Paris, rue des Trois-Frères. le cri n'a pas duré plus de deux secondes, mais il a figé la foule. Une jeune femme gît sur le trottoir. Quelques-uns ont vu le corps tomber, du toit de l'immeuble, d'une fenêtre ? Les plus curieux s'amassent autour d'elle, téléphone en main pour filmer la scène, tandis que d'autres appellent les secours. le capitaine dépêché sur les lieux a une mauvaise nouvelle à annoncer, mais à qui ? Qui est cette jolie femme de vingt-cinq ans peut-être, qui, selon toute vraisemblance, vient de mettre fin à ses jours, drapée d'une élégante robe noir et blanc ?
C'est une autre mort nimbée de mystère qui agite Saint-Jean-Cap-Ferrat. le ressac a ramené sur la côte un homme, le crâne rasé et sans empreintes digitales – le bout de ses doigts a été brûlé. le maire voit rouge : la saison touristique va sérieusement en pâtir. Contrant sa hiérarchie, le capitaine Grondin est déterminé à lever l'anonymat de celui qui a tout fait pour
disparaître sans laisser de traces. Mais ses investigations ne paient pas.
Toi, lecteur, tu oscilles de l'un à l'autre des cadavres en te disant qu'il doit y avoir un lien entre ces deux affaires. Et tu ne reposeras pas ce bouquin avant de savoir ce qui s'est réellement produit. Quelle réussite ! Je découvre
Mathieu Menegaux, et je dois dire que j'ai été bluffée, tant par le style, synthétique, dépouillé − pas évident de maintenir l'intérêt avec une telle forme − que par son approche pragmatique des thèmes qu'il aborde. Ambition, burn-out, culpabilité, passion amoureuse, résilience… Les dialogues sont rares, les mots percutants, et l'aspect « fait divers » donne à ce drame un réalisme certain. Je ne veux pas trop en dévoiler sur les protagonistes pour vous laisser le plaisir de les rencontrer, mais là encore, chacun est esquissé avec pertinence et intensité, et les situations auxquelles ils sont confrontés retranscrivent une corrélation avec la société contemporaine qu'on ne pourra nier. J'ai aimé m'interroger à mesure que s'égrainaient les chapitres, au-delà de l'histoire elle-même. C'est ce à quoi, je pense, devrait toujours nous pousser un bon livre.
Autopsie des sentiments, chronique sociale où s'entremêlent des existences gâchées,
Disparaître est un roman « à toute vitesse », où la mort tourne en boucle. Incisif, minimal, efficace.