Ce matin, réveil 6h, pour une longue journée.
Je me suis réveillée les idées claires : « ta gueule » (pour le réveil…), « Encore dormir », « Veux pas me lever ».
Puis au bout d'un moment je me suis levée. Déj, douche…
Oh, bah tout comme hier et tout comme d'hab quoi…
En partant de chez moi, le monde commençait à s'estomper. Arrivée à F. (la petite ville où je travaille), là c'était carrément flagrant : F. avait en partie disparue.
Après un rond-point, on arrive sur un long boulevard qui descend fortement.
A gauche : des lotissements, bien visibles.
A droite : les prés et les étangs. de là, le brouillard envahit les environs par bouffées. le souffle du dragon. Commandé par Merlin qui s'amuse avec les fées dans la forêt aux champignons magiques. de grosses volutes prennent naissance au-dessus des étangs, elles s'étirent à la conquête d'espaces nouveaux à absorber, elles densifient la brume qui couvre déjà tous les creux de la vallée et la partie basse de la ville, dans laquelle se trouve le collège.
C'est parti pour une longue journée de brouillard.
Les gamins l'esprit embrumé de leurs rêves d'adolescents. Moi… la tête dans le cul parce qu'au boulot avec les élèves, pas l'temps de rêver.
Et certaines heures, même lorsqu'elles ne font que 55 minutes, paraissent plus longues que d'autres.
Une journée rythmée par les sonneries.
8h : « Bonjour ! » une quinzaine de fois. « Asseyez-vous », « Il n'y a pas d'absent », « Nous allons corriger l'exercice », « Sors tes affaires », « Tu n'as pas fait l'exercice », « Non, je ne veux pas savoir pourquoi ».
9h : « Bonjour ! » une quinzaine de fois. « Asseyez-vous », « Il n'y a pas d'absent », « Nous allons corriger l'exercice », « Tu n'as pas fait l'exercice », « Toi non plus », « Bon qui a fait l'exercice ? ».
10h : « Bonjour ! » une quinzaine de fois. « Asseyez-vous » et blablabla…
11h : Blablabla...
Midi : Ah… enfin le repas.
L'après-midi fut-elle aussi forte en événements ? Ben oui… aussi. Pas plus.
Les heures se succèdent.
Je côtoie des êtres avec qui on ne se comprend absolument pas.
Je passe mon temps à essayer de les comprendre. Et eux passent leur temps à essayer de ne rien faire. Ah ! Là, je les comprends…
Les phénomènes extraordinaires qui ont lieu dans leur esprit me restent totalement inaccessibles. Tellement qu'il m'arrive parfois de douter de leur existence.
Pourquoi raconter des choses complètement inintéressantes ?
Et pourquoi pas ? Après tout… Si ce n'est pas pour l'histoire, ça peut être pour le style.
C'est ce qu'a pu se dire
Haruki Murakami en écrivant 1Q84. C'est écrit dans un style agréable et facile.
Cependant, dans ce livre 2, il commence à y avoir beaucoup de répétitions sur l'histoire. Logique, vu qu'il ne se passe presque rien. Ah, si, au début, de ce volume, il se passe quelque chose d'important.
Ensuite, que de pensées…
Aomamé, Tengo, Aomamé, Tengo… Passent leur temps à réfléchir ces deux-là !
Et Fukaéri, elle, il n'y a pas moyen de savoir ce qu'elle pense. Elle ne fait rien mais ce n'est même pas sûr qu'elle pense quelque chose…
Bon, matinée, après-midi…
Et vous croyez que ma soirée va être plus palpitante que le reste ? J'en doute…
Je terminerai forcément cette lecture, en trois temps.
Le grand Jacques y trouvait aussi trois cent trente-trois fois l'temps de bâtir un roman… :
« Au premier temps de la valse
Toute seule tu souris déjà
Au premier temps de la valse
Je suis seul, mais je t'aperçois
[…]
Une valse à trois temps
Qui s'offre encore le temps
Qui s'offre encore le temps
De s'offrir des détours
Du côté de l'amour
[…]
Une valse à mille temps
Offre seule aux amants
Trois cent trente-trois fois l'temps
De bâtir un roman
Au deuxième temps de la valse
On est deux, tu es dans mes bras
[…]
Au troisième temps de la valse
Nous valsons enfin tous les trois
Au troisième temps de la valse
Il y a toi, y a l'amour et y a moi
[…] »
(extrait de « La Valse à mille temps » de
Jacques Brel :
http://www.youtube.com/watch?v=1to1o9qj9Js)