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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Avec La bonne chance, Rosa Montero m'a entraîné dans une histoire extraordinairement émouvante et surtout captivante.
Cette autrice espagnole dont le livre a été retenu pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives 2022, excelle dans l'art d'intriguer, de garder le mystère jusqu'au bout, attisant ainsi de plus en plus mon impatience.
Pourtant, bien que désireux de savoir, de décrypter ces informations distillées tout au long du roman, je prenais bien le temps d'apprécier, de vibrer, de trembler en lisant La bonne chance.
Tout commence donc dans le train AVE Madrid-Málaga, un TGV qui s'arrête dans toutes les gares… Un homme, près de la fenêtre, est devant son ordinateur mais ne semble pas très concentré. À Cordoue, il descend et fait tout pour revenir à la gare précédente : Pozzonegro où il avait aperçu un panneau « à vendre » accroché au balcon d'un appartement, en face de la gare.
Pozzonegro, « le patelin le plus laid du monde », comme le dit Rosa Montero, rassurez-vous, n'existe pas, c'est précisé en notes de fin d'ouvrage. Ici, c'est une ville minière qui fut prospère mais, depuis la fermeture de la mine, c'est la décrépitude.
Notre homme, Pablo Hernando, achète cash l'appartement à un certain Benito Guttiérez, drôle de bonhomme qui brille ensuite par sa bêtise et sa cupidité. L'appartement est miteux, sale, mal fichu et, quand un train passe, tout tremble et c'est assourdissant. Qu'importe, cet homme attendu à Málaga pour un cycle de conférences, fondateur d'un atelier d'architectes à la renommée internationale, s'y installe.
Débute alors une ronde infernale qui réserve, heureusement quelques respirations salutaires avec Raluca, voisine de Pablo, qui tente de s'occuper de lui. Elle est caissière au supermarché local, le Goliat, et réussit même à le faire embaucher.
Dans cette ronde, j'entends parler de police, d'un certain Marcos dont le nom terrorise Pablo qui va avoir cinquante-cinq ans. Felipe, autre voisin, est sous oxygène. Il fait partie des relations que noue Pablo qui entend, chaque soir, à l'étage au-dessus, des coups, des cris, des pleurs. Quand il tente de savoir ce qui se passe, c'est le silence.
Au Goliat, Raluca s'inquiète parce qu'une superviseuse semble vouloir réorganiser le magasin où Pablo met en rayons jusqu'à une heure tardive.
Dans ce bourg sinistre, en pleine chaleur torride de l'été, peu à peu, Pablo est rattrapé par son passé, par tout ce qu'il tentait d'oublier. Enfant battu par un père alcoolique, il a réussi sa vie d'adulte mais Clara, sa femme, est morte, et leur fils, mystère…
Quant à Raluca, elle a été abandonnée à la naissance puis a été internée en soins psychiatriques avant de mener une vie quasi normale jusqu'à ce qu'elle rencontre Pablo. Femme courageuse et belle, elle ne laisse pas cet homme insensible mais pourquoi a-t-elle de la peine à garder un oeil ouvert ?
Au passage, Rosa Montero complète son roman de terribles faits divers démontrant la folie humaine que ce soit des sévices intrafamiliaux ou un massacre aveugle, aux États-Unis par exemple.
J'ai dû aller tout au bout de ce roman social qui flirte avec le thriller pour savoir enfin qui bénéficie de la bonne chance. Rosa Montero, bien traduite par Myriam Chirousse, raconte bien, donne régulièrement la parole à ses personnages, même à l'horrible Benito et j'avoue qu'elle m'a fait vibrer jusqu'au bout.
La bonne chance, finalement, c'est moi qui en ai bénéficié en lisant cet excellent roman !

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Un homme qui semble de pas être parvenu à un accord avec la vie, un train, un paysage navrant et un narrateur qui nous esquisse cinématographiquement cette désolation avec une économie de détails exquise. Cet homme qui s'appelle Pablo Hernando Berrocal, cinquante-quatre ans, l'architecte de l'intensité, comme l'a baptisé un journaliste dans une phrase qui a fait florès, récompensé par d'innombrables prix internationaux, va descendre à une station erroné, reprendre un bus pour se rendre dans une autre ville, " le Trou du Cul du Monde ", où en une heure et même pas, acheter un petit appartement horrible et délabré en face de la gare à 42000 euros cash et disparaître de sa vie officielle, du moins va tenter. Ceux sont les premières pages, et je dois dire que déjà je crève de plaisir en lisant cette prose et ce sujet qui m'attirent aussi sûrement que le miel les abeilles.

Un livre d'une psychologie dense, où Montero va nous élucider peu à peu, d'une lenteur sadiste 😁, le mystère de cet homme très silencieux, une habitude défensive apprise dans l'enfance afin de survivre. Pourquoi cet homme fuit-il son passé ? Et peut-on jamais fuir son passé, dont on ne peut se débarrasser comme on enlève une veste. Dans ce roman choral, à travers le personnage de Pablo et ceux qui vont entrer dans sa nouvelle vie, l'écrivaine nous met face aux évidences de la Vie, tout ce qu'on accepte comme allant de soi, et en faites en sont bien loin de l'être. Toutes ces choses dont on passe à côté, trop occupé à atteindre un but qui n'en est pas un, et dont on s'en aperçoit trop tard. Des vies construites sur des préjugés nourris par l'apparence , laquelles une fois que la différence entre notre vrai moi et celui de l'apparence n'arrivent plus à cohabiter, ne sont plus gérables. Pablo a toujours eu des facilités à gérer sa Vie du pouvoir, mais dans la vie réelle il est un désastre. Rosa Montero corse l'histoire en y rajoutant des éléments extrêmement dérangeants, Pablo qui collectionne depuis des mois des histoires d'horreur familiales , des néonazis inquiétants, des enfants maltraités, un certain Marcos recherché par la police, un fils mystérieux dont le destin change selon les versions que débite Pablo, des recettes pour survivre à des catastrophes....Bref entre amour, amitié , violence et désespoir, à travers son personnage de Pablo elle nous laisse entrevoir, "la réalité du monde : l'immensité de toute cette souffrance dénuée de sens, cette agitation de fourmis des êtres humains, le vide ténébreux de la vie." Ca a l'air pessimiste, mais c'est sans compter sur le personnage féminin du récit, Raluca qui irradie d'énergie, d'optimisme, de gentillesse et d'amour et illumine l'histoire et la vie de Pablo. Et l'ensemble finit par déboucher sur une situation inattendue, du moins pour moi, et sur une profonde réflexion sur le Mal gratuit. Une réflexion qui me touche personnellement vu que c'est une des rares choses qui m'a toujours fait peur justement à cause de cette combinaison , le Mal, la cruauté faite par pur plaisir sans aucune raison , ni logique, du moins apparente. Un livre bien écrit, une intrigue bien structurée foisonnant de thèmes intéressants accompagnés de riches réflexions sur la Vie, le Mal et le Bien. En un mot, Grandiose ! Première rencontre avec Rosa Montero, et j'en sors subjuguée !

"....il faut apprendre à aimer dans l'enfance, comme on apprend à marcher ou à parler.....des enfants sauvages de l'amour, qui n'ont jamais vu dans leur enfance deux personnes s'aimer...sont incapables de reconnaître l'alphabet amoureux, qui leur est aussi étranger que si les gens parlaient en tagalog."
"Le Mal possède des ressources que le Bien ignore."

Un grand merci aux Éditions Metailié et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce livre.
#LaBonneChance #NetGalleyFrance
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Un homme parti en train de Madrid vers Málaga descend en gare de Cordoue, repart pour la station précédente de Pozzonegro, en autocar cette fois, car il veut y arriver vite et ne peut se permettre d'attendre le train du lendemain. Arrivé dans le village, il appelle aussitôt le numéro indiqué sur le panneau de vente d'un appartement situé près de la voie ferrée pour l'acheter comptant. Or Pozzonegro, un ancien centre minier à l'agonie, en dehors du supermarché de la chaîne Goliat à l'entrée du village et la station-service qui se trouve à côté est « déprimant, sombre, indéfini, sale, en demande urgente d'une couche de peinture et d'espoir ».
Qu'est-ce qui peut pousser cet homme qui pourrait être séduisant mais dont on dirait qu'il n'est pas parvenu à un accord avec la vie, un accord avec lui-même, à descendre du train à l'improviste et à se cacher dans ce patelin qui pourrait être le plus laid du pays ? Que ou qui fuit-il ?
Nous apprendrons que cet homme se prénomme Pablo Hernando, est un architecte renommé, et qui, s'il pouvait, formaterait sa mémoire et recommencerait à zéro.
Il pense pouvoir se couper du monde et se terrer dans cette petite localité au passé minier, cet appartement devenu sa tanière. Mais ses quatre associés inquiets préviennent la police ; celle-ci le localisera bien vite étant donné qu'elle le surveille depuis l'évasion de prison d'un certain Marcos Soto, l'inspecteur en chef demandant d'ailleurs à son second, « s'il ne trouve pas cela bizarre que ce dénommé Pablo Hernando soit parti vivre tout à coup, à… à… dans ce patelin de merde, en laissant tout, peu après que Marcos s'est enfui ».
Mais qui est donc ce Marcos, quel lien a-t-il avec Pablo, quels secrets porte-t-il ?
Obligé de sortir pour faire quelques provisions, Pablo va alors croiser sa voisine d'immeuble, Raluca, une jeune femme énergique, généreuse, un peu cabossée par la vie mais tellement solaire.
C'est elle qui va le prendre sous son aile et le ramener peu à peu à la vie, bien que ce ne soit pas gagné d'avance.
Cet homme dont le chagrin est immense n'hésite pas à s'inventer des vies pour donner le change, pour fuir ses responsabilités. Peur, culpabilité et honte lui deviennent insupportables. Mais Raluca par sa simplicité, sa spontanéité réussit à lever les doutes et les hésitations qui l'obsèdent.
J'ai particulièrement apprécié comment, à chaque fois que Pablo est saisi par la panique, il réussit, en se souvenant de notions de survie, de conseils pittoresques qui peuvent sauver des catastrophes, à affronter le danger.
J'ai trouvé également très intéressante la description des différents styles d'architecture que Pablo réalise et d'apprendre que Rosa Montero a emprunté ces éléments à différents architectes qu'elle cite en fin d'ouvrage.
Un peu d'humour se mêle à la gravité du propos lorsque Pablo qui se désespère de ne pouvoir aimer, se sentant incapable de reconnaître l'alphabet amoureux, persuadé qu'il faut apprendre à aimer dans l'enfance comme on apprend à marcher ou à parler. « En résumé : Pablo ne sait pas le tagalog. Et il ne se croit pas capable de pouvoir l'apprendre ». le tagalog étant une variété linguistique du rameau des langues philippines dans laquelle se trouve « une débauche de g » !
Un des signes de sa transformation et de son retour à la vie est manifeste lorsqu'il découvre au milieu de vieux livres anciens un manuel de tagalog pour débutants et qu'il se décide à en apprendre un peu à ses heures perdues !
L'auteure sait magnifiquement restituer l'ambiance sombre de cette ville, aujourd'hui désertée et agonisante, les infrastructures abandonnées, où tentent de s'accrocher encore, et de survivre, quelques familles, dans des maisons miteuses ou des blocs d'appartements de quatre ou cinq étages misérables, avec en toile de fond, ces trains qui grondent la nuit, véritables ouragans métalliques. C'est également le monde du travail et les grands magasins sans oublier cette chaleur écrasante que l'auteure peint avec brio.
C'est au coeur de ce décor que des sentiments aussi divers que contradictoires vont se révéler. La gentillesse côtoie la méchanceté, comme la bonté, la méchanceté, ou encore l'amour, la haine ; un roman qui parle du Bien et du Mal, qui montre qu'un homme à terre peut retrouver le goût de vivre un roman où l'amour et l'espoir sortent vainqueurs !
La bonne chance, de Rosa Montero est à la fois une sorte de fable, un thriller psychologique avec un suspense maintenu jusqu'au bout, un roman social, un splendide roman d'amour et surtout une ode à la vie. Elle nous rappelle que la vie peut être belle, pas complètement belle, certes, mais c'est la Vie, et avant tout un cadeau !
La bonne chance était le premier roman que je lisais de Rosa Montero. J'ai été conquise et subjuguée par l'écriture de cette auteure. Une belle découverte, et ce, grâce à ma médiathèque attitrée qui a proposé cet ouvrage pour le Prix des lecteurs des 2 Rives 2022 qu'elle organise chaque année.

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J'ai coché ce livre dans la sélection du 8 septembre 2021 de la Masse Critique de chez BABELIO, car j'avais déjà entendu beaucoup de bonnes choses concernant cette auteure espagnole Rosa Montero.J'ai donc eu "La bonne chance" de recevoir ce livre en échange de mon avis.

Merci à Babelio qui m'offre toujours (ou presque) de belles lectures et aux Editions Métallié pour ce partenariat.

J'ai tout simplement adoré cette lecture ♥

L'histoire de cet homme qui prend une étrange décision en achetant et en s'installant dans un appartement minable dont il a vu l'affiche à vendre à bord d'un train.

Nous ne savons pas grand chose de lui et Rosa Montero va alterner les chapitres en s'emparant de divers personnages. Ceux qui vont croiser son chemin mais aussi ceux qui l'ont perdu en chemin.

On sent bien chez cet homme, Paco, une immense peine, que c'est un homme blessé, à terre.

Une très grande détresse l'a poussée à se retirer et même à se retrancher d'une vie a priori ordinaire.Rosa Montero tout en finesse, en nous dressant toute une galerie de personnages tous plus intéressants, étranges, fascinants, malfaisants, attendrissants, les uns que les autres.

Avec tous ces personnages, elle va nous faire découvrir ce que cet homme a fui, ce que cet homme est, a été et sera.

J'ai aimé tous ces portraits que l'auteure nous décrit avec humour, tendresse mais aussi de façon caustique et amer. Je vous laisserai les découvrir pour ne pas tout vous dévoiler...

Ce livre c'est aussi et surtout, l'improbable rencontre de Paco et Raluca.

Là où se trouvait le vide, là où était l'improbable, va surgir l'étincelle, de celle qui peut raviver le merveilleux entre deux. Les thématiques de la famille, de la paternité sont au coeur de ce livre, tout comme celles de la reconstruction, de la rédemption, de l'empathie et de la bienveillance.

Les parcours de vie ne prennent pas toujours les chemins que l'on aurait souhaités et les relations familiales ne vont pas toujours de soi…

Il faut compter parfois sur sa bonne chance, celle qui nous fait avancer vers un futur plus beau.

Un très beau roman, que j'ai vraiment apprécié ♥♥♥♥

Une plume alerte, joyeuse et néanmoins profonde qui délivre de bien beaux messages.

Une très bonne chance avec cette lecture !

Rosa Montero, je vous lirai à nouveau c'est certain.

Merci Merci Merci !

Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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Peut-on échapper à sa propre vie ? Détruire ce qui a été fait ? Ce qui a été mal fait ? C'est peut-être ce que Pablo Hernando, architecte réputé de Madrid, essaie de faire, lui qui, sur un coup de tête, vient d'acheter un appartement miteux, proche de la ligne de chemin de fer, à Pozonegro. Pozonegro, ville-fantôme à vingt-huit minutes de train de Cordoue, où seuls, le supermarché Goliat et la station-service montrent encore quelques signes d'activité.
Et c'est au supermarché que Pablo, aidé par Raluca, sa voisine, trouve un petit boulot : il va mettre des produits en rayon. La vie reprend tout doucement, alors que le passé soigneusement évité et oublié va soudain resurgir et reprendre ses droits....
Dans une petite video destinée aux lecteurs, aux lectrices francophones, Rosa Montero présente son roman (le lien se trouve tout en bas de la page, sur Babelio) on y découvre la voix, la belle présence de la romancière, qui répond à toute la joie, la chaleur humaine, que j'avais découvertes tout au long de ma lecture.
Rosa Montero nous parle de la lutte entre le Bien et le Mal - et de la victoire du Bien, et c'est ce que nous démontrent les deux personnages principaux : Pablo, et sa voisine Raluca, sa voisine, caissière du supermarché. Raluca, un personnage que l'on ne peut pas oublier, abandonnée à sa naissance, borgne, et pourtant, convaincue d'avoir de la chance, d'une humanité et d'une luminosité exceptionnelles.

J'ai beaucoup aimé La bonne chance, roman original, bien écrit, ni véritablement roman policier ni thriller - récit rondement mené, à l'humour subtil.
La dernière page refermée, les personnages nous manquent déjà, et tout nous pousse à nous arrêter, nous aussi à Pozonegro - pour les retrouver le temps d'une lecture.







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Pablo est un architecte en vogue, quinquagénaire et pas mal de sa personne. Bref, tout être heureux ! Mais un jour il voit un appartement à vendre qui borde la voie du train avec lequel il se rend à une conférence. Sans savoir pourquoi et sans se poser de question, il prend un train en sens inverse, descend à Pozonegro et achète l'appartement, sans le voir ! Dans ce qui pourrait être une transe ou une phase amnésique il vit sur quelques mètres carrés qu'il a nettoyé !

Il va pourtant y faire des rencontres ; l'exubérante et chaleureuse Raluca, sa voisine qui est vendeuse au supermarché et à ses heures peintre d'horribles chevaux qui saura le toucher et le faire réagir !

L'ancien propriétaire l'a reconnu et, l'alcool aidant, il se met à se faire des films sur sa bravoure et sur les regrets qu'aura Pablo à l'avoir pris pour un demeuré ! Truculent l'ancien propriétaire ! Il ferait presque pitié s'il n'était pas capable d'être dangereux et retors !

Tous les personnages sont décrits à traits un peu outrés et ça renforce le côté cataleptique de Pablo et le questionnement qu'on ne peut éviter ! Petit à petit Rosa Montero tisse la trame d'une histoire dramatique et nous mène au dénouement en confrontant le bien et le mal, la joie et la douleur !

J'ai été totalement accrochée dès le début, pas seulement par curiosité mais par le côté étrange et fascinant du comportement de Pablo qui avait obligatoirement des racines profondes et mutilantes !

#LaBonneChance #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2021

Challenge MAUVAIS GENRE 2021
Challenge ATOUT PRIX 2021
Lecture THEMATIQUE septembre 2021 : Première rencontre !
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Voilà un curieux roman qui vous happe dès les premières pages ! Un bel homme d'affaires d'une cinquantaine d'années descend soudainement d'un train parti de Madrid, en direction de Malaga. Un 13 juin – à 16h26 très exactement – après avoir fixé un moment la petite gare de Pozonegro où pratiquement personne ne semble s'arrêter … Aurait-il raté sa station ou s'agit-il d'un coup de folie ? À la nuit tombée, notre quidam erre encore devant un vieil immeuble, face à la fameuse gare de cette triste et grise ville de Pozonegro. Décide finalement de téléphoner à l'agence immobilière indiquée sur la façade, afin d'acheter sur l'instant – et en cash – l'appartement mis en vente …

Comment ne pas avoir envie d'en savoir plus ? La voisine (Raluca) du deuxième étage, qui a une (improbable) double « casquette » de caissière-peintre, a immédiatement (et tout aussi fermement) décidé de prendre en main le bel inconnu … Cet homme, nous l'apprenons rapidement, se nomme Pablo Hernando Berrocal. Il a cinquante-quatre ans et s'avère être un illustre architecte espagnol. Pourquoi a-t-il tout quitté pour un appartement miteux dans un trou perdu ?… Pourquoi va-t-il prendre un emploi de magasinier dans l'unique commerce du coin ?…

Benito, Moka, Carmencita, Angel, Jimenez, Felipe … autant de (plus ou moins sympathiques) protagonistes que nous découvrons, au fur et à mesure que nous pénétrons plus avant dans l'intrigue de l'auteure. Et parmi ce petit monde, Rosa Montero nous révèle lentement le passé de Pablo. Un style affirmé, une construction qui tient la route et une écriture épurée. Un récit à la fois sobre et magnifique, un destin partagé entre drames et amour. Pour ma part : ce fut un gros coup de coeur !
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L'Art de la Joie, façon Rosa Montero !… C'est peu de dire qu'on l'attendait avec ferveur, la traduction de ce nouveau roman de l'une des plus talentueuses auteures de l'Espagne contemporaine, et nous voici comblés, illuminés par cette lecture. On y retrouve l'extrême finesse de l'analyse psychologique, la profonde sensibilité qui imprégnait « L'Idée ridicule de ne plus jamais te revoir » (traduit chez Métailié en 2015), mais aussi le prodigieux talent de l'écrivaine pour construire des intrigues à tiroirs, confrontant des personnages aux personnalités complexes et aux parcours de vie tortueux, interagissant les uns avec les autres pour changer des destins dont le cours semblait irrémédiable, selon un schéma narratif déjà efficacement rodé dans le magnifique « Instructions pour sauver le monde » (Métailié, 2010). Au début du livre, le passager d'un train observe, avec fascination, lors d'un arrêt dans la gare d'un bled perdu, la façade miteuse d'un appartement à vendre. Quand le train s'arrête dans la gare suivante, il descend et s'empresse vers un guichet pour prendre un billet de bus, monte dans le car qui le ramène vers la localité concernée, fait des pieds et des mains, sous les regards héberlués du propriétaire – néanmoins ravi de l'aubaine… - et du notaire, pour acheter immédiatement ce misérable appartement… Un acte apparemment insensé, qui installe d'emblée le lecteur dans un épais mystère : qui est cet homme ? Que cherche-t-il, là, à Pozonegro (« Puits noir », littéralement, et comme le nommera plus loin, non sans rapport avec ce patronyme, le Trou du cul du Monde !), dans un lieu où il apparaît, en raison de sa mise soignée et de ses manières très policées, comme l'étranger absolu ? Un endroit où se cacher ? Peu à peu, tandis qu'il s'installe, avec le plus de discrétion possible, dans le village, et commence à croiser commerçants et voisins, on en apprend un peu plus sur ce personnage, architecte visionnaire, renommé dans le monde entier, au sommet de la gloire et de la prospérité financière, mais hanté, apparemment, par d'insondables secrets, poursuivi par de terribles et obscures menaces… Autour de lui, l'incompréhension de son ancienne collaboratrice et amante occasionnelle, la cupidité et la méchanceté de l'ex-propriétaire, la curiosité des autochtones inquiets de cette présence incongrue, le ballet de quelques individus louches ajoutent leur lot d'énigmes. Mais la rencontre avec Raluca, une voisine roumaine au passé tourmenté, va peu à peu modifier le visage du quotidien… Vrai thriller, bâti autour d'une intrigue aux multiples rebondissements, « La Bonne chance » est aussi une formidable histoire d'amour, évitant tous les obstacles de la mièvrerie, et un poignant récit de rédemption, presque un roman d'initiation, voire une allégorie de l'éternel combat du Bien contre le Mal, un de ces livres en tout cas dont on ressort illuminé, et pour longtemps ! Rosa Montero, qui l'a rédigé dans une période d'épreuves personnelles, a déclaré à quel point son écriture et, en particulier, l'apparition, comme suscitée par une étonnante force extérieure à l'auteure, de la personne de Raluca dans le texte, avec ses étonnants pouvoirs, l'avaient sauvée elle-même d'une forme de désespoir. Alors, en faut-il plus pour vous convaincre, dès parution, d'ouvrir ce livre au plus tôt ? Allez, descendez du train, prenez pied sur ce quai inconnu, et suivez, pour la plus belle des promenades littéraires, les pas de Pablo et de Raluca…
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Sur Luocine, de cette écrivaine, vous trouverez » le territoire des barbares » « le roi transparent » « L'idée ridicule de ne jamais te revoir » et mon grand coup de coeur : « La folle du logis ». « La bonne chance » m'a fait passer un très bon moment et pour une fois je recopie une phrase de la quatrième de couverture avec laquelle je suis d'accord :

La plume de Rosa Montero est un heureux antidote contre les temps qui courent.

J'aime que l'on me raconte des histoires et Rosa Montero fait partie des auteurs qui les racontent parfaitement. Je ne cherche pas à être objective, donc, je la remercie de m'embarquer dans son imaginaire.

Le récit démarre de façon magistrale et très accrocheuse : un homme dont on ne sait rien achète comptant un appartement qui longe la voie ferré, sur laquelle roule les trains à grande vitesse. Cet appartement est dans un immeuble crasseux dans une petite ville Pozonegro, autrefois riche d'une exploitation minière et complètement à l'abandon. Que fait cet homme dans cet endroit sinistre ? Quel lourd secret cache-t-il ? Que fuit-il ? Toutes ces questions trouveront leur réponse et peu à peu se mettra en place une intrigue romanesque qui oppose la gentillesse de Raluca la jeune fille d'origine roumaine, la bêtise des voyous du villages, en particulier l'homme qui a vendu l'appartement à Pablo car il soupçonne celui-ci d'avoir largement les moyens de leur donner encore beaucoup plus d'argent, mais surtout à la cruauté absolue de militants nazis qui planent comme une grave menace au-dessus de la tête de Pablo.

C'est le sens de tout le roman : que peut la gentillesse face à la bêtise et à la méchanceté ? La fin trop heureuse du roman m'a gênée et m'a empêchée de mettre 5 coquillages à ce roman. Je ne crois pas hélas que la gentillesse puisse lutter contre la cruauté, mais comme l'auteure j'aimerais le croire. La culpabilité de Pablo face aux choix de son fils, l'entraîne à inventer des histoires où il se donne à chaque fois le mauvais rôle , sans doute car il ne peut que s'en vouloir de la dérive ultra-violente dans laquelle s'est enfoncé celui-ci . J'ai bien aimé aussi l'évocation de la vie dans une petit ville autrefois ouvrière et où, aujourd'hui, le seul point vivant et le moins triste est un supermarché !

Sans doute pas le roman du siècle, mais un bon moment de détente et un écriture qui permet de comprendre un peu mieux la vie des espagnols d'origine modeste.
Lien : https://luocine.fr/?p=14418
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Dans le train à grande vitesse Madrid-Malaga, un grand type au costume froissé descend soudain au hasard d'une petite bourgade laide et sinistre, écrasée de soleil. Pozonegro, mille trois cents habitants, « un cimetière urbain plein d'immeubles morts : les magasins fermés, les portes barrées, les terrains vagues en ruine ». Cet homme s'appelle Pablo. Il achète comptant un petit appartement crasseux qui jouxte la voie ferrée et s'y laisse tomber, assis par terre. Mais qui est cet homme ? Pourquoi faire un truc aussi dingue ? Est-il en fuite ? Veut-il en finir ?

Dans cet immeuble vivent aussi Raluca, caissière au supermarché Goliath, la joie chevillée au corps, et Felipe, un vieil homme et ancien mineur, qui souffre d'emphysème et traîne sa bonbonne d'oxygène. Dans La bonne chance il y a aussi Benito, l'ancien proprio mauvais comme une teigne, un flic, une architecte, un chien.

Rosa Montero alterne entre eux les chapitres et saupoudre avec habileté le roman de suspense et de révélations. Une histoire captivante et touchante de Bien et de Mal, d'amour et de rédemption, qui se dévore. Un peu thriller, un peu fable. Je suis passée à un chouïa du coup de coeur – un peu trop de clichés, peut-être. Mais quel régal.

« Lui, au contraire, une certaine imperfection lui plaît. le charme vibrant de l'inattendu. le trouble de ce qui ne respecte pas la symétrie. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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