Un sacré personnage, cette Olga Benario Prestes!
En résumé, cette jeune fille issue de la bourgeoise juive allemande de Munich n'hésite pas à rompre avec son milieu pour militer très activement au sein des Jeunesses Communistes allemandes à Berlin et vivre en union libre avec son amant, un avocat communiste également, très influent dans les JC.
A l'aube des années 1930, elle devra se procurer de faux papiers et ce sera le début de la vie clandestine dans la République de Weimar, jusqu'à l'inévitable arrestation de son compagnon. Qu'à cela ne tienne, le groupe investit le tribunal où se tient un pseudo procès visant à neutraliser l'inculpé et libérera l'amant d'Olga.
Direction Moscou où Olga, déterminée à faire triompher son idéal, suivra une formation politique et militaire...
C'est dans la capitale de la jeune URSS qu'elle fait la connaissance de Prestes,un séduisant révolutionnaire brésilien... D'ailleurs, leur mission sera de se faire passer pour un faux couple et de favoriser le renversement du régime politique brésilien fasciste de l'époque. La réalité dépassera très vite la fiction et les désormais "vrais" tourtereaux se marieront avant d'entamer cette tentative de révolution...
Voilà pour le décor du premier acte...
Ce livre est à mi-chemin entre la biographie et le récit politique. Tous les passages concernant la vie d'Olga m'ont passionnée. Nul besoin de partager l'intégralité des opinions de l'héroïne pour éprouver une certaine admiration pour la jeune femme et ses choix avant-gardistes pour l'époque. Elle est animée par un idéal qui ne la quittera pas une seconde, même alors qu'elle sait qu'elle va mourir. La maison d'édition a choisi par ailleurs de dévoiler d'entrée de jeu que la vie d'Olga s'achèvera dans une chambre à gaz près du camp de Ravensbrück, en 1942.
Et pour avoir voulu faire triompher cet idéal, elle perd tout: sa liberté, son mari, son enfant (né en prison) puis sa vie...
Petit bémol pour toute l'explication de l'appareil politique et révolutionnaire brésilien très complexe et pas assez didactique. Quand, comme moi, vous ne connaissez pas grand-chose au sujet, il n'est franchement pas évident de s'y retrouver dans la masse d'identités citées par l'auteur. Un document de synthèse aurait été le bienvenu pour faciliter la compréhension de certains passages clés. Et nous n'avons pas forcément un accès Internet à portée de mains pour y voir un peu plus clair...
Néanmoins, cette oeuvre de
Fernando Morais m'a appris beaucoup. Si je ne devais citer qu'un élément particulièrement marquant, ce serait le mécanisme de collaboration internationale entre le pouvoir fasciste brésilien, la CIA et la Gestapo dans la traque aux révolutionnaires a fortiori communistes mais aussi dans les échanges de techniques de tortures physiques et psychologiques... C'était des passages durs mais instructifs, nécessaires à la compréhension de ce qu'était concrètement la dictature...
Pour conclure, merci à Babélio et aux éditions Chandeigne de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage dans le cadre de la dernière Masse Critique...Il est très documenté, bien écrit et méritera une relecture à tête reposée, un peu plus tard...