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EAN : 978B001BVYULC
Michel-Lévy frères (30/11/-1)
4.5/5   2 notes
Résumé :
I - Le mariage
II - Marianna
III - Historique
IV - La famille Baliveau
V - Le spectre du passé
VI - Une ancienne connaissance
VII - Le domicile de M. Blanchard
VIII - La fête d’une mère
IX - Lettres anonymes
X - Le boulevard des Invalides
XI - Dans un arbre
XII - Mari et femme
XIII - Une réception
XIV - Le serment
XV - Nouvelle imprévue
XVI - Le piège
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Que lire après Les Mystères du boulevard des Invalides, par Charles MonseletVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Jusqu'en 1892, aucune femme n'avait été admise en France au sein de la Franc-Maçonnerie.
De cette interdiction, l'auteur s'est plu à imaginer, en 1873, une Franc-Maçonnerie constituée à l'inverse, exclusivement de femmes.
L'une d'elles, Marianna, qui était supposée morte, réapparait publiquement et trouble, par un discret avertissement compris uniquement de ceux qui la connaissent intimement, le mariage entre Philippe et Amélie :
«  Quelle sera la frayeur des hommes quand le Juge paraitra pour discuter rigoureusement leurs actions ! » subtilement chantée en latin, accompagnant l'orgue, mais provoquant la terreur de toute une assemblée…

Cela chamboule également la grande maîtresse de la Franc-Maçonnerie, Madame de Pressigny, la tante d'Amélie. Marianna lui rappellera que la destinée de Philippe lui était réservée : elle voulait s'en venger et le retrouve, quelques années plus tard, dans les plus heureuses félicités conjugales :
« - Je veux rentrer dans mes droits sur Philippe Beyle.
- Malgré l'alliance qui vient de l'introduire dans ma famille ?
- Malgré tout ; la Franc-Maçonnerie l'a condamné sur mes justes griefs. »

Il semble, au travers de cette discussion, que le but principal de cette Franc-Maçonnerie féminine est d'assouvir pleinement la soif des vengeances des femmes :

« - c'est-à dire que le but de notre association est plutôt de protéger que de punir. Punir les oppresseurs, c'est protéger les opprimés. Les torts de M. Beyle envers vous n'ont été que ceux d'un amant.
L'oeil de Marianna étincela à ces paroles.
Que ceux d'un amant, oui, madame, rien que cela ! répondit-elle avec ironie ; c'est la moindre des choses, en effet. Il m'a torturée, il est entré violemment dans ma vie pour la briser. Ses torts ne sont que ceux d'un amant ! Est-ce donc à moi de vous rappeler que notre société est autant la sauvegarde des sentiments que la sauvegarde des intérêts ? Par quoi vivons-nous, autres femmes, sinon par le coeur, et quand on nous l'a broyé, quel plus grand crime pouvez-vous imaginer, dites-moi ? »

Madame de Pressigny ne peut qu'observer passivement les représailles de Marianna envers sa nièce, aussi brutales et lourdes soient-elles. Un moyen seulement permettrait de la rendre invulnérable : que sa nièce, Amélie, entre elle aussi au sein des Francs-maçon.

Le nombre de membres étant limité, l'admission ne peut s'opérer que par la désignation d'un nouveau membre contenu dans le testament d'un membre de l'organisation.

Peu avant ces évènements, la grande maîtresse reçut une lettre d'une « soeur » des Francs-Maçons, mourante, lui demandant un soutien pour ces derniers jours.

Il y a à cet instant un amusant contraste entre la grande maîtresse, marquise et parisienne et la rencontre d'une soeur miséreuse et croupissant en basse province en une maison terne et somnolente accueillant quotidiennement les mêmes hôtes avec une exemplaire régularité.

Tandis que les habitués jouent en son salon, la soeur franc-maçonne lui expose en toute franchise et d'un ton sec son projet de suicide et de testament dans lequel elle désignerait sa propre fille :

« Je vous assure, madame la marquise, que personne ne dira que je me suis suicidée. Vous allez me comprendre. Notre petite maison est la plus élevée d'Épernay : elle a trois étages. Au troisième étage se trouve la chambre de ma chère Anaïs. Un de ces jours, j'y monte avec la domestique pour changer les rideaux des croisées. C'est bien simple. Je veux absolument m'occuper moi-même de ce détail ; en conséquence, la domestique approche une table. Elle me fait quelques observations sur le danger que je cours, car c'est une bonne fille, cette Catherine ; je lui rappelle que c'est moi qui commande, et, pour enlever la tringle, je monte aussitôt sur la table. Un éblouissement me prend. La fenêtre est ouverte. Je tombe naturelle ment sur le pavé.
- C'est affreux .
- J'aurai du malheur, n'est-ce pas, madame la marquise, si l'on me relève vivante ? »

Une idée pas si affreuse au sens où l'entend la marquise puisqu'une fois un accord conclu afin de substituer sa nièce en bénéficiaire sur le testament en contrepartie du règlement des dettes du mari de la suicidaire, Madame de Pressigny ne voulut absolument plus la décourager…

L'horreur ne s'arrêta pas là, et je passe outre d'autres fascinants détails morbides mais peu de temps avant le suicide, la fille remarqua en sa mère un changement de physionomie, d'attitude, un empressement à vouloir transmettre tout un tas d'objets poussiéreux, de robes et autres cadeaux qui lui semblaient emballés d'un linceul funeste. La mère elle-même hésita à partir pour l'autre monde au moment où, les dettes réglées, le mariage prochain de sa fille et son propre état de santé s'améliorant soudainement, tout semblait propice à une vie plus sereine et joyeuse… Mais elle s'exécuta scrupuleusement.

La vengeance de Marianna s'est opérée entre temps de façon progressive et perverse.
Chaque jour apporte une lettre nouvelle à Amélie, la jeune mariée, contenant d'anciennes correspondances entre son mari et ses nombreuses maîtresses grassement méprisées : « Cependant je vous l'ai dit mille fois : gardez-vous de me considérer comme un amant sérieux. Je sais jouer l'amour comme vous savez jouer l'opéra. Or, il est rare qu'un opéra dépasse cinq actes et deux ou trois tableaux ; notre amour a dépassé un an. Il y a longtemps que la rampe devrait être baissée. ».
Il contestait ironiquement et avec cruauté les reproches qui lui étaient adressés : « Tout s'en va. Je m'en suis allé comme un simple piano, après le grand air de la jalousie et la cavatine du parjure. C'est égal, chère amie, je vous engage une dernière fois à ne plus tant m'en vouloir de votre bonheur, si passager qu'il ait été. »

Philippe se protège médiocrement avec des bons mots rassurant son épouse mais n'en était pas moins inquiet pour l'avenir : « Ces femmes m'avaient fait sceptique et impitoyable ; vous, Amélie, vous m'avez rendu croyant et bon. A chacune ses preuves. »

Le couple est épié, suivi constamment par Marianna mais n'ayant rien à révéler de cet espionnage, fait naître un doute fictif en Philippe en l'incitant à être plus curieux quant aux sorties de son épouse, toujours par quelques lâches lettres anonymes. Il perçoit le piège mais ne peut s'empêcher de démolir toute la confiance du couple par de longs interrogatoires suivant les soirées les plus banales.

Au moment même où Amélie est agrée au sein de la Franc-Maçonnerie et s'apprête donc à être protégée de plein droit grâce aux règles de la secte (les membres ne pouvant se nuire entre eux), Philippe découvre cette curieuse réunion en flânant au boulevard des Invalides, assisté par un compagnon folâtre qui épie l'organisation depuis un arbre du boulevard dans lequel il se cache et qui lui sert de tourelle d'observation.

Or, le serment qu'à prononcé Amélie pour être définitivement admise contenait la promesse de ne jamais divulguer à quiconque l'existence de cette organisation occulte. Mais Philippe a tout appris de lui-même, par ses propres investigations et exhorte son épouse de lui donner de plus amples précisions quant à cette secte mais n'obtient aucune confirmation.

Marianna soupçonne, à l'attitude maladroite et embarrassée d'Amélie lors de son serment, que Philippe partageait ce secret… Elle tend alors un piège à Amélie, s'entoure de témoins de la secte afin qu'elle avoue sous la menace n'avoir pas honoré ce serment et de la provoquer immédiatement après en duel…

Tous ces enchevêtrements d'intrigues resteront un secret pour le public. Personne, ni même Philippe qui pourtant eut connaissance de duel fatal causant la mort de son épouse, ne signalera les agissements de cette secte. Madame de Pressigny, grande maîtresse et tante d'Amélie, manipulera Philippe De façon à lui faire porter seul le poids de ce décès et le persuadant qu'il avait, d'une certaine manière, mérité la vengeance de Marianna.

Quant au compagnon original de Philippe qui avait repéré au boulevard des Invalides la secte, il fut tout simplement déclaré fou et expédié en un établissement psychiatrique…

Il y a beaucoup d'intrigues en ce roman. La première moitié du roman est excellente par un mélange de roman gothique, d'idées originales, un cadre complexe et un esprit sadique de vengeance rappelant le comte de Monte-Cristo. le dénouement de ces intrigues a toutefois été trop bref et maladroit mais ce roman a le défaut d'être un peu trop court afin de répondre efficacement aux intrigues posés.

Outre le sens du rythme qui est parfois cassé en ce roman, il y a tout le long une intense atmosphère électrisée par cet esprit de représailles et brillamment entretenue par l'auteur :

"Vous avez trop appris l'assurance, Philippe ; dans le bonheur, vous avez oublié vos ennemis… Les haines mal écrasées sont les plus terribles."
(...)

"Oh ! je sais que vous êtes brave ; mais il est des circonstances où la bravoure ne sert à rien. On ne pare pas des coups portés par des bras invisibles."
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
- Allons donc ! redressez-vous donc ! Soyez donc vous-même ! Quittez ce vêtement d'imposture qui ne va pas à votre taille ! Pour une haine comme la vôtre, pas de moyens mesquins. Voyez, est-ce que je ruse, moi ? est-ce que je prends cette peine avec vous ? Fi donc ! Ne rampez plus comme les vipères, bondissez et frappez comme les lionnes !
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L'Orchestre Lyrique de l'ORTF sous la direction Jean Claude HARTEMANN interprète "La Surprise de l'amour" , opéracomique en deux actes de Charles MONSELET d'après MARIVAUX. Distribution : - Monique STIOT : Colombine - Linda FELDER : La Comtesse - Gérard FRIEDMANN : Lélio - Aimé DONIAT : Arlequin
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