Le Maghreb dans la guerre - 1939-1945

Chantal Metzger, nous détaille dans la première partie de son ouvrage, l'organisation politique, administrative et sociale de l'Afrique du Nord française, à savoir les protectorats de Tunisie et du Maroc ; ainsi que l'Algérie considérée comme partie intégrante de la France et divisée en trois départements : Oran, Alger et Constantine.

L'Italie fasciste et l'Allemagne nazie, bien qu'alliées, avaient des motifs différents d'intérêt au sujet du Maghreb.
Les Italiens, étant fortement implantés en Tunisie depuis le XIXème siècle, Mussolini exigeait l'annexion de la Tunisie. Cette revendication s'ajoutant à celles concernant Nice et la Corse.
Hitler, quant à lui, était uniquement intéressé par les matières premières comme le phosphate.

L'Italie et l'Allemagne, dès avant la Seconde guerre mondiale, entreprirent une campagne de dénigrement des Français auprès des populations arabes grâce à des stations de radio comme Radio Bari pour les Italiens et Radio Berlin pour les Allemands. Ils éditèrent également de la presse et des tracts qu'ils faisaient pénétrer clandestinement dans les territoires maghrébins. Cette propagande avait pour but de séduire les partis nationalistes et de monter les Arabes contre la France. Si ces actions en séduisirent quelques-uns, la majorité resta fidèle à la France. Cela se vérifia à l'ouverture des hostilités, par le grand nombre d'engagements dans l'armée française.

Après la défaite française de 1940, le gouvernement de Vichy applique les principes de la Révolution nationale. Ce qui aboutit, comme sur le sol métropolitain, à l'interdiction de toute opposition et, bien entendu, à l'ostracisme de la population juive du Maghreb à laquelle est appliqué le Statut des Juifs (mis au point par Pétain dès octobre 1940, avant toute demande des Allemands…).

Le 8 novembre 1942, c'est l'opération Torch, le débarquement anglo américain sur les côtes d'Afrique du Nord. Après quelques résistances des troupes françaises fidèles à Vichy, les Alliés contrôlent le Maroc français et l'Algérie.
L'Afrika Korps de Rommel étant en campagne en Lybie, les forces de l'Axe décident d'occuper la Tunisie. Les armées allemande et italienne s'y installent. de novembre 1942 à mai 1943, la population tunisienne connaîtra la famine du fait des réquisitions des occupants.
Là encore, Allemands et Italiens tentent de séduire les nationalistes tunisiens, dont Bourguiba, qui finalement choisira le camp des Alliés.
De France viendront des membres de partis collaborationnistes tel le PPF de Jacques Doriot qui épauleront les services de police allemand et italien.

Après la défaite des armées allemande et italienne en mai 1943 en Afrique du Nord, le Maghreb servira de base de départ pour la libération de la France métropolitaine.

L'auteure analyse avec précision les profonds désaccords entre De Gaulle et Giraud, lequel a continué à appliquer la législation de Vichy plusieurs mois après la défaite des forces de l'Axe, et notamment le Statut des Juifs.
Il faudra toute la force de caractère du général De Gaulle pour imposer le retour de la République.

Chantal Metzger ne manque pas de souligner les prémices de la lutte pour l'indépendance qui débutera quelques années plus tard en Algérie.

C'est un ouvrage passionnant, sur une période de l'histoire du Maghreb pour laquelle il existe peu de livres.