Un thriller, un bon, avec pour héros un procureur ; d'après ce qui est dit, en Pologne ce sont les procureurs qui mènent les enquêtes, plus que les policiers qui eux courent après les méchants, les attrapent et les remettent au procureur.
Le héros donc s'appelle Teo(dore) Szacki, il est procureur de district avec un statut particulier qui lui permet de ne s'occuper que de meurtres ; sa chef est Janina Chorko procureur de la République, rattachée au tribunal de grande instance de Varsovie Centre, une femme remarquable dans son travail mais austère et laide. La beauté d'une femme compte beaucoup pour Szacki, - ou est-ce pour l'auteur ? Notre procureur est marié à Weronica - mais les relations ne sont pas toujours très bonnes - et ils ont une petite Hela ; très sensible au charme des femmes, les observer, les désirer est son hobby...
Quand le commissaire Oleg Kuzniecov l'appelle un dimanche matin, c'est pour qu'il vienne s'occuper d'un meurtre qui a eu lieu dans une partie d'une église réservée à des réunions de groupes ; un psychologue, Rudski, avait fait venir pour le week end quatre de ses patients, dont Henry Telak, qui a été découvert le dimanche matin mort d'une broche à rotir plantée dans un oeil.
La thérapie de groupe suivie par les patients du Dr Cezary Rudski s'appelle "thérapie de la constellation familiale", une sorte de théâtralisation des évenements passés avec les proches, vivants ou morts des patients, théorie éllaborée par
Bert Hellinger, un psychothérapeute allemand, dans les années 1990 ; cette thérapie consiste en de très impressionnants jeux de rôles et psychodrames. Alors, puisqu'ils ont joué les rôles de familiers de Henry Telak, le mort, et que ce jour-là la thérapie a été interrompue un peu brutalement, serait-il possible que l'un des trois co-patients l'ait tué ? H. Telak, d'après son psy, se reprochait et se sentait coupable d'être parti de chez lui à 16 ans ; ses parents étant morts dans un accident de voiture peu de temps après et il n'avait pas eu le temps de leur faire ses adieux.
Petit à petit, une autre possibilité se fait jour : celle qui trouve ses racines dans le passé communiste de la Pologne, et peut être qu'un historien un peu parano va pouvoir l'aider...
Dans le même temps Teodore Szacki tombe amoureux d'une jeune journaliste venue l'interviewer, Monika, et peu de temps après, des hommes se prétendant de l'Agence de la Sécurité intérieure interrogent la jeune femme ; qui sont-ils et que veulent-ils ? le jeune procureur sent les mailles d'un filet se resserrer autour de lui.
Grâce a une reconstitution, le procureur accompagné de Oleg son ami policier, trouvera le fin mot de l'histoire ; mais ne s'est-il pas accidentellement approché trop près de gens dangereux et menaçants, mafia ?, anciens communistes ?
Avant chaque nouveau chapitre se trouve un genre de résumé de communiqués de presse pour le jour en question : début le dimanche 5 juin 2005, fin le lundi 18 juillet ; on y apprend ce qui s'est passé d'important en Pologne ce jour-là. Les choses ne sont pas simples dans ce pays, l'auteur y dénonce en particulier une certaine corruption de la Justice, une architecture moderne plutôt laide, une société qui se tourne vers l'Europe mais qui est encore prise dans des lourdeurs administratives héritées du passé.
L'intrigue, le sujet et le personnage sont originaux, le roman est agréable à lire et prenant ; le lecteur (la lectrice) a bien envie de continuer un bout de chemin avec l'honnête bien que désabusé procureur Szacki...