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« le concile de fer » est l'un des trois romans qui composent la trilogie du Bas-Lag avec « Les Scarifiés » et « Perdido Street Station » (en deux parties). Si tous les tomes se déroulent dans le même univers et à des périodes peu éloignées les unes des autres, chacun d'entre eux peut être lu indépendamment (l'auteur fait de temps à autre références aux événements qui se sont déroulés dans certains volumes mais de manière très anecdotique et sans que cela ne gène en rien la compréhension du texte). Comme dans « Perdido Street Station », l'action prend place dans la grouillante ville de Nouvelle-Crobuzon, une vaste cité industrielle peuplée de créatures très hétéroclites, allant de l'humain lambda aux hommes cactus, sans oublier les femmes scarabées ou encore les Recréés. C'est dans cet environnement qu'on fait la connaissance de plusieurs personnages que l'on va suivre à tour de rôle, avant que leur route ne finisse inévitablement par se croiser. le premier est un jeune homme engagé faisant partie d'un groupe clandestin cherchant à renverser le pouvoir en place, jugé corrompu et tyrannique. La plupart des sympathisants qu'il fréquente se contentent toutefois de théorie, quand lui voudrait passer à l'action pour véritablement changer les choses. Or, un personnage controversé a fait son apparition il y a peu dans la ville et se livre à des actions coup-de-poing particulièrement violentes qui ne sont pas sans séduire les citoyens les plus avides de changement. Les rangs des mécontents de la politique du gouvernement et de la gestion de la guerre en cours ne font d'ailleurs que grossir, poussant même les plus réticents à envisager des mesures plus radicales. le second protagoniste mène un petit groupe de dissidents hors de Nouvelle-Crobuzon, à la recherche d'un homme, Jonas, parti en quête de ce que beaucoup considèrent comme un mythe : le concile de fer. En parallèle de ces deux parcours, l'auteur met en scène la suite d'événements vieux de plusieurs décennies qui ont justement conduit à la création de ce concile dont la nature même fait débat. Si tous, dans la capitale, ne sont pas convaincus par l'existence de cette sorte d'utopie rebelle que Nouvelle-Crobuzon n'aurait pas réussi à écraser, Jonas, lui, est persuadé de son existence et a tout quitté pour prévenir les gens qui la compose du danger. Car il semblerait bien que la tentaculaire cité ait fini par retrouver la trace des rebelles, et qu'elle ait envoyé pour les détruire les meilleurs éléments de sa redoutable milice.

Il est des auteurs qui parviennent immédiatement à faire sentir au lecteur qu'ils ne donnent à voir qu'une toute petite portion de leur univers et que celui-ci fourmille de quantité d'autres mystères. China Mieville est incontestablement de ceux-là. La première chose qui frappe lorsqu'on découvre Nouvelle-Crobuzon et ses alentours, c'est sa richesse. le récit accumule les influences et les idées follement originales, certaines évoquées avec force détail, d'autres mentionnées le temps de quelques lignes seulement, et tout cela contribue évidemment à donner énormément de profondeur au roman. Un tel niveau de densité ne rend cependant pas la lecture très aisée, au point qu'on est presque tenté de faire une pause toutes les deux pages afin prendre le temps de digérer la masse d'informations qui nous a été donnée. le bestiaire mis en scène ici est particulièrement révélateur de l'imagination débridée de China Mieville. Femme-scarabée, homme-cactus, vache à vin, Mainmises, sans oublier Recréés (des humains mécaniquement modifiés en punition d'un crime et auxquels on a donc greffé des appendices supplémentaires qui peuvent être organiques ou mécaniques) : l'auteur préfère visiblement créer ses propres créatures plutôt qu'emprunter celles de bestiaires déjà existants, et il prend manifestement beaucoup de plaisir à imaginer des êtres plus improbables et bizarres les uns que les autres. L'impressionnant foisonnement qu'on trouve dans le roman tient également aux nombreuses références historiques brassées par l'auteur. le cadre dans lequel se déroule l'action fait par exemple plutôt penser au XIXe, voire au début du XXe siècle, puisqu'on a affaire à une société industrialisée, dotée d'un certain nombre d'innovations techniques et dont le fonctionnement rappelle par certains points celui des sociétés occidentales de l'époque. L'omniprésence de la question de l'insurrection populaire et des différentes formes qu'elle peut prendre nous incite à rapprocher l'événement des diverses révolutions qui ont marqué l'histoire (difficile de ne pas penser à la Commune de 1871). La gêne et l'indifférence que suscitent les vétérans de la guerre, rapatriés en ville à cause de blessures, font évidemment échos au retour gueules cassées de la Première Guerre mondiale, tandis que l'essor du mouvement xénophobe de Nouvelle Plume, formant des milices et organisant des attentats contre les populations non-humaines, n'est quant à lui pas sans rappeler la montée du fascisme dans l'Europe des années 1930. Et puis il y a tout ce qui concerne la construction du chemin de fer, qui nous renvoie cette fois au milieu du XIXe : l'avidité des grandes compagnies, les chantiers monstrueux brassant une masse énorme d'ouvriers, la transformation du paysage… L'ambiance se fait alors plus proche du western et fait l'effet d'une bouffée d'air frais comparé à l'atmosphère délétère qui règne dans la capitale qui peut vite devenir étouffante.

Le roman fourmille de bonnes idées, c'est indéniable. le problème, c'est que certaines des trouvailles de l'auteur sont vraiment (vraiment!) très « perchées », au point qu'il est parfois difficile de comprendre où il veut en venir. C'était déjà le cas dans « Perdido Street Station », et on retrouve ici le même travers, l'auteur se plaisant à multiplier les inventions ou les théories mêlant métaphysique et physique, ce qui donne lieu à des scènes parfois complètement surréalistes dont on peine à saisir le sens. La plume de l'auteur est d'ailleurs un peu en dent-de-scie. Certains passages sont très fluides, d'autres captivants, d'autres encore pleins d'émotion, mais il y en a aussi beaucoup qui mettent le cerveau du lecteur à rude épreuve. Un conseil d'ailleurs, munissez-vous d'un dictionnaire lors de votre lecture, vous risquez d'en avoir besoin ! Non pas que l'auteur fasse dans le pompeux ou l'ostentatoire, au contraire, mais le roman fourmille de termes assez techniques (qu'ils soient scientifiques ou technologiques) qui peuvent poser question. le roman souffre également de problèmes de rythme puisque, là aussi, on alterne entre passages captivants, dans lesquels l'action est menée tambour battant, et longues scènes qui ne font pas avancer l'intrigue d'un poil et qui peuvent finir par lasser le lecteur. L'un des plus gros bémols qui nuit au roman concerne cela dit les personnages, et il ne s'agit pas là d'une surprise dans la mesure où il s'agissait déjà du plus gros point faible des « Scarifiés » et de « Perdido Street Station » (même si les protagonistes du « Concile de fer » restent sans doute les plus réussis des trois romans). China Mieville met en scène des personnages loin d'être parfaits mais indéniablement sympathiques, et qui traversent des épreuves qui devraient renforcer notre identification, ou du moins susciter notre empathie. Et pourtant, la plupart laissent complètement indifférents. La faute à une distance qui s'instaure dès les premières pages entre protagonistes et lecteurs, et qui donne l'impression de ne jamais vraiment les connaître. L'auteur arrive cependant à nous émouvoir à plusieurs reprises et, à défaut de s'attacher pleinement aux différents protagonistes, on ne peut pas non plus dire qu'on se moque complètement de leur sort, loin de là. Enfin, dernier petit bémol : la présence répétée de scènes de sexe détaillées et un peu glauques qui n'ont pas vraiment d'intérêt pour l'intrigue et qui ne semblent avoir été incorporées au récit que pour lui donner un petit côté sulfureux bien inutile.

Malgré tous les défauts précédemment cités, le roman vaut incontestablement le détours en raison de l'originalité de son traitement politique. Pas question ici de véhiculer une quelconque idéologie, et l'auteur (qui est engagé politiquement puisqu'il appartient au parti trotskyste anglais) a déjà insisté sur le fait que ses ouvrages de fiction n'étaient pas là pour porter un message politique. Et c'est vrai (on n'est pas chez Damasio, loin de là…), même si le choix des thématiques abordées ainsi que la manière dont elles sont traitées relèvent évidemment de choix politiques. le thème central du roman est à lui seul suffisamment éloquent puisqu'il s'agit de la préparation d'une insurrection et de la création d'une société utopique, en marge de toute autorité, et composée exclusivement de marginaux. le choix des personnages est lui aussi révélateur puisque l'auteur ne met pas une seule fois en scène le point de vue d'un homme ou d'une femme de « pouvoir ». Ici, les protagonistes sont des prostituées, des ouvriers, des repris de justice, des idéalistes, des militants politiques… Il ne s'agit pas juste de les inclure dans le paysage en tant que figurants, mais d'en faire le coeur du récit, et donc de mettre en avant leurs préoccupations. Et ça, ça ne courre pas les rues en fantasy. Certes, quantité d'ouvrage mettent en scène des luttes politiques, mais lorsque les auteurs abordent le sujet, ils le font presque exclusivement du point de vue des « grands », si bien qu'ils se concentrent sur les intrigues de cours, les trahisons et les alliances, ou bien les grands affrontements spectaculaires. China Mieville fait tout l'inverse. Puisqu'il met en scène des personnages issus des classes populaires, il met en scène des revendications et des questionnements propres aux classes populaires. le roman nous parle ainsi des conséquences de la conjoncture économique catastrophique, de grèves, de syndicats, de manifestations, de licenciements, de journaux dissidents, de répression policière… Autant de thématiques qui ne sont presque jamais abordées en fantasy, ou alors uniquement de manière très anecdotique (le seul exemple qui me vient à l'esprit est le diptyque de Clément Bouhélier, « Olangar », qui met lui aussi en scène une insurrection populaire, mais si vous avez d'autres références, je suis preneuse...). Pour toutes ces raisons, le roman apparaît évidemment comme engagé, même si, je le répète, il n'est absolument pas militant. Il ne s'agit pas ici de juger si tel ou tel système politique est meilleur qu'un autre, ni de diaboliser les dirigeants ou d'idéaliser les insurgés. L'auteur se plaît d'ailleurs à mettre en lumière les contradictions de la plupart des personnages, leur hypocrisie parfois, les choix discutables qu'ils ont pu faire… Ses personnages sont loin d'être des fanatiques convaincus d'oeuvrer pour la bonne cause, mais plutôt des hommes et des femmes qui doutent en permanence et s'opposent constamment sur les méthodes ou les modes d'action à privilégier, et c'est cette complexité qui fait tout l'intérêt du roman.

China Mieville signe avec « Le concile de fer » un roman exigent et foisonnant prenant à nouveau place dans la fascinante ville de Nouvelle-Crobuzon. Si l'ouvrage est loin d'être parfait (les personnages ne sont pas vraiment à la hauteur et le rythme est très variable d'un chapitre à l'autre), il n'en demeure pas moins captivant, notamment en raison de son traitement des affaires politiques de la cité qui sont, pour une fois, abordées du point de vue des classes populaires. Un choix qui traduit évidemment un engagement politique (même si l'auteur se garde bien de prendre parti) et qui lui permet d'aborder un grand nombre de thématiques rarement évoquées en fantasy.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Le Concile de fer, donc. Comment le définir ? C'est de la weird fantasy jaurésienne. Une histoire prolétaire avec des communards, un animateur de golem, des catins décaties, des miliciens serviles, un pseudo-dieu oublieux, des militants qui basculent dans la lutte armée, une ville qui se déchire, une course en avant… bref c'est un mouvement social qui dépasse l'entendement. Une grève qui devient mythique et qui inspire les générations suivantes. le tout vécu de différents points de vue à des moments différents. Et comme toujours avec Miéville, c'est d'un foisonnement incroyable : on croise des créatures étranges, des praticiens bizarres, des races méconnues. Pris isolément, chaque élément semble improbable, mais tout s'emboite au quart de poil de cul près. Pour rendre tout cela possible, il n'y pas seulement une imagination débridée, il y a une langue qui fait feu de tout bois sans jamais faiblir. le lecteur est canardé, assiégé par la narration de Miéville qui canonne sa mitraille linguistique à chaque page. Ce n'est pas toujours limpide, ce n'est pas le genre de livre qu'on lit fatigué pour se vider la tête. Ça demande de l'attention et de la persévérance.

Car comme à chaque fois avec cet auteur, les premiers chapitres m'ont déstabilisé. Il me faut toujours un temps d'adaptation avant de retrouver le rythme miévillien. J'ai du me faire violence pour dépasser les 50 premières pages exigeantes. Mais une fois mon souffle retrouvé, quel voyage ! Des quartiers sordides de Nouvelle-Crobuzon aux terres étranges où se cache le Concile, c'est un tel dépaysement. Ce n'est pas la resucée d'un énième truc fantasy : c'est vraiment nouveau. Bizarre. Mais doté d'une vie propre, d'une logique interne. Et le pire, c'est que Miéville ne perd jamais de temps à expliquer son univers : tout va de soi, ça s'explique tout seul avec le temps. Des mots qui entrent en collision pour donner des néologismes auto explicatifs. Il fait vivre sa création en emportant le lecteur avec lui. Ça pue, ça colle aux doigts et c'est assourdissant. Et c'est surtout passionnant.

J'ai vu dans ce Concile de fer une allégorie de ce Mai 68 qui hante chaque début de commencement de prémices de contestation. Alors qu'on ne semble pas foutu de se mettre d'accord sur ce que l'on exige et qu'on a du mal à s'unir pour défendre le bien commun, j'ai vu cette quête du Concile comme une nostalgie socialiste. L'éternel espoir que ça serait possible. Parce que dans le temps, ils faisaient trembler le monde en exigeant des congés payés. le Concile de fer, c'est un petit peu le Midnight Express : l'espoir qu'il existe un moyen de sortir de cette impasse.

Pour finir, je tiens une fois de plus à saluer le travail de traduction de Nathalie Mège. Chapeau bas, madame.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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Après Perdido Street Station et The Scar (Les Scarifiés pour la version française), notre promenade en Bas-Lag s'achève par Iron Council (ou le Concile de Fer tel qu'il est paru en France). Même si China Miéville est revenu explicitement dans ce monde dans une nouvelle et plus implicitement dans un autre roman, c'est avec ce texte ô combien politiquement engagé qu'il clôt sa trilogie épique.
Iron Council débute plus de vingt ans après les événements de Perdido Street Station et suit trois histoires se déroulant à des périodes différentes, mais qui finiront par se recouper. Dans la première nous suivons Cutter et ses amis lancés à la poursuite d'un certain Judah lui-même parti à la rencontre du Concile de Fer, un train itinérant parcourant le continent de Rohagi alors que La Nouvelle-Crobuzon est en guerre contre une autre ville, Tesh. Dans la deuxième, nous suivons Ori dans les rues de la Nouvelle-Crobuzon où, conséquence de la guerre en court et des événements racontés dans Perdido Street Station, la révolte gronde et où les mécontents se radicalisent de plus en plus autour d'une mystérieuse figure, Toro. Enfin, la troisième nous ramène dans le passé, lorsque Judah Low était jeune et employé par la compagnie de chemin de fer voulant poser ses rails dans tout le Rohagi, n'en déplaise aux peuplades déjà installées.
Avec Iron Council, China Miéville fait référence à plusieurs moments importants de la Révolution industrielle et de ses conséquences sociales. La partie concernant le chemin de fer évoque la Conquête de l'Ouest américaine avec les hotchis et les stiltspears qui prenne la place des Amérindiens décimés et dépossédés de leurs terres par les colons, avec ses villes champignons devenant du jour au lendemain des fantômes, et sa population bigarrées mi-réfugiés, mi-avide de conquêtes et d'or. Celle dans La Nouvelle-Crobuzon évoque les différentes guerres et révoltes qui ont émaillé le 19e siècle et le début du 20e siècle, et en particulier la Commune de Paris aussi tragique que Le Collectif qui s'oppose à la milice et s'empare pour un temps de certains quartiers de la ville.
Des trois livres de la trilogie de Bas-Lag, Iron Council est le moins simple d'abord, car c'est certainement le plus dense. Même si l'on connaît déjà l'univers de Bas-Lag, China Miéville y introduit de nouveaux concepts comme la magie liée aux golems de Judah Low, ou les différentes magies étranges venues de Tesh. le personnage du moine Qurabin qui perd peu à peu de sa substance à chaque fois qu'iel cherche une réponse ou un chemin auprès de sa divinité est particulièrement tragique. L'auteur propose également des images fortes, comme ce train libre qui parcourt le continent en défaisant et refaisant sans cesse son chemin pour échapper à la milice et à sa ville d'origine. Mais il en fait trop, et surtout entraine dans une fin inexorablement tragique ses personnages, au point que la lectrice que je suis ne voulait plus tourner les pages pour ne pas voir souffrir Judah, Cutter, Ann-Hari et les autres. Des trois livres, ce n'est clairement pas mon favori, mais il reste pourtant un grand texte à lire au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce que pour les messages que China Miéville y fait passer et pour certaines images fulgurantes qu'il suscite au détour de certaines paragraphes. Si vous ne voulez pas lire ce roman en anglais, ou si vous n'en avez pas le courage, il est disponible comme les deux précédents chez Pocket et toujours traduit par Nathalie Mège.
Lien : https://www.outrelivres.fr/i..
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Un livre-monde mêlant la Fantasy au Steampunk avec une certaine dose de politique (China Mieville est un membre actif du parti trotskiste anglais si je ne m'abuse).
La Nouvelle-Grobuzon est une ville-état, cosmopolite, étrange, superbe et misérable dans laquelle le prolétariat urbain souffre de la crise économique, de la guerre avec la mystérieuse Tesh et s'organise.
C'est l'Angleterre du XIX, les USA du chemin de fer et de la conquête de l'Ouest, le Paris de Napoléon III et de la Commune, le totalitarisme du XXème siècle avec "la Milice", police politique du pouvoir, mâtiné de savoirs thaumaturgiques, de golems et de Lib-recrés, bagnards sadiquement "modifiés".
Mièville fait se rencontrer Marx, J.London, Jules Verne et Tolkien. Ces héros sont faibles, plein de doutes, amoureux, dogmatiques, désenchantés, frondeurs, manipulés et mortels. Rien ne leur sera épargné par Baragouin.
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(...) je ne conseillerai ce « Concile de Fer » qu'aux lecteurs opiniâtres, dont l'opulence lexicale de Miéville fait le bonheur absolu. Les autres le trouveront difficile, voire impossible à lire, et jugeront l'intrigue d'un classicisme regrettable, qualifiable d'un “tout ça pour ça” ou autre “beaucoup de bruit pour rien”. À défaut d'un surprenant “happy end” pour une utopie perdue d'avance, on aurait souhaité... je ne sais pas, autre chose... de l'inédit.
Certes, c'est le voyage qui est beau, et non la destination, mais après « Les Scarifiés », j'aurai espéré (et je ne dois pas être le seul) autant de fond que de forme…
Notez cependant que le roman a reçu le prix Arthur C. Clarke 2005, récompensant le meilleur roman de SF publié en Grande-Bretagne.
Lien : http://www.yozone.fr/spip.ph..
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Retour à Nouvelle-Crobuzon après temps d'années avec un sentiment mitigé. On sent que Miéville est bien derrière ce livre (les thématiques de la révolution, de la lutte, son imaginaire fou) mais tout ceci se fait au détriment des personnages, qui (à part Faucheur) n'ont aucune épaisseur. Il en est de même du Concile de fer au final.
Un brin de déception.
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Le Concile de Fer est le troisième roman de China Miéville se déroulant au sein de l'univers de Bas-Lag, où cohabitent magie, technologie et créatures monstrueuses.
Il y décrit la ville de Nouvelle Crobuzon en proie au chaos à cause d'une guerre contre une autre cité-état, Tesh, et de bouleversements politiques causés par les membres du Comité, qui rejettent l'autoritarisme et la terreur semée par la Milice au service du pouvoir. Parmi les membres du Comité, on trouve Ori, lassé des modes d'action de son groupe, qui s'engage dans un gang révolutionnaire pour assassiner le Maire, et Faucheur, parti sur les routes pour retrouver Judas Bezalle, un mage créateur de golems lui-même sur la trace du Concile de Fer.
Le Concile de Fer s'avère une utopie mouvante, dans un train perpétuel dont des grévistes se sont emparés. Ils sont devenus des symboles de la lutte contre le pouvoir crobuzonais, une véritable légende de victoire politique et sociale, mais aussi une source d'espoir.
Si vous aimez la plume de China Miéville, l'imaginaire foisonnant et politique, le mélange des genres et les westerns, je vous recommande vivement ce roman, que je n'arrive pas à départager avec Les Scarifiés !
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Admiratif. Toujours plus à chaque nouveau roman de cet auteur. Ceux qui ont apprécié Perdido et Les scarifiés devraient pleurer de bonheur.
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Généralement, j'apprécie moyennement les romans de China Miéville et ce « Concile de fer » ne fait pas exception. Pourtant, il présente d'indéniables qualités. L'auteur n'est pas en manque d'idées. Ça fourmille de ce côté-ci et se remarque dans la richesse de l'univers développé qui est à la fois inventif et original. On retiendra entre autres le surprenant bestiaire, les descriptions de Nouvelle-Crobuzon ou encore les capacités magiques des personnages.


L'intrigue, elle, ne présente pas vraiment de surprises et se veut plutôt classique. Dans celle-ci transparaît l'engagement politique du romancier puisqu'il revisite à sa sauce la lutte des classes et la révolte contre un régime répressif. La « simplicité » de l'histoire n'est pas ce qui m'a rebuté. Ma réserve vient principalement du style même de China Miéville que je pourrais qualifier d'anti-immersif. A cela s'ajoute des passages inutilement longs, voire inutiles tout court, qui viennent casser le rythme de l'histoire.


Une lecture parfois exigeante mais pas assez satisfaisante à mon goût.
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Je ne connais pas le texte anglais et je ne me risquerai pas à le tenter tant la version française, que je suppose fidèle à l'esprit de l'originale, est riche dans la surenchère lexicale, baroque dans l'accumulation des descriptions et époustouflante d'imagination et d'originalité dans sa capacité à échafauder un univers à la fois déroutant et presque familier.

Ce souffle épique, cette verve, cette logorrhée emportent le lecteur à la limite de l'asphyxie à la manière, et dans un tout autre genre, d'un Zola dans "La faute de l'abbé Mouret".

Au final, j'avoue à regret que, si j'ai aimé retrouver ici l'univers si particulier de Perdido Street, le style aussi virtuose soit-il a fini par me fatiguer au sens littéral du terme.

J'avais éprouvé le même sentiment après la lecture de "La horde du contrevent" de Alain Damasio, sentiment de me trouver devant quelque chose de riche et complexe mais auquel je reste hermétique.

Un peu comme ces grands vins dont je reconnais la qualité à la dégustation mais qui m'indiffèrent, ne correspondant pas à mon palais.

Je salue le travail des auteurs mais ils ne m'ont pas vraiment emporté.
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