Le « tueur caché » tapi dans nos frigos et placards, rôde sans cesse et nous nargue du haut de ses rayons de magasins mais la fin du polar risque d'être indigeste pour nos millions d'estomacs.
Le sel était jadis une monnaie et un produit de luxe. de nos jours c'est un poison insidieux qui se cache dans tous les rayons de nos supérettes, surtout dans les sympathiques plats cuisinés qui nous donnent si peu de travail... Il faut essayer quotidiennement de le contourner afin de préserver notre santé et retrouver enfin sa réelle saveur associée aux aliments où il se trouve naturellement (fruits de mer, salicorne) ou rajouté à bon escient dans certains produits artisanaux (charcuteries, caramels...)
Ce cristal millénaire nous est indispensable mais contrairement à la lecture il est à consommer avec modération, il n'en sera que meilleur. (11/8/2014 - livre sur ma PAL)
2017 : Alors... Je me suis enfin procuré l'ouvrage et cette fois-ci je l'ai lu (presque) en entier. Le 1er tiers du livre se lit bien, notamment l'historique du sel à travers les siècles, de l'antiquité jusqu'à l'ancien Régime. J'ignorais toutes ces histoires de contrebande et de faux sauniers poursuivis par les « gabelous ».
Le 2ème tiers du livre est consacré aux articles de presse et autres tendant à prouver depuis plus de 40 ans que l'abus de sel est néfaste pour la santé. D'autres articles « pro sel » essayent de contredire les 1ers. Le chercheur Pierre Meneton explique comment il s'est heurté au « pot de fer » (rempli de sel!) des Salines et autres lobbys du sel à partir du moment où il a dénoncé les dangers d'une surconsommation de sel, par exemple les maladies cardiovasculaires. Cela peut faire penser aux luttes entre les « pro » et « anti-tabac » avec les résultats que l'on connaît (avertissements sur les emballages). La différence avec le sel c'est que d'une part, tout le monde est concerné, contrairement à d'autres abus, et que, d'autre part, le sel n'avait jamais été perçu comme « dangereux » et reste un aliment sain s'il est consommé en quantité raisonnable. Reste à savoir quelle est la bonne quantité ! Elle est indiquée dans ce livre mais les différents lobbys et chercheurs que ce soit français ou américains n'ont pas toujours été d'accord sur le sujet... les enjeux économiques étant trop importants et ne coïncidant pas vraiment avec les recommandations pour la santé publique...
Le dernier tiers est très intéressant d'un point de vue scientifique mais un peu plus ardu à lire et pourra passionner plutôt les étudiants en médecine ou diététiciens. En tout cas le propos semble solidement étayé et il s'avère que nous ne sommes pas génétiquement « programmés » pour ingérer autant de quantités de sel.
Enfin il y a quelques recettes et adresses de sites internet pour cuisiner sans sel à la fin de l'ouvrage.
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En France, les princes, nouveaux exploitants du sel, voulurent profiter de la forte demande afin de transformer le sel en potentiel fiscal. Telle fut l'origine de la gabelle, d'abord instituée comme une taxe temporaire par Saint-Louis en 1246, puis reprise par Philippe IV en 1286, établie enfin comme taxe permanente sous Philippe VI, qui la généralisa dans tout le royaume. En 1343, dernière étape de la gabelle, le sel devint un monopole royal. Dès lors, le condiment était entreposé dans des « greniers à sel », où la population pouvait l'acheter en payant la fameuse taxe. La gabelle, si impopulaire, contribua à la chute de la monarchie et fut abolie par l'Assemblée nationale constituante en 1790. Napoléon la rétablit seize ans plus tard. La taxe sur le sel avait la vie dure : elle ne fut supprimée définitivement que par la Loi de finances de 1946 !
Au Moyen-Age, le sel était – avec le souffre et le mercure – le cinquième élément après la terre, l'air, l'eau et le feu. Ainsi, il restait générateur de superstitions et de sacralisation. Au cours des procès en sorcellerie, les accusés étaient interrogés pour savoir s'ils mangeaient du sel, signe diabolique ! En revanche, le même sel pouvait chasser les mauvais démons. En effet, pour purifier une habitation hantée, il suffisait de mettre quelques pincées de sel recueilli un soir de pleine lune dans des coupelles blanches et les placer devant les portes et les fenêtres de la maison, puis de faire brûler le sel avant de jeter les cendres dans une rivière. Répandu sur le bétail, le sel était capable de conjurer le mauvais sort et d'éloigner les maladies. Glissé dans les poches des jeunes mariés, il leur portait bonheur.