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3,82

sur 1606 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Si la thématique du roman, les États-Unis des années 50 m'a séduit, c'est avant tout cette écriture ramassée et synthétique qui m'a énormément plus. Toni Morrison a l'art de condenser en quelques mots, en une phrase brève, une pensée ou un état d'esprit. Elle va à l'essentiel, aucun mot n'est à retirer, chacun est à sa place. Un texte court (150 pages) qui se lit tout seul. On savoure chaque mot, admire ce style concis, s'arrête pour penser à ce qu'on vient de lire, tellement c'est juste et beau.
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La violence sous toutes ses formes, brute ou sourde, est flagrante dans ces 154 pages sous la forme de l'Odyssée d'un vétéran, retour de la guerre de Corée. Son parcours de l'aéroport militaire au Lotus de sa Géorgie natale (via Portland et Chicago) avance sur deux récits, celui de Franck, et celui d'un narrateur à qui il confie le soin de raconter : son enfance, ses souvenirs de guerre, ses fantasmes, rêves et cauchemars.
Au lecteur de confronter les deux « versions », de tenir compte du temps et de la succession des épisodes remémorés.
On admirera la concision du style, la densité des épisodes où la mort est omniprésente, et la violence, historique mais immanente, inscrite dans le territoire, les trajectoires de chacun et les esprits de tous. Toujours actuelle.
Cette violence et cette brutalité s' expriment par les poésies encadrant le récit (sauf que l'édition anglaise Chatto et Windus omet le poème final !), par la mélopée de désespoir et de résignation des personnages : Frank « il est mort quand même » p.110,,ou sa soeur Cee p.137 « D'accord. Elle n'aurait jamais d'enfant dont s'occuper etc. ».
Dans ce monde cruel, on trouve, parfois, de rares bons samaritains ponctuels, voire des religieux prudents, mais c'est surtout le choeur des femmes soignant Cee qui donne une touche d'humanité. Les hommes, à la fin du récit, n'en expriment, que des miettes.
de tous ces malheurs, liés fondamentalement aux discriminations, naissent des musiques nouvelles des années 50.
Il (Franck) préférait le be bop au blues et aux chansons d'amour qui rendent heureux. Après Hiroshima les musiciens avaient compris plus vite que quiconque que la bombe de Truman avait tout changé, et que seuls le scat et le be bop parvenaient à dire comment ».
Je n'avais pas lu de livre aussi dense et maîtrisé depuis « Le bruit et la fureur » de Faulkner.
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Roman découverte pour ma part, roman percutant, incisif et court sur les questions universelles de la condition humaine restreinte par les guerres, la violence, la ségrégation. C'est un uppercut, un oeil ouvert sur l'Amérique des années 50, un oeil abîmé mais vivant malgré tout ou juste survivant.
Le chemin parcouru pour regagner la dignité est tortueux mais le voyage en vaut largement la peine!
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Depuis qu'il est de retour de la guerre de Corée, Frank Money a du mal à se réintégrer dans la société américaine. Il souffre de terribles crises d'angoisse et vit en reclus, noyant ses souvenirs dans l'alcool. Il a perdu ses deux amis d'enfance dans le conflit et a coupé tout lien avec son passé. Mais un appel change tout. Quand il apprend que sa soeur est gravement malade, il décide d'aller la chercher et de la ramener à Lotus, la ville de leur enfance. Mais ce n'est pas évident pour un homme noir de traverser les États-Unis à cette époque.

Toni Morrison est une écrivaine américaine qui a obtenu le prix nobel de littérature. Mais Je n'ai pas toujours eu une expérience facile avec ses écrits. Si j'ai adoré Love, j'ai eu plus de difficultés avec Beloved, dont le style m'est resté hermétique. Les nombreux avis élogieux qui ont fleuri à la sortie de ce court roman m'ont donné envie de le lire.

Toni Morrison ne choisit pas la facilité, cette fois encore, dans la construction de son récit. Il n'y a pas de chronologie linéaire ni de compte à rebours. le lecteur est directement propulsé dans le récit par les souvenirs d'enfance de Frank et de sa soeur Cee pour ensuite apprendre que Frank s'échappe d'un hôpital pour entamer une longue traversée des États-Unis dans le but de sauver sa soeur. A partir de là, ses souvenirs vont se mêler au récit, sans ordre précis, allant de son adolescence à son passé récent en passant par la guerre. D'autres voix vont aussi se faire entendre, enrichissant le récit et les réminiscences de Frank.

J'avoue que ce début m'a un peu déstabilisée et il m'a fallu quelques chapitres pour réussir à entrer dans l'histoire, m'habituer au style si particulier de l'auteure mais aussi m'attacher aux personnages. Il faut dire que Toni Morrison écrit avec une économie de mots qui rend le récit abrupt dans un premier temps. Et pourtant, ensuite, la magie apparaît, la maîtrise narrative de la romancière saute aux yeux. Elle réussit à faire passer des émotions sans excès, à faire comprendre certaines choses sans les dire explicitement, comme la couleur de peau de certaines personnes. Seuls de grands écrivains y parviennent.

Après les débuts difficiles, je me suis peu à peu intéressée au sort de Frank et de Cee, me passionnant même pour ce voyage, véritable reconstruction pour Frank et construction pour Cee. Ils doivent panser leurs blessures et pour ça retourner sur les traces de leur enfance.

Un magnifique court roman porté par une langue vive et concise et qui revisite de nombreux thèmes propres à l'auteure : le sort de la communauté noire aux États-Unis, la maternité, la place des femmes, … Mais surtout, je l'ai écouté en version audio lu par la voix Anna Mouglalis dont la voix rauque et envoutante rehausse encore la qualité du texte de Toni Morrison. Je n'ai pas pu m'empêcher de l'associer à la romancière, m'imaginant que c'était elle qui lisait son propre roman.
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J'avais un peu d'appréhension à lire ce texte "ramassé" de Toni Morrison, moi qui ne suis pas adepte des formes courtes et des ellipses. de plus, j'avais adoré "Beloved" quand j'étais adolescente, or ce texte est bien loin du roman qui a fait son succès.

Bref, je me lance tout de même, et au final, je ne suis pas déçue.

Oui, le texte est concis, mais la force de la plume de l'auteure fait que l'on comprend à demi-mots.

Certes, le texte est haché, entre les souvenirs de Corée et le retour au présent, mais il représente le va-et-vient de la mémoire de Frank.

La ségrégation est abordée en creux, jamais décrite directement. Car le lecteur, comme les noirs, ne pouvait s'expliquer le pourquoi du comment, ni lutter contre ce système.

L'image que je retiendrai :

Celle du soleil qui soigne le mal de Cee, la soeur de Frank.
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Je n'avais encore jamais lu de livre de Toni Morrison avant celui-ci, et ce fut une belle découverte.
L'histoire se situe dans l'Amérique des années 1950, dans un pays profondément raciste.
Frank Money est un vétéran noir de la guerre de Corée qui traverse une bonne partie des États-Unis pour retourner dans sa Géorgie natale. Il doit retrouver sa jeune soeur Cee qui a besoin de lui.
Le livre est construit avec en alternance des chapitres écrits en italiques où Frank est le narrateur, il revient sur ses souvenirs d'enfance, puis sur ses souvenirs de Corée. Les autres chapitres sont écrits la 3ème personne et sont consacrés d'abord aux différents personnages de l'histoire : Frank, Cee, Lenore la grand-mère, Lily la femme que Frank rencontre après son retour de Corée, puis au voyage à travers les États-Unis et au dénouement de l'histoire.
Le style est épuré mais profond, beaucoup de thèmes sont évoqués par Toni Morrison par cette courte histoire.
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Toni Morrison est une grande dame de la littérature américaine, reconnue dans son pays par le prix Pulitzer en 1988 et honorée du prix Nobel de littérature en 1993. "Home", publié en 2012, est un petit roman par la taille dont les critiques disent qu'il est un concentré de l'art de Toni Morrison. C'est la raison pour laquelle j'ai choisi de lire ce livre après avoir appris le décès de Toni Morrison au début d'août 2019.
L'auteure est un des porte-parole de sa communauté, celle des Noirs américains. Avec une grande délicatesse, Toni Morrison décrit des situations épouvantables sans dire un mot des agressions subies par ses héros, mais seulement en rapportant les conséquences des traumatismes qu'ils ont subis. Vous ne saurez rien du coup de couteau, mais vous devrez vivre avec la plaie jusqu'à la consolidation de la cicatrice. En quelque sorte, si elle avait été sculpteur, elle vous aurait fait imaginer le visage en détresse sans que vous puissiez le voir et en vous présentant le personnage de dos, vous invitant ainsi (en réalité en vous forçant) à le deviner.
Un jeune afro-américain (Frank Money) rentre de la guerre de Corée dramatiquement marqué par la perte de ses amis et par un événement totalement déstabilisant. Il en résulte pour lui une colère intériorisée et une profonde angoisse. Mais un appel lancé par sa jeune soeur, elle aussi victime d'atrocités, force Frank Money à revenir dans le village de son enfance afin de tenter de la sauver. le cheminement des états d'âme par lesquels passe Frank Money est rendu avec une grande précision de sorte que, en refermant le livre, il vous restera d'avoir contemplé une peinture saisissante de la situation des afro-américains, de la sourde rémanence des temps de la ségrégation officielle, de l'atmosphère encore polluée des relents racistes des années cinquante. On peut de ce point de vue rapprocher ce très dense roman de "Undergroud railroad" ; tous deux aident à comprendre ce qu'a vécu la communauté noire américaine.
Mais ce roman n'est pas aussi sombre que l'on pourrait le craindre. La force de Toni Morrison n'est pas seulement de suggérer, mais aussi de convaincre "qu'il y a quelque part, au fond de chacun de nous, une personne libre capable de faire du bien en ce monde".
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J'ai découvert Toni Morrison il y a peu et je trouve ses livres très forts. Son dernier roman est tout aussi marquant et m'a fortement impressionné.

Frank Money reçoit un message l'alertant sur sa soeur Cee et abandonne tout pour la rejoindre et la sauver. Frank est démobilisé depuis peu après avoir participé à la guerre de Corée dont il rentre passablement secoué. le roman raconte son périple et le retour à Lotus, le village de leur enfance. Il alterne les chapitres sur Frank avec la vie de la famille, l'expulsion du Texas, l'accueil peu amène de la belle-mère et la vie de Cee qui fait les mauvais choix « par manque d'éducation ».

Toni Morrison nous bouleverse avec cette histoire rude qui évoque la vie des Noirs. Les épisodes de ce roman font froid dans le dos et je dois avouer un sommeil perturbé après sa lecture, mais ce livre n'est pas désespérant : il offre un superbe portrait de femme et l'évolution de Cee qui devient une femme libre délivre un beau message d'espoir.

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Frank Money revient de Corée où il a été envoyé comme soldat. le retour à la vie civile ne se fait pas sans difficulté. Il est sans le sou et obsédé par certaines images de son passé guerrier. Mais sa petite soeur Ycidra, dite Cee, est malade. Un appel au secours le pousse à prendre la route pour rejoindre cette dernière et la ramener à Lotus, la ville de leur enfance. Un voyage initiatique au coeur de l' Amérique raciste des années 50, qui sera le début de la reconstruction pour Cee et Frank.

Ce 10ème roman de Toni Morrison qui reprend les thèmes habituels de l'auteur est, une fois de plus, un excellent cru !
Nous sommes dans les années 50 et la ségrégation fait encore rage dans cette Amérique meurtrie par la guerre. Celle de Corée vient de se terminer et les soldats rentrent chez eux, traumatisés. C'est le cas de Frank Money, un noir-américain, qui subit régulièrement des crises d'angoisse paralysantes et garde une rage au fond de lui dont il ne sait que faire. Isolé, solitaire malgré la présence d'une petite amie et surtout sans le sou, il doit se contenter de la médaille reçue pour ses loyaux services et regarde d'un oeil extérieur les commémorations des braves soldats. Franck est extérieur à tout ça. Il est noir et personne ne voit en lui un de ses héros qui a combattu pour le pays. Parti à la guerre en compagnie de ses amis d'enfance, il est le seul survivant de ce groupe de copains et culpabilise d'être rentré vivant. Alors que sa relation avec sa petite amie lassée de son laissez-aller prend fin, Franck part chercher sa petite soeur, lorsque le courrier d'une amie l'alerte de sa situation.
Cee est ce qu'il a de plus précieux. Sa seule vraie famille. Il l'a toujours protégé jusqu'à son départ pour la guerre. Les deux enfants ont grandi à Lotus, sous la coupe d'une grand-mère détestable qui hébergea à contrecoeur la famille fuyant le Texas et ses menaces raciales. Dès qu'il l'a pu, Frank a fuit cette ville et cette maison haïes. Et pourtant, il y reviendra. Avec Cee, sauvée des mains d'un médecin qui l'utilisait impunément pour ses expériences médicales. Il y reviendra et trouvera, en compagnie de sa soeur et contre toute attente, la rédemption et surtout cet apaisement inhérent à ce foyer, à ce "home" où chacun retrouve ses racines et cette plénitude qui vous fait dire : je suis ici chez moi, à ma place.

Toni Morrison nous fait pénétrer dans l'intimité de son personnage principal avec beaucoup de finesse et de subtilité. le roman se constitue d'une double narration qui alterne entre un narrateur omniscient et un Franck Money qui s'adresse directement à vous, dans des pages particulièrement fortes. Impossible de ne pas avoir une pensée empathique pour cet homme dont nous ressentons pleinement la solitude et le décalage envers ses congénères grâce à l'écriture de l'auteur. Des sentiments liés à la ségrégation dont est victime Frank Money ainsi que le reste de la population noire.
Car, ici, le thème principal est bien ce racisme qui occupe toujours les esprits blancs et Toni Morrison réussit la gageure d'en faire son sujet sans nommer une seule fois la couleur de peau de Frank. La compréhension et les informations autour de ce "détail" se font avec intelligence à travers les scènes qui sont rapportés et que le lecteur pourra interpréter aisément. La puissante scène inaugurale, qui hantera le roman à de nombreuses reprises et rapporte le lynchage d'un homme jeté dans un fossé vu par Frank et sa soeur, est l'exemple phare. Plus loin, c'est le Green book qui est cité. Ce fameux guide de voyage, édité de 1936 à 1964, était destiné aux noirs et rapportaient les hôtels, restaurants, ... où ils seraient bien reçus. Ce parti-pris de ne pas citer nommément ce racisme renforce d'autant plus l'horreur et l'injustice de ces brimades. Alors quoi, ces hommes sont semblables : pourquoi sont-ils stigmatisés ? Bref, le procédé est admirable d'intelligence et de force.
Si le personnage de Frank est remarquable, les femmes ne sont pas moins fortes dans cette histoire. Cee, brisée par le médecin qui se joua d'elle, va se révéler à elle-même, en prenant en main son destin. Guidée et soutenue par d'autres femmes, elle sortira plus forte de cette histoire et montrera, à son tour, le chemin à Franck. L'idée d'entraide et de communauté est ici très forte. Si Cee trouvera l'appui auprès d'autres femmes noires, Franck trouvera sur sa route de nombreuses mains secourables qui l'aideront à retrouver sa soeur.

Violent, sombre, Home n'en est pas moins un roman lumineux qui se ferme sur l'attachement de ses habitants à cette terre envers et contre tout, sur cette liberté de choisir sa vie. A l'image de Frank et de Cee qui, bientôt, prendront en main leur destin, les noirs américains lutteront pour leur identité et leur droit d'appartenir aussi à ce pays. Blessés mais vivants.

Home est sans aucun doute le premier roman de la rentrée à ne pas rater. Tenez-le vous pour dit.

Lien : http://legrenierdechoco.over..
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C'est court, percutant, désespéré et plein d'espoir. Toni Morisson est vraiment une grande. Peu de personnages, un fil narratif solide sans être limpide, et même un suspens jusqu'à la fin. Un style concis, fort, plein de détails concrets. Une histoire d'humains fracassés jamais larmoyante, même si on a souvent peur pour eux.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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