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EAN : 9782501171762
304 pages
Marabooks (27/09/2023)
4.29/5   7 notes
Résumé :
L’hiver est déjà bien avancé à Stockholm lorsque Mère quitte le Congo pour la Suède, accompagnée de ses deux plus jeunes filles, Kapi et Joséphine. À leur arrivée, elles sont accueillies par le froid. Le vrai, celui qui pénètre jusqu’au cerveau et enserre tout dans son étau. Elles retrouvent aussi Ma, la grand-mère, l’oncle Kazadi, la tante Luboya, et la chaleureuse troupe de cousins et de cousines. On n’attend plus qu’Ésaïe, le mari de Mère, celui par qui le mal es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Tout commence par un exil, celui de Mère et de ses deux dernières filles, Joséphine et Kapi. Mère fuit le Congo (et son mari ?) pour trouver le coeur glacial de l'hiver suédois et une partie de sa famille déjà présente à Stockholm. L'écho des silences de Mère se construit comme un puzzle, quelques pièces du présent avec la découverte de l'inconnu, de toute cette différence à apprendre. Mais également des pièces de moments de douleurs passés, avec sa propre mère, Ma, qui n'a pas accepté sa décision de se marier, avec sa fille disparue ou son mari, Esaïe. Mais il y a aussi les autres femmes de la famille, chacune porte en elle le tribut de ses ancêtres. Un beau tableau de femmes, qui essaye de construire après un passé difficile, après une culture écrasée par ses croyances et par sa conviction de la place de la femme dans la société. Je me suis référée plusieurs fois au descriptif de la famille même si certains flous autour de la famille sont un peu frustrants. Ils font sans doute référence à tous les silences de Mère, quand elle n'ose répondre à son mari ou au détracteurs de ce dernier mais qui aident à forger la personnalité de ses filles. Une lecture très émouvante sur les femmes et la famille au Congo.
Merci à Masse Critique et aux éditions Marabooks pour cette lecture.
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J'ai eu l'occasion de recevoir et de lire, comme depuis deux ans, l'un des titres de la rentrée du libellé des Éditions Marabout, La Belle Etoile : après un titre italien en 2021, et un coup de coeur libanais en 2022, me voici en Suède avec l'autrice Kayo Mpoyi, compositrice d'un premier roman, Dieu est un garçon noir à lunettes. Dans ce récit, elle a pris le parti de mères, celles d'une même famille congolaise qui s'en va immigrer en Suède, fuir les menaces qui pèsent sur eux, et chercher une vie plus confortable pour leurs enfants.


Et ces mères : d'abord Ma la matriarche, ses filles, Kadi ou Mère, Luboya, Marie Kasamba. le lien de sang est bien là, les trois dernières sont toutes les filles de Ma, il n'empêche que chacune d'elles vit dans sa bulle, au Congo, en Suède ou ailleurs, la proximité qu'elle soit physique – tous entassés dans le même appartement en Suède – ou familiale n'y peut rien à la distance qui les sépare malgré toute cette proximité. Ma a élevé trois filles, mais c'est le petit dernier, le fils, Kazadi José, qu'elle a passé sa vie à couver. Ce qui ne contribue pas à cultiver les bonnes relations entre mère et filles, le père n'ayant pas disparu, mais a refait sa vie avec une seconde femme, et n'est guère plus qu'un vague souvenir pour les enfants.

Les mariages de chacune ne sont pas une réussite, et l'impossibilité à communiquer et-ou se faire entendre aussi. de ces femmes qui n'ont plus que leur fonction, de mère, celle qu'on veut bien leur dévoyer, élever les enfants, pendant que les hommes s'occupent de gérer. L'essentiel n'est jamais verbalisé. le résumé de quatrième de couverture pose la question : la fiction, a-t-elle le pouvoir de combler le silence ? Une chose est sûre, c'est qu'elle met le doigt sur ce silence, elle éclaire le vide et l'absence, par exemple, l'absence de liens entre Mère et sa propre mère Ma. Rien d'autre que le simple reflet de cette grande famille, où les hommes ne parlent pas aux enfants, ne brillent que par leur absence, ou ne restent qu'autour de la télé. L'ordre patriarcal est là, minutieusement remis en place dans cet appartement familial en Suède comme au Congo, sous l'égide de Ma, qui dirige et ordonne, cette mère qui a pourtant poussé ses filles à s'affranchir de leur joug marital.

Là où il n'y a pas la parole, effectivement le récit, sous forme d'une focalisation omnisciente, comble les non-dits : il y a toujours une contre-force qui s'oppose à la libération et l'indépendance de la femme, et quand ce n'est pas les velléités du mari, attachés aux coutumes et aux traditions, ce sont celles des colons belges, qu'il ne faudrait pas froisser. Les colons du passé de Ma, de sa famille, dont le train de vie était dépendant d'eux. Peut-être que le moyen de combler le silence, par la fiction, c'est par ce même biais redonner la voix aux femmes, ni mère de famille, ni sorcière, ni prostituée, ou que sait-on d'autre. Mais professeur, femme politique… Et c'est que semble avoir parvenu Kayo Mpoyi avec ce roman métissé de deux cultures, de plusieurs formes d'oppression, où la Suède redonne un peu de ce que les colons ont avidement volé au Congo.

Le titre est explicite : puisque les maris abandonnent épouse et enfants pour refaire leur vie, puisqu'ils passent leur temps à écrire leur autobiographie – le niveau d'égocentrisme est élevé – tout en s'offusquant que leur épouse apprenne à faire du vélo, puisqu'ils n'ont visiblement rien d'autre à offrir et à partager, la force, celle de tenir une famille, un foyer, un travail, c'est chez les femmes qu'il faut la trouver, alors qu'elles se taisent. La cohésion et la dynamique, ce sont ces femmes ici qui se démènent pour faire avancer les choses à leur niveau, au niveau de la famille, et à une plus grande échelle, celle de la vie de la cité, la politique.

Kayo Mpoyi met en parallèle plusieurs formes d'oppressions dans son roman. La liberté offerte du pays accueillant ouvre la voie à l'expression personnelle de ces mères, la distance prise par rapport au pays d'origine, permet de mieux observer les manquements et les dysfonctionnements dans ces familles. Et la mise en parallèle avec le colonialisme, autre forme d'asservissement, donne encore plus de légitimité au constat de ces oppressions systémiques.
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Accompagnée de ces deux plus jeunes filles, Mère se voit contrainte à quitter le Congo. Ensemble, elles rejoignent la Suède, où elles seront accueillis par d'autres membres de la famille : Ma, un oncle, une tante, et tout un tas de cousins et cousines. Les jeunes femmes, bien loin de leur pays sont aussi accueillis par le froid et vont devoir s'adapter à ce nouvel environnement.

J'ai reçu ce livre à l'occasion de la dernière opération Masse critique. Je remercie donc chaleureusement Babelio et les editions La belle Étoile, sans qui je serais passé à côté d'une belle lecture.

Ce roman est un voyage émotionnel puissant à travers les méandres de la mémoire, de l'exil et de la famille. L'histoire débute en Suède, où arrivent Mère et ses deux filles. le froid de Stockholm est un contraste saisissant avec leurs racines africaines. Les retrouvailles avec la famille, créent une toile complexe de relations familiales. J'ai eu un peu de mal au début à suivre le fil avec tout ces personnages.

Le style est l'auteure est à la fois poétique et introspectif. Elle nous plonge facilement dans les pensées et les émotions des personnages. Ces derniers sont d'ailleurs très touchants. Plus qu'un simple récit de famille, Kayo Mpoyi nous offre une histoire de femme fortes et puissantes.

Dans ce livre, il est question de mémoire, des secrets de famille, de souvenirs douloureux mais aussi de quelques moments de bonheur. L'auteur explore la capacité de la fiction à combler le silence.

Il s'agit donc d'une lecture très touchante, tant par les sujets développés que par la manière dont l'histoire se déroule.
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Mère est au coeur de ce roman, oui, mais il faut parfois lire entre les lignes pour savoir de quelle façon ses silences, souvent longs, résonnent.
Ils se heurtent aux murs de cet appartement partagé avec une partie de la famille, comme elle immigrée en Suède depuis le Congo. Ils rebondissent sur d'autres silences, ceux de Ma la grand-mère, ceux d'Ésaïe aussi, le mari oppressant. Ils se cognent aux souvenirs heureux comme douloureux, de ce qui n'est plus et ne sera plus jamais, aux humiliations et aux renoncements. Ils dérivent aussi au rythme du temps qui passe.
Les silences de Mère, ses filles Joséphine et Kapi y sont habituées, elles les anticipent, les comprennent aussi bien qu'elles les devinent.

Car avec Kayo Mpoyi, tout ne se dit pas. Il faut chercher, se rappeler, revenir en arrière ou simplement accepter que le sous-entendu fasse son travail, que l'évocation suffise à saisir..

C'est doux, fin, lent parfois - mais jamais trop. Il y a beaucoup de pudeur à ne pas dévoiler frontalement tout le poids du vécu de Mère et des femmes qui l'entourent, celles qui vivent ou ont vécu, ici ou là-bas. Les croyances ont aussi leur place, la foi et tout ce qui transcende et permet d'avancer.

Une très belle découverte pour moi, pour laquelle je remercie vivement La Belle Étoile, ainsi que @delphinebourgoin et @helenegedouin 🤗
Et je vais vite aller à la rencontre du premier roman de Kayo Mpoyi !

Ah oui ! On en parle de la superbe couverture de THE @hina.hundt 🔥
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C'est une histoire de femmes, de femmes fortes malgré l'adversité, l'oppression de la société et l'emprise masculine.
C'est l'histoire de Ma, la grand-mère, pleine d'amour pour les siens, mais dont la communication avec sa fille (Mère) est parfois bien difficile. Sa vie après le second mariage de son mari avec une femme plus jeune.
C'est l'histoire de mère, cette femme intelligente muselée par son mari autoritaire et que la société accable de culpabilité.
C'est l'histoire de Luboya, cette femme si laide que tous sont persuadés qu'elle ne se mariera jamais. Luboya, la femme d'affaires, si forte qu'elle fera de sa laideur une liberté.
C'est l'histoire de Joséphine et des amours infructueux. Est-il seulement possible de trouver un homme bon et aimant alors que le modèle paternel était défectueux ?
C'est l'histoire de cette famille congolaise qui s'exile en Suède, c'est le froid mordant, la promiscuité, le déclassement social.
C'est une livre poétique malgré les thématiques abordées.
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critiques presse (1)
LeMonde
07 novembre 2023
Sous la plume de Kayo Mpoyi, l’alternance des époques produit un effet de miroirs particulièrement réussi. Un jeu de reflets, qui éclaire le poids des ­silences.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Tu te rends compte ? Dani a souffert pendant plus de vingt ans en essayant de traverser la Méditerranée sans l’aide de personne, alors que c’est impossible d’entreprendre une chose pareille sans aide. Et ça, uniquement parce que papa nous a bassinés avec son manifeste, en nous faisant croire à tort que nous avions besoin de son approbation pour exister. C’est dément non ? La puissance de la parole… Qui plus est, des parents…

– Je crois que leurs silences laissent des traces encore plus profondes, répond Kapi.

– Il m’est arrivé de parler ave maman quelquefois. Elle m’appelle quand elle fait la lessive. Tu sais pourquoi ? Parce que c’est le seul moment où il n’est pas là. Le seul moment où elle peut dire ce qu’elle pense sans qu’il s’en mêle.
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-Tu as autant d'imagination que ta mère quand elle était petite, dit Ma. N'écoute pas Joséphine, elle n'a rien dans la tête. Rien que du vide, tshianana."
Tout le monde éclata de rire, y compris Joséphine, car il en était ainsi chaque fois que leur grand-mère proférait une méchanceté : ça ne prenait pas. Il y avait de l'amour entre les racines des mots.
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La richesse et la santé se lisent sur tes dents.
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Video de Kayo Mpoyi (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kayo Mpoyi
Son roman "Dieu est un garçon noir à lunettes", publié à la Belle étoile, a déjà été récompensé en Suède par le prix Katapult, une des plus grande récompense littéraire du pays. En France, il est en lice pour le prix du Premier roman étranger. Rencontre avec Kayo Mpoyi.
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