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3,26

sur 239 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avais de si gros préjugés contre cet auteur hypermédiatique, polémique, manipulateur, menteur, arriviste, égocentrique, puant (et maintenant tout le monde sait qu'il était en outre antisémite et immonde) que je ne l'avais jamais lu. Alors, quelle stupéfaction de tomber sur un texte littérairement aussi magnifique ! Il m'a happé dès les premières lignes, dès les premiers mots, pas tant par ce qu'il raconte que par la façon dont il le raconte. Son style est superbe ; il a à chaque page des trouvailles qui coupent le souffle. J'aurais adoré détester ce livre, mais je dois admettre que je déteste l'adorer. Plus qu'à Gide, Moix ici m'a fait penser au Sartre des Mots : la construction en deux parties complémentaires, Lire / Ecrire pour Sartre, Dedans / Dehors pour Moix, la thématique de l'écriture qui se nourrit de la lecture, le style très classique, l'élaboration d'une mythologie personnelle de la création littéraire où la vérité de l'autobiographie passe largement au second plan… J'ai moins aimé la seconde partie, qui me semble littérairement moins riche ; et la fin m'a semblé manqué d'ampleur par rapport au projet global. En conclusion, un livre qu'il est urgent de lire à l'écart des polémiques qu'il suscite – même si celles-ci arrangent l'auteur et l'éditeur qui en sont à la troisième réimpression au moment où j'écris ces lignes...
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" le roman […] est la seule forme d'art qui cherche à nous faire croire qu'elle donne un rapport complet et véridique de la vie d'une personne réelle. "
Je trouve que cette phrase de Virginia Woolf éclaire très bien ce qui se dégage à la lecture de ce roman .

Yann Moix nous livre ici un récit autobiographique ( ou pseudo- autobiographique) en 2 parties.

La première, simplement intitulée "dedans", égrène les années d'enfance de l'auteur vécues à l'intérieur du cercle familial, dans une famille bourgeoise d'Orléans. Une enfance d'enfant martyrisé par des parents qui lui infligent les pires humiliations et sévices corporels et psychologiques.
Cette partie m'a procuré un certain malaise. Plus que les descriptions des multiples châtiments qui lui ont été administrés par ses parents, c'est la distance que Yann Moix semble mettre entre ce qu'il aurait réellement vécu, et la façon dont il nous le transmets, qui m'a donné cette sensation d'inconfort ( que j'apprécie dans une expérience de lecture).

La seconde partie, logiquement appelée " Dehors" reprend la même période de la vie de l'auteur ( maternelle à études post-bac) .Il raconte l'école, les copains, les premiers émois. Et là aussi , on ne peut pas dire que les expériences de l'auteur aient été des plus réjouissantes. le style de cette partie est différent de celui de la première. Beaucoup plus flamboyant avec l'emploi de mots parfois très peu usités ( un dictionnaire est parfois utile à ce stade ) et une syntaxe recherchée.

Mais avant tout , ce livre est une déclaration d'amour à la littérature. Que les expériences décrites aient été réellement vécues en tant que victime par l'auteur, ou en tant que bourreau comme l'a insinué son frère lors de la polémique qui suivit la sortie du livre, ce qui est indéniablement autobiographique c'est l'amour que Yann Moix porte aux mots et à la littérature française, un amour indubitable dont la sincérité transpire tout au long des pages de ce livre. de Gide à Bataille , de Flaubert à Ponge en passant par Hugo, Sartre , Peguy, etc, ce sont ces auteurs qui ont structuré Yann Moix , qui ont été fondateurs de ce qu'il est aujourd'hui. Comme si, d'une certaine façon, il les avait substitué à ses propres parents.

Une lecture que je recommande vraiment
Lien : http://lagrandestef.over-blo..
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Dans cette autobiographie découpée en deux parties – dedans et dehorsYann MOIX revient sur son enfance puis sa jeunesse à Orléans.

Il y raconte d'abord la cruauté, l'abomination vécue dans le huis clos familial entre 3 et 16 ans.
Sans pathos, l'auteur retrace son enfance. Une enfance brisée. Brisée par les humiliations répétées de ses parents. Une enfance cassée. Cassée par les coups quotidien donnés.
Le voisin, l'épicière du coin de la rue, la maîtresse d'école … Tous savaient les souffrance endurées par cet enfant. Tous. Tous se sont tus.

C'est pour s'échapper à cette réalité douloureuse que le petit MOIX s'est plongé dans la littérature. La littérature comme exutoire. Les mots pour chasser les maux.
Il rencontre – au grès de ses lectures – Gide, Proust ou encore Ponge à un âge où beaucoup d'entre nous n'en étions qu'à la bibliothèque verte !
Et, c'est pour faire comme ses illustres aînés, que Yann MOIX se lance dans l'écriture. A 14 ans, il est déjà riche d'une oeuvre « inachevée et inachevable considérable ».

Dans la seconde partie de son récit, l'auteur retrace – sur la même période de temps – son enfance et sa jeunesse hors du huis clos familial. Hors de cette prison sans amour ni tendresse. Il y raconte l'école, la prépa, ses amis, ses émois et ses humiliations aussi. Comme si, en dehors du carcan familial, celles-ci le poursuivaient.
Sans arrêt.

Yann MOIX fait partie de ces personnes publiques qui ne laissent pas indifférentes. Celles pour lesquelles nous nous forgeons un avis tranché dès la première prise de parole : on les adore ; on les déteste.
Notre réaction est immédiate. Instinctive. Épidermique. Pour eux, il n'y a pas d'entre-deux. Elles sont condamnées aux deux extrêmes.

Je vais être honnête, pour ma part, je n'ai jamais eu un a priori très positif du chroniqueur de Laurent RUQUIER. Je le trouvais pédant et présomptueux.
De ce fait, je n'avais jamais cherché à connaître sa plume. A lire ses écrits. Ses romans. Sa vie.

Quelle erreur !

La lecture d'Orléans a été une incroyable surprise! J'y ai découvert une plume sublime. Triste. Poétique. Une plume qui sait raconter l'horreur avec beauté.
J'ai également découvert un homme blessé. Un adulte prisonnier de son passé. Prisonnier d'une enfance qui lui a été volée.

J'ai eu entre les mains un roman bouleversant. Fascinant. Flamboyant. J'ai dévoré ce livre.
J'ai dévoré ce livre qui m'a fait mal au coeur mais qui n'en reste pas moins, mon coup de coeur de cette dernière rentrée littéraire.
Lien : http://unlivreunvoyage.com
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Roman poignant, décrivant sans pathos l'enfance martyr du petit Yann, son refuge salvateur dans l'art et la naissance de l'écrivain prodige.
C'est une démarche courageuse dans laquelle l'auteur se met à nu, se livre sans fard et sans aucune complaisance.
Comme d'habitude chez Moix, la plume est absolument divine. le style est plus mature, moins expérimental, plus canalisé que dans les ouvrages précédents. La pureté de l'écriture est époustouflante, en oxymoron total avec les violences décrites. Vocabulaire recherché, ponctuation soignée, récit au passé simple, emploi récurrent du subjonctif imparfait donnent au récit un côté précieux et charmant qui transcende un peu l'horreur. "J'eusse rêvé, plutôt que de m'en débarrasser en les vivant approximativement, de choisir une poignée d'heures à exploiter, à hanter." "Le monde, nul ne nous en a averti, est essentiellement tourné vers le vide et vers la mort. Celui qui n'y trouve point sa place en est sans cesse éjecté ; les autres font semblant d'y être utiles, afin de ne pas disparaître. Reste une dernière option : l'écrire, non pour le rendre plus doux, mais pour le vivre de plein fouet. Pour exister."
Pour exister : tout est dit.
Il faut lire Orléans. Faire abstraction des polémiques. Juste le lire.
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Dans "Orléans", premier opus de sa tétralogie ("Voyage au pays de l'enfance immobile"), Yann Moix se concentre sur les vingt premières années de son existence. En décrivant, d'une part, l'enfer que lui ont fait vivre ses parents – deux êtres extrêmement brutaux et pervers – et, d'autre part, sa découverte passionnée de la langue française. Les mots, la lecture et l'écriture deviennent en effet, très vite, la raison de vivre de ce gamin traumatisé, en manque total d'amour et de respect. Gide et Péguy, notamment, lui offriront un refuge "définitif et miraculeux", un rempart à la terreur. L'auteur se souvient aussi de ses déboires scolaires et de son obsession continue – et perpétuellement frustrée – pour les filles.

Un chouia moins nihiliste que "Reims" (qui revient sur ses études supérieures) et légèrement moins truculent que "Paris" (qui raconte ses premières années à l'assaut de la capitale), "Orléans" est aussi noir et brillant mais également plus poignant, plus désarmant, que les deux autres. J'ai énormément aimé !

Note :
Ils peuvent se lire dans le désordre.
Je n'ai pas encore lu "Verdun".
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ORLÉANS
Yann Moix.
1/ Pourquoi avoir lu ce livre ?
- Loin de la polémique , je voulais savoir s'il existait une corrélation entre les paroles et les mots de cet auteur .
2/ Et alors ?
Quelle ne fut ma surprise en lisant ce roman !
Il est construit en deux parties : DEDANS/ DEHORS.
Cette première partie est consacrée à ce qui se passe à la maison . J'ai pu , ainsi, découvrir toutes les humiliations , les excès en tous genres de" ses géniteurs". Je remercie l'auteur d'avoir témoigné sur l'enfance maltraitée. Chacun d'entre nous sait que lorsque les portes sont fermées , personne n'imagine ce qui se passe derrière.
Il le décrit parfaitement bien , des mots , des phrases choisis à leur juste valeur et tout cela sous une plume merveilleuse.C'est tellement bien écrit , parfois , même avec une pointe d'humour. Il arrive à trouver refuge chez Gide( ce qui lui vaudra d'autres humiliations).
EXTRAIT :
"Je rentrais tout couvert de nuit. J'avais pleuré sur le trajet dangereux, ma mère finissait de faire le ménage , de nettoyer la buanderie , de remplir le lave -vaisselle. Mon père, dont je m'enquérais régulièrement auprès de sa femme de la date à laquelle il consentirait enfin à mourir , était encore au travail- son cabinet sis à quelques mètres de notre domicile. Ma mère avait interprété mes larmes comme une preuve de lâcheté: elle me fixa avec de la haine et du mépris dans le regard, impavide, sous sa chevelure flottante. Sa cruauté semblait irrévocable. M"aventurant parfois à chercher quelque douceur auprès de ce corps qui m'avait jadis abrité, j'étais systématiquement arrêté dans mon élan, puis écarté comme un chien. Ma naissance était , chez ma mère, synonyme d'angoisse et de désespoir."
- Tant d'enfants subissent de mauvais traitements...Lui a choisi la plume pour extérioriser ce que d'autres ne peuvent ou ne pourront jamais faire.
L'enfance maltraitée se doit d'être tue.
- Dans la seconde partie , cela est pire encore. Nous constatons que le monde des ados , des adultes sont méchants. Il essuie à nouveau des traumatismes violents. Il se fait mal , du mal et tombe dans le" je ne sais plus qui je suis ".
Il est fort , il s'en sortira.
3/ Aimé ou pas ?
Telle n'est pas la question ! Je formulerai plutôt une constatation:
Est-ce que l'humiliation engendre la méchanceté , la vengeance ou bien , au contraire rend l'être humain plus HUMAIN , plus doux.
Ce livre m'a marquée. Je pense à tous ces enfants qui subissent le même sort ...
L'enfance maltraitée est un sujet tabou auquel Yann Moix a su donner une jolie résonance.
4/ A vous de savoir , parents si vous souhaitez le lire et me dire ce que vous en pensez ....
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" J'aimais le soleil. J'aimais la pluie. J'aimais chaque nuage. J'aimais les arbres et les buissons de la cour." j'aime de plus en plus Yann Moix, qui renoue avec un style simple et clair. (c'était moins le cas dans ses livres précédents.)
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