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3,45

sur 483 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Publié à la NRF chez Gallimard, ce roman est le troisième que je lis de Modiano, bien après Villa Triste et Remise de Peine. Plusieurs années plus tard, c'est la même impression d'une mélodie envoûtante répétée en sourdine dans un décor blanchâtre de dédales de rues où se croisent entre présent et passé le poète Tristan Corbière, Jeanne Duval, la maitresse de Baudelaire, la mystérieuse baronne Blanche et puis Jean, le narrateur au petit carnet noir, et aussi Dannie, Paul Chastanier, l'homme à la Lancia rouge, Aghamouri, Marciano, Duwelz... Sans doute, les Parisiens qui connaissent bien leur ville peuvent-ils éprouver un plaisir supplémentaire dans les balades parisiennes où nous entraîne le narrateur au carnet noir.

Et puis dans cet amalgame étrange, une intrigue se dessine autour du personnage de Dannie dont l'identité varie et dont on finit par perdre toute trace. Sans doute est-elle mêlée à une affaire de meurtre, on croit deviner des allusions à la mystérieuse disparition de Ben Barka en 1965 mais rien de précis, tout est juste suggéré. C'est là ce qui fait la magie sans cesse renouvelée de l'écriture de Modiano.

Quant à l'affaire du carnet noir, mais aussi du manuscrit perdu, du dossier jaune ou de la lettre que Dannie envoie à Jean à la fin du roman ce sont autant d'alertes lancées sur l'écriture, la fiction et le réel, la trace écrite... Ainsi :

"En feuilletant le carnet noir, j'éprouve deux sentiments contradictoires. Si ces pages manquent de détails précis, je me dis qu'à cette époque-là je ne m'étonnais de rien. L'insouciance de la jeunesse ? Mais je relis certaines phrases, certains noms, certaines indications et il me semble que je lançais des appels de morse pour plus tard. Oui, c'était comme si je voulais laisser, noir sur blanc, des indices qui me permettraient, dans un avenir lointain, d'éclaircir ce que j'avais vécu sur le moment sans bien le comprendre.Des appels de morse tapés à l'aveuglette, dans la plus grande confusion. Et il faudrait attendre des années et des années avant que je puisse les déchiffrer" ( p. 42)

J'ai saisi ce livre, presque par hasard, au détour de mes pérégrinations en librairie, le hasard produit parfois de belles rencontres, dans ce cas des retrouvailles très plaisantes.
Lien : http://aller-plus-loin.over-..
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Le narrateur Jean ( on n'apprend son prénom qu'à la page 95 ed. Gallimard) se promène dans le quartier latin à la recherche des lieux et des personnes qu'il a fréquentés vingt ans plus tôt. le passé resurgit par bribes grâce notamment aux notes qu'il avait prises dans son carnet noir.
Qu'est devenue son amie Dannie ? dans quelle affaire louche a -t-elle été mêlée ? L'écrivain/narrateur va petit à petit comprendre le mystère qui entourait la jeune femme et ses fréquentations marocaines.
Je retrouve avec plaisir la petite musique de Modiano et ses thèmes habituels : la description de Paris, les lieux qui gardent en mémoire l'existence d'écrivains célèbres, et la superposition du temps : passé, présent, ou temps rêvé ?
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Le narrateur, Jean, rencontre une jeune femme, Dannie, à la cité universitaire. Elle est en relation avec un étudiant marocain, Aghamouri, et un groupe d'hommes louches. Ils logent à « l'Unic hôtel ». Elle est sur le qui-vive, s'est procuré une fausse identité, va chercher du courrier en poste restante dans le 15ème arrondissement. Elle est soupçonnée de meurtre, Jean est interrogé par l'inspecteur Langlais. le groupe louche mené par Chastenier est impliqué dans l'enlèvement de Ben Barka. le temps se dilate au gré des pensées du narrateur. Les promenades des années 60 se mêlent à celles des années 2000, les rues et les quartiers de Paris défilent, l'auteur relève leur changement, Les téléphones portables permettent de dater les époques. Modiano travaille ses matériaux habituels : le doute sur l'identité, la culpabilité, la vie sur le fil, l'amour funambulesque, les promenades dans Paris la nuit, les noms.
C'est beau, poétique, magique.
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Dès la première page, on sait qu'on est entré dans l'univers de Patrick Modiano (pour ceux et celles qui ont déjà découvert un ou plusieurs opus de ce grand écrivain, si particulier. Pour les lecteurs qui découvrent Modiano, c'est un excellent baptême.
Je reste sur une question : pourquoi ce titre? L'herbe des nuits. Je n'ai trouvé aucun lien dans le texte. Si quelqu'un a une explication je serai reconnaissant de la connaître.
C'est, malgré une bonne dose de flou, d'ombres, de brouillard, une histoire d'amour. Racontée avec beaucoup de sensibilité (les amoureux d'histoires de sexe peuvent passer leur chemin) à travers des souvenirs (flottants) et un temps long.
Un très bon moment de lecture.
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"les pawlonias aux fleurs mauves de la place d'Italie...je me répétais cette phrase et je dois avouer qu'elle me faisait monter les larmes aux yeux, ou bien était-ce le froid de l'hiver ?"
Est-ce parce que j'étais étudiante, un peu perdue, à Paris dans les années 70, est-ce parce que j'ai habité plusieurs années un pavillon de la cité internationale et puis longtemps autour de la place d'Italie ? Les fleurs de la nuit de Modiano m'ont emballée, totalement.
J'avais déjà lu Pedigree où j'avais appris l'enfance improbable de l'auteur, mais j'abordais plus que prudemment l'oeuvre de ce Nobel. Trop d'implicite, trop de flou, trop de mystère. Là j'ai suivi de bout en bout sans effort les traces de ce qui reste quand tout a changé.
Spectateur, comparse, à côté de sa vie, cela laisse un drôle de sentiment extrêmement réel et concret, non pas seulement de la vie de Modiano mais de certaines époques de la sienne propre. Une expérience saisissante et un peu dérangeante sur le moment, mais au demeurant totalement apaisante. Ce presque rien qui demeure, dont on se reprocherait presque de n'avoir pas gardé plus de souvenirs, pas avoir été plus présent, qu'il a l'art de nous faire partager.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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Un livre d ambiance, celui du paris passé qui alterne avec celui du présent. Une promenade lentement distillée pour mieux nous pénétrer, sous couvert d'une enquête, dans le monde mélancolique de Patrick Modiano. Un superbe livre, écrit comme une douce et étrange tranquillité. l'éternelle recherche du Paris d avant, des fantômes qui le peuplaient alors. Et ce petit carnet noir, ou sont même notés les emplacements des bancs publics (au cas où tout disparaîtrait). Gardez des traces, des preuves de l existence. Modiano est en quête et nous prend par la main pour l accompagner. Et c'est juste beau.
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La quintessence de l'oeuvre de Patrick Modiano se retrouve dans L'herbe des nuits. Son rapport au temps y est parfaitement présenté. Comme souvent, on se promène à travers le temps comme dans les rues de Paris, au gré de l'histoire qui aborde L Histoire.
Les amateurs de Modiano y trouvent leur bonheur, ses détracteurs sont confirmés dans leur opinion. Je suis résolument de la 1ère catégorie, encore davantage après la lecture de L'herbe des nuits.
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Quelle étrange histoire, on sent du Ben Barka derrière tout ça, mais c est pas lui. Quel style étonnant, quelle narration captivante descriptive et étonnamment peu informative, l histoire se construit chez le lecteur amené a se perdre dans le labyrinthe des vies des personnages qu on retrouve dispersé sur le parcours ....
Très bon.
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N°670– Août 2013.
L'HERBE DES NUITSPatrick Modiano - Gallimard.

Quand je lis un roman de Patrick Modiano, j'ai l'impression qu'il ne cesse d'explorer le temps, d'en fixer les moments avec des mots pour leur conférer une sorte de pérennité. Ici, c'est le quartier parisien de Montparnasse qu'il fait revivre en même temps que les années passées et j'ai le sentiment que, bien que parlant de lui, il évoque un personnage étranger à lui-même, en transit dans Paris, vivant à l'hôtel, c'est à dire sans attache précise, solitaire, pas exactement libre de ses mouvements mais pas non plus entravé par quoi que ce soit, plutôt livré à lui-même, fréquentant les cafés comme uniques lieux de rendez-vous, à la fois publics et déserts, un peu comme s'il circulait dans sa propre vie comme un étranger de passage, comme un marginal vivant d'expédients pour assurer son quotidien.
Ce quartier de prédilection était à l'époque promis à la démolition, comme un pan de sa propre vie qui s'écroule et qui laissera place à quelque chose de plus moderne, de plus nouveau. Pourtant, il est porteur de souvenirs qui vont s'évanouir si on n'y prend garde, si on ne prend en note tout cela comme on garde la mémoire de rencontres. Les personnages de Modiano ont toujours ce côté inquiétant, insaisissable, mystérieux, sont toujours sur le qui-vive, portent souvent un nom qui n'est même pas le leur, vivent une vie parallèle, bien souvent cachée. le temps autour d'eux est humide, sombre, la lumière blafarde, les choses et les gens indistincts. Des rencontres lui reviennent à la mémoire et les noms que portaient ses interlocuteurs lui évoquent des images, des visages, un parfum, des odeurs mais tout cela d'une manière pas très précise. C'est un peu comme si ces personnages étaient des sortes de fantômes dont seuls quelques détails de leur apparence sont notés furtivement, un vague reflet, une silhouette qui passe et disparaît, quelques paroles prononcées qui tombent dans la vide de la nuit, aussi mystérieuses que le silence qui les entoure.
« Il me semble aujourd'hui que je vivais une autre vie à l'intérieur de ma vie quotidienne. Ou plus exactement, que cette autre vie était reliée à celle assez terne de tous les jours et lui donnait une phosphorescence et un mystère qu'elle n'avait pas en réalité ». Jean, le narrateur, vaguement écrivain, avoue que le présent lui était relativement indifférent et il se consacrait à l'époque à des recherches à Paris sur les traces de Jeanne Duval, Christian Corbière, Gérard de Nerval, Restif de la Bretonne... Un simple carnet noir qui ne le quitte jamais est le témoin de ses aventures ou de ses rendez-vous d'il y a vingt ans qu'il y consigne d'un mot. Ses notes sont ainsi l'invite à remonter le temps, à raviver le souvenir à partir d'un nom, d'un visage, d'un événement dont il n'était à l'époque qu'un simple « spectateur nocturne » qui posait sur eux son regard absent, dans le seul but de ne pas déranger. En consultant ce carnet, il reprend conscience de cette vie antérieure aujourd'hui révolue où il fréquentait les cafés, plutôt les bistrots populaires qui restaient à l'époque ouverts toute la nuit, en aimait le zinc morne, les consommateurs tristes qui s'y accoudaient, qui parlaient fort pour s'affirmer ou gardaient un silence aviné, la lumière crue des néons, l'odeur douceâtre des lieux. A l'époque il était jeune, hantait le Quartier Latin, traînait sa vie un peu au hasard des rencontres. Rien n'avait vraiment d'importance et les gens rencontrés n'ont pas vraiment laissé de trace dans sa vie, juste une impression fugace, sauf peut-être une femme, Dannie. Pour elle il remonte le temps, se souvient de cette tranche de vie avec elle entre les cafés de nuit, son courrier reçu en poste restante, un quotidien de hasard vécu en pointillés faits de silences, de lumières laissées allumées dans un appartement ou dans une autre vie, quelque part... le lecteur ne sait pas exactement quelles relations il avait avec elle, mais à l'invite des autres membres exclusivement masculins du groupe, tout aussi mystérieux qu'elle, il faisait « profil bas ». Ces hommes sont des marginaux, plus ou moins opposants politiques marocains réfugiés en France mais surveillés par la police. On lui parle de « double jeu », « d'engrenage », « d'argent », de « sale histoire » de « faux papiers » puis de « services spéciaux marocains » et enfin de meurtre... C'est, à l'époque le Paris interlope des années 60 qui, en pleine guerre d'Algérie est inquiétant mais ce sont maintenant des quartiers détruits qu'il arpente à l'aide de sa mémoire. C'est que le narrateur finit par prendre conscience qu'il a été mêlé malgré lui à une affaire criminelle (l'affaire Ben Barka pourtant jamais citée) et en fouillant dans ses souvenirs, en les recoupant avec l'aide d'un dossier abandonné de la Mondaine, cherche à recomposer ce passé.

Le livre refermé, je me demande toujours ce qui m'attire dans les romans de Modiano, le style sûrement, la musique, l'ambiance mystérieuse et parfois un peu glauque voire clandestine, le flou et la précision du détail, la mélancolie, l'univers onirique à ce point détaché de la réalité qui doit beaucoup à l'oubli et sans doute encore plus à la mémoire.

J'aime en tout cas, et ce depuis longtemps, cet univers unique et envoûtant de Patrick Modiano où l'on se perd sans vraiment avoir envie de se retrouver, où le charme agit à chaque phrase, où la quête n'est pas une recherche mais une sorte de dérive sans véritable but, à la fois éthérée et perpétuellement recommencée.

Comme les autres ce roman aussi m'a enchanté.

Ce qui m'étonne toujours chez Modiano c'est que devant la feuille blanche il s'exprime avec aisance et poésie mais que, lors d'une interview il a tant de mal à parler, laissant à ses bras et à ses mains le soin d'exprimer ce qu'il ne dit qu'avec beaucoup d'hésitations au point que, simple spectateur, on en souffre pour lui.




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Un beau roman qui se déroule à Paris, naît d'un Carnet noir, entre les années 60 et aujourd'hui , une enquête inquiétante parfois et sans réponse. Et une écriture Parfaite
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