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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« Enfant déjà, et ne manquant de rien, j'avais envie de la mort : j'avais envie de capituler n'ayant aucun sens de la lutte. J'avais la conviction que de poursuivre une existence que je n'avais pas sollicitée n'apporterait ni preuve ni substance, n'ajouterait ni n'ôterait rien à rien. Tous ceux que je voyais autour de moi n'étaient que des ratés, sinon des grotesques. Notamment ceux qui avaient réussi. Ceux-là, je les trouvais ennuyeux à pleurer. »

Il pousse le bouchon très loin, Henry, dans cette suite à Tropique du Cancer qui revient sur sa jeunesse américaine et ses années d'adulte antérieures à son départ pour l'Europe. Ce texte est tout aussi torrentiel, parfois même à la limite de l'intelligibilité, notamment par ses contradictions, ses excès et ses flamboyances.
Qui peut croire un instant qu'un homme aussi doué que lui pour profiter de la vie, sans une once de culpabilité envers autrui, puisse écrire qu'enfant la tentation d'en finir était là ?

Il ne cherche pas à plaire à qui que ce soit, c'est certain, mais le tableau qu'il dresse de lui je l'ai ressenti comme très exagéré, comme s'il faisait « chauffer la machine » pour partir dans les délires contradictoires de son ego surdimensionné.

C'est sûrement très « écrit », souvent trop à mon goût. Il y a bien sûr beaucoup de scènes de sexe, sa marque de fabrique, où il donne la pleine mesure de sa jubilation, que ce soit dans le torride ou le crapoteux. Je n'ai pas été gêné par les descriptions de ses ébats, ou de ceux de ses amis, mais quand ils sont associés, comme c'est le cas ici, à beaucoup de misogynie, de racisme et d'antisémitisme, ça m'a vraiment dérangé. Il y a notamment un passage où il compare les juifs de Brooklyn à des mites, qui est infect… Je n'en croyais pas mes yeux. Et franchement je n'oserais même pas le mettre en citation sur Babelio (il y est peut-être, je n'ai pas vérifié).

Pour un texte noté comme achevé en septembre 1938 à Paris, ça fait frémir. J'ai gardé un bon souvenir de « le colosse de Maroussi », de « Tropique du Cancer » pour son atmosphère française mais celui-ci, je le place en dessous. Et je ne suis plus aussi certain d'avoir envie de lire sa trilogie de « La crucifixion en rose ».
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Dis-don' Henry, c'est quoi cette merde ? Il est pénible, ton tropique du capricorne, et c'en est un d'origine qui te parle, un vrai, un avec des cornes sur le front et une queue de poisson qui sent le large, un qui relie le Paraguay au Botswana par la grâce de pi 3.14 et d'une géographie approximative. Alors laisse-moi te dire, Henry, que ton tropique de carte postale jaunie, il vaut pas tripette. Et encore, avec une carte postale jaunie on voyagerait au moins un peu. Mais là... on se fait chier, Henry, avec tes métaphores de quinze pages (presqu')aussi imbitables qu'un cancer de Ginsberg, ton moi intérieur qui sent le renfermé comme tous les moi intérieurs. T'es tellement plus intéressant, Henry, quand tu parles de la vraie vie, quand tu racontes tes premiers amours foireux comme le sont les premiers amours et les autres, quand tu racontes ton père tonitruant et bancal, quand tu goguenardes le monde interlope qui te mendie un emploi, et toi-même qui mendie de quoi manger-boire-vivre-baiser, mais putain Henry, qu'est-ce que tu peux être emmerdant quand tu te la joues underground de mes deux, avec des litanies à n'en plus finir sur... on ne sait trop sur quoi d'ailleurs. Il n'en reste pas moins que tu ponds des sacrées putains de phrases, mon Henry, comme celle-là : "J'ai fait un rêve sexuel merveilleux qui se terminait par la guillotine", et des sentences à faire ravaler son stoïcisme à papi Sénèque : "Personne ne soupçonne qu'il peut y avoir un sens à se contenter de demeurer bien assis sur son cul. [...] Personne n'aurait pu dormir plus profondément que moi au coeur de ce cauchemar" ; à faire vomir son bouddhisme au Dalaï-lama : "mais mieux vaut, infiniment mieux, en attendant la mort, vivre en état de grâce et d'émerveillement naturel. Infiniment mieux, tandis que la vie progresse vers une perfection de mort, n'être qu'un brin d'espace qui respire, une étendue de vert, un coin de fraicheur, un petit lac d'eau pure. Mieux vaut aussi accueillir les hommes en silence, les envelopper dans les plis de son manteau, car il n'y a pas de réponse à leur faire tant qu'ils se ruent comme des fous pour voir ce qu'il y a de l'autre côté du tournant" ; et à faire savourer son verre de limonade à Bukowski : "En tout lieu où j'allais, je fomentais la discorde – non parce que je servais un idéal, mais parce que je ressemblais à un projecteur qui éclaire brutalement les stupidités et les futilités du monde". Quel dommage, Henry, que tu t'égares si souvent dans une soupe indigeste de monologues vaporeux comme une soirée chez des cons dépourvus de bonnes bouteilles.
Bon, comme tu as quand même le don de tourner des belles phrases et que tu as baisé Marilyn Monroe, je vais pas être trop sévère.
Quoi ? C'est Arthur ? C'est Arthur qui l'a baisée ? Pardon Henry, désolé, j'vous confonds tout l'temps.
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Dans Tropique du Capricorne, Henry Miller nous apparaît, en un monologue halluciné d'un type à la marge, d'un outsider, d'un magnifique loser, révolté, écorché vif, d'une personnalité saturnale (ô Verlaine!).

MIller retrace la vie de son quartier de Brooklyn, tel qu'il le connu d'abord dans son enfance : ses souvenirs de la petite boutique de tailleur du grand-père, les odeurs des commerces de son quartier, de l'infection méphistophélique des peaux du tanneur aux effluves irrésistibles du pain frais et des pâtisseries en confection. Il se fait ainsi le témoin attristé et révolté de la métamorphose de ce décor jadis si familier. Miller se révèle, d'autre part, lui-même, en coureur de jupons, parfois violent avec les femmes, tout le temps fauché mais tout autant prodigue, régulièrement “tapeur” (on dirait gratteur de nos jours...), calculateur et, surtout, odieusement cynique (ou férocement honnête c'est selon…). Mais il sait être tendre, d'une tendresse triste à l'évocation des jours à jamais révolus de la jeunesse espiègle, naïve et généreuse; ou lorsqu'il dresse le portrait de son père, jovial et bon vivant, d'un anticléricalisme sain, qui, diminué et amenuisé par la maladie, pris d'un remord de conscience, devient dévot sur le tard, “ancien de sa congrégation”, pour finalement s'éteindre dans la vacuité laissé par le départ de son pasteur bien-aimé. L'auteur narre aussi ses débuts dans la carrière d'écrivain, la découverte enthousiasmée du mouvement Dada et du surréalisme dont il faisait, spirituellement, partie, par delà l'Atlantique, tout en ignorant, semble-t-il, son existence. Il y professe sa grande admiration pour Dostoïevski, pour Elie Faure (auteur d'une monumentale histoire de l'art) et raconte la révélation que fut Bergson par la lecture de L'évolution créatrice.

Nous avons parlé de l'écrivain comme d'un écorché vif et cet opus reflète ce tempérament. Miller éructe en une prose bien cadencée, toute sa haine (son amour blessé? sa pudeur?), toute sa rage, son indignation en dézingant le rêve américain. Il pousse sa diatribe contre la bêtise humaine, la laideur d'une société américaine absurde et frénétique, prise d'un prurit de mouvement pour n'avoir pas à penser, cannibale, gangrenée par la violence. Sa prose est un ferment de folie, une apologie du rêve en réaction contre une civilisation sans surprise omnibulée d'une obsession délétère pour la perfection.

Impossible de passer sous silence le désagrément principal de cette oeuvre.
Parfois, le texte s'enlise dans des délires de descriptions surréalistes, des élucubrations (c'est un de ses mots préférés) vides de sens, déroutants; ça en devient lassant, ça en devient presque illisible, ça défie les limites de la patience et de la bonne volonté… plusieurs fois le livre failli me tomber des mains. Et puis, acharné(e) de la cause féministe, passez votre chemin ou souffrez l'ulcère qui poindra à la lecture des récits circonstanciés et complaisants des multiples exploits et performances sexuels d'un sacré chaud lapin. Pour être honnête, j'ai plus été captivé (ou moins été dérouté?) par la lecture de Tropique du Cancer.
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C'est comme être fasciné par quelqu'un qui vous abreuve de parole sans en comprendre un mot, on ne sait pas ce qu'il raconte mais il le raconte tellement bien, ce n'est jamais ennuyeux, on comprend sa passion des femmes et c'est tout ce qui compte après tout
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Une amie m'a dit « tu aimes Zola ? Alors, tu aimeras Miller », elle m'a tendu « Tropique du Capricorne » et…je cherche encore le lien avec Zola.
J'ai trouvé ce livre assez difficilement abordable : de longues phases d'introspections philosophiques (je serai même tenté de dire quasi-mystiques) le rendent assez indigeste à mon sens. Mais accrochons-nous, ne me l'a-t-on pas présenté comme un classique ? La dernière page avalée je n'ai même pas trop su quoi penser. Parfois Miller m'apparaît presque comme un bouddhiste : il aime tout le monde, voudrait étendre cet amour, que tout le monde puisse s'entendre, que la machine infernale humaine s'arrête avant de tous nous broyer. Parfois il se conduit comme le dernier des salauds sans aucune vergogne : autre temps autre moeurs me direz vous ! Son rapport à la femme est spécial et, devant les facilités qu'il éprouve à sauter tout ce qui bouge on en vient à se dire qu'on ne fréquente décidément pas les mêmes genres de personnes.
J'ai beaucoup baillé en le lisant (je lis le soir), je suis beaucoup revenu en arrière parce que je n'avais pas tout compris, j'ai dû m'accrocher. Et pourtant, je le reprenais chaque fois en main, un je-ne-sais-quoi me donnait envie de le finir. le talent de Miller sans doute, car sa plume est fabuleuse ! Je n'avais jamais rencontré un style qui m'ai tant scotché ! Mais toujours cette fameuse sensation de ne pas tout comprendre.
Au final une grande frustration à la fin de cet ouvrage : en m'ennuyant devant ce qu'on présente comme une oeuvre magistrale j'ai vraiment l'impression d'être passé à côté de quelque chose. Suis-je trop bête ou trop conventionnel pour aborder Henry Miller ? Ma foi peut-être.
J'ai rendu le livre à mon amie, elle m'a demandé ce que j'en ai pensé : j'ai haussé les épaules. À toi qui lis peut-être ce que j'écris, je ne peux rien t'offrir d'autre que ce haussement d'épaules. Je crois bien que nous sommes face à ce genre d'ouvrage ou l'on ne peut se fier qu'à sa propre opinion sans écouter celle des autres. Vous voulez la chute ? Mon amie m'a tendu « Tropique du Cancer »… je dois lui dire ce que j'en pense. Je vous le dirai aussi 
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Charles Bukowski (que j'adore) classe Henri Miller entre Céline (que j'aime bien) et Dostoïevski (que je n'ai pas encore lu mais dont on m'a dit le plus grand bien). Je me suis donc lancé dans ce tropique du capricorne où l'auteur avec une écriture souple et son verbe impétueux revient sur ce qui l'a amené à l'écriture. Son enfance à Brooklyn, ses premières amours, son poste de DRH à la Compagnie Télégraphique Cosmodémoniaque et surtout sa rencontre décisive avec Mara.

Les thématiques abordées sont toujours pertinentes; quelles croyances et valeurs défendrent malgré l'abrutissement au travail, la désindividualisation dans une société américaine obsédée par l'argent. Des passages sont également particulièrement lumineux comme son enfance et ses rencontres amoureuses.

Toutefois, sa qualité d'écriture semble amener l'auteur à partir dans tous les sens au gré de ses réflexions et de ses mémoires, dans une construction non chronologique, si bien que cette logorrhée m'est apparue au fil des pages comme un brouhaha difficilement lisible. Je tenterais malgré tout Tropique du Cancer.
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TROPIQUE DU CAPRICORNE d' HENRY MILLER
C'est plus ou moins la suite du Tropique du Cancer, semi autobiographique avec une longue dénonciation de la société américaine et de son besoin de liberté qu'il ne peut assouvir que loin des États Unis et plutôt en France. Un long passage sur le travail qu'il exécutera plusieurs années dans la Société CosmodemonicTelegraphe, en fait Western Union, une narration souvent comique. Un travail indispensable puisqu'il se mariera très jeune et aura rapidement un enfant. Au final c'est le récit d‘un marginal, assez prétentieux dont le principal intérêt, selon moi, est de montrer le cheminement qui le mènera finalement à son métier d'écrivain.
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