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Perrin, Paris (31/12/1902)
2.75/5   2 notes
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dimitri Merejkowsky Né à Petersbourg en 1965
L'année prochaine ça fera 80 ans qu'il est enterré au cimetière russe de Sainte Geneviève des bois. Décidément, ça fait une pelletée de russes blancs qui sont enterrés là-bas. Un exilé, un de plus. Il professa des idées socialistes révolutionnaires dans ses jeunes années, mais devenir bolchevik jamais. Un de plus aussi à être un peu oublié sur sa terre d'accueil, la France, c'est fort regrettable ! Toute la génération qui a connu les soviets (en Russie) n'a pas oublié ce brave qui au début du siècle voulait conjuguer chrétienté et socialisme. Cela pour le public, mais des idéologues de tout poil vont émerger et se saisir de la question ouvrière et paysanne pour un après-tsarisme qui connaîtra des décennies encore plus sombres ..

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il est troublant de lire que peut-être deux des plus grands essais littéraires du 20e siècle sur des écrivains russes furent le Tolstoï et Dostoïevski de Dimitri Merejkovski (1903) et le Tolstoï ou Dostoïevski de Georges Steiner (1959), en les comparant tout en ne les comparant pas, je dirais plutôt en les superposant, même si ce dernier se risqua un peu plus dans l'étude comparée la portant même parfois jusqu'à la phrase. On peut aussi croiser cette connaissance en disant ce que rapporte d'ailleurs Steiner que Tolstoï dans sa fuite une fois installé dans la maison du chef de gare d'Astapovo disposait de deux livres à son chevet : Les Frères kamarazov de Dostoïevski et les Essais de Montaigne :"il semblerait qu'il ait voulu mourir en la présence de son grand antagoniste et d'un esprit parent du sien -Montaigne, un poète de la vie dans son harmonie plénière ..".

Ce qui est bien avec ces grands noms, on peut faire le livre du livre, la référence se doublant en quelque sorte. Ce n'est pas sans rappeler ces poupées-gigognes, les matriochkas ..

Je ne peux pas alors ne pas me souvenir des "Premiers jours de la guerre 1914" (Stefan Zweig, Le Monde d'hier, Souvenirs d'un européen),
"Même sans la catastrophe qu'il déchaîna sur l'Europe, cet été de 1914 nous serait demeuré inoubliable. Car j'en ai rarement vécu de plus luxuriant, de plus beau, je dirais presque de plus estival. Jour après jour, le ciel resta d'un bleu de soie, l'air était doux sans être étouffant, les prairies parfumées et chaudes, les forêts sombres et touffues avec leur jeune verdure.
Aujourd'hui encore, quand je prononce le mot été, je ne peux que songer involontairement à ces radieuses journées de juillet que je passai à Baden, près de Vienne. Je m'étais retiré dans cette petite ville romantique, que Beethoven choisissait si volontiers pour séjour d'été, afin d'y consacrer ce mois à mon travail, dans une profonde concentration, et de passer ensuite le reste de l'été chez Verhaeren, mon ami vénéré, dans sa modeste maison de campagne, en Belgique. A Baden, il n'est pas nécessaire de quitter la petite ville pour jouir du paysage. La belle forêt des collines se glisse insensiblement entre les maisons basses de style Biedermeier, qui ont conservé la simplicité et la grâce de l'époque beethovénienne. Dans les cafés et les restaurants, on s'attablait partout en plein air, on pouvait se mêler à son gré au peuple gai des curistes qui se promenaient en voiture dans le parc de l'établissement de bains ou s'égaraient sur des chemins solitaires.

La veille de ce 29 juin, qui dans la catholique Autriche est la fête de Saint Pierre et Saint Paul, de nombreux hôtes étaient déjà arrivés de Vienne. En clairs vêtements d'été, joyeuse, insouciante, la foule affluait dans le parc devant le kiosque à musique. La journée était douce ; le ciel sans nuages s'étendait au-dessus des larges couronnes des châtaigniers, et c'était un vrai jour à se sentir heureux. Les vacances approchaient pour les adultes, pour les enfants, et avec ce premier jour férié de l'été, c'était comme s'ils aspiraient par avance tout l'été avec son air plein de félicité, son vert nourri, son oubli des soucis quotidiens. J'étais assis à l'écart de la foule du parc et je lisais un livre - je me souviens que c'était Tolstoï et Dostoïevski, de Merejkovski-, je le lisais avec une attention concentrée. cependant, le vent dans les arbres, le gazouillement des oiseaux et la musique du parc qui flottait dans l'air étaient également présents à ma conscience. J'entendais distinctement des mélodies sans en être gêné, car notre oreille est si capable d'adaptation qu'une rumeur soutenue, une rue bruyante, un ruisseau bouillonnant, s'installe complètement dans notre conscience au bout de quelques minutes et qu'au contraire seule une rupture inattendue du rythme nous fait dresser l'oreille.

C'est ainsi que j'interrompis involontairement ma lecture quand soudain la musique se tut au milieu d'une mesure ..


..Et je me retrouve moi-même dans le parc du Mémorial de la 1e guerre mondiale de Moscou en 2010 assis sur un banc en train d'attendre ma belle, et lisant La Carte et le territoire de Houellebecq, un peu à l'écart des passages ou l'on voit des personnes âgées seules ou en train de papoter avec d'autres en ce beau jour d'été débutant, -pas de cloches, il n'y en a pas-, des jeunes mamans poussant fièrement leur bébé dans la poussette ... Je regarde fébrilement ma montre car l'heure de rencontrer ma belle m'est plus chère que les plus belles pages de Houellebecq.
Il n'y a pas eu de rupture ce jour là sauf "l'heure arrêtée au cadran de ma montre" et tout me ramène à ces instants de bonheur passé ..

Après j'eus l'occasion d'y revenir dans ce parc, les feuilles non pas des arbres mais de Houellebecq furent couronnées par le Goncourt. Les dépouilles du Grand Duc Nicolas Nicolaïevitch et la Grande Duchesse Anastasia furent arrachées à la France pour y être transférées à deux pas de là dans le parc, à l'ombre des vieux arbres. Je vois le mausolée mal entretenu comme s'il s'agissait juste dans cette histoire d'une question de rendre aux leurs les dépouilles du Grand Duc et de la Grande Duchesse à titre posthume, à part j'imagine dans le souvenir de quelques braves fidèles à leur mémoire qui paraît maintenant d'un seul coup si lointaine. C'était la volonté du Grand Duc Nicolas d'être enterré près de ses soldats, semble-t-il. Et ce souvenir s'éclipse petit à petit, et ne vient pas vriller mon esprit comme celui de Zweig en souvenir du temps qui passe à jamais révolu, un jour d'été 14 brutalement interrompu, et je peux reprendre ma lecture : Tolstoï et Dostoeïvski de Merejkovski.
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Merejkowsky relève ceci dans le livre présent au chapitre IV intitulé la conversion ce que rapporte M Sergueienko dans son livre Comment vit et travaille LN Tolstoi:
«  Un jour, rencontrant dans la rue un homme de sa connaissance, il apprit que cet homme vivait en garçon, prenait ses repas où bon lui semblait, et pouvait, à chaque moment s’isoler en plein Moscou comme dans une île déserte «  J’en conçus une envie dont j’ai vraiment conscience » disait Tolstoi en souriant. «  Pensez donc : voici un homme pouvant vivre comme il lui plaît, sans faire souffrir personne. En vérité, n’est-ce pas là le bonheur ? »

L’auteur commente ainsi : que signifie ce sourire où l’on distingue une amertume cachée ?
Oui j’aurais dit la même chose en introduisant l’idée de malice comme il l’était y compris avec lui-même !
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Je suis certain que s'il m'est donné de vivre très longtemps et si je me décris encore comme tel que je serai dans ma vieillesse, mon récit me montrera, à soixante-dix ans comme aujourd'hui, irrémédiablement livré à d'enfantines rêveries
Remontée par Merejkowsky (1903)

Voilà en deux mots toute la poésie foncière de Tolstoï -je ne veux rien gâcher après lui, surtout pas -. Et je pense qu'il a prouvé sa prophétie avec Hadji Mourat qui me rappelle son âme d'antan.
Quand je dis foncière, je ne suis pas en train de me moquer comme Dostoïevski qui parlait à son endroit de récits de propriétaire foncier, on l'aura compris !..

A propos de Dostoïevski, c'est plus une boutade, un brin de jalousie car loin de lui de minimiser l'art de Tolstoï. Il s'est bien rattrapé par la suite. Mais il avait de quoi parfois être excédé par les facilités octroyées à Tolstoï notamment en termes d'édition et de royalties, alors que lui a souvent trimé pour vivre !

Deux hommes comme ça par siècle, ça devrait suffire, non ?
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Chapitre : Dostoïevski, la vie

"Contrairement à Tolstoï, Dostoïevski n'aime pas à parler de lui-même."
C'est original, mais c'est faux ! Tolstoï n'aimait pas parler de lui-même. Bien sûr il livre sa vérité dans ses fictions, puise des matériaux dans sa propre vie, mais raconter sa vie de manière autobiographique, non ! Paul Birukof lui avait commandé ses Souvenirs pour une biographie, il a eu les pire difficultés à parler de lui-même, et il a arrêté de se prêter à ce jeu là, ça lui paraissait impudique, sans intérêt, et il concevait que dans ce cas, il faudrait tout dire et à quoi bon ?
Une autre fois, il avait rembarré un journaliste de la BBC qui voulait en savoir sur sa vie : il lui a répondu, lisez mes livres, c'est dedans.
Bon maintenant si on songe à ses journaux intimes : d'abord il disait que ce qu'il voulait bien dire et ce n'était pas appelé à être divulgué, c'était un exercice personnel. Il considérait futile de lire cela. De plus Tolstoï n'était pas du genre à pleurer sur son propre sort
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Bon, tout cela est bien gentil, mais il faudrait que Dimitri Merejkovski m'explique pourquoi il a reçu en 1909 à Paris Boris Savinkov et pourquoi il l'a protégé. Boris Savinkov, polonais né à Khartov, dirigeait le parti socialiste révolutionnaire de Russie et on ne compte pas à son actif les attentats assassins contre des personnalités importantes du régime tsariste : on lui doit aussi l'attentat contre le prêtre Georges Gapone en 1906 à Pétersbourg.

C'est un terroriste ce type : rien ne justifie une complicité même objective avec un terroriste.
C'étaient tous deux des SR, des socialistes révolutionnaires, farouchement opposés à Lénine.
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