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3,82

sur 1606 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le livre est court. Il n'est pas pour autant facile à lire.
Si vous avez lu un ou plusieurs autres romans de Toni Morrisson (comme moi), vous retrouverez dans celui-ci les thèmes qui lui sont chers. le racisme, la ségrégation raciale ne sont pas des vains mots dans cette Amérique des années 50. Elle parle aussi de l'amour maternelle, ou plutôt de son absence. Ycidra, surnommée très tôt Cee, n'a pas été aimée par sa mère, ni par son père. Certes, et j'ai l'impression de parler comme une sociologue, les conditions de vie étaient terribles, et sa naissance ne s'est pas passé sous les meilleurs auspices, pourtant il me semble qu'il aurait fallu de peu de choses, d'un peu d'attention et d'amour de la part de sa mère, pour que le destin de Cee change radicalement.
Du coup, n'ayant personne à qui se raccrocher, elle s'est rapprochée de son frère, qui l'a prise sous son aile quand elle était enfant. Et c'est par amour pour elle, la seule personne qui compte encore et qui le raccroche à la vie, qu'il affronte tous ses démons pour la sauver. Ils sont nombreux. Tous ceux que la guerre de Corée a fait naître, tous ceux auxquels le racisme ordinaire et autorisé le confronte. Pour ne citer qu'un exemple, un révérend blanc lui vient en aide, mais Franck ne doit pas rentrer dans sa maison – ses filles sont là. Au final, cette traversée des Etats-Unis est l'odyssée personnelle de Franck, qui lui permet de se rappeler ses souvenirs – les pires – et de les regarder en face. Parce qu'il n'a pas d'autres solutions s'il veut sauver sa soeur.
La violence, vous l'aurez compris, est là, souvent, parce qu'elle a été souvent là dans la vie des protagonistes. Elle est toujours narrée presque de façon détournée, comme par un témoin qui n'aurait pas tout compris de ce qu'il a vu. Point n'est besoin de longues descriptions pour raconter les horreurs d'un lynchage, ou de l'eugénisme – quasiment autorisé lui aussi.
Home est un des meilleurs romans de la rentrée littéraire 2012, et un excellent roman, tout simplement.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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Comme à son habitude, Toni Morrison nous parle dans ce roman de la condition des Afro-américains. L'histoire se passe cette fois-ci au début des années 50 puisque la guerre de Corée vient de se terminer. Frank rentre au pays traumatisé par ce qu'il a vu et vécu là-bas notamment la mort de ses deux amis partis avec lui mais qui eux ne reviendront pas. L'occasion d'évoquer la culpabilité du soldat qui a survécu.
Le retour à la vie réelle et l'intégration dans la société s'avèrent difficiles pour le jeune homme. Il croise le chemin de Lily qui sera sa petite amie pour un temps. Puis il prend la route pour rejoindre sa région natale en Géorgie afin de sauver sa soeur malade. Ce périple est l'occasion pour Frank de se souvenir de son enfance et d'évoquer ce qu'il a vécu pendant la guerre. Mais c'est aussi l'occasion pour l'auteure de nous dresser un portrait très réaliste de la situation des Noirs aux Etats-Unis à cette époque. On a alors un pays coupé en deux entre les Blancs et les Noirs qui n'ont pas les mêmes droits et qui ne sont pas autorisés à fréquenter les mêmes lieux publics.

Comme dans le premier roman que j'ai lu de cette auteure, Beloved, j'ai trouvé que Toni Morrison savait parfaitement trouver les mots justes pour évoquer la ségrégation subie par des Noirs aux Etats-Unis à cette époque, les difficultés de leur quotidien, le mépris voire même les maltraitances des Blancs à leur égard. Elle aborde également la douleur des souvenirs, les monstruosités de la guerre et les démons qui habitent et hantent ses personnages. Elle questionne l'identité de chacun et comment le passé, les souvenirs et notre propre volonté peuvent influencer cette identité.
Malgré le fait que le personnage principal soit un homme, j'ai le sentiment que ce sont les femmes et le féminisme qui sont le noyau central de l'histoire. Lily et Cee, la soeur de Frank, sont deux femmes différentes mais qui finalement vont prendre leur vie en main et affirmer leur volonté d'indépendance. Il y a également les femmes du village natal qui bien qu'illettrées et déconsidérées par la société font preuve de sagesse et détiennent une connaissance de la vie qui ne s'acquière que par l'expérience.
Un récit bref mais percutant qui me donne envie de continuer de découvrir la bibliographie de cette grande auteure de la littérature contemporaine.
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Un superbe condensé de vies, d'êtres en révolte contre leur environnement, qui luttent, se cherchent, fuient, se perdent... Trouveront-ils le courage d'affronter le passé, celui d'aller de l'avant? En 150 pages, Toni Morrison réussit le tour de force de saisir la complexité qui hante l'être humain dans son rapport à sa propre existence. Elle donne vie à des personnages brillamment imparfaits, singulièrement différents et pourtant semblables dans leur quête de sens. Un bijou qui m'a donné envie de lire d'autres livres de cette autrice.
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Superbe livre de Toni Morrison, prix Nobel de littérature en 1993.Mme Morrison nous emporte avec force dans l'Amérique des années 50 pleines de violence et d'injustice en particulier envers de la population noire.Tout est dit dans ce court roman les personnages sont d'une dureté incroyable et en même temps on y croise beaucoup d'humanité et de solidarité surtout chez les plus démunis...Le héros Frank revient très perturbé de la guerre de Corée et l'on découvre petit à petit son histoire d'homme meurtri aux souvenirs douloureux.Le style est incisif et concis ; la construction du roman d'une intelligence rare.La différence d'écriture entre l'histoire présente et celle du passé est particuliérement bien vue et subtile. Bref, un livre vraiment splendide et intelligent sur l'histoire de la ségrégation raciale aux Etats-Unis.
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Avant de dire quoi que ce soit sur le contenu, je dois dire que le style de ce roman est merveilleux. Ce roman court, à plusieurs voix, plusieurs points de vue, va droit au but, fait parfaitement vivre ses personnages les uns par rapport aux autres. Il y a une vraie concision dans le choix des mots, ils sont tous justes, pas une phrase en trop, on sent que ce qui est écrit devait être écrit comme cela et pas autrement... Il y a une vraie musicalité du texte, un caractère très "oral" : je l'imaginais d'ailleurs très bien lu à voix haute (pourquoi pas par Pierre-François Garel ;-) Je félicite au passage Christine Laferrière qui a traduit ce texte.

L'histoire est celle de la vie de Frank Money et de sa famille, de son enfance et de sa soeur, Cee, dans un trou paumé des États Unis. Ce n'est jamais clairement dit mais on comprend que Frank est noir, on le ressent dans les rapports qui existent entre certaines personnes. L'histoire est celle de sa fuite en avant quand il a tout quitté pour échapper à une vie dans avenir et est parti à la guerre en Corée pour en revenir détruit. Au fil du récit, on va le voir se reconstruire petit à petit. Il s'agit d'un homme qui touche le fond et qui remonte à la surface, et les personnages qui gravitent autour de lui passent tous plus ou moins par le même processus, notamment Cee, qui elle-aussi évolue tout au long du roman.

Ce sont des histoires subtiles de relations humaines, de rencontres et d'espoirs- d'abord écrasés puis qui renaissent. Ce n'est pas uniquement l'histoire des Noirs aux États Unis dans les années 50 mais la vie de ces personnages en particulier permet d'évoquer toute une population au sens large... C'est l'histoire de la famille que soit dans les belles relations ou dans les mauvaises. C'est aussi l'histoire de femmes, fortes malgré les difficultés auxquelles elles sont confrontées, solidaires aussi...

p 53 : "Telle était, selon Cee, la raison pour laquelle elle s'étaie enfuie avec un salaud. Si elle n'avait pas été à ce point ignorante, à vivre dans un trou perdu qui n'était même pas une ville, avec seulement des corvées ménagères, une église pour école et rien, d'autre à faire, elle ne se serait pas laissée avoir."

p 130 : "Il n'y avait rien de superflu dans leur jardin car elles partageaient tout. Il n'y avait pas d'ordures ni de déchets dans leur maison car elles savaient faire usage de tout. Elles assumaient la responsabilité de leur vie et de toute autre chose ou toute autre personne ayant besoin d'elles. le manque de bon sens les irritait mais ne les surprenait pas. La paresse était plus qu'intolérable à leurs yeux : elle était inhumaine. Que l'ont fut au champ, à la maison ou dans son propre jardin, il fallait s'occuper. le sommeil n'était pas fait pour rêver : il servait à rassembler des forces pour le jour à venir. La conversation s'accompagnait de tâches : repasser, éplucher, écosser, trier, coudre, réparer, laver ou soigner."

p 133 : "Tu vois ce que je veux dire? Ne compte que sur toi-même. Tu es libre. Rien ni personne n'est obligé de te secourir à par toi. Sème dans ton propre jardin. Tu es jeune, tu es une femme, ce qui implique de sérieuse restriction dans les deux cas, ais tu es aussi une personne. Ne laisse pas Lenore ni un petit ami insignifiant, et surement pas un médecin démoniaque, décider qui tu es. C'est ça l'esclavage. Quelque part au fond de toi, il y a cette personne libre dont je parle. Trouve-la et laisse-la faire du bien dans le monde."
Lien : http://ennalit.canalblog.com..
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Home" est le dernier livre de Toni Morrison, 81 ans. prix Nobel de littérature en 1993.
L'histoire : Frank est américain, noir, originaire de Lotus, une petite ville de Géorgie. Il grandit dans une famille pauvre. Les parents n'ont pas le temps de s'occuper des enfants. Il a une petite soeur, qu'il protège de tout et de sa grand-mère malveillante. Et il a ses copains qui veulent aussi quitter cet endroit.

Enrôlés dans la guerre de Corée, Frank rentre seul avec ses cauchemars
jusqu'à ce qu'il recoive une lettre lui demandant de venir sauver sa soeur en danger.
Il part sur les routes pour un retour au pays

Portraits : L'Amérique des années 1950, celle des Noirs, et celle des Blancs. (racisme, maccarthysme, eugénisme...)
Deux femmes : Lily, la petite amie de Frank et Cee la soeur de Frank qui tombe dans les pièges aussitôt que son frère n'est plus là pour la protéger.

Dans certains chapitres Frank s'adresse au narrateur. Les autres chapitres vont d'un personnage à l'autre

Ce livre parait plus abordable que les précédents romans de Toni Morrison. Mais chaque phrase est importante, a un sens. Il est plus concis mais autant bouleversant et toujours hanté par des fantômes du passé.
On ne sort pas facilement des écrits de Toni Morrison
Elle reste une de mes auteures préférées
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Toni Morrison nous raconte l'histoire de Frank, soldat revenant de la guerre de Corée. Il est traumatisé et il cherche un peu de paix et de sérénité. Sa soeur, Cee, a cherché à fuir leur petite ville où elle pensait être cataloguée et va vivre également des expériences dures. L'auteure nous raconte la ségrégation, la misère, les croyances auquelles se raccrocher avec un style très épuré. Ce livre n'est pas long (150 pages) mais laisse en peu de mots passer énormément d'émotions et de violences. Lire cette auteure est une expérience à réaliser dans sa vie de lecteur. J'ai été très émue par cette lecture que je vous recommande.
Lien : http://patacaisse.wordpress...
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On suit le parcours de franck qui part rejoindre sa soeur, on decouvre aussi le passé de Cee, sa soeur; des souvenirs de Franck à la guerre ; tout cela est donné au lecteur de façon dispatché, ce sont les dernieres pages qui nous éclaire et relie tout cela.
C'est à ce moment là, que j'ai pensé à ce livre comme un coup de coeur, en effet, quand on a tout les éléments de l'histoire, on découvre une Amérique, dont on connait déja ses erreurs avec les gens de couleurs, mais ce livre a une autre approche qui le rend unique.
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Dans l'Amérique ségrégationniste des années 1950, Frank Money, vétéran de la guerre de Corée, n'est plus que l'ombre de lui-même. Hanté par la violence, traumatisé par ses souvenirs, il n'a qu'une obsession : rejoindre Atlanta et retrouver sa soeur. Jeté sur les routes, il traverse une Amérique dont la folie résonne avec la sienne : haineuse, incontrôlable et infiniment douloureuse. Au fil d'un récit aussi intense que concis, Toni Morrison décrit un pays mutilé, au racisme et à la violence institutionnalisé. S'en sortir, nous dit-elle, c'est se déraciner pour accepter d'où l'on vient, c'est faire à rebours le chemin vers soi-même pour accepter qui l'on est.

Première romancière noire à avoir reçu le Prix Nobel de littérature, Toni Morrison n'a de cesse d'explorer la complexité de l'identité noire à travers ses romans. En confrontant ses personnages à l'esclavage, au racisme et à la soumission, elle fait le portrait d'une communauté humaine et digne, comme James Baldwin avant elle. Elle n'a d'ailleurs jamais caché son admiration à son égard, ainsi que son importance dans sa vocation d'écrivain : “Je suis entièrement redevable à la prose de James Baldwin.” dira-t-elle.
Lien : https://balises.bpi.fr/litte..
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Un jeune soldat Frank Money rentre aux Etats-Unis, traumatisé. Un appel au secours de sa soeur le lance sur les routes pour une traversée des Etats-Unis de Seattle à Atlanta, puis dans sa Géorgie natale.
L'ambiance de ce roman est loin d'être joyeuse. le premier choc passé – la compréhension que l'histoire se déroule dans une Amérique ségrégationniste et que cette situation est habituelle pour les personnages, j'ai suivi avec intérêt Franck, soldat noir démobilisé après la guerre de Corée où il a vu ses deux meilleurs amis mourir. Il part rejoindre sa soeur pour la sauver et la ramener dans leur petite ville natale, lieu qu'ils ont pourtant fui tous les deux dès que l'occasion s'est présentée. le périple de Franck, son enfance, sa vie de soldat, les trajectoires des personnages qui l'entourent (sa soeur, sa famille, sa petite amie) et qu'il rencontre forment un récit riche et ample. Chacun des personnages porte un message de résistance, chacun à sa manière.
Heureusement, l'histoire finit sur une note plus optimiste.
Une lecture brève mais riche portée par la sobriété de l'écriture de son auteur.
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