AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782493402042
176 pages
Les éditions de la trémie (12/02/2022)
4.62/5   8 notes
Résumé :
Et si la vie avait autant de réalités possibles, de strates, comme l’oignon et ses multiples couches ? Esteban, le personnage central de ce récit, voit sa vie basculer. Professeur de français, trentenaire, marié à Guilhem et papa de deux enfants, il s’apprête à rejoindre son lieu de travail à Bruxelles. Il est tôt comme tous les matins. Trop tôt.
La routine. Préparation des collations, des enfants, des petits-déjeuners, les bisous sur les fronts, le train à p... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Les hommes oignonsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Malgré un titre à mon goût peu engageant mais justifié par une quatrième de couverture particulièrement explicite, « les Hommes Oignons » m'a… emballé. Esteban Moreno Corral signe un premier roman, présenté comme une autofiction, dont Esteban, le personnage principal, est un professeur de Français qui vit en Belgique avec son mari Guilhem et leurs deux enfants, et qui, par un froid matin, après la course de vitesse que constitue la morning routine familiale, sort de chez lui le pas vaillant mais imprudent. La marche verglacée du seuil provoque une chute qui le précipite à l'hôpital.
La convalescence du trentenaire est alors l'occasion d'entamer un effeuillage intime pendant lequel, comme on retire la peau et les écailles sèches d'un oignon, le narrateur se découvre en revenant sur des éléments clés de son histoire. Mais cela n'est que la première couche du roman. Un événement dramatique dont on ne dévoilera rien ici écarte momentanément Esteban du récit, même s'il n'est jamais très loin. le « je » s'évanouit et les projecteurs se braquent sur une galerie de personnages particulièrement attachants. du Procureur du Roi au médecin en passant par l'infirmière, tous évoluent autour d'Esteban et tous sont de ces Hommes Oignons qui au fil des années ont enfilé des peaux, ces gilets faits pour parer les balles que la vie vous balance. Telle est la deuxième couche du roman : les remparts que chaque personnage avait construits pour mieux protéger son for intérieur se fissurent au gré des assauts du lecteur qui, happé par la justesse de la narration, commence à percevoir les enjeux.
C'est un vrai canevas qu'a tissé Esteban Moreno Corral pour donner vie à l'Esteban de fiction. Un canevas dont chaque protagoniste est un fil qui donne sens à l'ensemble. Petit à petit, l'auteur a fait apparaitre les fils, zoomé sur les fibres qui les rendaient plus ou moins solides, mis en avant les noeuds qui les reliaient. Et c'est dans la dernière partie du roman, la troisième couche, que, telle une Pénélope qui la nuit défaisait son ouvrage en attendant son Ulysse, l'auteur finit avec un certain brio son entreprise de « déshabillage » de vies. Finalement, Esteban reprend la main, les histoires se dénouent quand les langues se délient. Et les phrases aussi : aussi brèves et raides que les coups d'un attendrisseur sur une viande trop dure au début, elles se font, au fur et à mesure du « pelage » des personnages, plus étoffées, moins sèches.
Le plaisir de lecture est bel et bien là. Avec son lot de suspens et de révélations qui vous tient jusqu'au bout, avec ses moments d'émotions, de vérité qui ont le bon goût de ne pas donner dans le pathos, ce premier roman à la construction intelligente, fait danser réalité et fiction dans une valse à trois temps assez maitrisée pour donner au lecteur l'envie de continuer à danser avec Esteban et sa petite famille.
Commenter  J’apprécie          40
Les oignons, en plus d'être délicieux crus, rôtis ou grillés et de nous fournir une bonne excuse pour pleurer, offrent aux doux-dingues de l'écriture et de la lecture une métaphore de l'évolution des êtres au cours de leur vie.
J'ai personnellement utilisé la métaphores des couches que chaque oignon fabrique, au gré de leurs connaissances innées et singulièrement anticipatoires pour se protéger du froid et survivre à l'hiver à venir, pour parler des couches que nous humains construisons pour nous protéger des autres et garder cachés tous nos Moi vulnérables, invisibles, mais bien présents à la manière des poupées gigognes.
La capacité d'anticipation de leur avenir relationnel que les humains développent à chaque expérience désastreuse de vie construit ces couches protectrices successives où vivent parfois souffreteux et souvent silencieux les êtres qu'ils ont été. Sous la première vit l'enfant qui ne mourra jamais, et suivent tous les autres jusqu'à l'être que nous sommes devenus.
La solidité parfois excessive des couches permet à la personne que l'on est aujourd'hui et maintenant d'exister le mieux possible en pensant bénéficier de ses expériences malheureuses et heureuses. Tout un programme, très ambitieux, que chaque personne sait plus ou moins bien construire.

Les hommes oignons de Esteban reprend la métaphore des couches de l'oignon pour, je crois, dire la nécessité de regarder les couches aussi comme une superposition d'armures protectrices, excessivement dures et rigides. Elles ont le pouvoir d'occulter la vérité des sentiments et des besoins réels au détriment de l'accomplissement relationnel et, et c'est là le problème, elles sont autant de vaisseaux qui mènent au mensonge. le mensonge à peine conscient qui conduit notre existence. Ce sacré mensonge que nous nous faisons à nous-même pour nous protéger des aléas que croyons anticipés et que nous croyons inévitables.

Mais après avoir posé ça, se pose une autre question. Ce mensonge engraissé de la peur d'engager des relations profondes a t'il des conséquences sur nos partenaires de vie ?

Vivre la vérité de ses besoins, s'engager dans des relations grisantes, irrésistibles, passionnées, se mettre à nu, montrer ses vulnérabilités et prendre le risque d'être blessé quel challenge ! Et quelle prise de risque ! Ne vaut-il pas mieux l'éviter ? Et s'il est vrai que dans chaque relation amoureuse, l'une ou l'un aime forcément plus que l'autre alors pourquoi ne pas laisser l'autre pantelant d'amour ? Pourquoi ne pas le laisser se désespérer, pleurer sans larmes, en silence sans cris, puisque aucune couche de l'oignon n'accepte de tomber pour les libérer et les laisser couler ?
Commenter  J’apprécie          20
Il existe parfois des livres singuliers et non calibrés. Ce sont souvent des premiers romans et c'est le cas du livre que je souhaite vous présenter. Il s'agit d'une autofiction d'Esteban Moreno Corral, intitulée "Les Hommes Oignons", publiée par Les éditions de la Trémie.

Ce livre est construit en deux temps. Tout commence par un témoignage, vif, avec un enchaînement de phrases très courtes, presque assénées. Esteban Moreno Corral nous emmène dans son quotidien pétillant, chaleureux et aimant. Sa famille est de toute beauté. Chacun y a trouvé sa place comme une évidence. L'écriture est portée par le coeur et son rythme nous emporte.

Dans un second temps, nous glissons de la réalité du quotidien à la fiction d'un imaginaire qu'on devine sans fin. Que se passerait-il si ce rêve éveillé devenait un réel cauchemar ? Qu'arrive-t-il lorsqu'un des piliers de notre vie s'effondre ? L'auteur ralentit et étire sa pensée virevoltante. Sa plume garde une grande sensibilité et nous sommes face à certains de nos questionnements communs.

Accidenté, il est nécessaire de se reconstruire, de se refaire des couches de protection, d'être à nouveau soi. Ce chemin est rarement simple mais il est ici raconté avec goût et beaucoup de sensibilité.

Ce premier livre est un de ces témoignages iconiques dont on a besoin ; dont j'ai besoin. Merci pour la beauté des sentiments transmis. Tout comme l'oignon, ce livre a de multiples couches. Chacune nous réserve ses surprises, ses sourires, ses larmes parfois. Cet auteur est habité d'une douce et belle folie du quotidien. Ses rêves le portent et nous prenons plaisir à voyager avec lui.
Commenter  J’apprécie          50
Ce livre est un ovni. Un de ces livres que tu commences en pensant plus ou moins savoir de quoi il parle, pour ensuite te rendre compte qu'il est bien plus que ça. Qu'il est quelque chose de difficilement définissable. 

Ce titre, publié aux Éditions de la Trémie, me fait penser à un journal intime dans lequel l'auteur nous laisse entrer dans son intimité, nous livrant des moments importants de sa vie, pour ensuite nous laisser guider vers quelque chose de plus imaginaire, intégrant, petit à petit, de nouveaux personnages qui évoluent autour de lui, et ont chacun.e un rôle important à jouer, et son assez bien construits. 

Ce livre est une vraie claque. Une de celles dont nous avons besoin. Une de celles qui peuvent, parfois, être nécessaires pour nous aider à nous repositionner face à certains choix.
Nous sommes tous.tes des Personnes Oignons. Nous utilisons, nous aussi, toutes ces couches comme mécanisme de défense. Il n'est pas toujours facile de laisser entrevoir une faille dans notre personnalité, n'est-ce pas ? Se laisser dévoiler, couche par couche, peut s'avérer être une expérience douloureuse. Bien que ce ne soit pas la meilleure des solutions, intérioriser est parfois plus confortable… Cependant, être entièrement soi-même ne l'est-il pas encore plus ? Il est nécessaire de se protéger, mais chaque couche peut renfermer un trésor qui peut être plaisant à découvrir.

À travers cette autofiction, il va être question de peurs, de doutes, d'interrogation, de construction, de déconstruction, d'acception de soi…
J'y découvre une plume très agréable à lire. Fluide, sensible, poétique, et même philosophique. Une temporalité parfaitement maîtrisée, bien que pour ma part, un peu perturbante au début. 

J'aime la manière dont cette histoire est construite. Je n'ai encore jamais lu quelque chose de semblable. Et c'est avec plaisir que je découvrirais d'autres oeuvres de l'auteur (quand il y en aura, évidemment. Et s'il y en a 😅)

Vous l'aurez compris, « Les Hommes Oignons » est un livre que je recommande les yeux fermés. Une lecture « coup de poing » à découvrir.
Commenter  J’apprécie          00
Le roman d'Esteban Moreno Corral est joliment écrit, en trois parties. Chacune d'elle est un effeuillage, comme un oignon. Si la première pose le décor, et peut sembler assez classique, elle nous invite à découvrir la biographie de l'Auteur, la façon dont il s'est construit, des choix qui font qu'il est lui : Esteban. On maudit cette marche verglacée qui perturbe l'équilibre d'une vie bien rangée, bien établie. La famille décrite est touchante, et, j'ai aimé qu'il parle sans détour d'une famille homoparentale, tout comme la façon dont il s'est construit en tant qu'homme, père, enfant… Cette autobiographie nous permet de nous positionner dans nos propres vies, de prendre du recul sur nos choix et nos non-choix.

La seconde partie nous permet de nous plonger dans la fiction, dans la part sombre d'Etienne/ Esteban. Tel un jumeau maléfique ou une histoire parallèle, tout nous est conté à nouveau, sous un prisme différent, avec la part de secret que chaque protagoniste révèle. L'accident n'est plus une piste privilégiée par la police, mais quelque chose de bien plus sombre. Il n'est plus question d'une simple chute sur un palier en hiver, mais d'une explosion à la bombe dans la jolie commune de Pont à Celles. On suivra l'enquête policière, mais aussi la prostration d'Etienne/ Esteban, et de leurs secrets les plus inavouables, leurs souffrances aussi. Chacun apporte sa pierre à l'édifice, et lorsque les chemins se croisent, ils mettent en lumières les traumas des uns et des autres.

La troisième partie nous ramène progressivement à la réalité, ou tout finit par retrouver sa place. On termine notre lecture apaisé, en remerciant l'Auteur de nous avoir invité à traverser les méandres de ses pensées.
C'est un roman réaliste, mêlant une part de biographie et de fiction. Un ouvrage moderne, dans l'ère du temps, qui mérite d'être lu par encore bien des gens.

« Les hommes oignons » est une lecture coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
“𝑨̀ 𝒄𝒆 𝒎𝒐𝒎𝒆𝒏𝒕-𝒍𝒂̀, 𝒋𝒆 𝒏’𝒆́𝒕𝒂𝒊𝒔 𝒑𝒂𝒔 𝒑𝒓𝒆̂𝒕. 𝑱𝒆 𝒏’𝒆́𝒕𝒂𝒊𝒔 𝒑𝒂𝒔 𝒑𝒓𝒆̂𝒕 𝒂̀ 𝒆́𝒑𝒍𝒖𝒄𝒉𝒆𝒓 𝒎𝒐𝒏 𝒐𝒊𝒈𝒏𝒐𝒏. 𝑨̀ 𝒍𝒖𝒊 𝒆𝒏𝒍𝒆𝒗𝒆𝒓 𝒄𝒐𝒖𝒄𝒉𝒆𝒂𝒑𝒓𝒆̀𝒔 𝒄𝒐𝒖𝒄𝒉𝒆. 𝑨̀ 𝒑𝒍𝒆𝒖𝒓𝒆𝒓 𝒂̀ 𝒄𝒉𝒂𝒒𝒖𝒆 𝒕𝒆𝒏𝒕𝒂𝒕𝒊𝒗𝒆. 𝑨̀ 𝒎𝒆 𝒅𝒆́𝒏𝒖𝒅𝒆𝒓. 𝑨̀ 𝒎𝒐𝒏𝒕𝒓𝒆𝒓 𝒎𝒆𝒔 𝒇𝒂𝒊𝒍𝒍𝒆𝒔, 𝒕𝒆𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒒𝒖𝒆 𝒋𝒆 𝒔𝒖𝒊𝒔. 𝑨̀ 𝒂𝒔𝒔𝒖𝒎𝒆𝒓 𝒎𝒆𝒔 𝒅𝒊𝒇𝒇𝒆́𝒓𝒆𝒏𝒄𝒆𝒔“
Commenter  J’apprécie          10
Maintenant, je le sais. Je suis un Homme oignon. Un homme multicouches. Un homme complexe. Un homme à plusieurs tiroirs. Un homme apparence. Un homme ruisseau. Un homme bousculé. Un homme blessé. Un homme aimé. Un homme envié. Un homme patchwork. Un homme à secrets. Je ne suis pas le seul. Nous sommes tous des hommes oignons. La vie serait tellement morne si nous n'étions qu'une couche. Celle qu'on voit, qu'on sent, qu'on entend, qu'on montre à tout le monde. Quel ennui !
Commenter  J’apprécie          40
L'amour peut être simple, compliqué, évident, en sens interdit, fort, usé, troublant, obsessionnel, mais l'amour reste de l'amour !
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : HomoparentalitéVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Autres livres de Esteban Moreno Corral (1) Voir plus

Lecteurs (18) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5275 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}