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3,31

sur 80 notes
Ce n'est pas un recueil de nouvelles, en tout cas ce n'est pas annoncé comme tel, et pourtant ça y ressemble.
Chaque « chapitre » est une histoire indépendante des autres. le fil rouge est qu'elles traitent toutes d'un futur de l'humanité et que quasi toutes envisagent une humanité en survie, sur Terre ou ailleurs… des changements majeurs dans la vie des êtres vivants.
Ces histoires sur le fond avaient tout pour me plaire, d'ailleurs certaines m'ont plu « Boues à neige »,« Grands chiens », « Grands singes »… et pourtant…
Cela fait une semaine que je réfléchis à mon manque d'adhésion. Je pense que ce qui m'a profondément gênée c'est la construction en quelques pages d'un univers complexe terrestre ou spatial, à l'aide de termes techniques, scientifiques ou de fictions, très allusifs (à mon sens bien sûr), qui, alors qu'on a l'impression d'enfin comprendre où on met les pieds, est déjà achevé.
J'aime assez les nouvelles.
J'adore la SF, je l'adore notamment parce que j'aime que l'on me propose des univers différents, des organisations vivantes différentes dans lesquels j'aime m'immerger. Mais là, pas d'immersion possible. A peine commence-t-on à pénétrer dans un monde, à en percevoir les contours, que c'est déjà fini.
Un loupé pour cette fois. Cela ne m'empêchera de retourner vers Cécile Minard..
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Céline Minard ne laisse personne indiffèrent. Comme dit l'autre : ça passe ou ça casse.
Je vais dans une petite librairie dont le nom évoque une chanson romantique des années 60. Il y a là 3 jeunes libraires aux goûts très différents. Je n'aurais pas lu Plasmas si l'une des libraires, celle qui aime les pavés magnifiques ( genre Et quelque fois j'ai comme une grande idée ou Confiteor) , ne me l'avait pas conseillé. C'était une suggestion ultra-bienveillante mais ce coup là ça a cassé. Pas entre nous, bien sur, mais par rapport au bouquin.
C'est une inconditionnelle de Minard dont je n'avais rien lu. Elle m'a donc dit : « La plupart de mes lecteurs n'ont pas aimé ou pas compris, mais vous , ça va aller, c'est incroyablement bien écrit et tout se relie à la fin dans une apothéose géniale. Ce livre est pour vous »
Nous aurons une petite discussion. Demain ou mercredi, je crois qu'elle est là mercredi.

Alors comment dire : il s'agit bien d'un recueil de nouvelles, elles ont des points communs dystopiques, uchroniques post-apocalyptiques indéniables
Mais c'est du concentré de nouvelle ultra-compact, mega-travaillé , d'une sophistication et d'une technicité redoutable.
Et en même c'est une cosmo-vision poétique qui transcende les genres. J'avoue avoir pas mal wikipedié au début ; puis j'ai arrêté.

On fait un énorme effort pour entrer dans un monde qui implose en quelques lignes fulgurantes. C'est un peu frustrant.
On commence à comprendre son petit métavers , on danse avec les primates,communique avec les poulpes, clone de petits chevaux et découvre la pierre de Rosette du futur et pfff, on en est expulsé. Après tous ces efforts adaptatifs c'est rude.
Du coup je ne note pas ce livre. Je ne veux pas d'histoire. J'aime ma librairie.
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🦠Chronique🦠

« Elle allait parler. Elle allait leur dire… »

Même si on connaissait la suite. Même si on vivait à travers les mensonges. Même si le trouble allait durer assez longtemps.

Elle leur dirait.

Que les papillons parlent. Que la nature est capable de tempête. Que regarder des acrobates peut devenir hypnotique. Que se fondre dans le décor, c'est dépasser la simple observation. Que muter, c'est la nouvelle forme de survie. Que la métamorphose est poésie.

Elle allait parler du Vivant. Sous toutes ses formes, sous tous ses genres, sous tous ses états. Elle allait leur dire que la nature est fascinante, adaptable, exceptionnelle. Elle allait parler technique, urgence écologique, génétique. Il y aurait des extinctions, de l'hybridation, des recombinaisons.

Elle leur dirait.

Que leur fin est proche. Elle dessinerai des nouvelles perspectives, de nouveaux monstres, des nouveaux imaginaires. Elle parlerai mutations, complexités, frontières plus ou moins floues. Elle insufflerait de la vie. La vie, la ténacité du vivant, le phénoménal instinct de survie. Elle renverserai les codes, les règles, les tubes à essais. Elle détruirai tout de l'espoir, et pourtant il viendrait. Sous toutes ses formes, dans tous ses états, et ferai genre, le fou, mais habiterait tous les mots qu'elle aura choisi de dire.

Que l'apocalypse n'est pas si terrible. Qu'il nous reste les étoiles, les océans et les forêts. Qu'on se console de voir la nature faire ses merveilles. Sans nous, mais qu'importe. La beauté mérite des sacrifices. La beauté est vie. La vie est Beauté.s. Que si nous avons été bête de ne pas le voir, la nouvelle génération métamorphosée, elle, aura le don d'aimer chaque mouvement, chaque voltige, chaque vibration. Qu'elle aura la capacité d'adaptation. Qu'elle aura le pouvoir de changer.

Elle allait leur dire…

Qu'avec des Si, on refait et défait un monde. On refait et défait une espèce, un genre, des Plasmas. Qu'avec des Si, l'univers prend d'autres dimensions, d'autres chemins, d'autres vies. Ce n'est que jeux de matières et d'états, de temps ou de hasards, mais toujours cette vie qui prend le dessus, envers et contre tout.

Alors, maintenant, c'est peut-être à moi de dire

Que c'était fascinant. Terriblement intrigant. Céline Minard nous sublime les instants de vie. Des vies imaginaires, des vies redéfinies, des vies inconnues, des vies extraterrestres. Chaque détail, chaque mouvement, chaque infini éclate en nos yeux, en nos coeurs, en nos esprits. L'émotion est vive. La plume est magnifique. C'est une explosion d'images phosphorescentes. C'est de la poésie lumineuse. C'est cela, que j'aimerai lui dire à Céline Minard, que dans ces jours sombres, je vais garder la phosphorescence de sa poésie, le magnétisme de ces textes, la vibration émotionnelle, comme un fait considérable. Comme un fait exceptionnel. Comme un fait déterminant.

Ce qui s'appelle
Un coup de coeur infini, et au-delà…
Lien : https://fairystelphique.word..
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Sidérée, séduite, envoûtée par ce recueil de nouvelles, inclassable. Comment rendre compte de ces univers créés par l'auteure où métamorphoses et mutations sont les conditions de survie d'une humanité menacée d'extinction. Dans l'espace ou au fond des mers, survivre signifie vivre en symbiose avec son environnement, comme ce jeune homme dans la nouvelle Grands fonds, descendant d'une lignée d'humains modifiés génétiquement pour vivre sous l'eau. Celui-ci est fasciné par les poulpes et leur capacité à se fondre dans leur environnement pour échapper à leur prédateur ou pour chasser. Il est « envoûté par les capacités fugitives de la poulpe. Cette façon de s'enfoncer dans les ectoplasmes, d'y trouver refuge, et de bouleverser les ordres, les règnes et les genres en les traversant tous. » Ou bien cette femme dans la nouvelle Grands singes qui rejoint une tribu de primates par opposition à la main mise de l'Etat sur certaines espèces animales en vue de leur éradication au nom du principe de précaution. Elle parvient à se faire adopter par eux après avoir acquis quelques rudiments de leur langage et de leurs habitudes jusqu'à parvenir à une complète fusion mentale avec ses mentors. Cette plasticité, physique, mentale, émotionnelle est un gage de survie mais aussi une nouvelle façon d'être au monde. le style de ces nouvelles est remarquable : les mots sont choisis avec soin, les phrases sont rapides, nerveuses, le vocabulaire précis, d'une grande richesse. L'auteure parvient à créer autant d'univers différents, oniriques, qui sont autant de perspectives imaginaires sur des avenirs possibles pour l'humanité confrontée à une Terre ravagée par la force des éléments. Fascinant.

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Bon, ne pas se leurrer, Céline Minard, ça passe ou ça casse. Mais au moins à chaque fois elle se lance dans un univers inattendu. Et ça fait drôlement du bien au neurones, OK, ça les déboussole, aussi. Cette fois (pour ce que j'en ai capté) il s'agit de 'nouvelles' reliées par un fil genre 'cela se déroule dans le futur mais la Terre -si les humains y habitent encore- n'est plus franchement habitable et mieux vaut s'adapter.' C'est donc l'occasion de découvrir des formes de vie autres.

Alors au début j'ai eu du mal, j'aurais aimé plus d'explications, puis j'ai choisi de me laisser porter, parce que évocation et imagination plus écriture ciselée, là on est servi. Finalement on parfois à se créer des images, à croire qu'on a compris une histoire.

La présentation de l'éditeur ci-dessous a confirmé que j'avais quand même saisi quelques subtilités, alors je vais évoquer d'autres textes. Tiens, Grands singes, où Duane la primatologue observe un groupe, là mes lectures ont permis une accroche plus aisée, mais quelle fin magnifique! Dans Ricochets, où est-on? Plus sur la terre, c'est sûr, mais quel espace? Uiush, je ne sais pas ce que c'est, mais dans ma tête, c'est un paresseux. Grands fonds, où Rhif, lui, veut revenir à la surface et, pourquoi pas, explorer un peu la terre ferme hors milieu aquatique. Il est parfois fait allusion à des Ancêtres, des humains sans doute disparus il y a longtemps, présents dans des légendes. Ecologie et science fiction? En tout cas l'héroïne de la dernière nouvelle m'a complètement fait penser à Greta Thumberg, si, si!

Qu'en dit l'éditeur?

"Céline Minard nous plonge dans un univers renversant, où les espèces et les genres s'enchevêtrent, le réel et le virtuel communiquent par des fils ténus et invisibles. Qu'elle décrive les mesures sensorielles effectuées sur des acrobates dans un monde post-humain, la conservation de la mémoire de la Terre après son extinction, la chute d'un parallélépipède d'aluminium tombé des étoiles et du futur à travers un couloir du temps, ou bien encore la création accidentelle d'un monstre génétique dans une écurie de chevaux sibérienne, l'auteure dessine le tableau d'une fascinante cosmo-vision, dont les recombinaisons infinies forment un jeu permanent de métamorphoses. Fidèle à sa poétique des frontières, elle invente, ce faisant, un genre littéraire, forme éclatée et renouvelée du livre-monde."
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Plasmas, on ne sait pas bien si c'est un recueil de nouvelles, ou plutôt le roman du monde d'après, celui qui nous attend après les catastrophes écologiques vers lesquelles nous nous dirigeons. Chaque chapitre se suffit à lui seul, tout autant qu'il vient apporter sa pierre à l'édifice d'un univers futuriste dont nous découvrons peu à peu les lois, un univers post-apocalyptique. Dans ce monde, il y a des bots qui enregistrent les données humaines, de nombreuses créatures à l'intelligence bien supérieure à la nôtre, une Terre qui n'est plus habitable, une nature recréée de toute pièce, dans des bulles, puisque la nature telle que nous la connaissons a cessé d'exister. Vous l'aurez compris, dans ce livre il n'y a pas réellement d'intrigue linéaire, mais il y a, bien d'avantage, un message fort, celui de l'urgence écologique. Ce qui est dit, entre les lignes, mais avec suffisamment de puissance, c'est que si nous continuons ainsi, la tête dans le guidon, sans réfléchir, le monde tel que nous le connaissons court à sa perte. Alors certes, il y aura peut-être un autre monde, différent, qui viendra ensuite. Mais la nature à l'état libre n'y aura plus sa place, et les humains y seront détrônés.

Dès les premières lignes, on sent que ce livre va demeurer plutôt obscur. On peut toujours tenter de relier tous ces éléments entre eux, afin de chercher la ligne directrice de l'intrigue, mais c'est une entreprise vaine. En réalité, tout l'intérêt de cet ouvrage réside dans l'écriture. Une écriture d'une précision impeccable, fine et ciselée. Chaque mot est à sa juste place, qui nous entraîne dans un tourbillon de sensations, qui nous donne à voir chaque scène, chaque biotope comme s'ils étaient devant nos yeux. Céline Minard ne pose aucun mot au hasard, elle fait montre d'un vocabulaire technique adapté à chaque situation. Qu'elle nous parle de l'agilité des acrobates, de la robe des chevaux nains, de l'activité aérienne autour d'un arbre dans la jungle, d'expérimentations botaniques, ses mots sont toujours maîtrisés et choisis. Il y a des livres où la langue présente plus d'intérêt que l'intrigue elle-même. Celui-ci en fait partie. Pour le lire, il ne faut pas chercher à comprendre. Il suffit de se laisser porter par cette plume, de se laisser emporter dans le tourbillon, et d'assister, en tant que témoin émerveillé, aux scènes qui se déroulent sous nos yeux.

J'ai beaucoup aimé cette parenthèse de poésie dans laquelle cette lecture m'a entraînée. Céline Minard a en outre cette malice de faire de la science-fiction sans trop le dire, et j'aime ça ! Je suis convaincue que ce livre touchera plus d'un lecteur, alors pourquoi pas vous ? Si malgré tout mes arguments ne parviennent pas à vous convaincre, sachez que ce livre révèle bien des surprises, et qu'en allant au bout, vous assisterez à une scène de cosplay d'anthologie.
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Céline Minard est une auteure atypique dans le paysage littéraire français. Philosophe, elle triture la langue, magnifie les espaces. A chaque roman, elle nous surprend, nous désarçonne, nous désoriente. Il n'est souvent pas facile de trouver son chemin dans ses textes ambigus. J'y suis parvenue avec le grand jeu. C'est un peu plus complexe ici.
Les chapitres sont plutôt des nouvelles centrées sur des expériences scientifiques dans un monde futuriste. aucune précision sur les lieux ou les dates. Nous sommes souvent sur terre mais parfois dans l'espace. L'auteure se joue des frontières entre les espèces, les époques, les espaces pour toujours faire triompher le vivant. Un vivant en éternelle adaptation dans des espaces dénaturés. Je me suis perdue dans l'espace, les lacs d'asphalte, les recherches biologiques, les jungles reconstituées, les tempêtes. le vocabulaire est recherché. On le croirait inventé mais il est spécifique, technique à part quelques expressions imagées. Nous sommes bien loin du monde de ceux qu'elle nomme « les vieux ancêtres« , ces êtres mous mal adaptés dont la surpopulation a ruiné la Terre.
De cet éclatement, de ces histoires en suspension, l'auteur finit par créer un lien avec notre rapport au monde. Plantes ou animaux hybrides capables d'adaptation, minéral chutant de la stratosphère pour s'enliser dans la terre traversant et reliant les couches de l'espace. Avec l'histoire d'Uiusch, animal lent suspendu à une branche, l'arbre est le symbole du lien entre les épaisseurs de la terre. Il s'impose comme un élément de survie.

Dans ce roman, on glane quelques allusions à l'inéluctable destruction de l'environnement et de l'espèce humaine. Mais l'auteure semble vouloir y glisser le triomphe du Vivant malgré la chute inexorable.
En première lecture, un roman de Céline Minard est pour moi complètement abscons. Puis, il faut écouter l'auteur, en parler avec d'autres lecteurs, relire certains passages avec cet éclairage, dépouiller avec lenteur, Mais si vous n'avez jamais lu l'auteur, ne commencez pas avec ce roman qui est tout de même très spécial.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Dix pas de côté savoureusement insensés pour ouvrir et relier nos pensées du vivant. Magistral et essentiel.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/09/07/note-de-lecture-plasmas-celine-minard/

Une fois de plus, Céline Minard nous surprend et nous enchante, en créant toujours de nouveaux horizons diablement essentiels sans jamais céder un pouce de terrain quant à l'exigence littéraire et mentale de son travail;

Si la vision intime de formes de vie différentes fait partie de l'ADN de la science-fiction, dont on sait au moins depuis son premier roman, « le dernier monde » (2007), et depuis maintes rencontres en librairie ou ailleurs, à quel point l'autrice en maîtrise les codes et les motifs, c'est toutefois sur le terrain d'une anthropologie radicale de la nature et du vivant, balisé par Philippe Descola ou Bruno Latour, et arpenté de près par le pisteur-diplomate et philosophe Baptiste Morizot, qu'elle a choisi de porter cet effort-ci. Laissant infuser la précision imaginative d'un Peter Watts (dont l'essentiel « Vision aveugle » va être réédité très prochainement) et les fulgurances impressionnantes du David Brin de « Marée stellaire » et d'« Élévation », en matière de conception d'intelligences résolument autres, elle nous offre dix scènes rares, dix hybridations, dix pas décisifs sur le côté, brouillant, inversant et mixant nos conceptions de ce qu'est le vivant – et notre prétendue souveraineté sur lui, de manière plus radicale, nécessairement, que le passionnant mais volontairement restreint « Défaite des maîtres et possesseurs » de Vincent Message, par exemple -, après un effondrement multiforme qui est ici, bien entendu, allé de soi, car saisi trop tard dans son ampleur et non corrigé par la puissance et l'avidité des intérêts dominants, on s'en doute, et qui ne sera ainsi évoqué que par touches minces (avec un superbe effet de rétro-analyse discrète), laissant la part belle aux floraisons inattendues, dans bien des directions différentes, d'une persistance de la vision vivante – quand bien même ses formes auraient radicalement changé. Là où l'Alain Damasio des « Furtifs » chemine dans ce domaine à sa manière méthodique et poétique, celle d'un romancier sachant progresser, lentement et sûrement, contre le vent dominant, Céline Minard use avec une suprême élégance de sa science joueuse des arts martiaux, celle farceuse de « Bastard Battle » (2008) – et le somptueux hommage qu'elle adresse dans « Plasmas » à l'énorme Vladimir Sorokine de « La tourmente » en est aussi un beau témoignage – comme celle, condensée et implacable de « KA TA » (2014), pour créer à notre intention, dans l'ascèse intellectuelle nécessaire et dans la joie paradoxale et toujours renouvelée du « Grand jeu » (2016) comme dans la lutte rusée et anti-obsidionale de « Bacchantes » (2019) – car là encore il s'agit bien d'ouvrir et de relier -, un texte essentiel pour mieux penser et ressentir nos futurs incertains – et échapper peut-être à nos sombres horizons déjà trop proches.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Une écriture magnifique !
Je n'avais lu qu'un seul autre livre de Céline Mignard, "Faillir être flinguer", et j'ai retrouvé ce style si personnel, d'une lecture exigeante (car le texte est par moment très cérébral, ou dense, ou technique) mais qui nous envoûte. Et qui dans ce nouveau titre nous transporte dans un monde futur imaginé avec cohérence, avec force, avec précision et surtout avec une immense originalité.
C'est un univers hypnotisant et effrayant à la fois, le résumé éditeur est très juste : « un univers renversant, où les espèces et les genres s'enchevêtrent, le réel et le virtuel communiquent par des fils ténus et invisibles. »
Le thème de l'emprise de la technique, y compris jusque dans le vivant, celui du devenir humain, voire de la fin de l'humanité, sont bien sûr souvent traités mais Céline Minard l'aborde d'une façon singulière, sous le signe de l'hybridation. Elle a une force d'imagination incroyable pour faire exister des situations de science-fiction montrées comme des reportages car elle les décrit avec la plus grande précision technique, ce qui les rend crédibles, et en même temps avec une vision si puissante qu'elle fait vaciller nos repères, nous donne à voir, rêver ( entre le rêve et le cauchemar ) et à penser.
Je ne fais pas partie de l'immense population en France (dont quelques-uns de mes proches) qui n'aime pas les nouvelles, au contraire. Ce dédain majoritaire est sans doute la raison pour laquelle ce mot tabou « Nouvelles » n'est pas inscrit sur la couverture, mais il me parait honnête de préciser que les chapitres y ressemblent fortement puisqu'ils forment chacun des univers autonomes sans lien entre eux, sauf le thème général bien sûr. Par exemple, on ne voit aucun personnage revenir d'un chapitre à un autre.
Et cet ouvrage me semble court par rapport à son ambition, celle de, comme le définit encore une fois très justement, il me semble, le résumé éditeur, créer un « livre-monde », même si c'est dans une « forme éclatée et renouvelée. » En fait, presque chaque chapitre aurait mérité de devenir un roman. Cela crée une frustration (peut-être à dessein) de ne pas s'immerger plus longtemps dans chaque capsule d'espace-temps imaginée. La fin aussi est trop rapide à mon goût. Mais attention : elle est tout de même belle et signifiante.
Alors que ces réserves ne soient pas interprétées comme une dépréciation du genre de la nouvelle car il est magnifique par ailleurs, ni de ce livre bien sûr, qui est poétique, intelligent et original.
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Après un western, une fiction environnementale et un braquage, Céline Minard explore un monde postapocalyptique. Un recueil qui redonne du sens à l'Humanité.

Cela commence par des acrobates dont les mouvements sont analysés par un peuple venu d'ailleurs. Cela se poursuit par du clonage, de la poésie martienne ou encore un lac mystérieux. Les différents tableaux dressent un monde futuriste où l'Homme est perdu, un personnage en quête de sens. Il n'est plus vraiment dominant. Il ne fait plus société. Ce livre, autant un recueil de nouvelles qu'une traversée dans un monde en recomposition futuriste, déstabilise et questionne. Céline Minard capte des moments d'une réalité loin de tout lecteur. L'écrivaine décrit une planète, la Terre, rarement nommée mais tellement présente, devenue un terrain de jeux pour d'autres populations.
Tout au long de la lecture, on est entre des éléments de l'univers fantastique et le rappel des caractéristiques humaines. Malgré cet univers inventé, toutes les descriptions interpellent car les personnages évoluent grâce à leur propre sens. Ils sentent, voient, touchent et entendent. Toutes les matières existent, traçant en filigrane l'importance du contact entre les êtres et le lieu. Il est difficile de lire Plasmas sans penser aux confinements, au virus, à la peur de l'imperceptible. Céline Minard replace l'humain dans sa situation la plus primaire car il a perdu le pouvoir et son monde s'est effondré. Au fur et à mesure de ce recueil, on voyage dans le temps, avançant dans les années et découvrant un humain revenu à ses premiers états, chemin inverse de Stanley Kubrick dans 2001, l'Odyssée de l'espace. Comme toujours chez cette autrice, les mots sont précis, faisant la part belle aux descriptions et aux ressentis, mêlant habilement la fiction et la pensée. le dernier livre de Céline Minard est plein d'aspérités, de doutes et de chairs, donnant une intensité aux voix intérieures de ces personnages.
Lien : https://piao.fr/2021/10/plas..
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