Vif et enjoué, subtil, l'"examen de conscience" rock'n'roll d'un journaliste culturel quadragénaire.
Publié en 2012, le septième roman de Mamadou Mahmoud N'Dongo met en scène une jolie intrusion dans les joies et les doutes intimes d'un journaliste parisien de rock, collaborateur de la très branchée revue culturelle imaginaire "
Remington", gratifié ou affligé de co-locataires, d'amis et d'amies résolument haut(e)s en couleur.
Dans un condensé de récit et de monologue intérieur s'étendant sur quelques heures ou quelques jours, une fête d'anniversaire (celui de ses 41 ans) improvisée dans son appartement devient l'occasion pour lui de "peser" son passé et son avenir, de mesurer ce qu'il doit, pour le meilleur ou pour le pire, à sa famille espagnole, et en particulier à son grand-père, artiste-peintre immensément reconnu, surnommé "l'Ogre"...
Une belle réussite, toute en vive drôlerie et en pensée incisive, menée à un train d'enfer rock. Au-delà du plaisir, on s'étonnera malgré tout de la publication en Continents Noirs chez Gallimard de ce récit dont l'auteur est "uniquement"... né au Sénégal : une observation qui ne manquerait pas de faire sourire ou d'agacer le
Percival Everett d' "
Effacement".
"J'étais toujours HS, je ne m'étais pas encore remis de ma rencontre avec Gordon Travis, à tel point que je n'avais pas entendu leur dispute... je voyais mon père s'interposer entre deux colosses, qui s'insultaient de "stalinien", "trotskiste", mais le mot qui fit qu'ils en vinrent aux mains c'est Ramon Estevez qui le prononça, il traita l'Ogre de "bourgeois", mon grand-père dégagea mon père d'une simple pichenette et fonça sur Ramon, et, à les voir se foutre sur la gueule à soixante-dix ans passés, je comprenais mieux pourquoi Franco avait gagné la guerre."