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Comédie cubaine, c'est l'assurance d'un dépaysement certain. Entraîné les montagnes reculées de Cuba, nous faisons la connaissance d'Elena, une jeune fille qui grandit dans une famille défavorisée, isolée dans des contrées lointaines. Alors mère d'une petite fille nommée Soledad, elle ne va pas hésiter à se défaire de ses obligations maritales et maternelles pour devenir poète. Elle se rend dans la capitale, La Havane, pour suivre la publication de son recueil de poèmes. Un dépaysement assuré pour la jeune femme, qui n'avait jamais mis un pied hors de son village.
J'admire la force de caractère de cette jeune fille, assez courageuse pour prendre des décisions compliquées par elle-même, partir seule vers l'inconnue, au-devant de son destin. Beaucoup n'auraient pas eu la force nécessaire pour se défaire de leurs conditions. Elena représente un modèle de femme actuelle, libre de ses faits et gestes, dégagée de ses obligations de femme, qui peut vivre sa vie comme elle l'entend.
Plongée dans l'excitation de la Havane, elle va faire de magnifiques rencontres, puissantes et salutaires, je pense notamment à Juan et Mirta, ses anges gardiens qui l'ont accueillis à son arrivée dans la capitale et l'ont guidée tout au long de son séjour. Elle va faire d'autres rencontres improbables, celles du jeune Eduardo, ou du joueur d'échec Capanegra, puis celle de Daniel, homme puissant et grand poète révolutionnaire, qui changera la vie d'Elena à tout jamais.
Pablo Medina aborde une thématique historique importante du dernier siècle : la révolution cubaine. On est en plein dans la guerre civile, celle-là même où sont enrôlés de force des milliers de cubains, dont la majeure partie, à l'image des deux frères d'Elena, ne reviendront jamais. D'autres, comme Pedrito, amant puis mari d'Elena, reviendront estropiés, blessés, autant physiquement et psychologiquement. Seule l'eau-de-vie constituera une porte de sortie salutaire pour échapper à leur condition et aux images violentes dont ils ont été les témoins.
Autre conséquence de cette révolution : la corruption que le gouvernement cubain met en place, l'embrigadement de la société, avec une censure des poètes révolutionnaires, comme Daniel, qui font entendre leurs voix contre les idées de l'état en place. La liberté d'expression n'est pas encore acquise à cette époque-là à Cuba. Des mesures extrêmes sont mises en place pour empêcher tout délétère de faire entendre sa voix : censure, emprisonnement, voire même parfois meurtre.
Pablo Medina pointe du doigt ces pratiques sauvages et inconsidérées.
Heureusement, une arme insaisissable vient contrebalancer cette atmosphère noire et oppressante : la poésie. Douce et paisible parenthèse enchantée qui est fortement appréciée. À plusieurs endroits du récit, on retrouve de charmants poèmes, très souvent abstraits, qu'il convient à chacun de s'approprier pour en retirer son sens propre.
Pour prolonger cette parenthèse enchanteresse, nous découvrons avec émerveillement la capitale cubaine urbanisée et développée, qui contraste avec les montagnes rurales de Piedra Negra, ville d'origine d'Elea. Depuis plusieurs années, je rêve de partie en voyage à Cuba, ce pays coloré, dépaysant, à l'histoire passée enrichissante. Même si l'image qu'en donne
Pablo Medina n'est pas la plus glorieuse, elle m'inspire assez de curiosité pour renforcer mon désir de découvrir ce beau pays.
En revanche, je m'attendais très certainement à plus de comédie, comme je proclamais le titre. Je n'ai pas ri comme escompté, j'ai seulement esquissé quelques sourires, qui n'étaient pas si nombreux que ça. Bien au contraire, la thématique abordée est épineuse, elle n'est pas sujette à l'humour, mais bien à un sérieux extrême.
Un roman dépaysant, qui nous plonge dans le Cuba révolutionnaire du siècle dernier. Un pays rongé par une politique dévastatrice, où la poésie apparaît comme un moyen salvateur d'apporter un semblant de douceur.
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