[Cette critique vaut pour les 4 tomes!]
Quand notre si belle Planète est menacée par la cupidité de l'Homme, rien de tel qu'une bonne BD d'anticipation pour nous remettre les idées en place et, qui sait, peut-être nous ouvrir les yeux… Avec Steven Lejeune au crayon et
Jean-David Morvan (scénariste de Sillage) et Stamb à la plume, Trop de Bonheur, ou TDB, est un cycle en 4 tomes dont l'action se déroule en 2049, dans le sud de la France. Ces deux artistes se servent du genre cyberpunk[1]pour dépeindre une société futuriste, dystopique, désespérée, où l'implant sous-cutané produit un bonheur artificiel. Des dessins aux dialogues, l'originalité est la politique de TDB.
> Coup de crayon
Que dire de Steven Lejeune ? Hormis que c'est un gars très sympathique lors des séances de dédicace, et que son coup de crayon est davantage un coup de pinceau et d'encre de chine plus que maîtrisé ? Je pense que ce qui frappe dans son talent, c'est le réalisme de ses traits. J'ai découvert Lejeune avec TDB, et j'ai découvert combien il est attaché aux détails, à la précision: rien n'est hasardeux, rien n'est négligé. Les scènes de combat sont si réussies que l'on se croiraitdevant des effets spéciaux et des cascadeurs. Les visages sont tordus de douleur comme s'il s'agissait de photographies, les corps se contorsionnent comme si on était projeté dans la BD, les émotions défigurent les personnages comme s'ils existaient. Une oeuvre qui dégouline de réalisme, portée très haut par un scénario étonnant.
> Coup de plume
Eh oui, parce que des BD où une créature difforme, effrayante mais attachante, appelée « le Bonheur », symbolise l'incarnation même du bonheur, et de laquelle découle littéralement ce bonheur (une espèce de fluide capturé dans les implants), que tous s'arrachent et qui attise les convoitises, ce n'est pas commun.
Jean-David Morvan prouve une nouvelle fois son talent pour la science-fiction avec cette intrigue originale, où les personnages sont plus étranges les uns que les autres, parfois repoussants et extrêmement violents, et parfois surprenants d'empathie, comme ce fameux le Bonheur, dit « Bilou ». de paire avec Stamb, ils décrivent une société en déchéance, à la recherche de son identité dans un contexte où la noirceur et la corruption ont insinué ses moindres parcelles de vie. le désespoir, la fatalité et la mort en sont sans doute les maîtres-mots.
Il est vrai que le cyberpunk n'est pas toujours accessible, il demande un certain goût pour la science-fiction. Pourtant, moi-même Team Fantasy et pas du tout Team
Science-fiction, j'ai su apprécier TDB à sa juste valeur. Peut-ête par sa tonalité moralisante, accusatrice ou encore dénonciatrice, peut-être par le traitement original de la technologie et de ses progrès. le fait est que TDB s'adresse à tous les férus de BD, car la réalité qu'elle met en scène n'est peut-être pas si éloignée que cela … ?