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Aux Etats-Unis, dans les annés 60. Les noirs sont encore méprisés, le Sud garde des relents d'esclavagisme. Un vent de rebellion se lève. Martin Luther King, Malcolm X, ces figures qui résonnent comme la voix d'un peuple opprimé, qui ne veut plus être sur le bas-côté mais véritablement intégré. Etre considéré comme un humain à part entière, pas comme inférieur au blanc.

Des hommes et des femmes les écoutent et veulent prendre part à la révolte. Parmi eux, Bobby Seale et Huey P. Newton, que Michaël Mention a choisi de nommer Bobby Stills et Huey Norton. Car si ce récit est largement inspiré de faits réels et suit la trame de l'Histoire, il n'en s'agit pas moins d'un roman. Tous deux vont cimenter leur colère et leur rage autour d'un projet constructif qui a pour but d'aider le peuple noir à s'émanciper et à s'affranchir de ces chaînes invisibles qu'on l'oblige à porter. Ce projet, c'est le Black Panther Party.

Les Black Panthers, nous les connaissons tous de nom. Pourtant, même en ayant suivi des cours de civilisation américaine à la fac, je ne savais pas trop de quoi il s'agissait. Et grâce à Michael Mention, c'est leur histoire et celle de ceux qui l'ont bâtie que nous allons apprendre à connaître.

Sans être un documentaire, Power nous fait vivre au coeur du parti. Nous allons faire connaissance avec ses créateurs. Qui ils sont, d'où ils viennent, quelles sont leurs inspirations. Ils ont peut-être fondé les bases de leur parti en une nuit, mais c'est l'aboutissement d'une réflexion engagée déjà au préalable, à travers leurs lectures. Et c'est l'expression structurée d'un ras-le-bol.

Ainsi, au cours du roman, nous allons suivre différents personnages qui vont venir se greffer au mouvement. A Chicago, à Philadelphie, en Californie. le parti va prendre de l'ampleur, et comme toute grosse organisation qui se respecte, il y a aura des couacs. Des désaccords, des tensions, des trahisons. La métamorphose du parti au fil des mois et des années est passionnante à suivre. On la vit avec nos tripes, faisant corps avec les protagonistes. On a la rage et on a peur. On se sent soulevés par leur soif de justice. C'est un roman terriblement immersif, brillant.

Passionnant aussi car l'écriture est frappante, le rythme cadencé. Michaël Mention utilise une forme de narration proche de celle du script, avec des paroles de musique qui viennent couper un paragraphe, la bande-son animant davantage l'action. Il y a aussi une sorte d'impression photographique, avec des images qui surgissent pour renforcer le choc, la violence, le chaos. Un procédé d'écriture très efficace qui cadre complètement avec le sujet du roman. Aussi percutant que le poing levé en couverture.

A travers les personnages que nous suivons, nous faisons face à différentes perceptions de ce qui se passe à l'époque. Il y a ce policier, qui pense que tous les noirs ne sont pas à mettre dans le même sac, mais qui pète un plomb quand il comprend que tous les noirs le mettent dans le même sac que les flics racistes. Charlene, toute jeune et déjà si engagée, qui ne vit que pour le parti. Tyrone, que le FBI charge de jouer la taupe et qui n'arrive pas à assumer sa duplicité. Et tant d'autres encore, sans que jamais on ne perde le fil.

Michael Mention a de plus su étoffer l'histoire en la contextualisant un maximum. Sont mentionnés notamment l'assassinat de Robert Kennedy et la secte de Charles Manson. Il y a la musique, le cinéma… Tout y est pour qu'on soit plongés jusqu'au cou dans l'ambiance des années 60-70 aux Etats-Unis.

Nouveau coup de coeur donc pour ce roman publié aux Editions Stéphane Marsan. J'ai adoré cette lecture, tant pour le style, que pour ce qu'elle m'a appris, pour ce qu'elle m'a fait vivre. Je recommande à tous, chaudement.
Lien : https://lejardindenatiora.wo..
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Power...

The Revolution will not be televised.

Un livre coup de poing (c'est le cas de le dire). C'est rare un bouquin en langue française sur l'histoire des Blacks Panthers. Non non pas le navet de Marvel, là je parle du BPP (Black Panther Party for self defense).
Basé sur tout les grands événements de cette période marquante de l'histoire américaine contemporaine, ce bouquin est une fiction magistralement orchestrée par Michael Mention. Vous suivrez donc l'histoire de Charlene, jeune militante, Neil, officier de Police, et Tyrone, taupe infiltrée par le FBI pour saborder la Cause. Que c'est passionnant de se plonger dans l'histoire de la lutte pour les droits sociaux des années 60, en langue française s'il vous plaît. Quelle fluidité, quel punch, tout les personnages sont extrêmement bien dépeints, pas d'ennui possible! Tout y passe de l'exclusion de Malcolm X de la Nation of Islam à son assassinat, à la prise de relais de Martin Luther King. Otis Reading, James Brown, Angela Davis, ils y sont tous. Des images marquantes comme les poings gantés et levés de Tommie Smith et John Carlos au JO de 68 à Mexico.
Et c'est ça la magie de ce roman, réussir à articuler un récit fictionnel de très grande qualité sur une trame historique ancrée dans le réel. Bien trop réel. Guerre du Vietnam, répression policière, assassinats politiques, infiltration du FBI, idéal social, lutte pour l'égalité, guerres intestines, drogues. C'est une véritable guerre que le Gouvernement et son bras armé Hoover (encore et toujours) vont mener contre le Black Panther Party, et on sait à quel point la démesure américaine peut induire comme forme de répression pour ne pas dire massacre.. (cf : Watts, Move Movement.) Un livre magistral, un des meilleurs de 2018 so far, et qui reste forcément d'actualité avec l'autre Trompe. Ça paraît aujourd'hui chez un nouvel editeur, éditions Stephane Marsan . 20 euros pour 450 pages de culture historique et politique moi j'dis ça peut pas faire de mal.

Ps : mention spéciale à la Playlist complètement ouf qui nous accompagne tout au long du livre 🔊
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Passionnant et passionné. Coup de coeur total pour ce roman qui relate l'existence des Blacks Panthers ce mouvement noir armé qui luttait contre la discrimination raciale. On suit pendant 6 ans ce mouvement de sa naissance, son apogée et pour finir sa désintégration. Ne pensez surtout pas que ce livre n'est pas fait pour vous ou que le sujet ne vous intéresse pas car bien que les Panthers ont été crées en 1966 plus de cinquante plus tard on ressent toujours aux états-unis ce fossé existant entre les blancs et les noirs et on comprend mieux à travers cette histoire les flambées de violence qui ont lieu quand un policier tue un noir. Ne croyez pas non plus que ce livre risque de vous ennuyer. Au contraire grâce à une écriture sèche et nerveuse c'est un livre qui se dévore, qu'on a du mal à lâcher. On vibre à cette lecture, on est immergé dans cette Amérique des années 60/70 riche en évènements souvent tragiques. L'auteur nous plonge dans cette histoire en nous faisant partager le destin de trois protagonistes (un policier, une militante et un infiltré par le FBI). Trois destins broyés par et pour L Histoire. Un très grand moment de lecture.

Merci à Agnès Chalnot et aux éditions Stéphane Marsan de m'avoir permis de le lire en avant première, sa sortie étant prévue ce 4 avril 2018.
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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Power est un roman passionnant. Michaël Mention nous plonge dans l'époque des années 60's et 70's. Une traversée dans la noirceur de l'Amérique raciste, la misère et les ghettos.
Le Black Panther Party, mouvement créé juste après Malcolm X et Martin Luther King, milite contre la discrimination raciale. Ils espèrent rétablir une nouvelle parité entre noirs et blancs. Cet élan de liberté sera rude et pleine de désillusions entraînant une révolution qui va profondément bouleverser la vie de Charlène, Tyrone et Neil.
Un rythme soutenu, des musiques qui donnent à l'écriture une dimension spéciale et atypique. Un récit captivant sur une époque sensible. Un très bon moment de lecture.
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Quelle période tumultueuse pour les USA que les sixties et seventies! J'ai beaucoup aimé cette immersion dans l'essor et la mort du Black Panthers Party. On évolue dans L Histoire (avec un grand H) à travers 3 personnages représentants différents points de vue, et c'est très habile de la part de l'auteur pour nous faire vivre cette épopée, sans prendre partie, et éviter ainsi un piège dans lequel il eût été facile de tomber. Ici, on en apprend des tonnes sur L Histoire américaine, on comprend mieux ce pays, sa construction dans le sang, on traverse des décennies de meurtres de personnages importants, les présidents, mais pas que, Malcom X, Martin Luther King, et beaucoup d'autres... c'est très instructif, sans être un documentaire. On en apprend aussi sur comment le FBI a fait pour étouffer un mouvement de contestation, très violent, eh oui on est aux USA, c'est une lutte armée, et cela raisonne dans notre actualité. Un livre très riche, très rythmé, un livre de rage. Très bon !
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Au commencement ils étaient deux, ils finirent des milliers.

Ils ont levé le poing là où d'autres ont baissé les bras. Ils ont essayé quand certains ont abandonné.

Ils ont lutté, se sont battus. Avec des mots, avec des armes. Ils ont brandit leur couleur avec fierté, comme un drapeau qu'on érige en haut d'un mât. Ils étaient des hommes, coupables seulement de la grande loterie de la naissance et du destin.

Ils étaient noirs comme le sont leurs héritiers.

Utopie que de croire que l'Homme contemplera un jour son prochain sans voir sa couleur. Illusion que d'imaginer que les préjugés ne seront qu'un lointain souvenir. Chimère que de rêver à une humanité tolérante et sans haine.

Les hommes se battent à cause de leurs différences, quelles qu'elles soient. le monde évolue sans doute, grâce notamment à des combats tels que celui des Black Panthers mais change t'il vraiment ?

Ce blog n'est évidemment pas une tribune et n'a pour ambition que quelques lectures et écritures. Ce sont les livres qui sont importants car ce sont eux qui nous font apprendre notre monde. Ils ouvrent nos esprits et nous enseignent. Nous rendent peut-être un peu plus indulgents. J'ose y croire.

« Power » fait partie de ces romans qui peuvent avoir l'ambition de transmettre un message et de dénoncer. Néanmoins, loin d'avoir écrit une critique sociale, Michael Mention propose un récit nuancé et objectif. Rien n'y est manichéen. Qu'ils soient noirs ou blancs, réels ou fictifs, les personnages reflètent parfaitement ce combat qui a changé DES choses à défaut d'avoir changé LES choses.

La construction est magistrale et fait suivre le destin de quelques hommes et femmes, des changements qui s'opèrent en eux au rythme de l'Histoire comme au rythme de la musique omniprésente. Quelques vies choisies parmi tant d'autres et un travail de documentation ahurissant.

L'écriture de Michael Mention est immersive et aboutie. « Power » semble extirpé des tripes après y avoir mûri toute une vie. Il ensorcelle, hypnotise et cogne dans la gueule comme un camion dans un mur. Il n'attendrit pas, il révolte et il passionne. Il ne donne pas l'absolution, il raconte.
Lien : https://sous-les-paves-la-pa..
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J'écris toujours mes chroniques en « live », sans préparation, à l'instinct, guidée par l'émotion du moment. Pour « POWER » c'était impossible. J'ai dû la penser et la rédiger avant pour être certaine de ne rien oublier et surtout réussir à vous en livrer une à la hauteur de ce livre.

J'ai lu beaucoup de roman dans ma vie : de la blanche, de la noire, du bon et du moins bon, de la passionnante comme des décevantes, et de ma vie de lectrice, je pense que « POWER » est la plus grande claque littéraire que j'ai prise.

Écrit avec les tripes, ce roman se lit avec les tripes. Michaël a su m'emporter dans les sixties, au coeur d'une Amérique déchirée. de la naissance du Black Panther Party en passant par l'explosion de la soûl et du Funk, de la guerre du Vietnam aux hippies sans oublier Armstrong sur la Lune ou encore le tueur en série « le Zodiac », tout les événements marquant de cette décennie ont été évoqués.

J'ai eu souvent le sentiment de vivre en direct certains des moments d'Histoire relatés dans le roman. de lire les discours de M.L King ou de B.Kennedy, j'en avais la chair de poule tant Michaël a su donner vie, par la magie de ses mots et sa qualité d'écriture, à l'histoire de son roman.

Documenté, précis, rempli de références historiques (JO de Mexico...), musicales (une playlist de folie), POWER est un saut dans le temps.
J'ai pensé aux films « Détroit » ou encore « J.Edgar », j'ai senti la poussière, le tabac froid, la puanteur des ghettos, la peur des habitants de ces quartiers en proie aux émeutes...

Dans la première partie de son roman, Michaël Mention plante le décor, évoque la mort de Malcolm X, la naissance du black power et du Black Panther Party :
« de Fanon ils ont gardé la révolution.
De Malcolm, ils ont gardé la rage.
De King, ils ont gardé la mesure.
Du Che, ils ont gardé l'anti-impérialisme [...] »

Dans la seconde partie, il nous invite à suivre les destins croisés de trois personnages :
Charlène, en recherche de repères et d'identité, aspirée par ses idéos.
Tyrone, enfant du ghetto qui accepte de travailler pour le FBI et infiltrer les Black Panther pour sortir de prison.
Neil, jeune flic, personnage complexe qui ne comprend plus l'Amérique dans laquelle il vit.

Leur évolution, leurs espoirs, leurs déceptions, « POWER » est aussi leur histoire.

« POWER » est un grand roman, plein d'humanité. Il relate non seulement les années soixante aux Etats-Unis mais il est également très actuel. Sur l'ensemble du récit, l'évolution des mouvements politiques mais aussi la radicalisation de certains personnages vers les extrêmes rappelle ce qui se passe dans notre société aujourd'hui : la montée des haines raciales, l'intolérance, la peur de la différence.

« POWER » est un chef d'oeuvre, admirablement bien écrit, qui, je n'en doute pas, sera un grand succès littéraire.
Et peut être même plus.Très visuel, il ferait aussi un très grand film.

Vous l'avez compris, ce roman est plus qu'un coup de coeur. Il est inclassable.

Laissez vous tenter et plongez au coeur de « POWER ».
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Une plongée en apnée, dans un autre monde, une autre époque à travers Power faire la connaissance des noirs américains, à l'époque de la guerre du Vietnam et de la création du mouvement des « Black Panther Party ». Voilà la traversée que nous propose Michaël Mention. Un talent certain pour nous raconter cette noirceur de l'Amérique raciste, la misère, les ghettos, ces noirs qui n'ont plus que la révolution comme horizon en réponse à l'arbitraire, l'oppression et la mort. Cet élan vers la liberté va entraîner avec lui de grands bouleversements, de l'ultra-violence et faire trembler ce colosse aux pieds d'argile qu'est l'Amérique. La période est trouble entre le Vietnam qui n'en finit plus et les exactions contre les noirs, le refuge et l'espoir semblent être pour eux ce nouveau parti et bien tout cela accompagné des musiques qui elles aussi crient leur révolte au travers des succès de James Brown et de la Motown, une bande son dont la playlist nous est fournie à la fin, du son qui arrache et qui déchire. Les Black Panthers arrivent juste après Malcom X et Martin Luther King, ils viennent rétablir l'ordre, une nouvelle parité et les débuts du mouvement à vivre ainsi sous la plume de l'auteur sont très enthousiasmants.
Une ambiance superbement rendue avec une écriture au plus proche des ressentis, des personnages attachants, c'est rythmé et fluide, ça se dévore. On sent un véritable travail de documentation de la part de l'auteur sur des faits historiques ainsi mis en lumière, de la réalité à la fiction car bien sûr Power n'a rien d'un documentaire j'ai adoré l'anecdote des JO, tous les petits détails de la grande et de la petite histoire ainsi regroupés c'est jubilatoire. La construction du roman passe par la parole donnée à différents personnages Neil, Charlène et Tyrone dont on suit l'évolution tout au long du roman. Grandeur et décadence du BPP, la descente sera rude et pleine de désillusions alors qu'on a failli toucher au but. le sabordage, les rumeurs, le FBI étaient les grains de sables d'une machine qui commençait à peine à tourner. Je suis ravie de cette lecture qui m'a permis de mieux comprendre cette période de l'histoire que finalement je connaissais peu. Bonne lecture.

Lien : http://latelierdelitote.cana..
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Une immersion dans la fin de sixties, entre summer of love et guerre du Vietnam, révolution musicale et combats pour les droits civiques.

Foncièrement politique, le livre de Michaël Mention s'ouvre sur l'assassinat de Malcom X.

Entre stratégie non-violente et colère, la communauté Afro-américaine subit la politique raciste des Etats-Unis. C'est dans ce contexte que Bobby Seal et Huey P. Newton décident d'agir et créent le Black Panther party. L'adhésion est massive, immédiate, et le mouvement devient très vite populaire.

La première partie du roman nous raconte la création des Black Panthers.

La seconde voit s'alterner trois voix, trois voies.

Charlène, adolescente de Philadelphie, dont la conscience politique s'éveille et qui intègre les Black Panthers.

Tyrone, délinquant de Chicago, purgeant une peine de prison pour meurtre, est sorti de sa cellule par le FBI et doit infiltrer le Party.

Neil, flic de Los Angeles, subissant un quotidien répugnant, se mue en un être haineux et dangereux.

Trois destins pour nous raconter ces années d'activisme, d'engagement, de lutte. Trois personnages pour contextualiser et donner à voir et à entendre une époque de combat et, peut-être, d'espoir.

Comme dans les tragédies grecques, les personnages endossent une part du monde, portent le masque de tout un pan de la société. Comme dans une tragédie grecque, chacun a son chant, des chants qui alternent pour nous raconter les événements, la tragédie qui s'annonce.

Michaël Mention, en reprenant cette construction antique que l'on pourrait imaginer dépassée, nous livre un roman moderne et explosif.

Le gouvernement des Etats-Unis fait face à une multitude de contestations. Manif contre la guerre du Vietnam, mouvement pour les droits civiques, weather, Black Panthers. Kennedy vient d'être assassiné à Dallas et le FBI est dirigé par un sociopathe.

Tous les ingrédients d'un polar social sont là, et le résultat est à la hauteur de l'enjeu.

Une belle réussite !

PS : Mumia Abu Jamal est toujours en prison.
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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En bref, ce roman évoque l'histoire des Etats-Unis de février 1965 à octobre 1971, période éminemment riche en évènements qui ont marqués l'avenir d'une des plus grandes puissances mondiale.
Il est construit en 2 parties :
- partie 1 : What we want (ce que nous voulons)
Bobby Stills et Huey Norton fondent le BPP, Black Panther Party, ils ont des rêves, des espoirs, des besoins de liberté et d'égalité.
A leurs côtés, Eldridge Carlson rédacteur en chef du journal du BPP et Fred Carlson dirigeant de la cellule de Chicago. Ensemble, ils font un rêve, pour reprendre la célèbre phrase de Martin Luther King, un rêve qui abolirait les différences liées à la couleur de peau, qui mettrait les blancs et les noirs sur un pied d'égalité, qui ferait cesser la ségrégation une fois pour toute.
Cette partie se fonde sur les grands leaders des années 60 : Kennedy, Malcom X, MLK parallèlement à la création du BPP.
- partie 2 : What we believe (ce que nous croyons)
Cette partie est une histoire dans L Histoire. le lecteur suit 3 protagonistes, chacun dans un rôle différent, qui, d'une certaine manière, contribuent à L'Histoire en marche.
Charlene, jeune idéaliste militante qui veut donner un sens à sa vie en combattant auprès des noirs opprimés.
Neil, flic blanc qui chaque jour est confronté à la violence ordinaire de son métier mais aussi de la rue.
Tyrone, ex-taulard noir, infiltré dans le BPP pour le compte du FBI contre sa volonté.

Cette partie relate aussi de grands faits historiques : la guerre froide, le Vietnam, les assassinats de hautes figures de l'état, le Klu Klux Klan, mais surtout comment le BPP a gagné des batailles, en a perdu d'autres et a réellement été une "béquille" pour sa communauté.

Ce livre est un témoignage d'enfants du siècle, ceux qui de 65 à 71 ont combattu ou subi les évènements d'un peuple qui créait son Histoire et qui avait décidé de prendre son destin en main.
C'est aussi un reportage journalistique sur des problématiques dont nous avons presque tout oublié... Et pourtant, c'était il y a à peine 50 ans. Il y a encore une cinquantaine d'années, aux Etats-Unis, les noirs étaient toujours persona non grata, on les attaquait encore dans les rues, on les arrêtait à tour de bras, on les condamnait sans raison : ça s'appelait le délit de sale gueule.
J'ose le parallèle avec le monde américain d'aujourd'hui : Trump a succédé à Obama, après la lumière et l'espoir, la nuit et la désillusion. Les batailles raciales sont présentes plus que jamais, les inégalités sont creusées, la menace de guerre plane toujours au dessus de nos têtes... Les choses n'ont pas tellement changées...

Le roman de Michaël Mention m'a donnée des frissons, les mêmes que ceux que je peux ressentir en regardant "Mississippi Burning", "Malcom X", "Selma", "Hidden Figures", ou dans un registre plus général "12 years of slave" ou "Le majordome" : la révolte, l'écoeurante réalité d'un peuple honni pendant des siècles.

Il reste que Michaël Mention est un formidable conteur, passionné d'Histoire, qui par le prisme de 3 personnages très différents, nous fait entendre les cris d'un peuple vivant dont le pouls bat pour un besoin profond de reconnaissance. Ce pouls, est rythmé par une sacré playlist de morceaux collectors que l'auteur a eu l'intelligence de nous donner à la fin du livre. La musique entêtante résonne donc à chaque page, entre les cris, les larmes et le sang, comme un film qui se déroule sous nos yeux.
Il faut que je vous dise à quel point j'ai aimé le personnage de Neil que je trouve extrêmement bien dépeint, du début à la fin, dans son évolution, sa façon de combattre des traditions familiales, une certaines éducation qui va de paire avec une mentalité très présente alors dans de nombreux foyers. Ce personnage est d'une puissance rare et le message qu'il véhicule est vraiment d'un réalisme dérangeant.

Ce genre de romans n'est habituellement pas ma came.
D'abord, parce que ça me renvoie à une réalité qui me dérange et me met mal à l'aise,
Ensuite, parce que je ressens alors de la honte à être blanche,
Enfin, parce que j'ai l'impression que notre société est plongée dans un marasme qui ne permet plus qu'on veuille se battre, VRAIMENT se battre pour une cause.
Parce que nous nous révoltons derrière nos postes de télé et que ça ne fait pas avancer les choses, et que comme pour le livre d'Olivier Norek sur les migrants ("Entre deux Mondes"), on ferme les yeux sur une réalité qu'on ne veut pas voir.

Je prédis à Michaël Mention de beaux romans à venir s'il persévère dans cette volonté de vouloir transmettre des choses essentielles de notre Histoire.
C'est un roman qui a du sens, dans lequel il y a des messages, dans lequel on vibre de joie ou de honte, un roman d'émotions pures qui vous transpercent le cuir qu'est devenue notre peau. Et surtout, il nous renvoie à la notion première de ce que doit être l'Homme avec un grand H : un être complexe, qui se doit d'évoluer en ayant la connaissance de son Histoire. Parce que ça sert à ça aussi de connaitre L Histoire : en tirer les leçons pour devenir meilleur.

Merci pour ces quelques heures de lecture, fines, intelligentes, empreintes d'émotions qui m'ont certainement rendue plus humaine.

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