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EAN : 9791032904534
528 pages
Éd. de l'observatoire (29/08/2018)
3.99/5   38 notes
Résumé :
La démocratie libérale est menacée par la montée des populismes. À partir de nombreux sondages, reportages et recherches inédites, le politologue Yascha Mounk propose un nouveau modèle pour éclairer et appréhender la période politique complexe que nous traversons. Il pointe la nécessité d'un nationalisme contrôlé et de réformes radicales et explique avec clarté les origines de la désaffection des peuples pour la démocratie. Une contribution essentielle pour comprend... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Sur les ondes de France Inter, sur le plateau de C Politique… Difficile de passer à côté de Yascha Mounk, politique allemand naturalisé américain et maître de conférences à l'université Harvard à Boston, l'auteur de l'essai le peuple contre la démocratie traduit en français par Jean-Marie Souzeau et publié aux Editions de l'Observatoire. Mais que se cache-t-il derrière ce titre un brin tapageur ? Une réflexion originale sur la réalité du nationalisme à travers le monde ? Lettres it be vous dit tout !

Quatrième de couverture :
« Si vous n'avez pas encore entendu parler de Yascha Mounk, cela ne va pas tarder. » Francis Fukuyama

Traduit dans le monde entier et enfin publié en France, le nouveau livre du jeune politologue Yascha Mounk, professeur à Harvard, explique avec clarté pourquoi le libéralisme et la démocratie sont aujourd'hui en plein divorce.

Se basant sur de nombreux sondages, reportages et recherches inédites, il nous propose un nouveau modèle pour éclairer et appréhender la période politique complexe que nous traversons, pointant la nécessité d'un nationalisme contrôlé et de réformes radicales. Une contribution essentielle pour comprendre pourquoi notre liberté est en danger et comment la sauver.

# L'avis de Lettres it be

C'est l'un des essais les plus remarqués de cette rentrée littéraire 2018. Celui d'un jeune allemand naturalisé américain, désormais professeur reconnu de l'autre côté de l'Atlantique et qui a entrepris, dans son premier ouvrage, d'analyser et de décortiquer la réalité du nationalisme en Europe, aux Etats-Unis et dans le reste du monde. Rien que cela…

Tout commence par un découpage bienvenu entre « libéralisme » et « démocratie ». En quelques phrases, quelques paragraphes, Yascha Mounk pose les bases de sa réflexion. Une réflexion qui s'annonce pointue et riche, et qui se voudrait définitive. Une réflexion qui, aussi, va très vite se nourrir de l'actualité politique récente : la montée des « populismes » en Europe, l'arrivée de Trump au pouvoir du côté du pays de l'Oncle Sam… A ce moment-là, alors que quelques dizaines de pages seulement ont été tournées, la question se pose de savoir ce qui est entendu par « populisme ». Et le bât commence à blesser, doucement.

« C'est pourquoi la seule manière de comprendre ces nouveaux mouvements est de distinguer entre leur nature et leurs effets probables. Afin de percevoir la nature du populisme, il faut admettre qu'il est à la fois antidémocratique et antilibéral – qu'il cherche à la fois à exprimer les frustrations du peuple et à miner le fonctionnement des institutions libérales. Et pour saisir ses effets probables, il convient de garder à l'esprit que les institutions en question sont nécessaires à la survie de la démocratie à long terme : une fois que les dirigeants populistes en auront fini avec les obstacles qui s'opposent à l'expression de la volonté populaire, il leur deviendra facile d'ignorer le peuple le jour où ses préférences entreront en conflit avec les leurs. »

Les partis populistes, ou désignés comme tels sans que ce terme ne désigne quelque chose de bien précis malgré les apports de Yascha Mounk pour tenter de clarifier cela, ne visent donc rien d'autre qu'accéder au pouvoir, mettre à mal les institutions démocratiques et les aligner avec leurs diverses volontés, puis ignorer le peuple dès que les premières contrariétés arrivent. Une véritable tare, selon l'auteur, disputée par les partis populistes… et par les autres. Malheureusement, et dès les premières réflexions de l'ouvrage, Yascha Mounk semble s'enliser dans sa volonté de mettre à mal le populisme, de dénoncer et critique ses raisons d'être et ses envies de devenir. Mais l'apparente complexité du texte ne parvient pas à masquer les manquements de la réflexion : si l'on prend l'extrait précédent, est reproché aux partis populistes ce que malheureusement tous les partis politiques s'attèlent à faire. Il suffit d'en juger par la composition du gouvernement Macron en ce qui nous concerne dans l'Hexagone… Cible ratée, au moins ici.

On avance dans la lecture, intéressé quoi que déjà songeur. Comment la montée des populismes a-t-elle été rendue possible ? Vaste question à laquelle on attend une réponse avec ce travail : là est sa visée principale tout de même de lever la plus grande partie des doutes et interrogations au sujet du populisme. Et parmi les tentatives d'identification de la stabilité passée d'une démocratie encore vierge de cette « lèpre populiste », Yascha Mounk avance le point suivant : « […] la domination des médias de masse limitait la diffusion des opinions extrêmes, contribuait à l'établissement d'un ensemble partagé de faits et de valeurs, et ralentissait la dissémination des fausses informations. Mais la montée d'Internet et des réseaux sociaux a affaibli les garde-fous traditionnels au profit de mouvements et d'hommes politiques jusque-là marginaux. » Une candeur qui surprend : les médias de masse, dernière barrière ayant cédé face à la montée des populismes 2.0 ?


Et tout le texte de s'enchaîner de cette manière, non sans de profondes qualités qui suscitent tout notre intérêt au cours de la lecture. « le populisme c'est pas bien », « Trump attise la haine et n'est arrivé au pouvoir que grâce à celle de ses électeurs » … La première partie du livre est bien convenue, voire hâtive. Autre considération de principe faite par l'auteur dans son essai qui montre cela : de facto, la Russie est décrite comme une dictature (sur le schéma de la page 54), et ce sans explication supplémentaire dans tout le livre. Yascha Mounk se paie le luxe de l'absence de clarification à ce sujet, et c'est regrettable : peut-on aujourd'hui, avec toute l'honnêteté intellectuelle possible, qualifié un pays de « dictature » sans forger les éléments qui pourraient l'attester et défendre cette idée ?

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Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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« Si vous n'avez pas encore entendu parler de Yascha Mounk, cela ne va pas tarder. » Francis Fukuyama Traduit dans le monde entier et enfin publié en France, le nouveau livre du jeune politologue Yascha Mounk, professeur à Harvard, explique avec clarté pourquoi le libéralisme et la démocratie sont aujourd'hui en plein divorce. Se basant sur de nombreux sondages, reportages et recherches inédites, il nous propose un nouveau modèle pour éclairer et appréhender la période politique complexe que nous traversons, pointant la nécessité d'un nationalisme contrôlé et de réformes radicales. Une contribution essentielle pour comprendre pourquoi notre liberté est en danger et comment la sauver.
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J'ai beaucoup aimé ce livre. D'abord, incontestablement, son contenu est dérangeant et un livre doit mettre le lecteur en mouvement, sinon à quoi bon ? Et s'il est dérangeant, c'est à mon sens parce que l'auteur est d'un réalisme cru. le tableau de la politique à travers l'histoire qu'il brosse est sans concessions au politiquement correct, c'est un ouvrage clinique, servi par une écriture au bistouri. Nous avons besoin de penseurs et politologues qui écrivent avec leurs poings.
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J'ai lu son livre car je ne voulais pas attaquer « la grande expérience » sans l'avoir lu auparavant
Sa vision du monde, des humains et de la politique est tout simplement parfaite pour moi : il est idéaliste, humaniste, positif et réaliste, tout ça en même temps!
Je rêverais que ses solutions soient adoptées par nos démocraties.

Je ne partage pas du tout l'avis de LetItBe qui semble avoir une idéologie tout autre.
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Livre passionnant et parfois dérangeant.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
L'histoire de la désillusion des citoyens à l'égard de la politique est ancienne ; elle a désormais pris une forme inquiète, frustrée, méprisante même. Le système des partis avait l'air figé ; aujourd'hui, les populismes autoritaires ont le vent en poupe tout autour du monde, de l'Amérique à l'Europe, de l'Asie à l'§Australie. Les électeurs ont toujours exprimé leur dégoût à l'égard de certains partis, hommes politiques ou gouvernements ; à présent, la plupart d'enter eux sont lassés de la démocratie libérale elle-même.
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L'origine de la perte de pouvoir du peuple, prétendent-ils se situe dans la thésaurisation opérée par les élites politiques et financières. Les grandes entreprises et les superriches sont ceux qui ont insisté pour que les banques centrales indépendantes et les traités commerciaux avantageux constituent des aubaines pour les monde des affaires. Les politiciens, les universitaires et les journalistes préfèrent un mode technocratique de gouvernance, car celui-ci protège leurs décisions de la volonté populaire. Et tout cet égoïsme se dissimule derrière un paravent de l'idéologie néolibérale propagée par des think tanks et des départements d'universités eux-mêmes financés par de riches mécènes.
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Les gens ordinaires ont depuis longtemps l'impression que les politiciens ne les écoutent plus au moment de prendre leur décision. Ils sont sceptiques pour une raison : cela fait longtemps que les riches et les puissants possèdent un degré inquiétant d'influence sur les politiques publiques. Le jeu de chaises musicales entre le monde des lobbies et celui du Parlement, le rôle démesuré joué par les donations privées dans le financement des campagnes, les honoraires de conférencier payés aux anciens hommes d’État, et les liens étroits entre la politique et l'industrie ont délogé le peuple de la prise de décision en matière de politiques publiques.
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Dans l'atmosphère générale de dépression économique, il est tentant d'oublier que la masse totale des économies occidentales n'a cessé de croître au cours des dernières décennies. Depuis 1986, le PIB de l'Amérique a augmenté de 59 %. La valeur nette du pays a crû de 90 %. Les profits des entreprises ont bondi de 283 %.

Mais ces nombres agrégés masquent la répartition des gains. Seulement 1 % de l'augmentation totale de richesse entre 1986 et 2012 est revenu à 90 % des ménages les plus pauvres. Tandis que 42 % allèrent au 0,1 % le plus riche.
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Le type de progrès économique rapide qui fut la règle durant l'après-guette était suffisant pour conférer sa légitimité à la démocratie libérale. Ce n'est pas que les Américains aient jamais aimé leurs hommes politiques ni considéré que Washington constituât un exemple remarquable de vertu morale. Mais aussi longtemps que le système fonctionnait à leur avantage, la plupart des individus ont cru qu'en dernière instance les politiciens se rangeaient de leur côté. "Je ne suis pas certain de pouvoir faire confiance aux hommes politiques , auraient-ils dit, mais je suis deux fois plus riche que l'était mon père, et mes enfants le seront probablement deux fois plus que moi. Laissons leur le bénéfice du doute..."
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Videos de Yascha Mounk (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yascha Mounk
Nous serions embarqués dans une “expérience” inédite dans l'histoire : transformer une démocratie mono-ethnique et monoculturelle en société multiethnique, en Allemagne (pays d'origine de l'auteur), mais aussi ailleurs. Partout dans le monde, il s'agirait de former des démocraties multiethniques “très diverses”. Une grande expérience sans volonté délibérée et sans consensus sur les règles ou les institutions souhaitées.
Beaucoup douteront de la possibilité de créer "une société dans laquelle nous ne sommes pas définis par notre peau, par notre appartenance religieuse" nous dit le politologue Yascha Mounk. En effet "il y a un pessimisme de droite ou de droite extrême [...] mais en même temps un pessimisme de la part des gens en principe favorables à la “grande expérience ”.
S'il admet des raisons de douter, Yascha Mounk prône tout de même l'optimisme. Articulant une vision positive et réaliste des moyens pour que la grande expérience réussisse, il montre que les démocraties ont diversifié leur population en dépit des progrès qui restent à faire.
Olivia Gesbert invite à sa table le politologue Yascha Mounk, auteur de "La grande expérience. Les démocraties à l'épreuve de la diversité".
#multiculturalisme #démocratie _____________
Prenez place à La Grande Table pour rencontrer d'autres personnalités qui font l'actualité des idées https://www.youtube.com/watch?v=5KliAaHbBOs&list=PLKpTasoeXDrpsBVAaqJ_sANguhpPukaiT&index=1&ab_channel=FranceCulture ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie
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