Ce tome contient les épisodes 7 à 12 parus de 2003 à 2005. Il fait suite à Tom Strong's Terrific Tales (épisodes 1 à 6). Chaque épisode comprend 3 histoires de 8 pages chacune qui mettent en scène Tom Strong, Tom Strong jeune et Jonni Future.
TOM STRONG (scénario d'Alan Moore) - Pour ces 6 histoires,
Alan Moore bénéficie d'illustrateurs hors du commun et il a mitonné à chacun un bijou de concision et de dérision. Pour
Shawn McManus, il écrit un hommage savoureux (et magnifique) à Little Nemo in Slumberland. Pour
Jason Pearson, il réalise un pastiche de Les Fous du volant (mordant et drôle). Avec les illustrations surannées de
Mike Kaluta, il propose une rétrospective des événements les plus fous de la haute société dans les années 1920 à Millennium City (enchanteur). Suit une histoire sans parole dessinée par
Peter Kuper pour une plongée noire, désespérée et sociétale dans l'aliénation urbaine : parfait. Puis le ton change complètement pour un hommage aux Jungle Girls des comics américains, avec des dessins mignons à craquer de
Bruce Timm, et une thématique simpliste sur l'opposition homme/femme et le refus de jouer le rôle de victime (une douceur savoureuse et sophistiquée). le dernier récit de 8 pages propose une version destroy de la famille des Strong, exilés dans une banlieue en prolétaires crasseux. Inoubliable et tordant grâce aux illustrations méchantes et drôles de
Peter Bagge (le créateur de Buddy et des Bradley).
Avec ces 6 histoires courtes,
Alan Moore montre la versatilité de son talent, sa maturité, son humour corrosif et sa maîtrise du format court. Chaque histoire est un joyau concis, ouvragé par un véritable artiste. 5 étoiles.
JONNI FUTURE (scénario de Steve Moore, illustrations d'
Art Adams, puis de
Chris Weston) - Jonni Future (une jeune femme très accorte) a par hasard trouvé un passage vers une autre dimension où elle est une aventurière grâce à sa jeunesse, sa vivacité, son courage et sa certitude de représenter le bon droit et des valeurs morales universelles. Au fil de ces 6 histoires, elle doit faire face à une secte vénérant la mort, à un voleur de lune (satellite d'autres planètes), l'invasion de notre Terre par une forme de vie parasitique venue de cette dimension, une rencontre inopinée avec Johnny Future (son oncle défunt), et un face à face avec un double d'elle-même.
Steve Moore continue d'écrire des récits fantastiques empreint d'aventures à grands spectacles et de science-fiction bon enfant. Jonni Future est une héroïne premier degré, au coeur pur, avec un léger relent d'exploration colonialiste et d'impérialisme moral. Il utilise l'apparence physique de Jonni pour introduire de légers sous-entendus sexuels, un peu taquins. Il faut dire que ces aventures extraordinaires sont magnifiées par
Art Adams qui dessine et encre les épisodes 7 et 8, avec une minutie et un sens du détail envoutants. Il dessine les épisodes 9 et 10 qui sont encrés par
Kevin Nowlan. Les illustrations perdent un peu en minutie et Nowlan ne trouve pas le bon style pour rendre les détails d'Adams. L'épisode 11 est dessiné par
Chris Weston et encré par
Art Adams, et le 12 dessiné et encré par Weston. Ce dernier reproduit le style d'Adams sans réussir à retranscrire son entrain et sa vitalité. Au final, ces histoires sont toujours aussi entraînantes, mais plus juvénile que les perles d'Alan Moore. 5 étoiles.
YOUNG TOM STRONG (scénario de Steve Moore, dessins d'
Alan Weiss, encrage dans l'ordre Sandy Plunkett,
Kevin Nowlan,
Steve Leialoha,
Al Milgrom,
Andrew Pepoy et Weiss lui-même) - Les 6 courtes histoires racontent autant de moments clefs dans l'adolescence de Tom Strong, sur l'île d'Attabar Taru. C'est ainsi que Tom Strong doit délivrer Dhalua d'un sorcier, que Dhalua lui donne le courage de descendre dans le volcan où travaillait Sinclair Strong (son père), qu'il découvre le journal intime de Susan Strong (sa mère), qu'il découvre l'amour physique dans les bras d'une créature inattendue, qu'il aide une aviatrice à quitter Attabar Taru et qu'il décide de quitter l'île pour rejoindre Millennium City.
Cette série était la plus convenue dans le premier tome, divertissante, sans être mémorable. Elle se hisse à un niveau supérieur quand Tom Strong doit se confronter à l'image du père, puis qu'il découvre les sentiments que sa mère éprouvait pour son père. Steve Moore sort du récit d'aventure légèrement initiatique (rites de passage de l'adolescence) pour taquiner légèrement les théories freudiennes, avec intelligence et sensibilité. Les illustrations d'
Alan Weiss évoquent toujours les dessins réalistes des années 1960, avec un bon niveau de détails. Il n'y a que l'anatomie de Tom Strong (très grand, avec une largeur d'épaule disproportionnée) qui interpelle. Steve Moore en profite pour montrer comment Tom Strong a retrouvé Pneuman (le robot, pas l'oiseau), construit sa forteresse et tisser des liens affectifs avec Dhalua. 3 étoiles.
Alors qu'il ne s'agit que d'une série dérivée de Tom Strong, ces 2 tomes de Terrific Tales recèlent des pépites d'Alan Moore, et de Steve Moore, des pages affolantes d'
Art Adams, et des pages ébouriffantes d'artistes à la vision aussi particulière qu'aboutie, comme
Peter Kuper,
Peter Bagge.