Ainsi le poète
Daniel Clérembaux présente-t-il cette nouvelle publication des éditions Donner à voir, un opus de la collection Singulier/pluriels joliment illustré par l'artiste
Daniel Moreau « qui aime particulièrement dessiner les
arbres et jouer avec leurs silhouettes ». On saluera la qualité de l'ouvrage : format carré 14 sur 14, très agréable, qui rappelle l'une des collections emblématiques de la maison, papiers recyclés, impression impeccable due au savoir-faire de l'imprimerie mancelle solidaire et sociale L'Arbre aux papiers, typo grise ou dorée (une surprise) pour la couverture couleur d'écorce, choix de quatre teintes subtiles pour le feuillage intérieur : un orange, un écru, deux sortes de verts comme pour accompagner les quatre saisons… une réussite éditoriale à petit prix qui devrait ravir ses lecteurs, jeunes et moins jeunes.
Point de préséance ou de thématique particulière sur le sujet traité, les poèmes se suivent selon le nom alphabétique des auteurs de A jusqu'à T, parmi lesquels
Alain Boudet et
Jean-Claude Touzeil, deux « sèves ineffaçables » parmi d'autres dans cette association éditrice qui, depuis 1984, oeuvre « à promouvoir la poésie sous toutes ses formes en l'associant au besoin à d'autres langages artistiques ». On retrouvera, à la fin du recueil, une présentation courte et originale des 43 « pépiniéristes ».
Des
arbres de toutes sortes cohabitent en bonne intelligence dans cette forêt poétique : doubles végétaux avec qui il fait bon dialoguer, respirer comme dans un « rêve de présence », compagnons fidèles et réconfortants de la durée, du renouveau, de la beauté qui nous fait croire en « la vie qui espère »,
arbres-poèmes porteurs d'espoir, révélateurs de secrets, qui nous accompagnent, sur nos chemins familiers, oreilles « en partage », attentives aux mots murmurés dans le silence des feuilles…
Arbres de paix et de sérénité complice, mais aussi
arbres de douleur, qui crient leurs blessures, qui dérivent « cadavres noircis » « loin des villes et des plages »,
arbres, nos semblables, qui témoignent à leur manière de nos désastres personnels et collectifs.
Quels qu'ils soient, les
arbres de ce recueil sont tous « habitables » : avec eux nous apprendrons « à défroisser le silence / Pour que la lumière déplie / Avec délicatesse les secrets / de leur vie duveteuse ». Et peut-être, si la saison le veut, parviendrons-nous à faire que « le poids de nos ombres sur la terre soit la balance du monde ».