Bruxelles, ma belle !
Alors qu'il attend le tram 33,
René Magritte a une vision étrange, celle d'une femme blonde habillée d'une robe à fleurs à côté de… son fantôme ! le voici intrigué, troublé même, au point de la peindre alors que jusqu'alors, seule son épouse bien aimée Georgette était son unique modèle. Et voilà que cette mystérieuse femme, Madeleine, est retrouvée assassinée dans une ruelle : un poignard dans le coeur et des lilas sous sa robe. Bouleversé, Magritte décide d'endosser le costume d'enquêteur, un détective à la
Nick Carter héro de son enfance, et d'aider son ami le commissaire Jefke en furetant à droite et à gauche. Qui sait ? Ses talents d'observateur conjugués à la sagacité de Georgette pourraient faire mouche ! Mais une autre femme est tuée : Rosa, un corbeau près de sa tête et un bouquet de roses sur son coeur. Un tueur en série à Bruxelles ?
Sous le prétexte d'un petit polar en forme de cosy-mystery,
Nadine Monfils fait revivre toute une époque, celle de l'après-guerre, les années 50-60, avec comme toile de fond, Bruxelles, ville multiple, (on peut même dire que c'est un personnage à part entière) et c'est vraiment réussi.
Faire du couple Magritte les héros d'un polar n'est pas un choix anodin pour l'auteure -elle l'explique très bien en postface- (décidément les auteurs rivalisent d'imagination pour trouver des personnages « originaux » : la Reine d'Angleterre, Angela Merkel pour ne citer qu'elles). Je ne suis pas une spécialiste de l'art (loin s'en faut) mais les tableaux de
René Magritte m'ont toujours interpelée, interrogée : je le considère comme le peintre de l'imaginaire par excellence.(lui-même le dit : l'art, le vrai, n'a besoin d'aucune explication. Il se suffit à lui-même -page 19). Il se ressent avec le coeur, pas avec l'esprit ou la raison. Nous entrons dans le quotidien du peintre, qui avait –semble-t-il- une vie très simple : son épouse le déchargeait de tout ce qui pouvait troubler son inspiration, il peignait dans son salon, il promenait son petit chien comme tout à chacun, allait boire de bonnes bières avec ses copains au café. On croise des personnages secondaires bien campés et même
Jacques Brel qui détient, à son insu, la clef de l'énigme.
Parsemé de bons mots et d'expressions typiquement belges, cette ballade au coeur de Bruxelles en très bonne compagnie m'a fait passer un excellent moment de lecture.
Cocasse, décalé, et délicieusement vintage, et pour paraphraser René, « ce livre n'est pas un polar » (enfin pas seulement !).