistante. Cette histoire m'a fait penser à Carrie de Stephen King mais en moins bon. "Je crois qu'il se passe des choses étranges dans le bois de Bridestone ! Chaque brindille, chaque feuille, chaque brins d'herbe était nimbé par la vieille magie de la pierre, de la mer et du ciel. Un Outremonde".
Jessica Caldwell est une jeune fille dont le père est dessinateur de linge de maison et de vaisselle. Jessica a arrêté l'école malgré son talent d'illustratrice. Elle se cherche, ne se sent pas à sa place. Des cauchemars récurrents l'empêchent d'avancer. Elle observe des personnages autour d'elle mais sont -ils réels ? Elle consulte un psychologue qui recourt à l'hypnose pour comprendre sa pathologie à mentir. Faire ressurgir des souvenirs du passé est dangereux et la rencontre avec sa mère biologique éprouvante.
Enfin, il y a Enye. Elle combat le monde des mythes qui s'est introduit dans le monde réel. C'est un combat à mort. Soutenue par une tribut d'êtres vivants et d'êtres mythiques, Enye affronte son père dont elle se rappelle les visites nocturnes dans la chambre de son frère puis la sienne, et dans un second temps son aïeule. Sous l'emprise de la Shekinah, une drogue naturelle, elle livre un dernier combat.
Tout ça pour ça.
Commenter  J’apprécie          40
Je me rends compte que la majorité de mes lectures dites « Imaginaires » sont assez légères et/ou destinées aux jeunes lecteurs. Des grands noms classiques, je n'ai pas lu grand-chose mais compte bien y remédier au fil des années. A moi K. Dick, Herbert, Asimov, Bordage, Bradbury et compagnie… et pourquoi pas Ian McDonald, peut-être moins connu mais tout aussi prometteur ? Roi du matin, Reine du jour entre, qui plus est, dans le challenge Littérature irlandaise organisé par Dawn. D'une pierre deux coups !
Bien loin des lectures de pur divertissement que j'enchaine depuis plusieurs semaines, ce titre me permet de renouer avec un style et une narration plus complexes. Les trois parties, que l'on pourrait qualifier de trois nouvelles, ne m'ont pas toutes enthousiasmée au même niveau mais je leur reconnais volontiers une belle qualité. Je relirai Ian McDonald avec plaisir.

Trois parties donc. Trois histoires. Trois époques. Trois héroïnes. Toutes les trois ne sont pas seulement liées par leur contexte géographique - à savoir l'Irlande - mais par leur rencontre avec l'imaginaire, le surnaturel, l'inconcevable. La « matière » irlandaise est toujours présente mais apparaît et se modèle différemment selon l'héroïne et l'époque en action. Des créatures quasi sylvestres dans les années 1910 aux démons urbains de la fin des années 80, Ian McDonald n'en oublie pas les origines : Chasse sauvage, changelings et pookas sont de la partie !
Les fées font partie intégrante de la vie irlandaise. Mais attention, point de petites fées ailées roses à paillettes, non non non. Plutôt des créatures sauvages ancrées dans leur environnement et bien décidées à y rester ! La campagne regorge de petits coins liés aux créatures magiques et les habitants ne manquent pas de le rappeler : « Fairy hill », « Fairy lake », « Fairy bog »… Promenez-vous au milieu du Roscommon, après 22 heures, un soir où les nuages cachent le clair de lune… je vous certifie que même le renâclement des chevaux peut paraître étrange !

Malgré la facilité qu'a l'auteur à transposer cette mythologie à trois époques différentes, je trouve que la toute première (les années 1910) est celle qui se marie le mieux avec cette féerie irlandaise. Les forêts encore bien présentes, l'électricité hésitante, les photographies en noir et blanc, les prémices de la psychanalyse et de l'hypnose… toute une atmosphère un peu désuète propice à la féérie et aux apparitions un peu étranges, à mon avis. Mais peut-être que c'est ma conception à moi de la magie irlandaise et peut-être avais-je en tête la série des photographies de petites fées qui ont été réalisées à la fin des années 1910, justement (et je pense que Ian McDonald y fait clairement référence lorsqu'Emily demande à emprunter l'appareil photo de son père pour prouver ses dires !).
Les deux contextes suivants m'ont un peu moins emballée, surtout le deuxième d'ailleurs mais peut-être est-ce également dû à une intrigue et une deuxième héroïne qui m'ont moins séduite. La fin des années 80 et les drogues hallucinogènes offrent un environnement intéressant aux mythes irlandais - et n'ont pas été sans me rappeler l'excellent Ames de verre de Anthelme Hauchecorne - mais peut-être trop urbain et contemporain à mon goût, en tout cas par rapport à « l'intrigue de base ».

D'ailleurs, je serais même tentée de dire que Ian McDonald aurait pu s'arrêter après la première partie et en faire une nouvelle isolée, elle se suffit à elle-même. En revanche, les deux parties suivantes ont besoin de la première pour prendre leur sens.
Si on s'arrête après l'aventure de la jeune Emily, on peut même se poser la question de la véracité de son témoignage et on se rapproche d'un fantastique pur et dur. A-t-elle vraiment vécu des expériences « féériques » ou est-elle juste tombée dans la folie ? On peut douter. Et j'aime bien cet entre-deux. Avec les deux aventures suivantes, le doute s'amoindrit et, paradoxalement, les aventures plus ancrées dans notre réalité, paraissent moins réelles (ou du moins, moins vraisemblables !).
J'ai, effectivement, eu beaucoup moins de mal à m'imaginer les scènes vécues par Emily (avec un petit côté angoissant qui n'a pas été sans me rappeler certains passages du Songe d'Adam de Sébastien Péguin) que celles mettant en avant Jessica et Enye. Malgré tout, je reconnais bien volontiers que Ian McDonald maitrise sa narration. Très détaillées et riches d'informations, ses descriptions ancrent bien le lecteur dans les différentes situations mais, attention, si vous êtes habitués aux lectures fluides (et même parfois simplistes, il faut l'avouer !), Roi du matin, Reine du jour pourra peut-être vous déstabiliser.

Il s'agit en effet d'une lecture plus exigeante qui demande concentration et quelques efforts de réflexion pour remettre les choses en place. Je pense notamment à certains paragraphes de la troisième partie qui, dédiés aux phages et à la place de la mythologie irlandaise dans la vie quotidienne des années 80, peuvent perdre un peu le lecteur ou au moins casser un peu le rythme de l'intrigue. Encore une fois, c'est la narration particulière de la première histoire que je retiendrai. Alternant les entrées du journal intime d'Emily et les lettres envoyées/reçues par son père, Ian McDonald nous offre les pièces du puzzle petit à petit, grâce à différents points de vue. J'ai bien aimé ce travail narratif, plus original que le point de vue externe ensuite utilisé pour suivre les deux autres héroïnes.

Roi du matin, Reine du jour est une lecture originale et marquante qui propose un retour sur la sombre féérie irlandaise, à travers le destin de trois jeunes femmes différentes mais intimement liées. Je retiens surtout la toute première partie, la plus aboutie et la plus intéressante, à mon avis… et c'est en tout cas celle qui me donne le plus envie de découvrir d'autres écrits de Ian McDonald.
Lien : http://bazardelalitterature...
Commenter  J’apprécie          32
Une très belle oeuvre, et j'insiste sur le terme d'oeuvre !
L'auteur sait adapter son style aux différentes parties du roman (qui sont chacune écrites différemment) et j'avais un peu peur en voyant que la première partie était épistolaire mais c'est très bien passé. C'est un récit très poétique et pourtant rarement contemplatif, qui ne manque pas de piquant et d'action ! Il y a parfois quelques petites longueurs et il vaut mieux lire à tête reposée et concentrée parce que le roman est parfois assez complexe.
La magie est intéressante et originale, et la perception qu'on en a évolue et se complexifie au fil des pages, en même temps que l'intrigue.
C'est un beau portrait de femmes, pas toujours attachantes mais complexes et crédibles, qui se ressemblent et diffèrent à la fois dans leur attirance, leur déni, leur combat contre la magie, elles-mêmes, le monde.
Commenter  J’apprécie          20
J'ai été assez déstabilisée par cette lecture…
L'histoire est découpée en trois parties, chacune dédiée à une jeune fille : Emily Desmond, Jessica Caldwell et Enye McColl. Trois personnages principaux, trois époques différentes, trois rapports au surnaturel.
Plus on avance dans l'histoire, plus les choses deviennent dérangeantes.

Que je m'explique : quand Emily se contente de voir des fées et des elfes, Jessica voit ses mensonges devenir réalité alors qu'une étrange menace plane sur elle et que deux clochards s'efforcent de la protéger, tandis qu'Enye est contrainte de prendre des pilules pour affronter des monstres hideux issus d'une dimension parallèle à coups de katana parce que la folie de son ancêtre la poursuit. Évidemment, un fil rouge relie les trois histoires, mais plus on en apprend, plus on en réalise la complexité. L'univers dans lequel baignent les jeunes filles tend à devenir de plus en plus menaçant, sombre, voire malsain. Et d'ailleurs, plus l'époque dépeinte se rapproche de la nôtre, plus elle nous paraît étrangère. Froide. Non-empathique.

Warning. Même si les légendes irlandaises ne servent que de tremplin à quelque chose de plus riche, je vous conseille d'avoir quelques notions de base dans ce folklore. L'auteur ne s'attarde pas à expliquer ce qu'est la Chasse sauvage, ce que sont les phages ni qui sont les Sidhes.
Mais l'histoire va beaucoup plus loin que les contes irlandais. En effet, les trois jeunes filles (issues toutes les trois de la même famille, vous vous en doutez), possèdent le même pouvoir.

J'ai beaucoup aimé la partie d'Emily Desmond, jeune fille rêveuse qui aurait voulu être plus qu'une simple humaine, qui s'imagine être emportée au pays des fées pour devenir l'une d'entre elle. Sa partie est entièrement épistolaire – et j'apprécie énormément ce genre depuis Les Liaisons dangereuses^^ Non seulement c'est une fille étrange pour son époque, mais son père lui-même est considéré comme un original ! Astronome de métier, il est persuadé d'avoir vu un vaisseau extra-terrestre approcher de la Terre et monte un grand projet : leur prouver qu'il y a une vie intelligente sur notre planète.
À ce stade du récit, tout est encore flou : cet étrange vaisseau et les visions d'Emily ont-elles un lien ? Quelle est la cause, quel est l'effet ? À moins que ces deux phénomènes aient une source encore inconnue…
Celle qui m'a le moins plu est celle de Jessica, parce que l'histoire m'a semblé plus confuse. Qu'est-ce que cette menace ? Qu'est-ce que l'Adversaire ? Qu'est-ce que ces deux clochards ? Qu'est-ce que ces gens sans yeux ? Qui lui en veut, et pourquoi ? Qui est son allié, et pourquoi ? On met longtemps à mettre de l'ordre dans toutes ces notions. On est un peu dépité de voir les fées céder le pas aux phages, de voir le rêve devenir cauchemar.
La partie d'Enye était plus sympa (le concept d'un combat quotidien secret fait tellement héroïque^^), cependant, je n'ai pas du tout aimé le personnage. Enye est beaucoup trop hors du commun : belle, froide, solitaire, sportive, une peau bronzée et des cheveux noirs issus des plus anciens peuples ayant colonisé l'Irlande (à ce que dit l'auteur)… J'ai eu l'impression qu'elle se rapprochait plus d'un phantasme que d'un vrai personnage de roman. Et finalement, c'est comme si les deux autres ne servaient qu'à aboutir à elle.



Bref, une lecture déstabilisante, pas désagréable mais pas non plus impérissable.
Commenter  J’apprécie          12
C'est la première fois que je lis un ouvrage de Ian McDonald, après en avoir entendu beaucoup de bien. Par son thème – la féerie et l'Irlande – c'est Roi du matin, reine du jour que j'ai choisi pour découvrir la bibliographie de cet auteur. Et, après avoir refermé cet ouvrage, je puis dire que c'est de la qualité mais c'est tellement riche que c'en est touffu, tellement dense que la lecture nécessite parfois des pauses.

Le roman se divise en trois parties, chacune suit une femme liée aux autres, des femmes irlandaises de différentes générations, ce qui permet de découvrir, en filigrane, l'histoire de ce pays. Comme je connais bien l'Irlande, ce fut un plaisir d'en retrouver l'atmosphère à travers les descriptions, les personnages, les lieux croisés au fil de l'histoire. Sans compter le sujet central, à savoir les légendes, le folklore qui imprègnent si fortement cette île. La première partie du livre, d'ailleurs, répond tout à fait à l'ambiance enchanteresse que l'on se fait de l'Irlande, entre nature foisonnante et féerie omniprésente, le tout sous le regard d'une adolescente à l'imagination féconde.

Mais la féerie, ce n'est pas du rose et des paillettes, surtout s'il s'agit de la féerie qui a donné naissance à tant de contes et de légendes, à travers les siècles. Et quand s'y ajoute le subconscient humain, autant dire que l'enchantement vire bientôt au cauchemar. Et c'est dans cette frontière entre rêve et horreur que le roman va s'installer, colorant d'ombres les figures magiques des histoires qui nous ont bercées. Les personnages principaux, de caractères différents, y feront face d'autant de manières différentes. Emily, la rêveuse trop naïve aux parents eux-même trop enclins à se laisser aller à leur propre imagination ; Jessica, la menteuse qui jure comme une charretière, forte de caractère mais dont la vie va être bouleversée par la découverte d'un secret et enfin Enye, aussi froide que fière, combattante sans faille, qui va découvrir qu'être une véritable guerrière implique aussi de se connaître intimement et de vaincre ses propres démons. Trois femmes auprès desquelles la féerie se manifeste, de plus en plus sombre au fil du temps (les créatures qu'affronte Enye tiennent davantage de la fantasmagorie cauchemardesque que de l'imagerie féerique, tout en en gardant des traces).

L'auteur maîtrise son sujet, cela se sent, mais cela rend le récit d'autant plus dense. Entre cette densité et la noirceur croissante du récit, je dois dire que j'ai parfois eu du mal à poursuivre ma lecture (un passage en particulier est choquant pour les âmes les plus sensibles). La dernière partie, consacrée à Enye, flirtait même avec un sentiment de dépression mais le personnage principal devant faire avec ses propres démons intérieurs, après une longue phase de déni, cela n'est peut-être pas si étonnant. J'ai tenu bon, cependant, à cause de l'Irlande, à cause de ces destins liés, à cause de cet entremêlement de mythes et de subconscient, et le final m'a apporté raison. Ian McDonald maîtrise de bout en bout son histoire et apporte un final qui boucle la boucle tout en ouvrant le champ à de nouvelles possibilités.

Roi du matin, reine du jour est donc un roman qui ne s'offre pas facilement mais qui, pour toute personne s'intéressant à l'Irlande et/ou à la féerie, apportera toute satisfaction. Ne vous attendez pas à être éblouis, mais attendez-vous plutôt à être charmés dans le sens le plus ensorcelant du terme. La magie qui règne dans ce livre offre autant d'ombres que de lumières. Et reste en mémoire le destin de ces trois femmes, aux caractères nuancés et qui embrasseront, chacune à leur façon, la féerie. [Lire la critique sur le blog]
Lien : https://lullastories.wordpre..
Commenter  J’apprécie          10
Il était temps. Quatre chroniques et toujours pas de fantasy ! Pour un blog de lecture nommé Mauvais genre, ça ne le fait pas. Car s'il y a un genre méprisé et conspué dans les cercles distingués, c'est bien celui-ci. A raison parfois, tant les resucées du Seigneur des anneaux, toutes plus paresseuses les unes que les autres, reconduisent les mêmes faiblesses ("sa suffisance wagnérienne, ses aventures bellicistes en culotte courte, son amour étriqué et réactionnaire pour les statu quo hiérarchiques, sa croyance en une moralité absolue qui confond morale et complexité politique" pour se limiter aux critiques de China Mieville) avec une rigueur toute germanique, si l'on veut bien me pardonner ce cliché. Ian McDonald n'a peut-être pas signé le bouquin imparable qui fera taire les avis condescendants et définitifs sur la fantasy mais chacun peut reconnaitre ses évidentes qualités.
Lien : http://mauvais--genre.blogsp..
Commenter  J’apprécie          10
Ian McDonald est un auteur irlandais prolifique et maintes fois primé. On peut aimer ou ne pas aimer son style, on peut accrocher ou moins accrocher à ses récits, il n'empêche que pour ce que j'en ai lu, il ressort un travail de qualité et même de chercheur tant il approfondit la moindre marotte de ses personnages. Il y a également autre chose qui ressort de ses écrits : son rapport au lieu où se passe l'action. La Maison des Derviches ne pourrait se dérouler ailleurs qu'à Istanbul, Luna ne pourrait se dérouler sur un autre astre que la lune et Roi du matin, reine du jour ne pourrait se dérouler sur d'autres terres que celles d'Irlande.
Lien : https://lesnotesdanouchka.co..
Commenter  J’apprécie          00
Je ne sais pas quoi penser de Roi du matin, Reine du soir. A la fois tragique et merveilleux,déroutant, étrange et surprenant, ce roman de Ian Mc Donald publié il y a pratiquement une vingtaine d'années Outre-Manche nous fait découvrir une féerie qui est loin d'être rose . Ce roman démarre comme un joli conte…
Lien : http://autrecotedumiroir.net..
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (196) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4891 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}